Le parti de gauche

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wesker
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par wesker » 26 août 2012, 10:36:04

La suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires et certaines mesures conduiront à des embauches à temps partiels et en contrats précaires. Cela permettra de réduire le chômage mais ne changera pas grand chose à la situation sociale du pays. Certes, obtenir de bons chiffres sur ce critère est important mais au détriment du pouvoir d'achat d'autres salariés, ce qui ne soutiendra pas la croissance. LA relance ne peut passer que par des investissements aux côtés de mesures d'économies sur des dépenses publiques inefficaces ou qui font double emploi !

Nico37
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Message non lu par Nico37 » 26 août 2012, 14:39:06

Pourquoi le Parti de Gauche Raoul Marc Jennar

Pour toutes celles et tous ceux qui veulent une gauche de gauche parce qu’ils sont convaincus que le PS ne porte plus la volonté de transformation démocratique et sociale de la gauche, parce qu’ils ont vérifié que le capitalisme est responsable à la fois de l’exploitation des humains et de la planète et que le capitalisme vert proposé par Europe-Ecologie-les Verts est une immense tromperie, le Front de Gauche, avec son projet de société « L’Humain d’abord », offre de multiples entrées pour un engagement fécond.

En effet, l’originalité de ce rassemblement inédit est de donner à chacune et chacun la possibilité de s’intégrer dans la structure de son choix, selon sa sensibilité, ses références, sa propre histoire. Le Front de Gauche rassemble aujourd’hui le Parti de Gauche, le PCF, la Gauche Unitaire, Convergence et Alternatives, le Parti Communiste des Ouvriers de France, la Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique (FASE), République et Socialisme, la Convention pour une Alternative Progressiste, la Gauche Anticapitaliste. C’est de cette diversité rassemblée sur une même analyse des méfaits du capitalisme et des dangers majeurs dont il est porteur pour l’avenir même de l’humanité que le Front de Gauche puise sa force. Dans chacune de ses composantes, on trouve des militant(e)s de qualité, dont le projet n’est pas de « faire carrière » en politique, mais de porter l’engagement politique comme une mission au service de l’intérêt général, c’est-à-dire comme une mission au service de la République.

J’ai fait, il y a deux mois, le choix d’adhérer au Parti de Gauche. Depuis, plusieurs m’ont demandé : pourquoi cette structure-là plutôt qu’une autre au sein du Front de Gauche ? Je vais m’efforcer de répondre et je ne peux le faire qu’en inscrivant mon choix dans l’itinéraire politique qui est le mien. D’abord, parce que le Front de Gauche, c’est une idée lancée par le Parti de Gauche. Pour celles et ceux qui, comme moi, après la victoire du non de gauche contre le traité constitutionnel européen, ont tenté, en particulier tout au long de l’année 2006, de donner un prolongement à cette formidable mobilisation citoyenne par la désignation d’une candidature unique de la gauche de gauche, l’échec d’alors est dépassé et surmonté non pas, comme je l’avais cru en 2008 par le NPA, mais par la création du Front de Gauche. Dans la tentative de rassemblement, celui-ci a réussi là où le NPA a échoué. Mon adhésion aujourd’hui vaut aussi reconnaissance de mes erreurs d’analyse de 2008.

J’avais eu, pendant la campagne contre le TCE et aussi lors du Forum social européen d’Athènes, l’occasion de m’entretenir avec Jean-Luc Mélenchon. J’avais constaté que je partageais la même adhésion profonde, quasi génétique, à quelque chose de fort, qui nous vient de loin : les aspirations des meilleurs des républicains romains, les valeurs des Lumières, la geste révolutionnaire de 1789-1793, la Commune de Paris, le combat laïc, bref une adhésion à tout ce qui ne cède pas au cours des choses. Une même passion pour ces femmes et ces hommes qui se lèvent devant l’intolérable et s’insurgent. Comme Mélenchon, je me nourris de Jaurès. Et l’histoire du mouvement ouvrier, telle qu’elle fut vécue par les miens au cours des deux siècles passés, m’a enseigné que rien, dans l’amélioration de la condition humaine, n’a été donné, que tout a du être toujours arraché aux possédants. Pas un franc de salaire en plus, pas une heure de travail en moins qui n’aient été l’objet de luttes âpres, longues, marquées de revers. Tout naturellement, après que Jean-Luc Mélenchon ait quitté le PS pour créer le Parti de Gauche et le Front de Gauche et que j’aie tiré les leçons de l’échec du NPA aux européennes de 2009, mon désir a été de me retrouver aux côtés de celles et ceux avec lesquels je partage l’essentiel.

