Face au chômage : 32h par semaine ou moins, souhaite Poutou

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El Fredo
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Re: Face au chômage : 32h par semaine ou moins, souhaite Pou

Message non lu par El Fredo » 13 avr. 2012, 09:47:44

Attention car quand je dis "la fin des activités inutiles ou automatisables" je ne porte aucun jugement de valeur sur ces activités mais uniquement un constat économique.

Prenons l'exemple de la restauration en entreprise, si 90% du travail est éliminé d'une façon ou d'une autre alors cette activité disparaît avec. Le restaurant d'entreprise devient inutile avec la disparition du travail dans cette entreprise. Pourtant cette activité n'a rien de méprisable ou désagréable, mais elle n'existe que grâce aux autres activités.

Autre exemple plus évident, la garde d'enfant. L'immense majorité des parents qui y ont recours le font pour des raisons professionnelles.

Un autre exemple encore plus intéressant et aux implications plus larges, celui des transports. Si l'essentiel des actes de transport consiste à acheminer les travailleurs vers leur lieu de travail, alors ces actes deviennent inutile si le travail disparaît. Et une large part des actes restants sont en grande partie automatisables (notons que certaines lignes de transport sont quasiment automatisées, comme le métro de Rennes par exemple) et ne nécessitent donc pas non plus de travail. De plus, si l'on part du principe que l'achat d'un véhicule répond essentiellement aux besoins de transports professionnels, alors la nécessité de posséder un véhicule disparaît également et on peut parfaitement envisager des modes de transports différents, comme les podcars ou Personal Rapid Transit, hybrides entre les transports en commun et les taxis, 100% automatisés et toujours disponibles (cela dit on s'aventure du côté de la science-fiction, mais la technologie existe). De même pour les achats qu'on pourrait faire par l'Internet et se faire livrer chez soi. Bref, 99% des besoins de transport disparaissent, et comme un véhicule passe 99% de son temps à l'arrêt, la conclusion s'impose d'elle-même : le modèle du véhicule individuel devient obsolète. Avec lui disparaît l'industrie automobile et ses travailleurs, ce qui va dans le sens de la raréfaction du travail et impose donc de nouveaux modes de redistribution des richesses.

Quant au poids de l'Etat et aux fonctionnaires, le constat s'y applique tout autant qu'au reste de l'économie. Par contre il restera des pans entiers d'activités non automatisables accomplies par des humains, comme l'éducation, la recherche, etc. Un constat : aucune de ces activités ne peut être considérée comme inutile ou nuisible d'un point de vue économique, et elles répondent bien souvent à une vocation qui fait accepter à ceux qui les exercent des conditions de travail difficiles, l'argent n'est donc pas le principal motivateur. Avec un dividende universel je suis près à parier que de nombreux chercheurs exerceraient leur activité pour le plaisir quelle que soit leur rémunération (ce fut le cas de nombreux grands scientifiques du passé dont les activités de recherche s’exerçaient en parallèle).

Ce qui constitue l'aspect utopique de ce modèle est que la transition à partir du modèle actuel est très difficile à réaliser à cause des bouleversements sociétaux et du réalisme économique notamment (mondialisation, compétition internationale, etc). Mais ce modèle est parfaitement réalisable dans le sens où si l'on avait à créer une société ex-nihilo avec les ressources et la technologie actuelles, ce modèle serait parfaitement viable (cf. Star Trek). C'est en cela que je le qualifie d'utopie réaliste.

Le problème du modèle actuel est qu'il n'a pas su accompagner les gains de productivité autrement que par le chômage de masse, alors qu'il existe des alternatives moins destructrices.
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racaille
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Re: Face au chômage : 32h par semaine ou moins, souhaite Pou

Message non lu par racaille » 13 avr. 2012, 16:27:47

Sur le partage et la réduction du temps de travail, il faudrait faire l'effort de s'intéresser aux travaux de Dominique Méda (je ne l'ai pas fait alors je ne ramène pas ma fraise^^).

--> http://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_M%C3%A9da
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

manolo
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Re: Face au chômage : 32h par semaine ou moins, souhaite Pou

Message non lu par manolo » 14 avr. 2012, 10:12:31

Merci El Fredo, tes deux derniers posts m'ont beaucoup intéressé, je n'avais pas envisagé la notion de travail de cette façon.
Beaucoup de choses dont tu parles dans cette "utopie réaliste", sont, j'en suis convaincu, réalisables au moins partiellement, dans un futur proche ou moins proche. Le développement du télétravail est déjà un (petit) symptôme de ce phénomène.

Je m'étais déjà fait la réflexion sur ton exemple assez flagrant des transports, où on arrive en effet au syndrôme du serpent qui se mord la queue (exemple des gens qui travaillent en transportant d'autres gens à leur travail).

Le découplage "production - répartition des richesses" que tu cites est sûrement une des solutions à ce problème de chômage universel qui parait insolvable, néanmoins, comment imagines-tu un remplacement du salariat?
Je m'interroge en fait sur le modèle de répartition. Le "mérite", le talent, le risque seraient-ils dans ce cas des notions à "effacer" du processus? Tu parles d'un découplage "aveugle" et égal entre tous, ou alors y aurait-il un autre mode de répartition, toutefois différent de ce qu'on appelle salariat ?

