http://www.lefigaro.fr/politique/2011/1 ... gauche.phpAvec sa «démondialisation», Montebourg a fait mouche
Le candidat a su profiter des débats pour mettre en avant son positionnement très à gauche qui a trouvé un écho favorable chez l'électorat le plus radical.
Personne n'aurait parié sur lui il y a six mois. En prenant la troisième place de la primaire socialiste avec 17% des voix, Arnaud Montebourg a surpris par l'ampleur de son score. Le candidat, qu'un tiers des Français disait ne pas connaître il y a un mois, peut aujourd'hui enfiler le costume de figure incontournable du parti socialiste.
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Comment expliquer un tel succès ? Pour Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du PS, Arnaud Montebourg doit beaucoup à la décision de Benoît Hamon de ne pas se présenter. «Cette absence conjuguée à une campagne pas très à gauche de Martine Aubry a libéré un espace dans lequel il s'est engouffré», analyse-t-il. Son concept de démondialisation, jugé «ringard et réactionnaire» par le très droitier Manuel Valls, a fait mouche chez l'électorat le plus à gauche du PS dont «la demande de radicalité a été renforcée par la crise», souligne le politologue. Le mouvement des indignés est, au passage, un autre révélateur de cette tendance profonde.
«Un produit des débats»
Arnaud Montebourg fédère ainsi, par son discours volontariste, les électeurs lassés d'entendre dire que le gouvernement n'a qu'une étroite marge de manœuvre. Sa proposition de mise sous tutelle des banques, sa grande priorité, ou de taxation à 0,1% des transactions financières ont séduit. Preuve du soutien populaire dont il bénéficie, son livre, «Votez pour la démondialisation !», est le plus vendu des six ouvrages-manifestes des candidats.
Il a par ailleurs utilisé la tribune médiatique des trois débats avec beaucoup d'efficacité. «Il est le seul avec Manuel Valls à être remonté dans les sondages après les confrontations», commente Gaël Sliman, directeur adjoint de l'institut de sondage BVA. Selon l'analyste, les hommages répétés à Royal lors de ces confrontations lui ont peut-être permis de «siphonner» son électorat juste avant le vote. Dans le dernier baromètre du Figaro du 6 octobre, il n'atteignait en effet que 11% d'intentions de vote, à égalité avec la candidate.
Rémi Lefebvre s'accorde sur cette analyse : «Montebourg est un vrai produit des débats.
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Arnaud Montebourg s'est au final révélé aux yeux d'un public plus large. «Il a fait un bond impressionnant en gagnant 10 points de popularité entre juin et septembre, du jamais vu», rapporte Gaël Sliman.
Disons que les idées protectionnistes sont entrées sérieusement dans le débat politique. C'est déjà bien. Néanmoins, Montebourg était le seul candidat protectionniste face à cinq mondialistes. Dans ces conditions, on aurait pu s'attendre à un meilleur score. Finalement, 17%, ça reste assez décevant. Reste à espérer que le concept de démondialisation fasse son chemin dans les autres états-majors politiques...