50 ans de campagnes de "coups tordus"

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politicien
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Message non lu par politicien » 08 mars 2010, 21:47:00

Bonjour,
 Révélations, délations, accusations, diffamations. Les "coups tordus" politiques et autres "boules puantes" sont d'usage en période électorale. L'affaire "Soumaré" n'est pas une exception. Retour sur les sales affaires de la cinquième République.  Le danger, c'est quand un homme politique prend une dimension inattendue, qui dérange les autres, ou quand il présente un danger qui gêne des ambitions", explique Roland Dumas à Airy Routier qui lui demande pourquoi certains hommes politiques se font "flinguer" et pas d'autres. La réponse de l'ancien avocat de François Mitterrand dans l'affaire de l'attentat de l'Observatoire et du Canard Enchaîné dans l'affaire des diamants de Bokassa donne une explication toute trouvée à ceux qui s'interrogent encore sur l'intention des initiateurs des accusations, en grande partie infondées, colportées il y a peu contre la tête de liste PS dans le Val d'Oise, Ali Soumaré. Les campagnes sont pleines de "coups tordus". Qui s'en étonnerait ?
Avant les régionales 2010, l'élection présidentielle de 2007 et, avec elle, une autre affaire. L'affaire Clearstream ; ou, comment un scandale monté de toute pièce a failli détruire à jamais les ambitions présidentielles d'un homme politique.
L'échéance électorale n'est jamais loin lorsque sort "la boule puante". A chaque élection son affaire.
"Le scandale fait partie de la vie politique", écrira un jour l'ancien patron des renseignements généraux Yves Bertrand. Certains l'ont appris à leurs dépens. D'autres ont eu plus de chance, retournant souvent le "coup tordu" contre son auteur. Car, selon l'adage bien connu, "en fait de calomnie, tout ce qui ne nuit pas sert à celui qui est attaqué".
On se souviendra de l'affaire Luchaire, et du financement occulte du Parti socialiste, en 1987, qui se résumera, après des mis d'enquête, à un fantasme ; des accusations diffamatoires au sujet de la maison à l'île de Ré de Lionel Jospin, acquise sans irrégularité au prix de marché ; de la feuille d'impôt de François Hollande et Ségolène Royal, qui finalement s'acquittaient de l'impôt sur la fortune. Les accusations sont souvent infondées. Là n'est pas leur but. L'important est d'assassiner son adversaire.
Car dans la lutte acharnée pour le pouvoir, tous les coups sont permis. "Que l'on aille au bout ou pas n'a pas d'importance, car les attaques auront, entre-temps, largement été relayées par les médias", explique Bernard Tapie, "flingué" lui-même
après les élections européennes de 1994.
De l'attentat de l'Observatoire à l'affaire Ali Soumaré, retour sur les scandales qui ont entaché l'histoire de la cinquième République où, "pour exister, il faut tuer. Et ne pas être tué", selon le journaliste Francis Zamponi.

 1959 : L'attentat des jardins de l'Observatoire 
En 1959, François Mitterrand a-t-il commandité un faux attentat contre lui-même pour s'accorder les faveurs de l'opinion publique ? La question demeure encore aujourd'hui sans réponse. Une chose est sûre : le feuilleton politico-judiciaire né à l'époque l'aura passablement affaibli jusqu'à sa défaite lors de l'élection présidentielle de 1965.

