Qu'en pensez vous ?Indonésie, 2004. Chili, 2010. Japon, 2011. Trois séismes majeurs, tous dans l'océan, tous accompagnés par un tsunami. Mais tous les tsunamis n'ont pas cette cause. On peut parfaitement habiter à plusieurs centaines de kilomètres de la mer, dans une région faiblement sismique, et connaître aussi les ravages de ces vagues géantes. En effet, les tsunamis peuvent également être créés dans un lac par un gros glissement de terrain ou l'effondrement d'un bout de montagne.
C'est ce qui s'est produit en l'an 563 dans le lac Léman. Futur évêque d'Avenches, Marius en fait ainsi le récit dans sa chronique : la montagne, écrit-il, "se précipita si subitement qu'elle engloutit un fort qui était proche, ainsi que des villages avec tous leurs habitants, et elle agita tellement le lac (...) que, sorti de ses deux rives il dévasta de très anciens villages avec hommes et troupeaux
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Dans un article publié ce dimanche 28 octobre par Nature Geoscience, une équipe suisse de l'université de Genève est parvenue à reconstituer le fil des événements en étudiant l'histoire sédimentaire du lac au cours des derniers millénaires. Plusieurs strates se sont succédé et la plus récente a attisé la curiosité des chercheurs. Il s'agit d'une importante nappe de sédiments retrouvée dans la partie centrale du lac. Son volume minimum est évalué à 250 millions de mètres cubes.
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Pour le "comment ?", les auteurs de l'article imaginent le scénario suivant. L'écroulement du pan de montagne a ébranlé le secteur, ce qui s'est répercuté, à quelques kilomètres de là, dans la partie du delta du Rhône qui se trouve sous les eaux du lac. Les sédiments de cette zone se sont effondrés sous le choc et mis en mouvement dans le lac Léman, ce qui a provoqué le tsunami. Partie de l'extrémité est du lac, l'onde s'est assez vite propagée jusqu'à l'autre bout. Selon la modélisation présentée dans l'étude et que vous pouvez voir ci-dessous, au bout d'une dizaine de minutes, la vague atteignait ce qui est aujourd'hui Evian-les-Bains, où elle mesurait 8 mètres de haut. Sur la rive opposée, elle arrivait à Lausanne en un quart d'heure, avec une hauteur évaluée à 13 mètres. Et, si son amplitude décroissait au fil du temps (3 mètres à Thonon-les-Bains, 4 à Nyon), elle retrouvait un regain de vigueur (8 mètres) en atteignant Genève, 70 minutes après son départ, tout simplement parce que la ville, située à l'extrémité occidentale du lac Léman, est comme au fond d'un entonnoir. Si l'on ajoute à cela le fait que Genève est peu élevée par rapport à la surface du lac, on comprend les dégâts que le tsunami de 563 a pu y causer. Selon l'étude, il y a probablement eu d'autres tsunamis analogues au cours des millénaires précédents. Et il peut aussi y en avoir d'autres, du même genre, à l'avenir. Mais nous ne sommes plus au VIe siècle : désormais, c'est plus d'un million de personnes qui vivent sur les rives du lac Léman, dont près de 200 000 pour la seule ville de Genève. Les dégâts d'un nouveau tsunami sur le lac pourraient être considérables.
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L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr[/align]
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