Je dois à mon passage au NPA d’avoir, grâce aux écrits de François Chesnais et de Michaël Lowry, découvert la synthèse que je recherchais depuis le début de mon engagement, fin des années quatre-vingt-dix, dans ce qu’on appelé les combats altermondialistes : comment concilier progrès social au Nord, mais aussi au Sud et défense du patrimoine écologique ? Cette synthèse porte un nom qui ne plaît pas à tous, mais qui a le mérite d’exister : écosocialisme. Le Parti de Gauche a intégré cette synthèse dans son projet. Dans le chapitre IV de son livre L’autre Gauche, Mélenchon rappelle cette phrase de Marx qui rejoint d’autres que m’avait citées François Chesnais : « L’histoire peut être examinée sous deux aspects. On peut la scinder en histoire de la nature et histoire des hommes. Les deux aspects cependant ne sont pas séparables ; aussi longtemps qu’existent des hommes, leur histoire et celle de la nature se conditionnent réciproquement. » J’ai adhéré au Parti de Gauche aussi parce que son co-président a écrit : « la crise sociale doit être réglée d’après les exigences que met en scène la crise écologique (…) avec toutes les conséquences que cela implique. Notamment le devoir d’examiner tout ce qui dans la crise sociale ne serait qu’une revendication liée à la nature productiviste du système et dont la satisfaction revient à en prolonger les effets désastreux. » La proposition de planification écologique, avancée par le PG et qui fait désormais partie intégrante du programme du Front de Gauche, organise la transition démocratique, techniquement et socialement maîtrisée, du système productiviste actuel vers un autre modèle compatible avec la préservation de l’écosystème, la satisfaction des besoins sociaux et l’exigence démocratique.

Après les transformations des Verts et leur alignement sur le PS, qui pourrait contester qu’aujourd’hui que le PG soit le plus déterminé, le plus crédible et le plus en capacité de peser sur les grands dossiers de l’écologie : le nucléaire, le productivisme, les atteintes massives à la biodiversité, la biopiraterie, les nuisances de l’agro-business ? La France sous la Vème République est loin, très loin d’être un modèle de démocratie avancée. La présidentialisation du système politique français n’est pas un gage de modernité. C’est au contraire une forme de restauration monarchique où, aux côtés d’un président tout puissant, maires, présidents de conseils généraux, présidents de régions tiennent lieu de petits ou de grands féodaux. Il faut changer cette Vème République et instaurer enfin la République, démocratique, sociale et écologique. Pour y renforcer les pouvoirs du peuple et sa capacité de contrôle, pour consolider et multiplier les contre-pouvoirs, pour mettre fin aux multiples privilèges qui renforcent les inégalités, pour garantir l’État de droit. La République, ce ne sont pas seulement des libertés individuelles. C’est aussi l’affirmation de Droits collectifs et sociaux. La République, c’est le primat de l’intérêt général défini par le peuple et non par les lobbies. Nous avons besoin d’une assemblée constituante pour instaurer une VIème République. C’est une priorité du Parti de Gauche.

J’ai adhéré au Parti de Gauche parce qu’il proclame qu’il n’est pas une fin en soi, mais un outil temporaire qui doit demeurer capable de se dépasser, de se transformer, de s’ouvrir, de se refonder pour répondre aux défis qui se présentent. Au PG, il n’y a pas de personnes rémunérées en capacité d’imposer le statu quo qui convient à leur situation personnelle. Les dangers d’un conservatisme interne sont écartés par l’exigence du volontariat. La volonté d’ouverture est constante. Parce que les militants du PG sont des internationalistes, ce sont aussi des partisans d’une union des peuples d’Europe. Au service des peuples et non à la botte du monde des affaires et de la finance. Ni repli nationaliste, ni rejet du projet européen, mais refondation de ce projet sur des bases démocratiques, sociales et écologiques. Ce qui réclame une intense mobilisation contre les traités et les politiques en cours qui sont le fait des libéraux de droite et de gauche. Ce positionnement du PG sur la question européenne correspond parfaitement à ma démarche telle que j’ai eu l’occasion de la présenter dans mes écrits.

