Martine Aubry demande une « réorientation de la politique économique »

[politicien]

Bonjour,

INTERVIEW - Martine Aubry parle enfin. L'ancienne candidate à la primaire socialiste exprime dans le JDD ses inquiétudes et critiques sur la politique menée. Extraits.

Vous ne croyez pas que la politique menée puisse réussir. Pourquoi?
Regardons la vérité en face. La politique menée depuis deux ans, en France, comme presque partout ailleurs en Europe, s’est faite au détriment de la croissance. Les efforts fiscaux et les économies réalisées sur les budgets publics ont engendré des pertes de recettes liées à la moindre croissance qu’ils ont provoquée. Les déficits ne se sont pas résorbés, et le chômage augmente. Entendons-nous bien : la question n’est pas de renoncer à réduire les déficits. Je sais de quoi je parle : pour moi, bien utiliser chaque euro qui nous est confié par les Français est une obligation. J’ai rétabli les comptes de la Sécurité sociale, ma ville est bien gérée… Il n’y a pas d’un côté les sérieux et de l’autre les laxistes. Mais je demande une inflexion de la politique entre la réduction des déficits et la croissance. Je demande qu’on réoriente la politique économique.

Au fond vous reprenez la logique des Frondeurs à qui le pouvoir a déjà répondu?: "On ne changera pas de politique." Vous croyez vraiment que vous obtiendrez une autre réponse?
Je partage leurs propositions dans ce domaine et je regrette que le Parlement n’ait pas pu en discuter. J’espère que la prise de conscience sera là, que le débat aura lieu. En tout cas, plus on sera nombreux à le dire à gauche – élus nationaux ou locaux, mais aussi dans la société civile – plus on aura une chance d’être entendus. Dans le passé, faute d’avoir débattu, nous avons souvent payé le prix. Il est temps de retrouver le bon chemin, débattons-en. Et puis, ne peut-on arrêter d’appeler "frondeurs", des députés qui connaissent l’économie, souhaitent le succès du gouvernement, et portent une vision de la Ve République où le Parlement est pleinement respecté dans ses prérogatives?

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Alors quel est votre projet?
Une nouvelle social-démocratie, qui reconnaît le marché, mais veut un État stratège pour l’orienter et le réguler. Le marché a tout envahi. On spécule sur tout, y compris les aliments. Tout se marchande, jusqu'à nos corps. C’est le règne du chacun pour soi. Il faut remettre des règles qui défendent la coopération avant la compétition, le bien-être avant le "tout avoir", la préservation de l’avenir avant le profit immédiat. Bien sûr, l’État doit se moderniser, avec des services publics qui apportent des réponses personnalisées à chacun dans le domaine de l’école, de la santé, ou du vieillissement. Je défends un État qui donne toute sa place aux pouvoirs locaux, un État qui régule la mondialisation. Le président de la République défend cette nécessité au niveau européen. Aujourd'hui, les multinationales imposent leur loi aux États.

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L'intégralité de cet article à lire sur Le Jdd.fr

La maire de Lille passe à l'offensive, en éreintant dans un entretien au JDD la politique économique de François Hollande et de Manuel Valls et en se posant clairement en chef de file des députés PS frondeurs. "Je demande qu'on réoriente la politique économique (...) (Il faut) emprunter le bon chemin dans les deux ans qui viennent" faute de quoi la gauche va "échouer", lance-t-elle en direction du chef de l'Etat, qui l'a battue lors des primaires de 2011 pour la présidentielle. "Je ne me résigne pas (...) à la victoire de la droite en 2017", lâche-t-elle encore.

Martine Aubry était déjà sortie du bois ces derniers mois en s'insurgeant contre la réforme territoriale et l'abandon de l'encadrement des loyers mais elle semble être passée à la vitesse supérieure. Elle a d'ailleurs lancé une deuxième salve en publiant dans la nuit sur internet (www.ensemble-reussir.fr) sa contribution aux États généraux du PS, où elle plaide pour "une nouvelle social-démocratie", un projet qui n'est, insiste-t-elle, "ni le libéralisme économique, ni le social-libéralisme". Un texte signé à ce stade par 34 responsables socialistes : des frondeurs comme Jean-Marc Germain et Christian Paul, des présidents de région (Jacques Auxiette, François Bonneau, Marie-Guite Dufay et René Souchon), les ex-ministres François Lamy et Philippe Martin, des présidents de conseils généraux (Matthieu Klein, André Vezinhet) mais aussi des députés non étiquetés "frondeurs".

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L'intégralité de cet article à lire sur Le Point.fr

Qu'en pensez vous ?