Avenue de l'Observatoire, 16 octobre 1959, 1h du matin. La Peugeot 403 du sénateur de la Nièvre François Mitterrand est retrouvée criblée de balles à quelques centaines de mètres de son domicile, dans le 6ème arrondissement de Paris. L'homme vient d'échapper à un attentat. Interrogé par la police, l'ancien ministre de la quatrième République raconte qu'une voiture suspecte l'a suivi depuis la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain, jusqu'aux jardins de l'Observatoire où il s'est caché après avoir stoppé son véhicule. Dès le lendemain, son héroïsme est relaté dans les journaux.
L'affaire de l'Observatoire vient de commencer.
 François Mitterrand se savait-il menacé ? La question sera essentielle tout au long du feuilleton politico-judiciaire qui va naître.
L'ancien ministre de la Justice ayant cessé, après la démission du gouvernement Mollet en 1957, de soutenir l'Algérie française, en guerre contre la France depuis 1954, l'enquête menée après le dépôt de sa plainte et le recueillement de son témoignage cible dans un premier temps les partisans de la colonie française. Avant qu'un nouvel élément, majeur, vienne réfuter ses déclarations.
Seulement cinq jours après l'attentat de l'Observatoire, le 21 octobre, l'hebdomadaire d'extrême-droite Rivarol publie le témoignage de Robert Pesquet, un ancien député gaulliste proche de l'extrême-droite, qui affirme en être l'auteur, ajoutant une information de taille : sa victime ne serait autre que son commanditaire. François Mitterrand aurait, en somme, orchestré son attaque pour redorer son image auprès de l'opinion publique, dégradée après qu'il eut, en 1958, préconisé le non au référendum sur la Constitution de la cinquième République, pourtant largement plébiscitée.
Son immunité parlementaire levée, François Mitterrand est condamné par la justice pour avoir caché deux rencontres avec Robert Pesquet, durant lesquelles, selon ce dernier, le faux attentat aurait été organisé. L'ancien député gaulliste est, quant à lui, inculpé ainsi que deux de ses complices, pour port d'armes.
Sept ans plus tard, la plainte de François Mitterrand fera l'objet d'un non-lieu. Le candidat de la Convention des Institutions Républicaines (CIR) vient de subir un sérieux revers lors de la dernière élection présidentielle, face à Charles de Gaulle. Les observateurs politiques de l'époque y voient les conséquences directes de l'attentat de l'Observatoire sur la dégradation de l'image de François Mitterrand, alors haï par les gaullistes, Michel Debré en tête.
Après la mort de François Mitterrand, Robert Pesquet reviendra finalement sur ses déclarations initiales avec une version jugée crédible. En 2005, il avouera avoir été le seul instigateur de l'affaire de l'Observatoire, destinée à discréditer le futur candidat à la présidentielle.

1968 : L'Affaire Markovic 
L'affaire Markovic ou comment une petite histoire de truands s'est transformée en l'une des plus sombres affaires politico-judicaires. Elle cible l'un des futurs candidats à la présidence de l'époque, Georges Pompidou.

