Laurent Fabius est le fils d’André Fabius (décédé en 1984), antiquaire, d'une famille d'origine juive ashkénase, et de Louise Mortimer, américaine.
Il est élève au lyceé Janson-de-Sailly, Paris 16éme. Après le baccaulérat, il s’inscrit en hyphokâgne au lyceé Louis-le-Grand. Il est admis à l’Ecole normale sup, où il passe l’agrégation de lettres classiques et intègre parallèlement l’Institut de l'études politiques de Paris.
Lors de ses études à Sciences-Po, il est responsable de la Conférence Olivaint. Élève de l’Ecole nationale d'aministration, promotion François Rabelais (1971-1973), il sort dans les trois premiers et devient auditeur au Conseil d'Etat. Il est nommé maître des requête en 1981.
En 1970, il participe à l’émission La tête et les jambes où il se révèle un excellent cavalier et candidat.
Son talent d'orateur et sa haute présence intellectuelle n'est plus a prouvé, confère ce magnifique discours plein de vérité :
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Il est, aujourd'hui, divorcé de la productrice Françoise Castro, psychosociologue de formation, avec qui il a eu deux enfants :
Carrière politique Débuts politiques (1974-1984)
Remarqué par des proches de François Mitterrand, c’est peu après sa sortie de l’ENA, en 1974, qu’il adhère au Parti socialiste et rencontre François Mitterrand dont il devient le directeur de cabinet en 1979. Il travaille à ses côtés jusqu’à sa victoire de 1981 : c’est ainsi qu’il le défendra vigoureusement au congrès de Metz en avril 1979, en affirmant contre Michel Rocard que : « entre le Plan et le marché, il y a le socialisme ».
Parallèlement, il est élu premier adjoint au maire du Grand-Quevilly en 1977, puis député de la quatrième circonscription de la Seine-Maritime (Elbeuf, Le Grand-Quevilly). Il pose ainsi les bases de ce qui deviendra son fief électoral.
Il est inculpé en 1979 pour sa participation à Radio Riposte, radio libre du PS.
À la suite de la victoire de François Mitterrand en 1981, il est nommé ministre du Budget, fonction lors de laquelle il instaure l’Impôt sur les grandes fortunes, aboli en 1987 par le gouvernement de Jacques Chirac et ancêtre de l’Impôt de solidarité sur la fortune. Les œuvres d’art étant exclues de l’assiette de recouvrement de l’impôt nouvellement créé, une polémique le visant débuta : en effet, la fortune familiale de ses parents est bâtie sur le commerce des œuvres d’art. Il conteste être à l’origine de cette mesure. Selon la biographie de Jean-Gabriel Fredet, c’est Jack Lang, alors ministre de la Culture, qui aurait obtenu cette exonération, contre l’avis de Fabius. En 1983, il plaide pour une application fidèle du programme de la gauche, soutenant un flottement du franc et le protectionnisme industriel. Toutefois, il se rallie finalement au « tournant de la rigueur » voulu par Pierre Mauroy et décidé par le président pour maintenir la France dans le Système monétaire européen.
Puis à partir de 1983, il devient ministre de l’Industrie et de la Recherche, puis ministre de la Modernisation industrielle du temps où les plus importantes entreprises industrielles étaient dans le giron de l'État. Dans cette fonction, il a entrepris de profondes restructurations qui l'ont fâchées avec le Parti communiste et la CGT, surtout après sa célèbre sortie sur les « canards boiteux », mais qui lui ont acquis l'estime de nombreux dirigeants d'entreprise. Deux anciens membres de son cabinet, Louis Schweitzer et Serge Weinberg, ont depuis fait carrière dans l'industrie.
Premier ministre (1984-1986) Une arrivée difficile.
À la suite de l’échec du projet de réforme de l’éducation mise en œuvre par Alain Savary, François Mitterrand décide de changer de Premier ministre, et remplace Pierre Mauroy par Laurent Fabius le 17 juillet 1984 à ce poste. À 37 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la République. Arrivé dans une situation de crise, il poursuit la « politique de la rigueur » afin de maîtriser la dette de l’État et l’inflation. En conséquence, le Parti communiste refuse de participer à son gouvernement.
Une nouvelle politique étrangère
Sur le plan diplomatique, Laurent Fabius empiète parfois sur le domaine de François Mitterrand. Ainsi, en 1985, il prend fait et cause pour la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud : il rencontre l’évêque anglican Desmond Tutu lors d’une grande réunion à Paris en mai 1985, et obtient que la France impose des sanctions au régime de Pretoria : embargo commercial, suspension de tout nouvel investissement et rappel de l’ambassadeur de France. En juillet 1985, lors d'une interview donnée au quotidien Le Matin, il se définit ainsi : « Au jeu des définitions, je dirais que je suis un socialiste moderne, pragmatique et amoureux de la liberté ».
