Les héritiers de Pierre Bourdieu

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bye 2
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Message non lu par bye 2 » 02 mai 2011, 17:54:00

Les héritiers de Pierre Bourdieu.


Quelques mots sur ce livre sous-titré «  les étudiants et la culture », daté de 1985 ( je crois qu’il s’agit d’une réédition ) et qui livre quelques clés d’explication, aux inégalités d’accès aux grandes écoles ainsi qu' à  l'Université, et à la reproduction des futurs tenants des classes dirigeantes.Comme le précédent livre cité, cette étude s’appuie sur toute une série de questionnaires, enquêtes,..
Il faut reconnaître tout d’abord, que l’hypocrisie datée de cette époque, règne toujours en maître(sse), et que l’ensemble de pérennisation des classes est conçu selon un schéma bien huilé, qui ne saurait connaître de profondes transformations avant longtemps ( à moins que ..)


En effet, pour schématiser, l’effet voulu ou obtenu de transmission de privilèges de classe par la meilleure éducation, la plus grande compétence, n’est pas dûe comme on l’entend souvent, aux qualités intrinsèques de la classe dominante, mais plus subtilement ( quoique..) aux handicaps contre les classes défavorisées, ou avantages que l’élite sait se garder, afin de maintenir cette différence..de race ( à part quelques unités qui s’échappent de-ci, de-là ).


Bien sûr, le fossé se creuse déjà dans les premières années ( primaire, puis collège,..) par la familiarisation de la famille aux sorties culturelles, l’habitat, le type de vie quotidienne, le sentiment de dépendance ( être maître de son destin, plutôt que devoir son ascension sociale à une grande part de chance, travailler dur,..) . La fatalité peut bloquer beaucoup d’entre eux : savoir que le coût des études est faramineux et qu’il ne s’agit pas  de s’y engager si l’on n’a pas le sou, les modèles culturels qui associent certaines professions et certains choix scolaires ( le latin, par exemple ) à des milieux sociaux, les sciences et la physique pour les matheux ( l’élite ), les lettres pour le reste,..
Il est mis en évidence notamment, que la réussite scolaire dépend étroitement de l’aptitude ( réelle ou supposée ) à manier la langue d’idées propre à l’enseignement et que la réussite en ce domaine revient à ceux qui ont fait des études classiques ( un test de vocabulaire visant à saisir les facteurs qui conditionnent, chez les étudiants en philosophie et en sociologie, la réussite dans les divers types de maniement de la langue, depuis l’aptitude à la définition jusqu’à la recherche des synonymes en passant par la conscience explicite des polysémies, montre que la formation la plus classique – latin et grec – constitue la variable de base la plus fortement liée à la maîtrise du langage ; cette liaison est d’autant plus forte que l’exercice auquel on mesure la réussite est plus scolaire , atteignant son maximum avec l’exercice de définition ).On voit donc  comment les échecs ou succès présents que els étudiants et professeurs ( enclins à penser à l’échelle de l’année scolaire ) ont forte tendance à imputer au passé immédiat, quand ce n’est pas au don et à la personne, dépendent en réalité d’orientations précoces, qui sont par définition, imputables au milieu familial.


Le don va poursuivre et entretenir la qualité d’excellence, chez l’étudiant, dans un jeu tacite avec l’encadrement professoral ; « nanti » de cet avantage, il aura beau jeu de jouer le détachement,  le non-labeur du « doué » , en stigmatisant le « scolaire » qui suit le programme comme un bûcheur laborieux. Alors que lui, pénétré de l’aisance, peut en plus, consacrer plus de temps , à des sujets extérieurs à ceux diffusés par l’Université, ce qui lui procure un avantage  supérieur, par le nombre de citations développées dans des dissertations par exemple, lieu de l’investissement individuel, où se crée le « trou », la différence de valeur.


Mais l’adhésion se situe justement dans ce point de séparation, de distance : la mise en question de l’Université, et de la culture universitaire consacre celle de la contestation complice et fictive, exercices purement formels par lesquels l’Ecole enseigne, sous la contrainte, l’exercice de la liberté intellectuelle.
Par une complicité tacite entre étudiants et professeurs, la discipline universitaire  ne peut ni etre imposée ni subie comme impérieuse et impitoyable : l’échec ne revêt jamais, même s’il est vécu dans le drame, comme un débauchage.Par la nature de la sanction la plus sérieuse qu’il enferme, l’examen, le système universitaire est sans doute plus proche du jeu que du travail. Mais si l’on sait que, hanté par l’inquiétude d’être quelque chose ou quelqu’un, l’étudiant est incliné à l’interrogation permanente sur soi, et que, imprégnés par l’esprit essentialiste qui habite une institution chargée d’établir des hiérarchies indiscutées, les professeurs se sentent d’autant plus fondés à juger les étudiants dans leur être qu’ils perçoivent leur production, exposé ou dissertation, comme exercice, « faire » fictif dont la seule fin est de manifester des aptitudes virtuelles ou définitives , c’est-à-dire essentielles, on comprend que l’étudiant soit condamné à chercher dans la valeur que le jugement donne à ses « œuvres » le seul signe indiscutable de l’élection. Professeurs et étudiants peuvent percevoir l’irréalité des épreuves ou des sanctions scolaires et en plaisanter à l’occasion sans cesser d’y engager les valeurs dramatiques du salut personnel         .La dissertation est unanimement ressentie comme prétexte, mais prétexte à juger des hommes ou , à tout le moins, l’homme universitaire qu’il y a en tout homme de nos sociétés et que les universitaires ne sont pas les seuls à tenir pour le tout de l’homme.( Jeu sérieux et jeux du sérieux- extrait ).

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