Je m'apprêtais à poster un sujet similaire...
En effet, le 60e anniversaire du Traité de Rome doit nous permettre de jeter un regard sur l'évolution de la construction européenne depuis 60 ans. Et en procédant à cette analyse historique, on s'aperçoit clairement que la construction européenne à changé de nature pendant cette période.
Il y a 60 ans, il s'agissait de créer un marché unique entre six pays, mais entre des pays qui avaient (à peu près) les mêmes normes sociales et les mêmes coûts de production (même si l'Italie était un peu plus pauvre à l'époque). Il n'y avait donc pas (ou que très peu) de distorsion de concurrence entre ces pays. Aujourd'hui, ce marché unique s'étend à des pays d'Europe de l'Est qui n'ont pas du tout les mêmes normes sociales et les mêmes coûts de production : il en résulte une concurrence déloyale à l'intérieur même du marché commun. L'élargissement à l'Est a profondément affecté la nature même de cette construction européenne.
Il y a 60 ans, ce marché unique était protégé par des tarifs douaniers communs. Autrement dit, pas de barrières douanières à l'intérieur de ce marché unique, entre les pays membres (c'est le principe d'un marché unique), mais de réelles barrières douanières à l'égard des pays extérieurs, pour se protéger de cette concurrence extérieure. Or le dogme libéral qui anime les dirigeants européens depuis le début des années 70 a conduit progressivement à un démantèlement de (presque) toutes ces barrières douanières. Déjà exposés à une concurrence déloyale en provenance des pays d'Europe de l'Est , nos producteurs doivent en outre supporter une concurrence déloyale en provenance, notamment, du continent américain ou de l'Asie... Les États-Unis, la Chine, le Japon et la Corée du Sud, notamment, sont moins naïfs que nous et protègent bien mieux leur marché. Et ce n'est pas fini : on nous parle encore des traités TAFTA et CETA qui semblent faire l'objet d'un consensus parmi les dirigeants européens...
On pourrait encore évoquer l'Acte unique, signé en 1986, et qui a, notamment, permis la libre circulation des capitaux. Si les marchés financiers ont acquis une telle puissance aujourd'hui, à tel point que l'on parle souvent de "financiarisation" de l'économie, cet Acte unique n'y est pas étranger. On notera d'ailleurs que cette libéralisation de la finance a été négociée par le socialiste Jacques Delors et signée, pour la France, par le socialiste François Mitterrand...
On pourrait encore évoquer le démantèlement progressif de nos services public, préparé depuis de nombreuses années, mais entériné en 2002 au Sommet de Barcelone.
Et que dire encore de la monnaie unique, approuvée notamment par le gouvernement socialiste français, et qui a enfermé l'Europe dans les politiques d'austérité budgétaire et dans une dépendance accrue aux marchés financiers...