la petite édition

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poésietoute
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la petite édition

Message non lu par poésietoute » 13 févr. 2012, 08:23:56

Sans la petite édition

Puisqu’au printemps proche, la poésie est de sortie, quelques traits sur sa santé, et plus largement, de la petite édition.
La petite édition est utilisée souvent comme rampe de lancement par les jeunes auteurs accédant à la publication ; elle assure également la survie de genres peu commerciaux, diffuse des pans entiers de littérature étrangère.
Plus globalement, elle constitue le marche-pieds vers les maisons d’édition plus importantes.

Il faut noter que les médias s’intéressent à ces mêmes auteurs en pousses, uniquement lorsqu’ils abordent le quai plus assuré de ces grandes maisons.
Par le passé, Lautréamont, Rimbaud, Baudelaire,.. ont eu à tester, à vérifier cette « logique », mais le phénomène s’aggrave.
En littérature, Houellebecq a publié son 1° roman chez Maurice Nadeau, immense et talentueux défricheur de talents, Philippe Claudel en commit autant chez Philéas Fogg ou La Dragonne, avant d’être édité chez Stock.

Sans la petite édition, la poésie n’aurait pas survécu aux diverses tempêtes et échouages endurés.
Elle doit sa survie également au labeur quasi sacerdotal effectué par des revues comme Décharge, Rehauts, Action Poétique,..qui tiennent cette écriture unique, depuis des décennies, à bout de bras, au-dessus des eaux, sans subvention ( ou si peu ), et uniquement avec leur fièvre, leur sauve- qui-vit et se bat.A noter plus récemment, l’apport non négligeable du Net par le fourmillement de richesses poétiques dans la grande mer striée de vivrions luminescents. Le site Poézibao notamment recense et commente les pépites encrées.


Voici 50 ans, les grands éditeurs misaient plus sur le fonds, et un peu moins sur la grosse cavalerie et les ventes rapides. Dans les années 60 et 70, les éditeurs importants prenaient encore le risque d’éditer des textes difficiles, de peur de rater le train de la modernité. Les genres mineurs : érotisme, satire, canulars, récits incongrus sont accueillis chez Parc, la Musardine,..De notoires exceptions survivent, haletées par de brûlants animateurs de collections comme Yves Di Mano chez Flammarion-poésie, Actes Sud,.. qui s’activent à faire connaître les poètes les plus exigeants du microcosme.
Egalement, les auteurs étrangers vivants, à la Fosse aux Ours ainsi que la littérature italienne, l’Esprit des Péninsules recueillant les écrits des écrivains mongols, croates, bulgares ou turcs.
Enfin, il me faut citer la réédition d’auteurs oubliés ou textes rares de grands auteurs : Joseph de Maistre aux éditions du Sandre,..
Les beaux livres d’artistes, les belles typographies sont mises en lumière chez des éditeurs pugnaces comme l’Epi de Seigle,..

Sur les 700 romans français paraissant en septembre ( une 2° « fournée » est proposée maintenant en début d’année ), peu de véritable choix, l’écriture est quasiment standardisée, unique ; comme ils n’en ont jamais assez, Laure Adler par exemple, s’est plainte que les petits éditeurs prennent trop de place chez les libraires ( vu qu’ils sont peu vendus, la rotation de la « marchandise littéraire » s’en trouve freinée).

Quelques appendices émanant du ministère de la culture ( CNL,CRL,ARL,..) masquent difficilement l’abandon de la poésie, littérature dite difficile, marginale, peu rentable,..par les pouvoir publics.Et pourtant, peut-être rarement elle n’a autant bouillonné par sa profusion, sa qualité avec des auteurs lumineux comme Antoine Emaz, Valérie Rouzeau, Jean-Baptiste de Seynes,..et des milliers d’autres traçant des jets d’écume dans le désert d’un lectorat , quasi-inexistant.

Pour terminer, quelques chiffres d’un passé récent, mais hélas toujours actuels:
- 2002 : 1004 livres ( de et sur ) la poésie d’expression française parus en 2002 ( source : Bibliographie nationale française ).
- 1,41 million de livres de poésie ( et théâtre ) vendus en 2002 = 0,38 % des ventes de livres en France ou 0,27 % du chiffre d’affaires ( source SNE ).
- 226 livres de poésie ( d’expression française, traduits ou relevant du secteur jeunesse ) sur 291 demandes ont été soutenus par le CNL en 2003.
- 10 librairies ( indépendantes, c’est la condition ) ont obtenu une subvention du CNL en 2003 pour développer un fonds de poésie ( sur 10 demandes ) = 1509 ouvrages pour un montant de 8430 €. En 2001, le CNL avait reçu 7 demandes.

