Source : http://www.lexpress.fr/actualite/politi ... 80346.htmlCe mercredi soir aura lieu le 27e dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France. Dans le pavillon d'Amenonville, 800 à 1000 convives sont attendus, parmi lesquels Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Le désormais fameux dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, qui a vu le jour en 1985, prend cette année plus que jamais une tournure politique. Tous les regards scrutent la liste des invités, notent la présence de l'un et l'absence de l'autre. Il n'aura donc échappé à personne que les deux favoris des sondages pour la présidentielle participeront, mais pourquoi?
Tous les politiques?
On pourrait penser que le Crif est le rendez-vous de tous les politiques, mais ce n'est pas vraiment le cas. Outre le fait que Marine Le Pen, comme son père avant elle, n'a pas été invitée, les partis à gauche de la gauche qui ont pris position pour le boycott d'Israël pour défendre la Palestine ne sont pas non plus les bienvenus et ce depuis 2009. Sergio Coronado, directeur de la communication d'Eva Joly souligne sur ce point que le parti adhère à "la position des nations unies". Et il ne semble pas trop chamboulé par l'absence d'un carton d'invitation: "si on en avait reçu une, on se serait posé la question. Là ce n'est pas le cas, ça ne nous empêche pas de dormir."
Duo de tête
Il restait donc à inviter le reste du paysage politique: droite et gauche républicaines, ainsi que toutes les nuances du centre. Mais François Bayrou a avancé qu'"il ne v[oulait] pas écouter un président dont il ne partage pas les opinions". Restent donc François Hollande et son très probable concurrent dans la course à l'Elysée, invité d'honneur comme en 2011 et 2008. Il a d'ailleurs, par le passé, été reproché au Crif d'être trop partisan de Nicolas Sarkozy, ce à quoi le conseil rétorquait qu'il ne donnait aucune consigne de vote.
Rattrapage
Néanmoins, c'est peut-être un travers qu'ils essayent de corriger puisqu'une importante délégation a rendu visite à François Hollande le 25 janvier. Il faut dire que le candidat vogue en tête des sondages, et que le Crif, contesté dans sa légitimité par d'autres groupes, n'a pas intérêt à se mettre le favori à dos.
Et le candidat socialiste, pourquoi fait-il le déplacement? "On n'avait pas de raison de dire non, c'est le genre de dîner où tout le monde va", répond de manière évasive Stéphane Le Foll, responsable de l'organisation de la campagne de François Hollande. "Le Crif, on y est allé quasiment tout le temps, c'est comme ça, il y a des choses qui s'installent", poursuit-il.
Une tribune présidentielle
Mais au fond, quel est l'intérêt d'être présent ce mercredi soir? Avec 500 000 à 600 000 Français de confession juive, l'hypothèse d'un "vote juif" qui aurait un poids déterminant interroge.
En revanche, le dîner du Crif offre une tribune où les politiques peuvent parler, par exemple, de mémoire nationale, de laïcité ou de relations internationales devant un parterre d'ambassadeurs et de responsables des différents cultes.
En 1997, Alain Juppé annonce, pendant ce dîner annuel, la mise en place d'une mission d'étude sur la spoliation des juifs en France. En 2000, Lionel Jospin évoque le travail de lucidité et de mémoire nécessaire vis-à-vis de la guerre d'Algérie. En 2008, Nicolas Sarkozy développe son concept de "laïcité positive". Cette année les thématiques devraient être les révolutions arabes, le nucléaire iranien ou la montée des populismes en Europe.
Habitude bien ancrée dans les deux partis dominants, la présence au dîner du Crif sera cette année aussi l'occasion pour les candidats de s'offrir une stature internationale et de présenter une carrure présidentielle. A 74 jours du premier tour, cet évènement est plus que jamais politique.
Je découvre ça aujourd hui. C'est pour vous dire comme je manque de culture politique.
Mais faut bien commencer quelque part hein ^^