Après plus de quarante ans, l'affaire n'est toujours pas résolue. Elle ne le sera sans doute jamais. Mais elle incarne encore aujourd'hui le plus délétère complot de l'histoire de la cinquième République.
1er octobre 1968, un chiffonnier découvre dans la décharge publique d'Elancourt (Yvelines) le cadavre en décomposition de Stevan Markovic, un yougoslave de 31 ans, ancien secrétaire et garde du corps d'Alain Delon, enroulé dans une housse de matelas en matière plastique.
L'instruction se tourne dans un premier temps vers l'entourage d'Alain Delon et de son épouse, Nathalie Delon, avec qui Stevan Markovic a eu une brève liaison. Grâce au couple, l'homme côtoie à l'époque le Tout-Paris et se vante de détenir sur certains d'eux des photos et documents compromettants que "l'ami des vedettes négociait très cher" selon le journal d'extrême-droite Minute. Stevan Markovic fréquente également la pègre et vit de petits trafics.
Les enquêteurs se penchent alors sur trois lettres adressées avant sa disparition à son frère, qui vit en Yougoslavie, dans lesquelles l'homme prévient qu'il faut "regarder du côté d''AD', pour tout ce qu'il pourrait lui arriver de fâcheux", et désigne un obscur ami de l'acteur, un corse, un certain François Marcantoni, membre du Service d'action civique. "Quoi qu'il advienne, et pour éviter les ennuis qui pourraient m'être causés, écrit-il, adressez-vous à 'AD' ['Alain Delon', ndlr], à sa femme, et à son associé, Marcantoni, un corse, un vrai gangster".
 C'était sans compter sur un événement majeur qui fera plonger le simple fait-divers dans un feuilleton politico-judiciaire sans précédent. Une lettre anonyme, dans laquelle on apprend que Stevan Markovic, ainsi que des hauts fonctionnaires et d’anciens membres du gouvernement participent à des soirées échangistes organisées par François Marcantoni, est publiée par Le Figaro.
La rumeur s'emballe. Elle met en cause le député du Cantal Georges Pompidou, et sa femme, Claude, connus pour fréquenter les milieux du spectacle. On parle même de photographies d'un "genre particulier" qui circuleraient dans Paris et sur lesquelles figurerait le couple.
Charles de Gaulle s'en préoccupe. Le 6 novembre 1968, à l'issue d'un conseil des ministres, il demande que "la justice suive son cours" et somme le garde des Sceaux de l'époque René Capitant et le Premier ministre Maurice Couve de Murville de prévenir Georges Pompidou.
Loin du tumulte, celui-ci passe ses vacances de la Toussaint en famille à Cajarc, et ne se doute de rien. Ce n'est que quelques jours plus tard, à son retour dans la capitale, qu'un de ses proches collaborateurs l'informera de la situation.
Georges Pompidou, ulcéré, prend conscience de la manipulation montée contre lui. Il accuse alors ses ennemis René Capitant et Louis Vallon (député UDR de Paris), d'avoir monté l'affaire contre lui dans le but de détruire ses ambitions présidentielles.
Il vise également le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) [devenu plus tard Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ndlr], notamment après le témoignage dans la presse d'un délinquant d'origine yougoslave, Boris Ackov, qui relate une discussion qu'il aurait eût avec Stevan Markovic lors d'une soirée échangiste où aurait été présente "une grande femme blonde" désignée comme la femme de l'ancien Premier ministre.
La qualité des relations entre Georges Pompidou et Charles de Gaulle, à qui il reproche son mutisme, est définitivement altérée. Le 17 janvier, alors en voyage en Italie, l'ancien chef du gouvernement annonce qu'il sera candidat à la prochaine élection présidentielle "s'il y en a une".
Le référendum du 27 avril 1969 aura raison du général de Gaulle. Fort du soutien de l'opinion publique, pour qui l'absence de faits est probante dans l'affaire Markovic, Georges Pompidou est élu à la tête de l'Etat le 15 juin 1969. De l'affaire, il gardera à jamais le souvenir de sa dernière rencontre avec le général De Gaulle. Lors d'un dîner au domicile du couple présidentiel, alors que le chef de l'Etat lui conseille de traiter les rumeurs avec mépris, Georges Pompidou lui aurait répondu : "s'agissant de ma femme, la fureur ne pouvait pas ne pas prendre le pas sur le mépris". Jusqu'à sa mort, Georges Pompidou gardera sur lui un petit carnet dans lequel étaient notés les noms de ceux qui ont participé au complot.


1979 : Le "complot" des diamants de Bokassa 
Accusé à tort d'avoir commandé des diamants à l'empereur autoproclamé Bokassa 1er, Valérie Giscard d'Estaing reste muré dans un silence "méprisant", ce qui lui vaudra, au moins en partie, de perdre l'élection présidentielle de 1981.

"C'est grotesque", soupire Valéry Giscard d'Estaing. Interrogé par la presse sur une prétendue commande de l'empereur de Centrafrique Bokassa 1er pour une plaquette de diamants de 30 carats qui lui aurait été destinée, il préfère se murer dans un silence "méprisant".
Quelques jours plus tôt, le 10 octobre 1979, le Canard Enchaîné publiait un fac-similé reproduisant le bon de commande, daté de 1973. Le journal s'appuie sur une note rédigée par Bokassa lui-même et estime le cadeau à près d'1 million de francs de l'époque. Tout est faux.
On apprend que ce fût en fait lors d'une visite de convenance en République centrafricaine, en avril 1973, que Valéry Giscard d'Estaing, alors ministre des Finances de Georges Pompidou reçut des mains de Jean-Bedel Bokassa la plaquette de diamants africains, qui provenait de l'école de taille de pierre que l'empereur autoproclamé avait créée à Bangui. Le cadeau, plutôt "classique", car réservé aux hôtes de marque de Jean-Bedel Bokassa, et estimé entre 4.000 et 7.000 francs, fût alors rangé dans un tiroir, à Paris, et oublié. On est loin des révélations du Canard Enchaîné.
Mais la presse s'est déjà jeté sur ce qu'elle croit être "l'affaire des diamants de Giscard", dénonçant le silence "coupable" de Valéry Giscard d'Estaing. Le journal Le Monde reprend l'information du Canard Enchaîné qui, la semaine suivante, récidive en publiant une nouvelle note de l'empereur de Centrafrique au sujet d'une nouvelle commande, cette fois envoyée à l'Elysée. La presse internationale parle déjà d'un "Watergate parisien".
 Valéry Giscard d'Estaing ne change pas pour autant sa ligne de défense. "Il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison", déclare-t-il dans les médias alors que les diamants ont été rendus et qu'une contre-enquête publiée par Le Point démonte une par une la plupart des accusations à son encontre.
Trop tard. Le "poison" a déjà agi. Le mutisme de Valéry Giscard d'Estaing, perçu dans l'opinion publique, à quelques mois des élections présidentielles, comme de l'arrogance, voire un aveu de culpabilité, l'a déjà desservi. Interrogé à la télévision en 1981 sur ses relations avec Jean-Bedel Bokassa, le candidat à la présidence de la République française refuse une dernière fois d'"entrer dans la polémique". Le 10 mai, François Mitterrand est élu.
Plus tard, Roger Delpey, un ancien combattant issu des milieux nationalistes d'extrême droite, sera accusé d'avoir été à la source de la publication des faux documents par le Canard Enchaîné. Cet ancien proche conseiller de Jean-Bedel Bokassa aurait agi ainsi afin de venger l'honneur de son ami, chassé du pouvoir lors de l'opération Barracuda, menée par la France après la violente répression ordonnée par l'empereur Bokassa lors des troubles d'avril 1979, à Bangui.
Dans un ouvrage autobiographique, "Le pouvoir et la vie", Valéry Giscard d'Estaing reviendra en 2006 sur sa gestion de l'affaire des diamants. "J'imaginais que les Français savaient que je me consacrais entièrement à ma tâche et qu'ils écarteraient d'eux-mêmes l'hypothèse d'une telle médiocrité", écrit-il.