Même si d’autres raisons encore justifient mon adhésion, je voudrais terminer par celle-ci qui est sans doute conjoncturelle, mais qui me semble de toute première importance pour la suite de la démarche amorcée par le Front de Gauche. Le PG propose comme stratégie pour les années qui viennent ce qu’il appelle « l’autonomie conquérante ». Il s’agit à mes yeux d’un processus politique qui nous prémunit des dérives et des déceptions et qui ouvre un chemin pour l’avenir. Explicitons chacun des termes. Autonomie signifie que le Parti de Gauche ne s’engage sur rien qui pourrait se traduire par un reniement de tout ou partie du projet qui le lie désormais à celles et ceux qui ont fait confiance à son candidat et qui porte un nom « L’Humain d’abord ». Le PG ne se détermine non pas en fonction d’automatismes de majorité ou d’opposition, mais par rapport à son propre projet. Il appuiera toutes les propositions qui vont dans le sens de son projet. Il rejettera toutes les autres. De même, il ne s’alliera pas avec des forces politiques qui ne sont pas disposées à mettre son projet en œuvre. Conquérante signifie qu’en adoptant une telle attitude, le contrat passé avec l’électeur prend tout son sens. Il justifie la confiance et nourrit par là-même la dynamique populaire qui conduit à une majorité alternative. Telles sont les raisons qui m’ont fait choisir le Parti de Gauche.

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Message non lu par wesker » 26 août 2012, 18:57:21

Il a toujours été clair que ceux qui souhaitent construire une aventure, au sein d'un rassemblement important et constructif, capable d'incarner cette famille de pensée doivent mettre de côté leur divergence pour participer au front de gauche. Cela étant, les solutions de ce rassemblement, même présenté avec brio par Mélenchon et dynamisé par une structure militante restent celles du passé.

En revanche, leurs rapports avec les sociaux démocrates ont, je le crois, vocation à se détériorer car à l'exercice du pouvoir, les socialistes ayant pris de douloureux engagements budgétaires prendront et imposeront des décisions économiques que les partisans du front de gauche auront du mal à digérer, surtout après avoir contribué à leurs victoires !

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Message non lu par Nico37 » 27 août 2012, 23:06:07

Mélenchon revient à la charge

Après les critiques acerbes de Jean-Luc Mélenchon contre les 100 premiers jours “creux” du gouvernement, Jean-Marc Ayrault lui a suggéré hier matin de faire preuve de “lucidité”. “C’est vrai que quand on revient de cinq semaines de vacances au Venezuela avec M. Chavez, peut-être qu’on manque un peu de connaissance réelle de la situation de la France et de l’Europe” a ironisé le Premier ministre au micro de BFMTV. Avant d’ajouter : “Le redressement du pays, la cohérence d’une politique, ce n’est pas l’agitation permanente”. Daniel Cohn-Bendit a enfoncé le clou dans une interview publiée hier dans Le Monde. Le dirigeant des Verts juge “stupéfiant” de “donner des leçons de politiques” après avoir passé ses vacances avec le président du Venezuela.

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Message non lu par wesker » 28 août 2012, 12:34:46

Ce que je trouve stupéfiant, pour ma part est de voir tout ce beau monde appartenir à la même majorité. Sur le fonds, que Mélenchon fasse entendre ses analyses et ses propositions est assez cohérent avec sa stratégie de refus de participer au Gouvernement qui va approuver le pacte budgétaire qui commence à susciter quelques interrogations, à gauche comme à droite afin de remettre en cause la rigueur et ses conséquences qui ne résout rien.

Selon l'évolution de la situation, le front de gauche pourra se targuer de courage quand Cohn Bendit sera considéré comme européiste béat qui est prêt à tout pour continuer son copinage avec les socialistes.

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Message non lu par Nico37 » 28 août 2012, 21:25:10

Ni opposant ni allié du PS, le Front de gauche cherche sa place
LE MONDE | 21.08.2012 à 10h50 • Mis à jour le 21.08.2012 à 11h10
Par Raphaëlle Besse Desmoulières

"Vu notre campagne et vu ce que fait Hollande, il était difficile d'imaginer d'être plus doux." Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche (PG), assume pleinement la charge de Jean-Luc Mélenchon. Silencieux depuis sa défaite aux législatives à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) en juin, M. Mélenchon a fait une rentrée politique remarquée, dimanche 19 août dans le Journal du dimanche, puis lundi, sur France Inter.

