Sinistrose, pessimisme, défiance à l'égard des grandes formations politiques et forte droitisation de la société française : tel est le paysage inquiétant dégagé par un sondage OpinionWay pour le Cevipof (Sciences Po Paris) rendu public lundi (voir ci-dessous). L'état d'esprit du public est à la "morosité" (34 %, + 3 points sur un an), la "lassitude (31 %, + 2) et la "méfiance" (30 %, - 2), "sérénité" (15 %) et "bien-être" (14 %) régressant fortement (- 5 et - 4 respectivement), selon cette enquête réalisée en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Du coup, 72 % des sondés (+ 4) estiment que les jeunes ont aujourd'hui moins de chances de réussir dans la société que leurs parents.
67 % des personnes interrogées pensent qu'il y a "trop d'immigrés en France"
Autre traduction : 60 % affirment n'avoir confiance ni dans la droite, ni dans la gauche pour gouverner le pays, 8 points de plus qu'un an plus tôt. De toute façon, pour 73 % (63 % fin 2011), "les notions de droite de gauche ne veulent plus rien dire". Le désenchantement est criant à l'égard des responsables politiques. Pour 87 % des personnes interrogées, ils se préoccupent peu ou pas du tout de leur avis, une progression qui semble inexorable depuis quatre ans (on était à 81 % fin 2009). Seuls le maire, dont la cote ne cesse de se redresser depuis 2010, inspire majoritairement confiance (61 %), loin devant le conseiller général (45 %) ou régional (44 %) et le député (41 %). L'institution présidentielle (31 %) et le gouvernement (25 %) continuent de voir la confiance en eux s'éroder.
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Les vagues précédentes du baromètre faisaient déjà apparaître un niveau de pessimisme très élevé. Si élevé que, précise Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po et chercheur au Cevipof, « l'on pouvait s'attendre à ce qu'un palier soit atteint pour de bon ». Ce n'est pas le cas. Le climat général est à la « dépression collective », dit-il. Pour la première fois depuis 2009, la morosité arrive en tête des sentiments qui caractérisent le plus les Français : 34 % d'entre eux estiment qu'il s'agit là du terme qui caractérise le mieux leur état d'esprit. C'est 3 points de plus qu'en décembre 2012. Inversement, la part des personnes interrogées qui disent éprouver des sentiments positifs décroche : seuls 15 % se disent sereins (-5 points en un an), 14 % éprouvent du bien-être (-4 points), et 8 % s'estiment enthousiastes (-4 points).
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Le fatalisme gagne les esprits. Le renforcement de la défiance s'accompagne d'une montée du sentiment selon lequel les Français n'ont plus prise sur leur avenir. En quatre ans, la part des personnes interrogées qui estiment que « les gens peuvent changer la société par leurs choix et leurs actions » a baissé de cinq points. Quant à ceux qui se reconnaissent dans l'affirmation « J'ai une liberté et un contrôle total sur mon propre avenir », ils ne sont plus que 51 %. Ils étaient 55 % il y a quatre ans. L'hétérophobie se double ainsi d'un sentiment d'hétéronomie : l'autre fait d'autant plus peur que l'impression par chacun de maîtriser son propre destin est mise en question.
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