En illustration, un texte rare de Rainer Maria Rilke, ré-édité par Actes Sud ( un éditeur reconnu pour sa ferveur à toujours maintenir vivante la création littéraire ), dont le fondateur Hubert Nyssen est disparu récemment :

Pauvres, ils ne le sont pas ; ils ne sont privés que de biens essentiels
Et livrés au hasard, sans force et sans volonté.

Ils sont marqués du sceau d’une angoisse sans nom
Et dépouillés de tout, même du sens de la pauvreté.

La poussière des villes se lève pour souiller leurs visages
Et toutes les immondices s’attachent à eux.
Ils vont échouer à la dérive comme des épaves ;
Ils font peur comme des pestiférés
Mais si le monde sentait le poids de la souffrance
Il porterait les pauvres comme une couronne
De roses à son front.

Car les pauvres ont la dureté de la pierre
Et l’innocence de la bête aveugle qui vient de
Naître ;
Et dans leur simplicité pleine de toi, ils ne
Demandent
Qu’à rester pauvres comme ils le sont en vérité…

Car la pauvreté est comme une grande lumière
Au fond du cœur…

Tu es le pauvre, le dénué de tout,
Tu es la pierre qui roule sans trouver le repos,
Tu es le lépreux dont on se détourne
Et qui rôde autour des villes avec son grelot.

Pas plus que le vent tu n’as de lieu
Et ta beauté cache mal que tu es nu
Et même le vêtement qu’un orphelin met,
En semaine est plus somptueux,
Car au moins il lui appartient…

Tu es pauvre comme le besoin de naître d’un enfant
Dans une fille honteuse d’être mère
Et qui serre son ventre au risque d’étouffer
L’autre vie qu’elle porte et qui tressaille en elle.
Tu es pauvre comme une pluie printanière
Qui descend doucement sur les toits d’une ville
Et comme le seul voeu chéri d’un prisonnier
Au fond de sa cellule à jamais hors du monde.
Tu es pauvre comme les malades qui dans la nuit
Se retournent sans cesse et sont presque heureux
Et comme les fleurs entre les rails
Si tristes dans le vent confus des voyages
Et comme la main qui monte aux yeux pour cacher
Des larmes trop tristes…

Et que sont, devant toi, tous les oiseaux qui tremblent ?
Qu’est-ce, devant toi, qu’un chien affamé ?
Qu’est pour toi la longue et silencieuse tristesse des bêtes
Abandonnées de tous dans la captivité ?

Et devant toi et ta misère
Que sont tous les pauvres des asiles de nuit ?
Ils ne sont que d’humbles cailloux,
Et pourtant comme la pierre de meule d’un moulin,
Ils donnent un peu de pain…

Mais toi tu es vraiment le pauvre, le dénué de tout,
Tu es le mendiant qui se cache la face ;
Tu es la grande lumière de la pauvreté
Auprès de qui l’or semble terne.

Tu es en exil, tu n’as pas de patrie,
Aucune place ici n’est la tienne.
Ta taille nous écrase, tu es trop grand pour nous.
Tu hurles dans le vent,
Tu es comme une harpe que briserait
Toute main qui touche ses cordes.

Toi qui sais tout, toi dont la science infinie
Naît de la surabondance de la pauvreté,
Fais que les pauvres ne soient pas toujours écrasés,
Libère-les du lourd mépris attaché à leurs pas.
La vie des autres hommes erre et flotte en tous sens ;
Eux seuls prennent racine au sol comme des arbres.

Regarde-les bien : qui peut les égaler ?
Leur marche les conduit où les pousse le vent,
Ils reposent comme s’ils étaient tenus dans une main ;
Et dans leurs yeux se reflète l’ombre sainte des prairies
Où tombe une brève pluie d’été.

Les pauvres sont aussi silencieux que les choses,
Et quand au hasard des chemins un foyer les accueille
Ils y prennent place humblement comme des visages familiers
Et se confondent aux ombres vagues du décor,
Et s’effacent dans l’oubli comme des outils abandonnés.