(...)

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Message non lu par wesker » 29 août 2012, 12:33:03

Il est bien évident qu'en dépit de quelques hésitations sur le positionnement, le front de gauche se fera entendre sur des sujets essentiels comme celui du pacte budgétaire puisqu'il entrevoit les désillusions et déceptions des attentes, en particulier sociale qui se feront connaître dans le pays.

Les angoisses montent, commencent à s'exprimer et Mélenchon rêve d'en être, à l'image du leader grec de Syriza, le porte étendard....

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Message non lu par Nico37 » 30 août 2012, 00:36:46


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Message non lu par wesker » 30 août 2012, 12:58:09

Cela étant, il est vrai que ces mesures sur les prix des carburants restent des mesures conjoncturelles mais ne répondent pas à la question de long terme qui devrait commencer à être posé et que le pacte budgétaire que nos élus s'apprêtent à ratifier empêchera à savoir des investissements productifs qui répondent à la fois aux besoins de la population et en même temps aux enjeux budgétaires puisque la richesse produite permets de rembourser les dettes !

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Message non lu par Nico37 » 31 août 2012, 16:27:34


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Re: Le parti de gauche

Message non lu par wesker » 31 août 2012, 19:33:44

Je suis plutôt curieux de connaître la réponse de Mélenchon a la diatribe lancé par Cohn Bendit contre lui.

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Message non lu par Nico37 » 01 sept. 2012, 23:10:55

Les 100 premiers jours de François Hollande Matthias Tavel

En campagne, François Hollande a peu promis. Il avait néanmoins promis une chose. Le changement. Il s’était même fixé une échéance. Maintenant ! On peut donc évaluer dès aujourd’hui ses premiers pas.

Hollande reprend le traité Sarkozy

Le 11ème des « 60 engagements pour la France » du candidat François Hollande était clair : « je renégocierai le Traité européen en privilégiant la croissance et l’emploi, et en réorientant le rôle de la Banque centrale européenne ». Pourtant, dès le sommet européen des 28 et 29 juin, François Hollande s’est rallié au traité Merkel-Sarkozy. N’en déplaise à Jean-Marc Ayrault, les lignes n’ont pas bougé d’une virgule ! Le traité contient en particulier toujours la règle d’or budgétaire qui interdit les déficits publics ainsi que des mesures autoritaires pour la faire respecter. Pour habiller ce reniement, le nouveau président met en avant l’accord survenu autour d’un « pacte de croissance ». Pourtant, cet argument ne résiste pas à une analyse rapide. Le pacte en question était en grande partie déjà préparé du temps de Sarkozy. Surtout, avec à peine 120 milliards d’euros (fonds privés inclus), soit bien moins de 1% du PIB européen, il n’est absolument pas en mesure de compenser les politiques d’austérité. D’autant que celles-ci se poursuivent et seront encore aggravées par le traité que défend désormais François Hollande. En effet, le PS veut faire ratifier ce traité dès la rentrée au Parlement. Ratification d’un traité différent de celui promis pendant la campagne électorale et refus de consulter les Français par référendum : en matière européenne, François Hollande met ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy.

Les premiers pas d’Hollandréou

L’acceptation de ce traité austéritaire est cohérente avec le programme de François Hollande en matière de finances publiques. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s’inscrit dans la continuité de celui de François Fillon dans ce domaine. Le point central est le retour à moins de 3% de déficit public dès 2013. Le PS reprend l’engagement de l’UMP auprès de la Commission européenne. La seule différence, mineure puisqu’elle se limite à douze mois, concerne le retour à l’équilibre budgétaire. L’UMP voulait 0% de déficit en 2016, François Hollande décale l’objectif à 2017. Pour respecter ces engagements, le gouvernement a annoncé des mesures drastiques : baisse des dépenses publiques, gel des dotations aux collectivités locales, suppression de deux postes de fonctionnaires partant à la retraite sur trois dans les ministères « non prioritaires » (c’est-à-dire hors Education, Intérieur et Justice). A titre d’exemple, il y aura davantage de suppressions de postes au ministère des Finances sous François Hollande que sous Nicolas Sarkozy !