Au cours de cette même année 1985, en décembre, il s’oppose au président qui invite le général Jaruzelski, chef de la République populaire de Pologne, alors que ce dernier réprime la contestation du syndicat Solidarność, conduit par Lech Wałęsa. Il fait part de son trouble à la tribune de l’Assemblée nationale, puis à la télévision en déclarant « Lui c'est lui, moi c'est moi », ce qui provoque le mécontentement de Mitterrand.
Enfin, il dénonce les excès du régime de Fidel Castro, alors même que les proches du président (Danielle Mitterrand et Jack Lang) sont régulièrement invités par le chef de l’État cubain.
Suite politique.
Il devient président de l’Assemblée nationale en 1988 après la dissolution qui suit la réélection de François Mitterrand.
Il conduit la liste socialiste lors des élections européennes du 18 juin 1989 : il est élu, mais réalise un très mauvais score. Le Canard enchaîné titrera même : « Pour Fabius, c’est la pelle du 18 juin » (en référence à l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle).
Il s’engage à la fin des années 1980 et au début des années 1990 dans une rivalité avec Lionel Jospin pour s’assurer le contrôle du Parti socialiste, et échoue à deux reprises :
- En mai 1988, lors duquel Pierre Mauroy l'emporte avec le soutien de Lionel Jospin. Selon le Nouvel Observateur, le 22 novembre 1988 eut lieu dans son bureau de l'Assemblée nationale, la rupture définitive avec Lionel Jospin [5].
- Au congrès de Rennes de mars 1990, qui marque la rupture du courant mitterrandien, un « suicide collectif » selon des dirigeants socialistes. Après trois jours de débats et d'invectives, Pierre Mauroy est reconduit à la tête du PS avec toujours l'appui de Lionel Jospin.[/list:u]
Finalement, Laurent Fabius est élu premier secrétaire du Parti socialiste en janvier 1992, et le restera jusqu’au congrès du Bourget, qui suit la défaite de la gauche aux législatives de 1993. Cependant, il subit une perquisition menée par le juge Renaud Van Ruymbeke, le jour même de son installation au siège du parti, le 9 janvier 1992. En octobre 1993, la défaite de la gauche aux législatives l'oblige à céder la place à Michel Rocard.
Une nouvelle ligne politique (depuis 2002) Numéro deux du Parti socialiste
Lionel Jospin ayant annoncé au soir du premier tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, qu’il se retirait de la vie politique, Laurent Fabius est la principale tête d'affiche pour mener les élections législatives qui suivent, difficiles pour la gauche. Dès lors, il affiche ses ambitions présidentielles. C’est François Hollande qui est réélu premier secrétaire du Parti socialiste tandis que Laurent Fabius devient son second au Congrès de Dijon. Il affiche alors une ligne marquée à gauche et par le rejet du libéralisme : il estime que c’est le rejet massif du libéralisme qui explique la défaite socialiste aux élections de 2002. Il prône également ce qu’il nomme une « opposition frontale » à la droite, et exclut toute alliance future avec l’UDF qui, après la réélection de Jacques Chirac et la création de l'UMP, commence à prendre son autonomie.
Le référendum constitutionnel
Au cours de l’année 2004, il se fait remarquer en devenant le plus important responsable socialiste à s’opposer à la Constitution européenne. Dès fin 2003, il évoque son hésitation à l’égard du projet qui prend forme, évoluant ensuite d’un « non sauf si », en juin 2004, à un non définitif qu’il défend au sein du parti socialiste. Ce faisant, il déclenche une vive polémique au sein de l’ensemble des partis socialistes européens, dont la plupart sont acquis au « oui ». Par référendum interne, les militants socialistes décident toutefois le 2 décembre 2004 de soutenir le « oui » par 55 % des voix.
Contrairement à d’autres opposants au Traité Constitutionnel Européen (TCE) au sein du Parti socialiste, son courant décide néanmoins de faire campagne pour le « non ». Lors du référendum national du 29 mai 2005, le « non » l’emporte. Le « oui » est ratifié par 16 pays sur 25 (dont 14 par procédure parlementaire sans consultation de la population) et est rejeté par les 2 derniers scrutins directs en France et aux Pays-Bas, les autres scrutins directs prévus (dont celui de la Grande-Bretagne) étant alors annulés.
Passage dans la minorité du PS
Son positionnement contre le Traité constitutionnel européen a fait l’objet de nombreuses critiques, particulièrement parmi les socialistes et une partie de la gauche. Il est accusé de manque de sincérité et de cohérence dans son rejet du libéralisme : celui-ci serait en contradiction avec la politique économique qu’il a menée, de 1984 à 1986 et de 2000 à 2002, qualifiée de social-libérale. Ses détracteurs voient dans cette décision une manœuvre opportuniste de positionnement en vue de la présidentielle de 2007. Selon ses partisans, elle est conforme à son évolution dès le lendemain de la défaite historique du PS le 21 avril 2002.