1988 : L'affaire du Carrefour du développement 
L'approche de l'élection présidentielle de 1988, en pleine cohabitation, a été l'occasion d'un affrontement sanglant entre la gauche et la droite. La révélation d'une affaire, montée en grande partie par Charles Pasqua, aura presque réussi à faire tomber le président de l'époque, François Mitterrand.

Théâtre d'un affrontement sanglant entre la gauche et la droite, la cohabitation de 1986-1988 s'ouvre avec la révélation par le ministre de la coopération de Jacques Chirac d'un "trou" dans la comptabilité de l'association Carrefour du développement (Acad), créée en 1983 par son prédécesseur socialiste, Christian Nucci pour le financement du sommet africain de Bujumbura (Burundi) des 11 et 12 décembre 1984. Le trou s'élèverait à 27 millions de francs.
La première affaire politico-judiciaire de la présidence de François Mitterrand s'ouvre ainsi, après la défaite des socialistes à l'élection européenne de 1986 et seulement deux ans avant la prochaine échéance présidentielle, en 1988, alors que Jacques Chirac est Premier ministre de François Mitterrand.
L'enquête s'appuie dans un premier temps sur une enquête de la Cour des comptes et sur les confidences de l'ancien chef de cabinet de Christian Nucci, Yves Chalier. Si Christian Nucci n'est pas exempt de tout reproche, on apprend rapidement qu'Yves Chalier avait détourné pour son compte personnel l'argent de l'association. Selon L'Express, il aurait fait notamment l'achat d'un studio pour sa maîtresse et d'un château pour une amie.
 Or, Yves Chalier est introuvable. Il a fui au Brésil, sous une fausse identité. Il apparaît alors qu'il a bénéficié de la protection du ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua, qui a donné ordre à la DST, le contre-espionnage français, de lui fabriquer un "vrai-faux" passeport en échange de ses dénonciations.
Sous le coup d'un mandat d'arrêt international, il reviendra en France après six mois de cavale. Lui seul sera condamné. Charles Pasqua et le directeur de la DST, Bernard Gérard, protégés par le secret-défense, ne seront jamais inquiétés, tandis que Christian Nucci, bénéficiant d'une amnistie partielle en janvier 1990, se porte partie civile contre son ancien chef de cabinet Yves Chalier. Il obtiendra 1 franc de dommages et intérêts.
Deux ans plus tôt, François Mitterrand était réélu à la tête de l'Etat.

1989 : la municipale "puante" du Parti socialiste 
Municipales 1989 : un proche de Michel Rocard est torpillé en pleine course alors qu'il brigue la mairie de Marseille. Le commanditaire de son assassinat politique ne fait pour lui aucun doute. Il s'agit de François Mitterrand qui, à l'approche du congrès de Rennes, veut coute que coute affaiblir l'hôte de Matignon.