La politique d’austérité se poursuit donc. Pourtant, fin juillet, l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques a indiqué que le respect des engagements budgétaires de François Hollande entraînerait une hausse du chômage à plus de 11% et amputerait la croissance d’au moins 1 point. François Hollande promettait que croissance et discipline budgétaire iraient « de pair ». A peine trois mois après son arrivée au pouvoir, il met en œuvre la seconde alors même que la première est en berne. C’est logique car austérité et activité sont inconciliables.

La politique des pansements

En matière sociale, la principale mesure promise par le candidat concernait le rétablissement de la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler jeunes et ayant cotisé 41,5 années. Le décret en question a été pris peu de temps après l’élection présidentielle. Mais il ne saurait faire oublier l’acceptation de la réforme Fillon pour tous les autres salariés avec le maintien du report de l’âge de départ à 62 ans. Quant à la durée de cotisation nécessaire, elle ne fait pas partie des paramètres de la « négociation globale » sur les retraites promises par le candidat socialiste dans son engagement n°18. En matière salariale, le bilan est encore plus maigre. Corrigé de l’inflation, le « coup de pouce » attribué au SMIC au 1er juillet se limite à 0,6% soit 6,45 euros par mois ! Une pichenette : à peine de quoi se payer un carambar par jour, ou un café par semaine ! Ce refus d’engager un changement dans le partage des richesses n’est pas une surprise puisque François Hollande était le premier candidat socialiste de l’histoire à refuser de s’engager sur un montant pour le SMIC pendant la campagne électorale. Surtout, la politique de François Hollande est là encore cohérente avec son analyse de la situation. Dans son discours d’ouverture de la conférence sociale des 9 et 10 juillet, il s’est rangé à l’argument du MEDEF selon lequel l’industrie française souffrirait d’un problème de coût du travail trop élevé.

Dès lors, on ne peut pas être surpris de voir le gouvernement s’exclamer mais ne pas agir devant l’hécatombe des plans sociaux. Fralib, PSA ou Sanofi : les déclarations volontaristes d’Arnaud Montebourg ne font pas oublier qu’il a été jusqu’ici un ministre du redressement bien peu productif. Et pour cause, le gouvernement n’a pas fait voter les rares mesures promises par le candidat Hollande qui aurait pu l’y aider. Il en est ainsi de la loi dite « M’Réal » qui vise à obliger une entreprise à céder un site lorsqu’un repreneur se manifeste. La proposition de loi avait été déposée pendant la campagne par le PS avec comme premiers signataires François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Mais les mêmes, arrivés entre temps au pouvoir, ne l’ont pas inscrite à l’ordre du jour pourtant peu chargé de la session extraordinaire du Parlement en juillet.

Hollande plie devant les banques

Alors que le candidat Hollande promettait d’attaquer son « véritable adversaire : la finance », les premiers mois de son gouvernement montre une intention tout autre. Ainsi, dans son « Agenda du changement », le candidat Hollande promettait une grande loi bancaire dès la session extraordinaire du Parlement en juillet afin de « remettre la finance au service de l’économie réelle ». Cette loi devait contenir la « séparation des activités de dépôt et des activités spéculatives, [la] lutte contre les produits toxiques et les paradis fiscaux ». Mais aucun projet de loi n’a été présenté en conseil des ministres et encore moins au Parlement. Et pour ne pas mécontenter les milieux financiers, le gouvernement a aussi renoncé au doublement immédiat du plafond du livret A.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait frappé fort dès les premiers mois avec la loi TEPA (bouclier fiscal etc.), une loi sur la sécurité, le service minimum dans les transports et la loi sur l’autonomie des universités. Les 100 premiers jours donne l’impulsion et l’état d’esprit d’un nouveau pouvoir. François Hollande n’échappe pas à cette règle. Il le sait lui-même : toutes ses décisions sont cohérentes entre elles, mais aussi avec ce qu’il dit et écrit depuis longtemps, si l’on excepte les pas de côté auxquels il a été contraint devant la poussée du Front de Gauche. Sa stratégie est claire, c’est celle de la social-démocratie européenne : ne pas affronter la finance, ne pas se fâcher avec le patronat, ne pas s’opposer à l’Union européenne, vanter le compromis et en rester autant que possible aux symboles. Bien sûr, dans maints domaines le style et le fond sont moins violents qu’avec Sarkozy. Pour autant, cela ne fait pas « le changement ». Car face à cette crise on ne peut changer sans rompre.

