Je voulais saluer la sortie attendue d'un coffret DVD restituant l'essentiel de l'oeuvre du cinéaste TV britannique, Alan Clarke disparu en 1990.
Il fut donc un auteur emblématique de l'hyper-réalisme social, filmant sur commande ( BBC ), des sujets tels que les centres de redressement, la montée du National Front,..
Il serait resté complètement anonyme ( et un sans-trace inouï ) si la BBC n'eut pas commis l'erreur d'interdire le diffusion sur son réseau de "scum".Dès lors, ce film terrible, conçu cette fois, pour le cinéma, même avec une commercialisation toute confidentielle, renvoya tout ce qui avait été produit sur ce sujet, à des années-lumière ( noire ).
J'eus la chance de le découvrir voici 30 ans environ, et j'en reste marqué, estampillé à vie.
Des cinéastes comme Gus van Sant, Mike Leigh, Stephen Frears,.. en aspirèrent l'essentiel de leur levain.
Bien sûr, la violence y domine, tant celle des détenus entre eux, que celle des institutions ( carcérales, ici ).
Mais aussi, en filigrane, court une autre musique: la violence des institutions donne le la, le ton; car les institutions sont données gagnantes ( disposant de tous les moyens légaux de cette violence ) dès le début. Et l'impasse de violence où elle accule les détenus leur fait croire qu'ils y trouvent une sorte de catharsys. Mais ce n'est qu'une stratégie visant surtout à maintenir le rapport de domination dans une sorte de statu-quo: à la fin du film, une éruption de violence fait saccager locaux, meubles, ..par les détenus qui sont rapidement écrasés par les forces de l'ordre, matons,...Et les détenus retournent docilement dans leurs cellules.
On pourrait presque élargir ce constat à l'ensemble de la société, dans les rapports de force internes qu'elle fomente, attise ( tout en faisant semblant de s'en offusquer ) car " il faut tout changer pour que rien ne change".
Dans ce film, se déroule une séquence où affleure subtilement le son du cinéaste: un détenu confronté ( de mémoire ) à la bibliothécaire lui exprime toutes ses critiques sur le côté bêtifiant des livres proposés, de la TV quasi-obligatoire dans les cellules, au foyer, renforçant ainsi l'aliénation des détenus.
De même, et c'est encore plus fort, ce même personnage assène calmement au directeur du centre un discours subversif: il ne jouera jamais le jeu de la violence avec l'institution ( pour les raisons exprimées plus haut), mais fera semblant d'accepter règles et contraintes, tout en diffusant un poison plus[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=jfEd4WC_Jnw[/BBvideo] sûrement séditieux, à base de textes, lectures, solidarité entre détenus; une émancipation pacifique en somme.
Il faut ajouter que l'institution carcérale s'appuie sur les détenus les plus violents ( ne les affrontant jamais ) pour faire régner son ordre, fermant les yeux notamment sur les viols des plus faibles par les caïds,..
indispensable et dérangeant: Alan Clarke
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Re: indispensable et dérangeant: Alan Clarke
Merci pour la référence, je note et j'essaye de me le procurer !
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M
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