Le 4 juin 2005, le Conseil national vote son exclusion, ainsi que celle de ses amis ayant prône le « non », des instances du secrétariat national du PS (les autres instances étant représentées à la proportionnelle des voix du congrès et étant non touchées). Ce faisant, le Parti socialiste veut clarifier sa ligne politique, tout en prenant le risque de la division, en interne et avec son électorat. En mai 2007 à La Courneuve soutenant la campagne législative de Daniel Goldberg.
Lors du congrès du Mans de novembre 2005, Laurent Fabius dépose une motion contre la majorité sortante, à laquelle il avait appartenu, avec le soutien de Jean-Luc Mélenchon, André Laignel, Alain Vidalies et Marie-Noëlle Lienemann. Avec le score de 21,21 %, elle arrive en troisième position derrière la motion défendue par la direction sortante (53,6 %) et celle du Nouveau Parti socialiste (23,6 %). Au congrès du Mans, il accepte de voter un texte destiné à faire la synthèse entre les motions, texte qui inclut certains de ses amendements. Il évite ainsi de faire partie d’une minorité du Parti socialiste. Il choisit cependant de ne pas réintégrer la direction du parti, laissant ce soin à d’autres membres de son courant.
Le 10 janvier 2006, Laurent Fabius se déclare candidat à l’investiture du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2007. Sa candidature a été officialisée le 1er octobre 2006 lors d’un discours prononcé à Fleurance en marge d’un congrès de chercheurs. Étaient en lice pour l’investiture avec lui, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn. À l’issue des primaires du 16 novembre 2006, vainqueur dans son département de la Seine-Maritime, en Haute-Corse et à Mayotte, il arrive en troisième et dernière position avec 18,66 % des voix des militants et annonce dès le lendemain son soutien à Ségolène Royal, désignée candidate du Parti socialiste dès le premier tour avec 60,65 % des voix.
Pendant la campagne de 2007, alors qu'il avait auparavant durement critiqué Ségolène Royal, il a pris sa défense au moment où elle a rencontré les premières difficultés. Il démissionne du bureau national du PS en juin 2007.
Il est réélu député de la quatrième circonscription de la Seine-Maritime en juin 2007. Le 3 avril 2008, il prend la tête de la communauté d'agglomération de Rouen, qu'il avait déjà occupée entre 1989 et 2000, avec comme objectif de la faire évoluer en communauté urbaine.
Depuis 2008 : retour des fabiusiens dans la majorité
À l’occasion de la désignation du candidat PS pour la présidentielle de 2007, de nouveaux militants, issus notamment du courant Nouveau Parti socialiste se rallient à Laurent Fabius, comme le groupe Nouvelle Gauche de Benoît Hamon et une partie des anciens soutiens d’Arnaud Montebourg. Ces rapprochements se concrétiseront ultérieurement dans l'initiative des "Reconstructeurs" puis de la motion D du Congrès de Reims, dont la première signataire Martine Aubry est élue première secrétaire : les fabiusiens se retrouvent, pour la première fois depuis des années, dans l'axe central de la majorité. À l'occasion de la composition du secrétariat national, il reproche à Claude Bartolone de ne pas avoir obtenu suffisamment de représentants pour son courant, ce qui affaiblit la réputation de complicité entre les deux hommes.
Le 8 juillet 2009, Laurent Fabius défend, à l'Assemblée nationale, et au nom du groupe socialiste, la motion de censure visant le Gouvernement Fillon 2. À cette occasion, il qualifie Nicolas Sarkozy de « monsieur chômage et monsieur déficit ».
Le courant des Fabiusiens
Au sein du Parti socialiste, Laurent Fabius dispose d'un courant et de nombreux soutiens attachés à sa personne. Les proches de Laurent Fabius ou ceux partageant ses idées politiques sont appelés « fabiusiens » ; ses principaux « lieutenants » sont Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis et Alain Claeys, député de la Vienne.
Historiquement, les fabiusiens se sont opposés aux « rocardiens », puis aux « jospinistes », aux « hollandais », et plus récemment à Ségolène Royal.
Lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005, le courant des fabiusiens a défendu le « non », malgré le vote des militants du PS en faveur de ce texte. Des fabiusiens comme Jack Lang ont à cette occasion rompu avec Laurent Fabius.
Les fabiusiens et les proches de Jean-Christophe Cambadélis sont les initiateurs de l'initiative des "Reconstructeurs" qui fédérera des courants épars, caricaturés d'abord comme « l'alliance de la carpe et du lapin », mais qui trouveront une cohérence aboutissant à la la motion D du Congrès de Reims, dont la première signataire Martine Aubry est élue première secrétaire, replaçant les fabiusiens dans l'axe central de la majorité.
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