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Message non lu par wesker » 02 sept. 2012, 10:10:39

Il est bien évident qu'à ne pas vouloir trancher entre diverses lignes budgétaires et de tracer une politique économique cohérente, le Gouvernement s'oriente progressivement vers la perte de crédibilité et donc, le creusement des difficultés.

On ne peut, en même temps promouvoir l'équilibre budgétaire pour satisfaire aux exigences d'une Union Européenne et en même temps multiplier les dépenses assez démagogiques pour faire semblant de tenir ses promesses en matière de croissance, par la dépense publique.

Clairement, le Gouvernement aura à trancher trés prochainement mais les déclarations des responsables sur le pacte budgétaire, y compris de la part de Montebourg sont, pour moi assez inquiètante et ne seront pas en mesure d'atteindre les objectifs fixés d'une part et plongeront le pays dans le déclin !

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Message non lu par Nico37 » 02 sept. 2012, 12:23:40

Jean-Luc Mélenchon, vous avez tort sur les émeutes d’Amiens-Nord
Membres De La Gauche Anticapitaliste | Front de Gauche

TRIBUNE
Comment faut-il entendre les déclarations de Jean-Luc Mélenchon au sujet des émeutes d’Amiens-Nord ? Le 20 août, le porte-parole du Front de Gauche qualifie leurs acteurs de « bouffons », de « crétins », de « larbins du capitalisme ». Ils « n’ont rien à voir avec la contestation de la société capitaliste », dit-il.

Ces propos nous semblent erronés et dommageables pour la dynamique prometteuse engagée lors de la présidentielle. Alors que le Front de Gauche est en passe de devenir la principale alternative aux politiques d’austérité, il n’a rien à gagner à tourner le dos aux révoltes urbaines et aux luttes des quartiers populaires, toile de fond de la radicalisation en Europe.

Loin d’être le fruit de « casseurs » à mettre au ban de la contestation du capitalisme, les émeutes participent de l’actualité politique et sociale de ces quatre dernières années. Notamment en Grèce et en Grande-Bretagne, où la gauche radicale a réalisé des percées significatives.

Les précédents de Tottenham et Athènes

En Grèce, les émeutes de 2008 ont éclaté à la mort d’un manifestant de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos, atteint par un tir de la police. La vague de révoltes qui a suivi a donné à voir une véritable mise en cause de l’appareil policier par des franges significatives de la jeunesse grecque, mobilisée contre l’absence de perspectives économiques et sociales.

Dès les premiers jours des révoltes, Alexis Tsipras, le président et porte-parole de Syriza, a exprimé sa solidarité avec les émeutiers :

« Notre gauche n’adopte pas de telles pratiques [les émeutes] et ne peut en être considérée comme responsable. Elle refuse cependant de les mettre au même niveau qu’une exécution de sang-froid.

L’assassinat d’[Alexandros] nous concerne tous. Nous sommes tous partie prenante de cette révolte spontanée qui exige la dignité et le droit à la vie. Aujourd’hui il n’y a pas de place pour les hésitations.

Ou bien nous prenons notre vie en main, ou bien nous aurons peur de marcher dans la rue. Ou bien nous arrêtons la politique qui a armé l’assassin, la politique de l’impunité et de la criminalisation des luttes sociales de la jeunesse, ou bien nous vivrons sous la terreur. »

Quatre ans plus tard, la coalition de la gauche radicale, Syriza, atteint 27% des suffrages exprimés, un score inédit.

En Grande-Bretagne, les révoltes de 2011 se sont également déclenchées en réaction à un meurtre policier – celui de Mark Duggan – dans le contexte de la plus brutale vague d’austérité que le pays ait connue.

Quelques mois plus tard, en mars 2012, la figure de la gauche radicale George Galloway a gagné par une très large majorité le siège de Bradford West, auparavant occupé par un parlementaire travailliste.

Galloway a décrit sa victoire comme une « insurrection démocratique et pacifique [qui] tire son origine des mêmes colères et aliénations qui ont nourri les désordres dans les villes britanniques l’été dernier ».

La réponse à une dépossession

Les émeutes s’inscrivent dans un contexte de radicalisation antisystémique d’importantes franges de la population face à la dégradation de leurs conditions matérielles de vie.

Elles sont des émeutes politiques et s’inscrivent dans ce que le géographe David Harvey appelle « les résistances à la dépossession ».

