Filippetti: "les films à gros budget sont financés par les télés"

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Filippetti: "les films à gros budget sont financés par les télés"

Message non lu par politicien » 05 janv. 2013, 17:58:59

Bonjour,
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti défend samedi, dans le journal Le Monde, le mode de financement du cinéma français, "un système vertueux" qui "permet de soutenir les films de la diversité", et affirme que "les films à gros budget sont financés par les chaînes de télévision".

"Ce n'est pas l'argent public qui sert à financer" les gros cachets, déclare la ministre, alors qu'une polémique sur les salaires de certains acteurs français agite le monde du cinéma depuis une semaine, suite à la publication d'un texte d'un producteur dénonçant des excès.

"Le système de régulation permet au contraire de soutenir prioritairement les films de la diversité", explique Aurélie Filippetti.

(...)

Regrettant qu'il n'y ait pas plus de "diversité sur les chaînes privées", Aurélie Filippetti "constate que les chaînes publiques ainsi que Canal+ sont elles plus audacieuses dans le financement de films d'auteurs".

Interrogée sur le mode de financement du cinéma français, elle juge que "c'est un mécanisme fin, juste, vertueux qui génère plus d'argent qu'il n'en prélève sur la filière". "Je veux maintenir cette logique", dit-elle.

Le CNC prélève 10,7% du prix de chaque billet d'entrée et redistribue cet argent en co-finançant des films, notamment les films d'auteur qui ne pourraient voir le jour sans cette contribution.

La ministre confie avoir été "surprise par la violence de la charge" de Vincent Maraval, l'auteur d'une tribune publiée dans Le Monde samedi dernier et intitulée "Les acteurs français sont trop payés".

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Nouvel Obs.com
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Lucas
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Re: Filippetti: "les films à gros budget sont financés par les télés"

Message non lu par Lucas » 05 janv. 2013, 22:10:55

Parce que dans les gros films le CNC ne finance rien ? Elle se fout de nous ou quoi, que l'on protège notre cinéma, oui, que ça soit sous perfusion publique non.

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Re: Filippetti: "les films à gros budget sont financés par les télés"

Message non lu par politicien » 06 janv. 2013, 10:08:26

Bonjour,
«Les propos de Vincent Maraval m'attristent beaucoup », a déclaré Dany Boon dans une interview au Journal du Dimanche. Vincent Maraval avait estimé, dans une tribune au Monde la semaine dernière, que le système de subventions du cinéma français était un scandale , et pointait les cachets de Dany Boon, Vincent Cassel et Marion Cotillard. « Les chiffres qu'il a donnés sont complètement faux », assure Dany Boon.

L'acteur français n'aurait pas été payé 1 million d'euros pour son rôle dans le dernier Astérix et Obélix mais 600.000 euros. Dany Boon profite de l'interview pour annoncer qu'il ne touchera que 2 millions d'euros et non 10 millions (comme l'avait écrit Vincent Maraval) pour jouer dans son prochain long-métrage, « Supercondriaque ».

Dany Boom assure coûter moins au cinéma français qu'il ne lui rapporte. Il cite en exemple les 257 millions d'euros amassés pour son film à succès « Bienvenue chez les Ch'tis » et « Rien à déclarer » dont 15 millions ont fini dans les caisses du CNC.

(...)

Dany Boon affirme payer ses impôts en France mais aussi aux Etats-Unis (où il a créé une société de production et où il réside en partie).

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Les Echos.fr
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Re: Filippetti: "les films à gros budget sont financés par les télés"

Message non lu par politicien » 13 janv. 2013, 16:54:00

Bonjour,
Professeur à l'université Paris-III, directeur de l'Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Ircav), Laurent Creton est un spécialiste de l'économie du cinéma. Il revient sur la polémique lancée dans Le Monde par le distributeur Vincent Maraval, pour qui les gros cachets d'acteurs fragilisent l'économie des films.

Les plus gros cachets des acteurs français ont-ils explosé ces dernières années ?
Plusieurs observateurs le soutiennent, Vincent Maraval le dénonce, mais nous ne disposons d'aucune étude fiable. Une analyse que pourrait lancer le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), à partir de données mises en perspective, permettrait certainement de clarifier ce débat, d'éviter les généralisations abusives et les amalgames. Cela dit, d'autres données permettent d'expliquer la crispation actuelle sur les cachets des acteurs au sommet du box-office.

