Au début de l'année, mourrait l'un des meilleurs médecins français dans l'indifférence.
C’est un personnage atypique, iconoclaste, qui s’est éteint ce mercredi… André Gernez, 90 ans, Marcquois de toujours, était un médecin qui bousculait les idées reçues, jusqu’au-delà de son pays, quitte à ne pas toujours être bien compris, et à susciter la controverse. Il avait néanmoins été honoré par le Sénat et par sa ville, en 2013.
Dans sa maison de Marcq-en-Barœul, lors d’une rencontre il y a tout juste quelques mois, André Gernez n’y allait toujours pas par quatre chemins : « Ce qui compte c’est le malade, c’est ça le plus important. Si vous sauvez un enfant, vous n’avez pas perdu votre vie ». Une manière de dire qu’il ne voulait plus polémiquer avec ses ex-pairs, lui qui avait fini par claquer la porte de l’ordre des médecins. Mais cette fois, c’était vraiment fini. Il ne voulait plus agiter le chiffon rouge.
N’empêche, celui qui pensait qu’une autre approche du cancer, notamment avec plus de prévention, était possible, venait encore récemment d’écrire à François Hollande, pour lui faire part d’une de ses solutions contre le cancer, notamment son « inhibition par le tarissement de l’hormone de croissance ». Celle-ci est en effet accusée « de stimuler l’activité divisionnelle du cancer quel que soit son stade évolutif ». Sa destruction – via un appareil au cobalt - réglerait donc tout, et surtout le cancer « devenu institution en même temps que maladie » serait quasi éradiqué.
Le président de la République, via son chef de cabinet, s’était borné à une « prise de connaissance » du courrier et au rappel qu’il était « déterminé à soutenir la recherche sur le cancer, à améliorer la politique de prévention… ». Dans ce domaine, justement, outre le traitement de l’hormone de croissance, le Dr Gernez avait aussi mis en avant tout l’intérêt de faire des cures de vitamines et d’adopter certains comportements alimentaires (réduction des sucres, entre autres). Une voie, souvent a contrario de tout ce qui se fait depuis des années…
Comme le reconnaît un de ses « disciples », Jacques Lacaze, 72 ans, ancien généraliste à Liévin : « On l’a fait passer pour un doux illuminé, alors qu’il a proposé une nouvelle voie ». Loin des traitements habituels mis en avant par les cancérologues. De là à parler de lobby… « On peut arrêter tout de suite la maladie », avançait même André Gernez, insistant sur le fait qu’à l’étranger, « on l’avait écouté ». Il a d’ailleurs reçu des récompenses et des louanges, comme en Allemagne (« Vous avez démontré la possibilité d’arrêter la cancérisation avant sa traduction clinique… »). Le président de l’Académie de médecine aux USA soulignait, lui, en 1969 : « Il est bon que vos vues sur le cancer comme mécanisme de défense soient exposées avec lucidité et en détail ». Son homologue français l’encensait également, parlant, la même année, « d’arguments très convaincants… Il serait passionnant qu’une expérimentation puisse être faite sur une très large échelle ». (...)
Il a élaboré le concept de cellule souche
Même si cela n’a pas vu le jour, celui qui a été médecin à 21 ans, n’a pas toujours été mis au ban dans son pays. C’est lui – tout le monde est d’accord là-dessus - qui a élaboré le concept de cellule souche en 1967 (avec d’un côté les cellules génératrices et de l’autre les fonctionnelles), brisant « un dogme fondamental de la biologie ». Une révolution qui « sur le plan scientifique bouleversait tout… »
Ce qui lui a valu une certaine reconnaissance par des scientifiques (médaille Schweigart de l’Union mondiale pour la protection de la vie, en 1979), confirmée encore récemment par la remise, en octobre 2012, de la grande médaille d’or de la Société d’encouragement au progrès, en grande pompe, au Sénat. Après Louis Lumière, Albert Schweitzer, Théodore Monod, Louis Schweitzer… (...)
Des détracteurs
La controverse n’a donc pas empêché une certaine reconnaissance officielle. C’est toute l’ambiguïté. Car du côté des professionnels, notamment ceux confrontés au cancer, c’est peu dire que l’approche d’André Gernez irritait.
Le professeur Éric Lartigau, cancérologue au centre Oscar-Lambret, parlait de « théories délirantes. Si le cancer était un business, l’État aurait laissé les gens boire et fumer, sachant que 80 % des cancers chez l’homme sont liés au tabac, à l’alcool, et à l’alimentation… ». Or, pour lui, l’État agit : « Tous les efforts sont faits pour combattre le cancer, un fléau ». En tout cas, dans « notre mode de santé français, on se bat pour en limiter l’incidence ». Il annonce aussi avoir un seul but : « Guérir les patients ». (...)
La Voix du Nord - 11/01/2014
Quelques-unes de ses propositions :
Pour éviter le cancer, André Gernez préconise un « protocole de prévention active » qui se traduit par une mise en acidose de l’organisme via un jeûne relatif prenant la forme d’une réduction alimentaire pendant trente jours chaque année à partir de l’age de risque qui se situe à la quarantaine. La perte de poids doit être limitée à 1% sur une période de deux semaines pour les personnes âgées de plus de 65 ans, avec renouvellement de la procédure six mois après (soit deux cures annuelles). Gernez estime que le seuil de détection du cancer à 1 milliards de cellules cancéreuses est bien trop éloigné du seuil d’irréversibilité qui se situe à un million de cellules cancéreuses.
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Je n'ai pas les compétences médicales pour parler du sujet en profondeur mais une expérimentation de son protocole sur des souris a été validée par l'Inserm. De quoi s'intéresser davantage à ses travaux...
