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par johanono » 03 mai 2012, 11:27:36
Comme on pouvait s'en douter, ce débat ne bouleversera pas la campagne. Les partisans de Hollande trouvent que leur champion a été à la hauteur de sa fonction et les partisans de Sarkozy trouvent que leur champion a discrédité Hollande. Les partisans de l'un et de l'autre seront donc renforcés dans leur intention de vote. On peut donc parler de "match nul" dans ce débat, ce qui avantage plutôt Hollande qui avait pour objectif de gérer son avance dans les sondages sans commettre de faux pas rédhibitoire.
Si on analyse les arguments de fond avancés lors de ce débat, alors il y a quand même lieu d'être déçu. Je suis plutôt d'accord avec les critiques formulées par Bocian. Le débat a été confus, les approximations techniques ont été innombrables, les sujets de fond ont été abordés de façon superficielle, sans aucune mise en perspective, des querelles sur des chiffres invérifiables, etc. Il ne faut pas oublier que la France a perdu sa souveraineté monétaire, sa souveraineté douanière, une partie de sa souveraineté économique, et bientôt sa souveraineté budgétaire. Les dirigeants politiques n'ont plus guère de pouvoir, dans le monde euro-mondialisé actuel, alors ils se querellent sur des sujets secondaires et polémiques dérisoires...
Sarkozy a été fidèle à lui-même. Agressif, de mauvaise foi, pas à une cohérence près, mais qui a quand même pas trop mal défendu son bilan.
Hollande m'a plutôt déçu. Certes, il n'a pas été ridiculisé par Sarkozy. Toutefois, je l'ai trouvé pas très à l'aise sur certains sujets, par exemple :
- la question des centres de rétention (il aurait pu répondre que Sarkozy était de mauvaise foi, il aurait pu répondre que dire que les centres de rétention doivent devenir une exception ne veut pas dire qu'il faut les supprimer, or il ne l'a pas dit),
- les nominations de procureurs contre l'avis du CSM,
- le lien entre droit de vote des étrangers et vote communautaire (Hollande a commencé par contester le lien avec l'islam, Sarkozy lui a montré que cette mesure concernait majoritairement des étrangers de confession musulmane, et Hollande a fini par l'admettre),
- quand Sarkozy a montré que le chômage a moins augmenté en France que dans beaucoup de pays européens, Hollande s'est mal défendu : il a fait de l'Allemagne un exemple alors que par le passé les socialistes avaient reproché à Sarkozy de vouloir suivre l'exemple allemand, il aurait pu expliquer que si la France a mieux résisté, c'est grâce à un système social plus développé que Sarkozy voulait remettre en cause avant la crise, il aurait pu rappeler que Sarkozy vantait les mérites de l'économie espagnole en 2007, il aurait pu rappeler que Sarkozy voulait importer les sub-primes en France, etc. il n'a pas fait tout ça.
Sur la fiscalité, Hollande a eu beau jeu de rappeler le bouclier fiscal. Sans doute aura-t-il marqué les esprits de nombreux téléspectateurs avec sa démonstration sur les gros chèques adressés à quelques milliardaires dont Liliane Bettancourt. On ne m'empêchera pas de penser que le bouclier fiscal a une importance symbolique inversement proportionnelle à son importance financière...
Reste de la part de Hollande un beau laïus "moi président".
Décevant, en effet...
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johanono le 03 mai 2012, 11:29:30, modifié 1 fois.