Ils aiment l'Europe, et ils promettent de la réformer...

[johanono]

Analysons le discours de ces dirigeants politiques socialistes, centristes ou UMPistes qui ne cessent de réaffirmer leur attachement à la "construction européenne" et veulent combattre les "euro-sceptiques".

Tous ces gens-là, plus ou moins conscients des défauts actuels de la "construction européenne" (manque de croissance économique, caractère trop peu démocratique, etc.) promettent de la réformer, de l'améliorer. Regardons un peu plus précisément les propositions faites par les uns et les autres.

*L'harmonisation sociale et fiscale européenne
On retrouve cette thématique notamment chez les socialistes, mais pas seulement. Les tenants de cette harmonisation sont conscients qu'il n'est pas très sain de mettre en concurrence des producteurs basés en France, qui ont un coût du travail très élevé, avec des producteurs basés dans les pays de l'Est où le coût du travail est bien moindre. Ils admettent donc cette concurrence déloyale que les pays de l'Est exercent sur les pays d'Europe de l'Ouest, et ils promettent la fameuse "harmonisation sociale et fiscale". Harmonisation par le haut, bien sûr. Ainsi, sur la profession de foi socialiste pour les européennes, il est notamment écrit ceci : "Pour lutter contre le dumping social, il faut réviser le traité. Engager l'indispensable convergence qui garantisse à tous les salariés les mêmes droits du travail. Instaurer le salaire minimum européen. Harmoniser les fiscalités pour dissuader les délocalisations et lutter contre la logique du moins disant.". C'est-à-dire que, dans l'esprit de ces gens-là, ce sont les pays de l'Est qui aligneraient leurs normes fiscales et sociales sur les nôtres. Mais qui peut vraiment croire que ces pays de l'Est accepteront de doubler ou tripler les salaires en vigueur chez eux, juste pour nous faire plaisir ? Cette harmonisation fiscale et sociale est une chimère, elle ne viendra pas de sitôt.

* Les accords de Schengen
La dénonciation des accords de Schengen est une thématique plutôt défendue par la droite. Ainsi, sur la profession de foi de l'UMP pour les européennes, il est écrit : "Nous voulons réduire l'immigration subie, diminuer le regroupement familial, protéger les frontières européennes et exclure de Schengen les pays qui ont des frontières passoires.". Sarkozy lui-même a promis à plusieurs reprises de renégocier les accords de Schengen. Il a pourtant été au pouvoir pendant cinq ans, et pendant ces cinq ans, il n'a guère avancé sur cette question. Peut-être tout simplement parce que la renégociation des accords de Schengen implique un accord entre tous les pays membres, et que cet accord ne viendra pas de sitôt.

* Réorienter la politique économique européenne sur la "croissance"
Hollande fut élu en promettant de renégocier le Pacte de stabilité pour y inclure un volet "croissance". On sait qu'il n'en fut rien. Dans son discours de ce soir, Hollande a encore remis ça sur le tapis... Est-il si difficile de comprendre que Merkel, sans qui rien ne se fait dans les négociations européennes compte tenu de la puissance économique et démographique de son pays, n'en veut pas ? Seules des considérations de politique intérieure (négociations avec le SPD, revendications du syndicat IGMetall, etc.) pourront la faire changer d'envie, faute de quoi cette renégociation de viendra pas de sitôt.

* Le gouvernement économique européen
Conscient de la difficulté de mettre tous les Etats d'accord sur une politique économique commune, les européistes prônent un "gouvernement économique européen" d'essence fédérale. Ainsi, sur la profession de foi de l'UDI/MODEM, on peut lire qu'ils veulent "un gouvernement de la zone euro pour mettre en oeuvre des politiques nouvelles". A supposer qu'un accord en ce sens intervienne, est-il simplement possible à ces gens-là d'imaginer que la politique commune mise en oeuvre ne servira pas nécessairement les intérêts français, mais plus probablement les intérêts allemands, qui seront les patrons de ce gouvernement ?

"Réformer l'Europe", promettent-ils. Mais ça fait 30 ans qu'ils promettent de réformer l'Europe ! Or pas grand-chose de change. Au contraire, depuis 30 ans, cette Europe ne cesse d'élargir, rendant toute réforme encore plus toujours plus compliquée. Voici peut-être la principale différence entre les "européistes" et les "euro-sceptiques" : les "européistes" croient encore qu'on peut changer l'Europe de l'intérieur, alors que les "euro-sceptiques" constatent au contraire qu'on n'arrivera jamais à changer l'Europe de l'intérieur (en tout cas, pas dans un sens favorable à la France) et que seule une sortie de l'UE permettra à la France de retrouver une certaine liberté et une certaine souveraineté.

[wesker]

Depuis des années, ce sont les mêmes qui promettent de réformer, de réorienter l'Europe en oubliant de dire que ce sont eux qui l'ont construite, qui l'ont promue et qui en déplorent aujourd'hui les conséquences. Je me demande comment les citoyens peuvent encore y croire.


Cela étant ils s'engagent sur des thèmes, souvent inverses aux politiques qu'ils ont conduites, soutenues et promues, ils souhaitent désormais récupérer la maîtrise des frontières, lutter contre les dumpings sociaux mais ont accepté Schengen, et ratifié la directive des travailleurs détachés, ont abaissé les droits de douane et ont refusé certaines coopérations industrielles, au niveau européen qui auraient été nécessaire pour éviter les difficultés et le décrochage. Bref, les contradictions sont réelles, nombreuses et les déceler, les dénoncer permets aux citoyens de se faire une opinion sur la sincérité de telles prises de positions

[mordred]

"... ils veulent combattre les "euro-sceptiques".

C'est à dire 57 % des français + une partie de ceux qui sont allés voter. Ils veulent combattre la majorité du Peuple Souverain !

[johanono]

Depuis des années, ce sont les mêmes qui promettent de réformer, de réorienter l'Europe en oubliant de dire que ce sont eux qui l'ont construite, qui l'ont promue et qui en déplorent aujourd'hui les conséquences. Je me demande comment les citoyens peuvent encore y croire.


Cela étant ils s'engagent sur des thèmes, souvent inverses aux politiques qu'ils ont conduites, soutenues et promues, ils souhaitent désormais récupérer la maîtrise des frontières, lutter contre les dumpings sociaux mais ont accepté Schengen, et ratifié la directive des travailleurs détachés, ont abaissé les droits de douane et ont refusé certaines coopérations industrielles, au niveau européen qui auraient été nécessaire pour éviter les difficultés et le décrochage. Bref, les contradictions sont réelles, nombreuses et les déceler, les dénoncer permets aux citoyens de se faire une opinion sur la sincérité de telles prises de positions

Il y a une citation de Bossuet que j'aime bien : "Dieu se rit de ceux qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes". Cela correspond tout à fait aux européistes qui nous gouvernent.