Ils sont pareils à ceux qui gardent des biens
Qu’ils n’ont jamais vus dans leurs yeux ;
Ils errent, radeaux perdus sur des gouffres,
Et comme des draps de toile étalés dans les prés
Ils gisent sans défense, exposés à tout vent.

Ils souffrent de cette seule et grande souffrance
Dont l’homme n’a su faire que de mesquins soucis ;
Et ils acceptent leur existence avec beaucoup d’amour,
Qu’elle ait la douceur de l’herbe ou la dureté de la pierre.

Et ils vont dans l’espace qu’embrasse ton regard
Comme vont les mains sur la corde de la harpe.

Sauve-les seulement du péché des grandes villes
Où la haine et la confusion pèsent sur eux.

Les grandes villes ne pensent qu’à elles-mêmes
Et entraînent tout dans leur haine dévorante ;
Elles brisent la vie des bêtes comme du bois
Mort et consument des peuples entiers dans leur tourment.
Et les hommes asservis à une fausse science
S’égarent, ayant perdu le rythme de la vie
Et parce qu’ils vont plus vite vers des bruits aussi vains
Ils appellent progrès leur trainée de limace.
Et ils font parade de leur impudeur comme des filles
Et s’étourdissent au bruit du métal et du verre.

Ils vont sans cesse obsédés d’un mirage
Qui les pousse hors d’eux-mêmes
L’or règne en tyran et use toutes leurs forces..
Et ce n’est que sous le fouet de l’alcool et des autres poisons
Qu’ils persistent dans leur agitation stérile.


Rainer Maria Rilke – extraits « le livre de la pauvreté et de la mort –



Et, pour terminer, un poète contemporain, édité par un intense découvreur de poésie, qui a œuvré pendant près de 40 ans, dans le silence des échos.

Et si derrière la maison empêtrée dans ses rosiers, la patience s’étiolait ? Il suffirait alors peut-être de descendre vers le puits avide et de s’y jeter dans le jour plus grand que la mer. Mais il y a toujours un signe entre ces deux espaces qui interdit la mort. Immobile alors sur la terrasse, tu erres dans ton crépuscule intérieur. Que feras-tu pour contenir les ondes ? Il se peut, au gré des chemins et des fondrières, que tu rencontres le veilleur. Alors sans doute voudras-tu prendre tes armes et les retourner contre l’horreur ?

Lucien Wasselin – La rage, ses abords – édition le Dé Bleu -

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Vincendix
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Re: la petite édition

Message non lu par Vincendix » 13 févr. 2012, 08:37:36

Je suis peut-être "vieux jeu" mais je n'apprécie pas la poésie qui se dit moderne, qui ne respecte aucune règle de prosodie, mais chacun ses goûts.

La mort d’un poème

Des vers au pied levé, des vers à la volée,
La rime qui déprime au quatrain démodé,
Le pantoum désuet, la mémoire envolée,
Un sizain sans entrain, un poème codé.

Césure mais c’est bien sûr vilaine diérèse,
Pour un alexandrin plongé dans le pétrin,
Un onzain mal en point reçoit une prothèse,
Le rondeau tend le dos, un hiatus est chagrin.

Les vers sont renversés et la stance est boiteuse,
Le poète s’égare aux confins du recueil,
Le sonnet sonne faux, la césure est douteuse,
L’hémistiche tronqué s’échoue sur un écueil,

Le poème se meurt dans d’atroces souffrances,
Torturé de remord et bourré de regrets,
Le voici condamné pour toutes ses carences,
Nous ne saurons jamais quels étaient ses secrets.
Vincent M.
Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

poésietoute
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Re: la petite édition

Message non lu par poésietoute » 13 févr. 2012, 10:16:48

C'est bien souvent une affaire de goût
Arthur dans ses Illuminations
Ainsi que dans sa fameuse saison
En avait épuisé les lueurs du joug

D'autres comme Charles ou Isidore
Ont tout autant allumé la poésie
Dans les chants de Maldoror
Ou le spleen de Paris

Justement, la poésie contemporaine, à première lecture, donne l'impression de ne respecter aucune règle.Mais c'est qu'elle respecte la plus essentille, à mes yeux: le poids et l'équilibre de chaque mot, son rythme, découpage sur le papier.
La poésie dite classique, très métrée, avec rimes,.. faisait souvent figure "d'exploit" littéraire, avec l'obligation d'obéir à certains codes.De fait, elle mutilait souvent la force, le jaillissement ( sauf exception, bien sûr: "le bâteau ivre",..), et la conception de certains vers donne souvent le sentiment d'être un peu "téléphonés", ce qui bien sûr vient percuter la notion première de la poésie concrétisée en une liberté du flux, même travaillée.