Début 1989, François Mitterrand, réélu président de la République un an plus tôt, nomme à Matignon son pire ennemi, Michel Rocard. Il suit de très près les préparatifs du congrès de Rennes, qui se tiendra du 15 au 18 mars 1990. Le président de la République veut coute que coute placer son poulain Laurent Fabius à la tête du parti et affaiblir Michel Rocard.
Problème : le patron de la puissante fédération des Bouches-du-Rhône, Michel Pezet, successeur de Gaston Deferre et un des plus brillants quadras du PS, s'est rapproché publiquement de Lionel Jospin, et François Mitterrand le soupçonne d'être un "sous-marin" de Michel Rocard. Il est d'autant plus dangereux qu'il se présente à la mairie de Marseille, dont l'élection a lieu les 12 et 19 mars de la même année.
Son ascension ne sera que de courte durée. Un mois à peine avant l'échéance municipale, son directeur de cabinet est convoqué à la Police judiciaire pour une affaire de fausses factures. En quelques semaines, Michel Pezet est balayé. Pour lui, il ne fait aucun doute que le commanditaire de son assassinat politique n'est autre que François Mitterrand qui n'a jamais caché son mépris pour celui qui a osé défier Gaston Defferre.
 Malgré un taux d'abstention de plus de 30%, Robert Vigouroux est réélu à la mairie de Marseille le 19 mars 1990. La veille, le congrès de Rennes s'achevait dans une ambiance délétère.
Le traumatisme qu'il engendre, de sinistre mémoire pour le parti socialiste, n'est aujourd'hui encore, toujours pas effacé. Sept motions se sont affrontées, dont les motions principales de Lionel Jospin et Pierre Mauroy (28,94%), Laurent Fabius (28,24 %) et Michel Rocard (24,6%).
Après des heures d'affrontements sanglants notamment entre Lionel Jospin et Laurent Fabius, aucune motion ne parvient à prendre la majorité. Au dernier jour du congrès, alors que les militants entonnent "Un éléphant, ça trompe, ça trompe... ", le premier secrétaire du Parti, Pierre Mauroy annonce, une rose fanée à la main, que tout se réglera... à l'Elysée.
Elu premier secrétaire du parti en 1988, il sera reconduit lors du comité directeur qui se réunit à Paris, dans la semaine qui suit le congrès.
Vingt ans plus tard, Frédéric Savicki, professeur de sciences politiques à l'Université de Lille-II, se souvient : en 1990, "il n'y avait pas de précédent d'un tel déchaînement de haines, dont les socialistes avaient complètement mésestimé l'impact sur l'opinion".

1995 : L'élection présidentielle ou la mise à mort  
L'Affaire Schuller-Maréchal éclate en pleine guerre fratricide entre Jacques Chirac et Edouard Balladur dans la course à l'élection présidentielle de 1995. Le duel sanglant aura raison du Premier ministre de l'époque au profit de son frère ennemi.

"Je n'ai jamais vu une campagne aussi dégueulasse", s'est exclamé un jour Charles Pasqua à propos du duel qui a opposé Jacques Chirac à Edouard Balladur lors de l'élection présidentielle de 1995.
Premier touché par la guerre fratricide : Edouard Balladur, à travers l'affaire Schuller-Marechal.
Celle-ci débute le 15 décembre 1994 lorsque le conseiller général des Hauts-de-Seine Didier Schuller porte-plainte pour "tentative d'extorsion de fonds" contre le psychiatre Jean-Pierre Maréchal, beau-père du juge Eric Halphen. Selon Didier Schuller, Jean-Pierre Maréchal, qu'il connaît parce qu'il a soigné sa mère, aurait tenté de lui soutirer de l'argent dans le but d'intervenir auprès de son gendre pour le dissuader d'enquêter dans l'affaire des HLM de Paris.
Une aubaine pour les cadres de la droite, qui se serviront de cette tentative d'extorsion pour mettre hors-jeu le juge Halphen, car les investigations du magistrat risquent de conduire tout droit vers le financement occulte du RPR.
La suite est digne des meilleurs romans policiers
Le 20 décembre, à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, la police arrête le psychiatre alors qu'il est en possession d'une mallette que vient de lui confier Didier Schuller. Quatre jours plus tôt, l'homme lui avait donné rendez-vous par téléphone pour lui remettre la somme de 1 million de francs en échange de son intervention auprès du juge Halpen. Jean-Pierre Maréchal est immédiatement écroué pour tentative d'extorsion.
 