Dans cette récession sans précédent, où les profits tirés de l’exploitation du travail sont insuffisants pour faire redémarrer les investissements et la croissance, la réponse des gouvernements européens est de générer des profits supplémentaires à destination d’entreprises financières, banques, assurances et opérateurs privés en dépossédant leurs peuples de leurs entreprises publiques et de leurs droits sociaux.

Il faut replacer cette « accumulation par dépossession » dans un contexte plus large de transformations urbaines qui ont favorisé les bulles immobilières et renforcé les clivages sociaux dans les villes.

Les dépossédés sont aussi le plus souvent des exploités, n’ayant d’autre choix que de vendre leur force de travail. Mais le chômage structurel et la précarité désorganisent durablement les classes subalternes, et désunissent chaque jour travailleurs-dépossédés et simples dépossédés.

Un contrôle « très agressif »

Que s’est-il passé à Amiens-Nord à la veille des émeutes ? D’après des riverains, des policiers ont réalisé un contrôle « très agressif » à proximité d’un repas de deuil, puis malmené et gazé la famille qui demandait qu’on respecte son recueillement.

Il s’agit d’un scénario très connu. Des émeutes aux Minguettes en 1983 jusqu’à Villiers-le-Bel (2007) en passant par l’embrasement parti de Clichy-sous-Bois (2005), tout commence par un crime policier, puis le déni de tout forfait par l’appareil répressif, des révoltes « exemplairement » réprimées et l’impunité policière sanctionnée par le pouvoir judiciaire.

A Amiens Nord, les contrôles policiers sont connus pour être particulièrement violents. Celui du 12 août était celui de trop. Mais le contexte socio-économique constitue là aussi un terreau fertile à la révolte. Les habitants d’Amiens Nord font explicitement le lien entre les exploités d’hier et les émeutiers d’aujourd’hui :

« Pour un non-diplômé, aucune chance d’être ouvrier chez Dunlop, Goodyear ou Valeo. Les usines dans lesquelles travaillaient nos parents, nos grands-parents, ne recrutent plus quand elles ne licencient pas. »

Du côté des exploités

En janvier, Jean-Luc Mélenchon se rend au tribunal d’Amiens pour soutenir les syndicalistes de Continental. Par ce geste de solidarité avec les ouvriers, il inscrit son combat auprès des exploités.

On aurait pu attendre de l’ancien candidat qu’il retourne à Amiens pour réclamer l’amnistie des émeutiers présumés jugés le 17 août – qu’il se montre solidaire des dépossédés.

Mais le rejet de ces émeutes par Mélenchon s’inscrit dans la longue histoire des rendez-vous manqués entre la gauche sociale et politique et les mouvements de l’immigration coloniale et postcoloniale.

En France, les dépossédés sont aussi racialisés : les descendants de colonisés sont depuis au moins trois décennies les premières victimes du démantèlement des services publics, de la réduction des droits sociaux et de la marginalité urbaine.

Ils subissent la rénovation urbaine et les démolitions des grands ensembles : à la fois une valorisation néolibérale de l’espace urbain, un renforcement des ségrégations sociales et raciales, accompagnées d’un vaste dispositif sécuritaire.

Le Front de Gauche ne peut pas exclure de son rassemblement populaire les dépossédés ; il ne peut et ne pourra pas faire sans les populations issues de l’immigration postcoloniale et les habitants des quartiers populaires.

Aujourd’hui, la gauche de transformation sociale a la responsabilité de reconnaître les exigences portées par les émeutes et de les intégrer à son projet politique.

Cédric Durand, économiste ; Razmig Keucheyan, sociologue ; Julien Rivoire, enseignant ; Flavia Verri, enseignante. Tou-te-s sont membres de la Gauche anticapitaliste et militent au Front de Gauche

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wesker
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Re: Le parti de gauche

Message non lu par wesker » 02 sept. 2012, 14:24:01

Pour le coup, il me semble que confondre les attentes sociales exprimées par les travailleurs avec les délinquants, les émeutiers reflètent plutôt une méconnaissance du phénomène de la délinquance, par la Gauche anticapitaliste.

Mélenchon a convenablement qualifié les agissements de tels individus et j'estime que pour mettre fin à ce fléau, il est temps d'appliquer la responsabilité individuelle dans ces cas là, c'est à dire qu'il faut que les coupables participent, par leur travail et leurs deniers personnels à la réparation des dommages qui ne doivent pas reposer uniquement sur la société.

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