Dans quelle couleur vit-on après les yeux ?
Quand commence-t-elle ?

JAUNE ouvre un espace lecteur à notre attachement
une compression de semence, de colline, de peinture

on peut l'installer dans de nouvelles phrases

si jaune est ainsi compacté, alors JAUNE est un dire
plusieurs verbes, plusieurs sensations

redevables d'uen autre ressemblance, comme si on avait
introduit une lettre de plus dans l'alphabet

jaune vu et JAUNE lu.

Une fois JAUNE prononcé, le poème devient impensable réel.
On voit ce qu'on ne sait plus ce qu'on voit. On voit que ce
qu'on a voulu dans le bois de genêts est inappropriable.

Une induration aussi blessante que jouissive.

Un extrait, une non-ressemblance oncorporée.

Nicolas Pesquès - extraits " La face nord de Juliau, six "-

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Vincendix
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Re: la petite édition

Message non lu par Vincendix » 13 févr. 2012, 10:49:36

Je crois que la solution de facilité prévaut dans l'écriture de "poèmes" d'une trop grande liberté, mais bon, l'art actuel va de plus en plus vers à la médiocrité, que ce soit en peinture, musique et dans l'écriture.


A moi Verlaine, Hugo !

A moi Verlaine, Hugo ! Les poètes sont fous,
La poésie se meurt les vers deviennent mous,
Au secours ! Mon Dieu ! On lui coupe la gorge !
Justice ! Juste ciel ! Quel avenir on forge !

Qu’est-elle devenue ? Je veux la retrouver,
Mais où se cache-t-elle ? Qui veut la torturer ?
Les tercets sont boiteux, les quatrains en dentelle,
Les rimes en lambeaux que la vie est cruelle.

Rendez-moi mes sonnets je vais mourir sans eux,
De grâce ayez pitié ! Je suis trop malheureux,
J’ai perdu la raison, je souffre, je divague,
Je suis comme un bateau dans le creux de la vague.

Aux larmes citoyens ! Rameutez les bourreaux,
Les cuistres béotiens pendez-les aux bouleaux,
Qu’on prépare déjà les cordes et la potence,
Que roulent les tambours pour l’ultime cadence.

Au voleur ! Au voleur ! A moi Vigny, Rimbaud,
Pour tous les mécréants ce sera l’échafaud,
Qu’ils soient décapités sur la place de Grève,
Ecartelés, roués, pour eux aucune trêve.

Vincent M.



Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

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Re: la petite édition

Message non lu par poésietoute » 13 févr. 2012, 12:26:37

Comme l'individu ne saurait être figé, statufié, son expression artistique évolue également ( je n'y mets aucun degré de qualité, c'est seulement un passage vers une exploration nouvelle ).
L'art moderne peut décontenancer, mais apporte un enrichissement du regard , des sens, qui sera suivi d'une autre recherche: Penderencki , Messiaen,..en musique; Soulage, ZAo Wou ki,..en peinture, Dupin, Du Bouchet,.en poésie ouvrent les sens dans des directions ( d'ailleurs, parfois différentes, qui n'ont de commun que d'être situées grosso modo à la même époque ) complexes, mais dont on prend comme un malin plaisir à taire le travail , soit à l'école,..
Les niveaux de vision ne sont plus uniquement le point d'expression, de concentration d'une passion ( positive ou non ) mais la plongée par l'intérieur de cette vision; les valeurs, éléments,.. jusqu'alors définies ne sont plus pointées comme obtenues, mais c'est par un lent cheminement que l'on peut citer au passage les différentes circonvolutions qui mènent à ces mêmes aboutissements, ou à d'autres plus variés. Ce qui a l'avantage de considérer le lecteur, non plus comme un assisté à qui l'on donne la cuiller, mais comme un élément hautement participatif, qui crée également sa propre vision.

Préserver pour perdre en bloc. Demeure le bloc. Bloc perdu.


Bloc, un jour, à ses propres yeux soustrait.


Barrière d'eau froide qu'à obturer ma soif, je refoule plus haut.


La hardiesse des montagnes rapprochant de moi le ciel..Le marteau d'air avait frappé: qui étais-je après ce heurt ? Il avait déjà frappé.