Lesquelles ?
Poser la question du cachet et de sa légitimité, c'est poser la question de la valeur de l'acteur. Dans le cas d'une immense star comme Depardieu, qui est incontestablement un des plus grands acteurs français, cette valeur ne peut se mesurer par les quelques minutes qu'il passe à l'écran. Une star, comme l'a posé Edgar Morin, c'est un personnage qui condense une valeur symbolique très forte pouvant être transformée en une valeur marchande. L'incroyable feuilleton auquel on assiste depuis quelques semaines, dont se repaissent les télévisions, radios ou journaux illustre ce phénomène : Depardieu dans le rôle-titre, l'arrivée de Poutine, de Bardot avec ses deux éléphants, c'est son plus mauvais film, mais qui illustre mieux qu'aucun autre la surpuissance de la star. Sa parole et ses gestes prennent une envergure démesurée.
Ce statut place en situation d'exiger argent, limousine, chauffeur, caprices... C'est vieux comme les mythes hollywoodiens, mais dans un contexte de remise en cause des revenus, des conditions de travail, ce n'est pas anodin. Il lui donne aussi une capacité à se faire entendre dans le débat public. Une des retombées de cette affaire, c'est qu'elle aboutit à réinterroger le système fiscal en France, et même les relations internationales entre la France et la Russie.

La star garantit-elle des entrées ?
Non, et cela explique aussi la crispation. Dans les années 1950, on peut bâtir un projet de film, avec une espérance raisonnable de toucher un large public, sur des acteurs populaires comme Fernandel et Bourvil. Louis de Funès a pris le relais dans les années 1960 et 1970, et puis, dans un autre genre, Jean-Paul Belmondo et Alain Delon.

A partir des années 1980, la star value s'effrite. De moins en moins d'acteurs garantissent le succès. Des films phénomènes comme les Ch'tis ou Intouchables ne se résument pas, loin de là, à leurs acteurs (dont la valeur au box-office a explosé en raison même de l'exceptionnel succès – toujours difficilement prévisible – de ces films). Dans l'économie du cinéma, caractérisée par un fort niveau d'incertitude, les noms des acteurs participent grandement aux stratégies promotionnelles, mais servent surtout de caution "assurantielle". Ils rassurent les investisseurs, surtout les chaînes de télévision, qui sont très attentives à leur capacité - réelle ou supposée - d'attirer les téléspectateurs.

Est-ce la même chose aux Etats-Unis ?
Oui. Nous sommes, depuis une vingtaine d'année, dans l'ère du high concept film : la star du film n'est plus l'acteur, mais le concept. Cela se traduit par les logiques de suite. On crée de la valeur en capitalisant sur le succès précédant. La tendance s'accompagne d'un fort développement des films d'animation tout public. Cette logique économique née aux Etats-Unis a gagné la France. Les meilleurs scores au box-office de 2012 confirment la tendance : L'Age de glace 4, suivi de Skyfall, Sur la piste du Marsupilami, La Vérité si je mens ! 3, Avengers, The Dark Knight Rises, Le Chat Potté, Astérix et Obelix 4, Madagascar 3...

Avec des cachets très élevés, le financement du cinéma est-il obsolète ?
Certainement pas. Le système d'aide au cinéma français est un système de régulation et de redistribution de l'argent à partir, essentiellement, des entrées en salles et de financements auxquels sont astreints les éditeurs vidéo ou les chaînes de télévision. Il a été conçu selon une vision intégrée et cohérente, qui vise à faire vivre ensemble films à gros potentiel commercial et films artistiquement ambiteux. Il a favorisé une industrie du cinéma unique au monde. Les entrées en salles, par exemple n'ont pas cessé d'augmenter depuis 1992, date à laquelle la fréquentation était à son plus bas niveau historique (116 millions d'entrées). On envisageait alors la mort de la salle, tuée par les écrans, c'était l'époque où l'on parlait de la mort du cinéma. Or, depuis cette date, la fréquentation est repartie à la hausse. Elle a augmenté de 85 % jusqu'à 2011, repassant au-dessus des 200 millions.