  Le juge Halphen, étranger à toute l'affaire, est dessaisi du dossier des HLM de Paris. Car le code de procédure pénale est formel : "Lorsqu'un proche, un membre de la famille d'un juge d'instruction est mis en cause dans un dossier, le dessaisissement est obligatoire"
La manipulation a fonctionné. Seulement voilà. L'affaire Schuller-Maréchal va connaître un rebondissement et faire une victime collatérale inattendue : Edouard Balladur. Le Premier ministre est accusé d'avoir couvert la manip'. Il lui est notamment reproché la mise sur écoute administrative du beau-père du magistrat. Edouard Balladur est contraint d'admettre l'irrégularité du dispositif. Les conséquences pour lui seront terribles. A trois mois du scrutin présidentiel, il ne se relèvera pas.
"Cette affaire, à laquelle j'étais totalement étranger, me fit pas la suite un tort considérable", écrit Edouard Balladur en 2009, dans un ouvrage intitulé "Le pouvoir ne se partage pas".
Rien n'aurait pourtant pu prédire une telle déconvenue. Car à la même époque, le camp Chirac n'est pas non plus dans une position des plus favorables. D'ailleurs il est lui aussi été visé par une affaire. Pour sa part à travers Bernadette Chirac.
La femme du candidat RPR est accusée d'avoir réalisé une plus-value financière importante à l'occasion de la vente d'un terrain qui appartenait à sa famille, à Vigneux (Essonne). Encore aujourd'hui, nombre de chiraquiens sont convaincus que ce missile a été tiré par celui qui était alors le bras droit d'Edouard Balladur, un certain Nicolas Sarkozy.
 Qu'en pensez vous ?   A plus tard,
 
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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 08 mars 2010, 22:08:00

Dernier exemple en date : l'affaire Clearstream.
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lancelot
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Message non lu par lancelot » 08 mars 2010, 22:37:00

Avec une montée en puissance, l'ancien PM Vs the New président, futur oscar de la réalpolitik .... C'est bon pour les médias et la pub.

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racaille
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Message non lu par racaille » 09 mars 2010, 14:33:00

L'affaire Soumaré est aussi un coup tordu mais il a été démasqué assez vite :)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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wesker
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Message non lu par wesker » 25 mars 2010, 00:17:00

Certes, et de ce point de vue là, l'UMP toujours prompte à donner des leçons de morale au FN qui sort, lui, des affaires vraies sur les hommes politiques, s'est particulièrement illustré par le niveau bas de cette campagne qui n'a permis à la candidate UMP de l'emporter.

Les français apprécient que leurs élus soient capables de se mettre à la hauteur des débats et non de s'adonner aux petites phrases des uns et des autres qui créent des polèmiques inutiles mais qui évitent de parler de l'essentiel, le projet !

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Message non lu par racaille » 16 mai 2010, 22:14:00

Le FN a hérité de la petite manie extrême-droitiste des fiches politiques à charge. Le grand maître incontesté de cet exercice, l'antisémite professionnel Henry Coston, est d'ailleurs une référence absolue dans ce parti. Quel cadre du FN ne possède pas encore son exemplaire de son "Dictionnaire de la politique française" ?

Etant moi-même friand de l'ordure politique, j'ai une petite collection de Crapouillots que je ne vendrais pour rien au monde !
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par wesker » 17 mai 2010, 13:42:00

La personne dont tu me parles n'est pas, je pense, responsable du mouvement ni en charge des questinos programmatiques.

Je sais bien que les divisions qui ont animé le mouvement national, principalement sur cette question de l'évolution nationale par rapport à ces considerations infondées peuvent créer des doutes mais elles ne doivent pas être confondues avec les nationaux sincères qui souhaitent promouvoir la nation comme cadre d'application de la politique et du redressement et ne developpent nullement des idéologies d'un autre temps, comme d'autres restent attachés à un bouquin écrit il y a bien longtemps.

