Bruno Dumont est un cinéaste à part, concentrant tout son art, sur les cassés, marginaux: " La vie de Jésus", "L'humanité",..où sans pathos, ni effets, il restitue la part de douleur, d'abandon, de désespoir de ces êtres que l'on dit et espère nôtres.
Sa caméra fixe,livre à nu, opère au flanc des relations, ou ce qu'il en reste, qu'elles soient sociales, sexuelles, mais souvent déshumanisées.
Jusqu'à très récemment, il s'est efforcé de ne mettre en plans que des acteurs anonymes,pour l'occasion: des SDF, chômeurs,..qui pour la plupart le sont redevenus après le tournage
Son dernier film fait exception à plus d'un titre: c'est Juliette Binoche qui a fait appel à lui en lui proposant un film transcrivant l'internement de Camille Claudel( s'appuyant sur des textes et lettres de correspondance).
Et elle a eu raison, tant par sa sobriété, sa justesse, sa quasi-transformation de jeu , sa mise dans les pas , dans le souffle, le mutisme de la sculptrice.
Jen-Luc Vincent qui assume le rôle du frère ( sic ) Paul Claudel, renvoie Camille à sa détresse, ses obsessions, et aussi à sa propre forfaiture: tout empreint de profonds et mystiques propos, il n'en tire la substance que pour son propre intérieur, son maintien "d'agneau préservé": " Dieu est présent et responsable dans la grâce, les moments de joie et aussi les moments de douleur, les coups du quotidien..C'est sa parole, son action". Là-dessus, ainsi que le reste de la famille, pour laquelle Camille constitue une plaie purulente ( celle-ci refusant absolument de la voir sur toutes les années de son internement ), il la parquera dans son malheur, sa solitude, ne levant pas le premier petit doigt pour la faire sortir.
Une fois de plus, un film très pénétrant de Bruno Dumont qui jalonne son parcours, pareil à son "maître" Robert Bresson, d'une lumineuse et exigeante recherche.
Rarement, et en tout cas depuis longtemps, Juliette Binoche nous avait convié à pareille fête de l'esprit, du sensible incarnée jusque dans les plus mouvants sables de la détresse humaine.
Camille Claudel 1915
- mordred
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Re: Camille Claudel 1915
La malheureuse est à moitié morte de faim pendant la Guerre; dans son asile.
"La mer était très forte. Je pense qu'il était bien trop vieux pour aller à la pêche aux maquereaux".
Feu Dédé la fleur; bien souffrant (Ouessant) et Yann Tiersen (mondialement connu).
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- Pascale
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Re: Camille Claudel 1915
Le role d Adjani.
Je ne vois personne atteindre la perfection comme elle.
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- Tu sais qui je suis ?
- Une débauchée, luxurieuse, corrompue, déréglée, voluptueuse, immorale, libertine, dissolue, sensuelle, polissonne, baiseuse, dépravée, impudique, vicieuse...
Louis Calaferte
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Re: Camille Claudel 1915
Oui, Isabelle Adjani avait ensoleillé dans le film de Bruno Nuytten " Camille Claudel".
Ici, et je ne les mettrai pas en concurrence, mais en différence, ou continuité car ( chef-d') oeuvrant à 2 époques différentes ,Juliette Binoche se dépare, défigure, sans aucun artifice, palpite dans le sommeil gris de l'artiste.Une performance de l'ombre .
Ici, et je ne les mettrai pas en concurrence, mais en différence, ou continuité car ( chef-d') oeuvrant à 2 époques différentes ,Juliette Binoche se dépare, défigure, sans aucun artifice, palpite dans le sommeil gris de l'artiste.Une performance de l'ombre .
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