Concernant tes remarques sur l'automatisation, il me semble difficile d'aller plus loin.
L'Homme, par essence, cherche l'efficacité à moindre coût (je ne voulais pas utiliser les mots "paresseux" et "fainéant", mais l'idée est assez proche :P ), et a donc déjà développé tout l'arsenal possible pour "faire faire" ce qu'il ne veut pas faire.
On en arrive à taux d'automatisation qui est, à mon avis, très proche du maximum réalisable.
Tout ce qui peut automatisé l'a été ou est en cours de l'être. On en arrive à des extrêmes comme ces caisses d'hypermarché automatiques (personnellement, je n'aurais jamais pensé qu'on irait jusqu'à remplacer des caissières :shock: ).

Ce point nous amène à une relation avec la compétence humaine.
Nos grands-parents ont connu les poinçonneurs dans les bus, et tous ces métiers qui ne demandaient pas de qualification extrêmement élevée. A force de pousser l'automatisation à son paroxysme, l'exigence de compétence devient plus élevée pour les autres métiers non "automatisables", en résumé il ne reste plus que des métiers à haut degré de compétence.
Or la population n'a jamais changé, il y aura toujours une disparité de compétence physique et intellectuelle entre les personnes, et le devoir de la société est de pouvoir proposer à chacun une activité, là se situe le problème.
De plus, des phénomènes comme l'apparition de l'informatique - bureautique a accentué cette fracture. Si on "ne sait pas utiliser" un ordinateur, c'est toute une partie du monde professionnel qui disparaît et nous devient inaccessible.

Pour revenir à tes explications El Fredo, en effet il faudrait trouver d'autres alternatives, au vu des gains de productivité qu'on a su créer, et trouver un modèle qui ne crée pas du chômage de masse.
Ta vision rejoint un peu l'idée communiste au final, non :P ? Une société où chacun n'aurait qu'à appuyer sur un bouton pour lancer une ligne de production, et où chacun bénéficierait de la même répartition de richesse (pour ne pas dire le mot "rémunération") puisque chacun ferait la même "dose" d'activité :)

Mais ce n'est pas évident, car il y a deux visions qui s'opposent : celle que tu développes, où il s'agirait d'une collaboration universelle, et l'autre vision (partiellement réaliste) où l'ambition, l'émulation, la compétition sont parties intégrantes de l'Homme, et qu'il "aurait" besoin de cela pour avancer, et donc pour vivre.

On a clairement (et hélas) basculé plus franchement dans la seconde vision, avec cette compétition mondiale et généralisée.
Mais il ne tient qu'à l'Homme de changer. Le plus compliqué, c'est qu'il est difficile de changer le monde qui nous entoure sans nous changer nous-même...

PS : merci racaille pour le lien, ça me donne bien envie d'acheter le bouquin^^
Du moment qu'elles font encore le ménage toussa, où est le problème ?
Pas taper :) !

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racaille
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Re: Face au chômage : 32h par semaine ou moins, souhaite Pou

Message non lu par racaille » 14 avr. 2012, 14:05:11

Je m'interroge en fait sur le modèle de répartition. Le "mérite", le talent, le risque seraient-ils dans ce cas des notions à "effacer" du processus? Tu parles d'un découplage "aveugle" et égal entre tous, ou alors y aurait-il un autre mode de répartition, toutefois différent de ce qu'on appelle salariat ?

(...)

Ta vision rejoint un peu l'idée communiste au final, non :P ? Une société où chacun n'aurait qu'à appuyer sur un bouton pour lancer une ligne de production, et où chacun bénéficierait de la même répartition de richesse (pour ne pas dire le mot "rémunération") puisque chacun ferait la même "dose" d'activité :)

Mais ce n'est pas évident, car il y a deux visions qui s'opposent : celle que tu développes, où il s'agirait d'une collaboration universelle, et l'autre vision (partiellement réaliste) où l'ambition, l'émulation, la compétition sont parties intégrantes de l'Homme, et qu'il "aurait" besoin de cela pour avancer, et donc pour vivre.
Je me permets d'intervenir car il ne s'agit pas d'un questionnement purement technique.

A mon humble avis la notion de coopération et celle du développement des talents individuels ne sont pas nécessairement antinomiques. On peut très bien imaginer qu'un individu entreprenant et talentueux, s'il veut développer une activité, soit à la recherche de partenaires, d'associés, plutôt que de salariés, de "bras à louer" dociles et soumis. L'ambition, l'émulation, même la compétition ne sont pas synonymes de hiérarchisation autoritaire ou de rapports de force genre lutte des classes, typiques du monde de l'entreprise moderne.

NB : à noter que l'idéal communiste auquel tu fais référence est assez particulier puisqu'il réclame l'abolition de la division du travail. Et pourtant, à ce que je sache, Karl Marx n'allait pas trimer dans les rizières entre deux séances de recherches à la bibliothèque. Tout ça pour dire que la collectivisation des moyens de productions n'implique pas nécessairement une vision communiste stricto sensu.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Michel Poulat
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Re: Face au chômage : 32h par semaine ou moins, souhaite Pou

Message non lu par Michel Poulat » 14 avr. 2012, 21:57:46

Il me semble que le vrai levier c'est la semaine de 4 jours. Car le 5ème jour, il va bien falloir embaucher du monde pour que la société continue à bosser. Et faire des journées de 9h (36 heures), dans certaines professions, n'est pas insurmontable.
Ca veut dire une diminution sensible de la durée de travail hebdo, mais un besoin d'embaucher pour conserver l'activité sur les 5 jours.
Et quand on travaille moins de jours, on est plus productif, plus efficace au travail, donc on génère plus de richesse et en plus, on embauche...

Super-gagnant-gagnant !
Pour plus de démocratie.

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