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Message non lu par racaille » 17 mai 2010, 20:32:00

Je suis étonné que tu dises "ce monsieur", sachant qu'il est un des principaux piliers de la mouvance extrême-droite en France depuis l'après-guerre. Tu n'en avais jamais entendu parler avant que je ne cite son nom ?

Ceci étant dit, il est heureux qu'Henry Coston ne soit pas une des "têtes pensantes" du FN étant donné qu'il est mort depuis un petit moment déjà ;)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par wesker » 18 mai 2010, 14:01:00

Georges Marchais prônait l'immigration zero....Ce n'est pas pour autant que j'accuse les communistes d'être hostile à cette dernière...Le parti ayant depuis opéré un virage idéologique, programmatique qui a fait fuir ses électeurs qui se sentaient trahis et abandonnés par ce dernier

Alors pourquoi melanger des personnalités non politiques qui n'occupent aucune fonction au sein du mouvement national à une formation politiquer qui s'interessent à l'avenir de la France et des français ?

Georges
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Message non lu par Georges » 18 mai 2010, 23:14:00

"Georges Marchais prônait l'immigration zero...."

Normal le pc a toujours été un parti plus ou moins nationaliste.

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Message non lu par wesker » 19 mai 2010, 13:37:00

Ah bon ? Tu m'expliqueras à quel moment les partisans de l'internationalisme marxiste preconisère la rehabilitation des valeurs nationales.

Je crois d'ailleurs que les nationaux revendiquent exactement l'inverse des communistes, eux croient aux vertus de l'internationalisme prolétaire qui n'a d'ailleurs jamais existé alors que les nationaux préfèrent defendre les spécificités culturelles propres à chaque histoire des peuples.

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racaille
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Message non lu par racaille » 29 mai 2010, 18:54:00

wesker a écrit :Georges Marchais prônait l'immigration zero....Ce n'est pas pour autant que j'accuse les communistes d'être hostile à cette dernière...Le parti ayant depuis opéré un virage idéologique, programmatique qui a fait fuir ses électeurs qui se sentaient trahis et abandonnés par ce dernier

Alors pourquoi melanger des personnalités non politiques qui n'occupent aucune fonction au sein du mouvement national à une formation politiquer qui s'interessent à l'avenir de la France et des français ?
Rien de tout cela ne répond à ma question ;)

J'essayais simplement d'évoquer une personnalité politique, certes de l'"ombre", qui a grandement influencé la construction intellectuelle de l'extrême-droite française et en particulier du FN. Même s'il n'est pas très ragoutant, je trouve dommage que les militants de ce parti ne s'intéresse pas à ses racines idéologiques. Et puis on peut s'intéresser à Coston sans être soi-même antisémite, cela va sans dire.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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wesker
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Message non lu par wesker » 30 mai 2010, 13:21:00

Et bien, je ne connais pas ce monsieur et très sincèrement, je doute qu'il soit en charge de l'élaboration du programme politique du mouvement.

En revanche, je mettais simplement en lumière que des personnalités, peu ragoutantes existent aussi au sein d'autres formations politiques qui pourtant, ne sont jamais dénoncés par des personnes telles que toi qui s'interessent aux fondements idéologiques, intellectuel d'une formation politique.

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racaille
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Message non lu par racaille » 31 mai 2010, 08:22:00

Comme j'ai du le dire déjà 372 fois, il n'est en charge de rien étant donné qu'il est mort. Je me suis contenté de répéter qu'il est un pilier idéologique du FN, ce qui est indéniable d'un point de vue historique.

Edit : Militer au FN et ne jamais avoir entendu parler de Coston ça revient un peu à militer au PS sans jamais avoir entendu parler d'Attali ;)
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Message non lu par wesker » 01 juin 2010, 13:23:00

Attali n'est plus au PS, il s'en est éloigné à la decouverte du passé collaborationniste de "Tonton".

Aujourd'hui Attali travaille et rend des rapports pour Sarkozy, par conséquent, excuse moi si je ne prête pas attention à ces vieilles lunes.

L'individu dont tu me parles est peut être un penseur qui fut, à l''époque proche des nationaux, rien ne dit qu'il en partagerait aujourd'hui les orientations et les fondements programmatiques. Alors pourquoi regarder sans cesse vers le passé plutôt que vers l'avenir et les programmes à appliquer pour sortir la France de la crise ?

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