Et puis, contrairement à ce que l'on entend, l'économie du cinéma français n'est pas publique. C'est une économie de marché qui bénéficie d'un dispositif de régulation comme beaucoup de secteurs en France. Les cachets relèvent de la sphère privée. Lier leurs montants au système d'aide publique et postuler des causalités infondées, c'est faire un amalgame. Et c'est prêter le flanc à ceux, très nombreux, qui cherchent à remettre en cause ce système. C'est le sens des récentes mises en garde d'Aurélie Filippetti et d'Éric Garandeau, auxquelles je souscris totalement.

Vincent Maraval a-t-il pourtant raison de dénoncer la faible rentabilité des films en salles à cause des gros cachets ?
Selon Le Film français, chaque année, seulement 3 à 5 films français sur plus de 250 ont des recettes en salles qui couvrent leur budget. Mais il faut considérer que ceux qui sont financés par une chaîne de télévision ont bien marché quand ils remboursent 25 à 30 % de leur budget avec la seule exploitation en salle.

En France, en effet, depuis les années 1980, la télévision est le principal débouché et le principal financeur du cinéma. La salle engendre des recettes mais elle est surtout le lieu qui permet une valorisation symbolique, ensuite déclinée sur les autres médias où le film continue de se rentabiliser - télévision, DVD, VOD... Vous n'allez pas acheter en DVD, ou en VOD, un film dont vous n'avez jamais entendu parler. La sortie en salles donne lieu à des critiques, à des débats à la télévision et à la radio... C'est un écrin nécessaire au film pour qu'il trouve une véritable existence cinématographique, et puisse s'inscrire dans une mémoire collective.

M. Maraval est un distributeur, dont le métier est de faire sortir les films en salles et d'en assurer la promotion. Le problème des distributeurs est que leur travail valorise toute la chaîne de diffusion du film - salle, télévision, vidéo, etc. - alors que leurs revenus ne proviennent que de la salle.

Ils peuvent estimer qu'ils n'obtiennent pas le juste retour de leurs investissements alors qu'ils sont en première ligne en matière de prise de risques. Ce qui explique l'intense agacement de M. Maraval. Rappelons notamment que les distributeurs doivent investir de plus en plus dans la publicité pour sensibiliser le public : 193 millions en 2001, mais 574 millions en 2011. C'est colossal.

Pourquoi une telle inflation des coûts de promotion ?
C'est le propre de tous les secteurs culturels aujourd'hui. La concurrence est de plus en plus féroce (entre les films, de plus en plus nombreux, qui restent de moins en moins longtemps en salles, mais aussi entre les films et les autres activités de loisir). Il faut investir de plus en plus pour les faire exister, c'est une forme de spéculation. On est dans une économie de casino.

Le financement des films français provoque-t-il une inflation des coûts ?
C'est un problème. Le total des investissements dans les films français est passé de 440 millions d'euros en 1994 à 1 390 millions en 2011. Quand on injecte plus d'argent dans un système, on attend une amélioration. De meilleurs films, ou une meilleure compétitivité à l'exportation, par exemple. Mais une augmentation budgétaire présente aussi, fatalement, des implications de type inflationniste de plus ou moins grande ampleur. Or l'inflation actuelle repose en partie sur un système spéculatif contestable qu'illustre très bien la logique des films à suite comme Astérix, La Vérité si je mens !, Les Bronzés...

Le premier opus ne coûte généralement pas trop cher, le succès est inattendu. C'est un jackpot. Le deuxième répond à la volonté de reconduire ce succès et induit un budget et des cachets beaucoup plus importants. Mais les recettes sont rarement là : 14,6 millions d'entrées pour Astérix et Cléopâtre, 6,8 millions pour Astérix et les Jeux olympiques, et 3,7 pour Astérix au service de Sa Majesté. 3,7 millions, c'est un très bon résultat en soi, mais comparé aux 61 millions d'euros qu'a coûté le film, c'est décevant. Surtout pour le distributeur. Le scénario est le même pour le dernier épisode de La Vérité si je mens ! Le dernier épisode a été fait pour un budget de 25 millions (dont 5,7 millions pour les acteurs).

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr
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