Je n'ai pas vu la montagne par la déchirure de l'air: la déchirure est elle-même montagne. J'ai reconnu en moi - sans avoir de recul, la dent du glacier.


André du Bouchet - l'ajour -

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Re: la petite édition

Message non lu par Vincendix » 15 févr. 2012, 09:21:27

La perception auditive et visuelle est différente suivant les individus, les exemples cités en musique, peinture et poésie me sont inaccessibles alors que j'apprécie Mozart, Vermeer, Verlaine et leurs semblables.
Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

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Re: la petite édition

Message non lu par poésietoute » 15 févr. 2012, 10:18:01

J'apprécie également les artistes cités, mais les contemporains apportent aussi leur travail , recherche sur les sons, tonalités.
Je ne les oppose pas, ni hiérarchise; j'ajoute cette exigence tout en n'acceptant pas forcément tout ce qui est proposé. Les bases de certaines musiques, par exemple, me semblent difficiles d'accès, mais c'est souvent parce qu'aucune pédagogie n'est apportée, comme support de compréhension.
Pourtant, les oeuvres de Jolivet, Ohana,.. sont vraiment passionnantes.

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Re: la petite édition

Message non lu par Vincendix » 16 févr. 2012, 21:23:02

poésietoute a écrit :J'apprécie également les artistes cités, mais les contemporains apportent aussi leur travail , recherche sur les sons, tonalités.
Je ne les oppose pas, ni hiérarchise; j'ajoute cette exigence tout en n'acceptant pas forcément tout ce qui est proposé. Les bases de certaines musiques, par exemple, me semblent difficiles d'accès, mais c'est souvent parce qu'aucune pédagogie n'est apportée, comme support de compréhension.
Pourtant, les oeuvres de Jolivet, Ohana,.. sont vraiment passionnantes.
André Jolivet passionnant? Pas pour moi, je le supporte une minute pas plus, je n'y trouve aucune harmonie, aucun sens musical, je suis peut-être un "primaire"!
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Re: la petite édition

Message non lu par poésietoute » 17 févr. 2012, 07:22:06

Nous sommes éloignés du thème " la petite édition ", mais c'est ma faute.

Dire que Jolivet ne possède aucun sens musical, me semble un peu rapide et faux.
C'est uniquement une question de principe, voire de définition.
En effet, l'harmonie, qui n'est pas à confondre avec la mélodie, prend en considération l'accord entre voix ou sons d'une composition ( son opposé pouvant être symbolisé par le contrepoint ). Mais là encore, cet accord ou non , s'appuie sur plusieurs facteurs: rythme, dissonance,..
Là aussi, c'est une affaire de dosage, car des compositeurs comme Bach, Gésualdo,..ont fourbi nos oreilles à de prémonitoires aventures, soit sur le contrepoint, la dissonance,..

Mais je préfère dire quelques mots sur le principe: une harmonie ( poétique, par exemple ) s'appuie sur le peu d'écart entre les mots ( physiquement, sur le papier ), leur combinaison usuelle,..et donc au sens qu'ils nouS renvoient.

Donc, face à la complexité visuelle du monde physique ( je ne parle même pas du monde imaginaire, dans un 1° temps ), les assemblages classiques des mots ne peuvent en renvoyer qu'un fragment. D'où la nécessité de voir dans les interstices, d'une part, et de se propulser ( avec sa propre sensibilité ) pour en restituer le chemin qui nous y mène: le monde et comment il nous apparaît, être unique.

Par le travail sur la syntaxe ( des mots, mais pas seulement ), on peut travailler sur une sorte d'équilibre nouveau, en ouvrant une béance, propre à recevoir ce qui fait toute notre singularité ( en excluant la gratuité, l'effet facile, bien sûr )." Gaspard de la nuit" par exemple, ouvrait déjà cette hypothèse: Aloysius Bertrand ( contemporain d'Hugo, qui l'admirait ) l'un des premiers, espaça ses strophes, de manière à faire travailler les "blancs" de page, des pauses toutes bruissantes d'émotion: en ajoutant l'exprimé et le supposé, ce procédé novateur restitue en fait, le sens réel et complet du texte. Bien sûr, il y inclua des "sauts" , saccades, décrochements,..dessinant l'approche d'une nouvelle harmonie.
J'ajoute qu'Aloysius Bertrand, convoque le lecteur, avec sa propre sensibilté, à construire en partie le reflet non écrit du texte ( qu'il a pris le soin de borner ).

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