Qu'en pensez vous ?La France affichait en 2011 un déficit public de 5,3 % du PIB. Elle s’est engagée devant ses partenaires européens à ramener son déficit à 4,5 % dès cette année. Nicolas Sarkozy promet ensuite de poursuivre l’effort pour parvenir à un budget en équilibre dès 2016, François Hollande repousse cette échéance d’un an à 2017.
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« Cette dette va bientôt frôler les 90 % du PIB, nous approchons de la zone dangereuse, dont il faut s’éloigner. Sinon, nous entrerons dans une spirale infernale où le montant des intérêts à payer rend l’équilibre budgétaire presque impossible à atteindre, creusant alors de plus en plus les déficits » , met en garde François Ecalle, économiste spécialiste des finances publiques et professeur à Paris I.
Pour tenir ses engagements européens, l’actuel gouvernement a prévu de contenir le déficit à 4,5 % du PIB cette année, puis à 3 % en 2013. Avec l’ambition de présenter un budget équilibré dès 2016. Cet échéancier défendu par Nicolas Sarkozy a été repris par François Bayrou. François Hollande, lui, l’aménage un peu en repoussant à 2017 la fin des déficits. La gauche de la gauche, notamment Jean-Luc Mélenchon, réfute en revanche cette rigueur programmée, estimant qu’elle ne ferait que « plonger le pays dans la crise » en pénalisant la croissance. Marine Le Pen, de même, ne s’engage pas sur une date de retour à l’équilibre, préférant insister sur la nécessité de sortir le pays « de la dépendance de ses créanciers » en permettant à l’État d’emprunter à son gré auprès de la Banque de France.
La hausse d’impôts est-elle inévitable ?
Pour tenir le cap d’un budget à l’équilibre, la plupart des candidats reconnaissent qu’un tour de vis fiscal sera indispensable. En revanche, la façon d’y parvenir les divise. Côté UMP, où Nicolas Sarkozy n’a pas franchement détaillé son projet, le député UMP Gilles Carrez plaide que « l’essentiel de l’effort est déjà contenu dans les mesures votées ces derniers mois », avec la non-revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu, le durcissement de la fiscalité sur les revenus du patrimoine et le coup de rabot sur les niches. Pour le reste, le candidat UMP a dévoilé quelques mesures, notamment l’imposition minimum pour les grandes entreprises, dont il espère entre 2 et 3 milliards d’euros.
François Bayrou, de son côté, milite notamment pour une hausse de la TVA. Un point de plus dès 2012, un autre si besoin en 2014. François Hollande, lui, refuse d’utiliser la TVA, « un impôt injuste ». Chiffrant à « 29 milliards » les mesures fiscales nécessaires pour rétablir les comptes et encore à 20 milliards le besoin de financement de ses engagements de campagne, le candidat PS prévoit de déployer toute une panoplie de hausses d’impôts. Les entreprises (sauf les plus petites) participeront, via la fin des exonérations pour les heures supplémentaires et la suppression de nombreuses niches fiscales ou la modulation du taux de l’impôt sur les sociétés. Du côté des particuliers, ce sont les plus aisés qui sont visés par la hausse de la fiscalité sur le patrimoine et la création d’une tranche d’imposition sur le revenu à 45 %.
Les « riches » sont-ils les seuls visés ?
Conscient que les hausses d’impôts ne sont guère populaires, chaque candidat s’attache à prouver que son projet ne pénalisera que les plus riches, tout en accusant son rival de vouloir étrangler les classes moyennes. « Là où la hausse de la TVA de Nicolas Sarkozy va toucher tous les Français, nous préférons cibler les plus fortunés et les plus grosses entreprises » , insiste Jérôme Cahuzac,
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Dans la quête de ressources nouvelles, les niches fiscales peuvent s’avérer davantage profitables. Ces « dépenses fiscales », selon le jargon budgétaire, se comptent en effet par centaines, accordées au fil du temps pour des motifs aussi divers que les dons aux associations, l’emploi d’un salarié à domicile, l’investissement outre-mer… La Cour des comptes chiffre dans son dernier rapport leur montant à près de 73 milliards d’euros. Et même le double en y ajoutant d’autres dispositions éparpillées sous diverses appellations.
Sans oublier une soixantaine de milliards au titre des niches sociales, les baisses de cotisations octroyées aux employeurs ou aux salariés. Cet amoncellement de niches est souvent vu comme un formidable réservoir pour les finances publiques, d’autant que l’utilité de nombreux dispositifs a été maintes fois mise en cause dans les rapports de la Cour des comptes ou de l’Inspection des finances.
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Pour dégager des marges de manœuvre, il n’existe pas de solutions indolores. L’Ifrap, un club de réflexion libéral, a ainsi dressé un programme radical de mesures, allant de la réduction du nombre de fonctionnaires à la baisse du financement des associations en passant par la fusion de tous les régimes de retraite ou l’encadrement des dépenses des collectivités locales. En théorie, cela fait 129 milliards d’économie en cinq ans… et de très nombreux conflits sociaux en perspective. « Oui, ce programme est radicalement anti-électoral. Mais nos décideurs pourraient avoir le courage de se lancer dans une voie qui n’a jamais été explorée », plaide Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap.
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