Je crois que tu as une vue assez anachronique, plus proche des temps modernes italiens que de la féodalité françaisea mise en place de la police : classe dirigeante - le prince - ou classe lettrée - l'Eglise et la figure du maire du Palais. Les intérêts sont identiques : conquête et maintient/assise du pouvoir en place. La mission de sécurisation était réduite à sa portion congrue : éventuellement résister aux assauts potentiels d'assaillants extérieurs. C'était un outil de domination et il ne s'agissait aucunement d'un service à caractère public.

La féodalité se caractérise par l'illetrisme généralisé, y compris celui des Seigneurs, qui ont tout juste un chapelain capable de déchiffrer un peu de latin de cuisine ! Le système repose sur une structure très paternaliste, où le "seigneur", petit hobereau fauché, est responsable de ses manants comme de ses gosses.
L'ordre est donc de caractère très "familial", et à la moindre alerte extérieure, tout le monde se retrouve au château (ce qui explique les réserves, les puits, etc). Mais l'ordre interne règne aussi, chaque seigneur rendant la justice à la demande de ses administrés.
Non. Les bourgs s'enmuraillent, organisent leur garde, mais ont aussi des vigiles intra muros, des cours de justice desquelles dépendent tous les citoyens. Si tu as l'impression que cette justice protège les richesses, c'est tout simplement parce qu'elles sont attaquées par la malandrins. Mais vois les jugements de l'époque : on y protège aussi la vertu des pauvres femmes, le vol du cheval du maraîcher, celui des outils du tailleur de pierre ... Il n'y a aucune protection d'une calsse spéciale, mais bien entendu de tous contre ceux qui les agressent. Et pour ta gouverne, il n'y a pas de "pauvres" hors les murs, mais seulement des juifsLes bourgs : C'est vrai je parlais surtout de leur avènement et non pas de la période qui s'en est suivie et que tu évoques bien : le château perd son caractère de forteresse, les murs s'étendent au bourg, les forces de l'ordre deviennent à la charge du bourg.
Néanmoins, les forces de l'ordre des bourgs avaient toujours pour principale mission de protéger la richesse. Il s'agissait de la défendre à l'intérieur de l'enceinte privée contre les assauts extérieurs. Ces mêmes forces de l'ordre n'ont jamais hésité à participer à la répression des jacqueries paysannes.
Les habitants des bourgs ont fini par donner naissance à la classe bourgeoise dont les intérêts ont toujours été contraires à ceux des classes les plus pauvres, extérieures à l'enceinte protégée.

Il y a aussi une "classe" de tanneurs, ou d'arracheurs de dents. ! C'est toute l'histoire des gildes. Chaque groupement professionnel a ses propres règles déontologiques, et son "conseil" pour vérifier leur stricte application. Tu t'obsèdes sur le "pouvoir en place", mais dans la république de Platon, ce pouvoir est l'émanation directe de la volonté populaire. Normal donc que le peuple veuille protéger sa direction et s'en donner les moyens par la création d'un corps de Police. Chez les abeilles, toutes les ouvrières protègent leur reine ...Les forces de l'ordre vues comme une classe sociale : Ce n'est pas moi qui l'ai inventé, c'est dans la République de Platon. Il n'est pas question de penser les classes sociales uniquement en fonction du milieu social et des revenus mensuels, ces catégories se définissent aussi par leurs fonctions propres : en l'occurrence le contrôle de la population, la protection des richesses et du pouvoir en place. Il en va de même pour l'Etat et ses représentants qui constituent une classe à part, indépendamment des origines sociales des individus la composant.
Encore faudrait-il s'assurer que ces milices soient étroitement contrôlées, et par qui ? Les actions de ce genre de milices tournent plus souvent au règlement de compte qu'à une justice sereine. Des bandes de milicens dépenaillés, illettrés, souvent ivres morts, il y en a plein l'Afrique, et ce n'est pas vraiment rassurant pour le petit peuple, qui ne peut sortir de son porte-feuille de quoi faire ami-ami avec ces milices.Les milices urbaines : je ne parlais évidemment pas de ce système très indirect de démocratie représentative que nous connaissons et que je décrie depuis deux posts désormais, mais de milices réellement populaires, qui ne soient pas soumises à la classe politique dominante et sur laquelle les populations concernées pourraient avoir une réelle rétroaction directe.
***
Je crois surtout que, débordés par la masse des infractions, la Police trie et ne s'occupe que du pire. Ma belle-fille, ultra chic, Mercédès coupé, s'est fait attaquer en pleine journée, à un feu rouge : vitre explosé, drogué plongant à ses pieds (couvert du sang occasionné par les débris de verre) pour lui prendre son sac qui était à ses pieds. Elle a bien entendu déposé plainte. Soupir des flics : "on a en 20 par jour, des cas comme le vôtre. Vous pouvez évidemment époser plainte, mais faites plutôt une déclaration à votre assurance ... " N'en fais donc pas une affaire de "classe", c'est tout à fait faux.Je ne partage bien évidemment pas ta conclusion, les gens les plus faibles sont toujours les premiers à avoir maille à partir avec les forces de l'ordre étant donné qu'elles n'ont pas de richesses susceptibles d'éveiller l'intérêt de ces forces de l'ordre. Je le vois au quotidien dans mon bled : les flics nationaux et municipaux ne font leur ronde que dans les quartiers où il y a du fric à tire-larigot. Par contre, devant chez moi sur le parking, les voitures se font braquer régulièrement. Et pourtant je ne vis pas dans une cité de truands où la police n'aurait pas droit de cité... Et je suis aussi contrôlé régulièrement dans la rue lorsque je me balade en centre-ville - n'ayant sans-doute, dans la tête des flics, rien à faire là...
En gros, tu veux me faire croire que les "pauvres" seraient pous en sécurité sans la police ?Peu de choses ont changé depuis la République de Platon en fin de compte. Les forces de l'ordre sont restées un outil de contrôle de la population ainsi qu'un outil remarquable de protection de la richesse. Malheur à celui qui n'en a pas car il est nécessairement perçu comme un délinquant potentiel.