[johanono]

Ce n'est pas la première fois que Martine Aubry critique la politique du gouvernement. Aux yeux de certains, elle incarne une forme d'alternative politique à gauche. Je vais donc répéter ce que j'ai déjà dit : tant qu'on ne remettra pas en cause le carcan européen qui s'impose à nos gouvernements et limite notre souveraineté économique, aucune politique économique alternative ne sera possible. Or Martine Aubry ne parle pas de remettre en cause ce carcan européen, elle ne promet pas de sortir de l'euro, elle ne dit rien sur la politique monétaire, elle ne prône pas le protectionnisme. Elle ne peut pas proposer tout ça : si elle le faisait, elle remettrait en cause l'héritage politique de son père.

[Nombrilist]

Vivement que les sexagénaires s'en aillent dans ce parti, et que Valls se casse à droite. On aurait peut-être du renouvellement intéressant.

[Narbonne]

Ce n'est qu'une posture de la part de M. Aubry.

[wesker]

Aubry incarne, aux yeux de l'opinion un PS plus attaché et ancré sur les valeurs, les attentes des électeurs, unis à Montebourg et nouant des relations avec la nouvelle initiative de Mélenchon ils pourraient, clairement peser au sein d'une gauche qui doit désormais choisir entre assumer sa conversion à une politique clairement démocrate ou, rester attaché à la préservation d'une ligne plus sociale, sans pour autant aller vers le collectivisme. Cet espace est d'ailleurs partiellement occupé par le FN, aujourd'hui ce qui explique que cette formation obtient des suffrages en provenance de la droite, sur les questions identitaires, culturelles, migratoires, sécuritaires et européennes, en parvenant à convaincre, également des électeurs de gauche sur les questions économiques, sociales,....

Concernant la réorientation qu'elle demande, force est de constater qu'en dépit d'un matraquage fiscal considérable qui pénalisa l'activité, le pouvoir d'achat de tant de français, parfois modeste, en dépit d'une réduction des dépenses publiques, parfois justifiés, la croissance ne repart pas et en son absence aucune réduction de l'endettement ou des déficits ne semble possible, c'est donc bien que cette politique, dans la durée ne peut aboutir et, cumulé aux politiques d'austérité conduites en Europe prive les entreprises de débouchés, par la perte de marchés publics, (collectivités réduisant leurs investissements), par les craintes sur l'avenir des ménages uqi reportent leurs achats, leurs investissements et par les mêmes réactions des partenaires européens. C'est donc la stagnation qui attend les entreprises qui n'investiront pas dans de telles perspectives. C'est ce qui justifie cette analyse, et, finalement lui procure une certaine audience.

[politicien]

Bonjour,

Le premier ministre, Manuel Valls, a réagi indirectement, dimanche 18 octobre, aux vives critiques de Martine Aubry sur la politique économique de l'exécutif. Lors d'un discours à Paris devant le Forum républicain du Parti radical de gauche, le premier ministre a déclaré que le débat faisait « partie de l'ADN » de la majorité :

« Je crois que c'est une force quand ces questionnements nous permettent de tirer des enseignements qui nous renforcent. A gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse. Nous la faisons vivre chaque jour, même chaque dimanche. Parfois un peu trop, mais il faut avoir les nerfs solides. Comptez sur moi pour avoir les nerfs solides. »

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http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html

[mordred]

L'envie du Pouvoir doit être cyclique chez elle. Merci Madame pour vos 35 heures à la gomme, qui ont créé tant de disparités dans le monde du Travail.

Et notre prochain album est : "Martine à l'Elysée".

[Lucas]

Cela serait quoi à M. Aubry a réorientation ? Les 35h ? Plus de dépenses publiques ?

On voit bien que Martine Aubry vise 2017, elle ne parle pas depuis 2 ans et demi, elle n'a pas de ministère, donc elle va se poser en alternative en 2017, et elle commence à sortir du bois.

[wesker]

A l'instar de Montebourg qui n'a pas su, à la suite de son éviction des responsabilités gouvernementale prendre une initiative, l'ancien Première Secrétaire incarne, pour nombre d'électeurs socialistes, une sorte de garante d'une ligne politique qui a une cohérence et une audience dans le pays, il est donc légitime que la conversion à la politique démocrate que le Gouvernement a choisi se heurte à la réserve d'un peuple qui espérait une autre politique.

A l'image de la droite qui se déchire sur son positionnement et qui devra choisir entre une droite agitée, anglo saxonne et libérale portée par Sarkozy et une droite plus populaire modérée mais réformiste que portera sans difficulté un Juppé. La recomposition et la préparation des échéances et du projet futur serait elle en train de se jouer actuellement?

[politicien]

Bonjour,

François Hollande a assuré dimanche 19 octobre que « les réformes se poursuivront à un rythme encore accéléré jusqu'à la fin » du quinquennat après les vives critiques de Martine Aubry sur la politique économique du gouvernement.

Devant un parterre de patrons de grandes entreprises étrangères réunis à l'Elysée, le président de la République a déclaré :

« Les réformes, elles sont continues, elles ont été engagées dès les premiers mois de mon quinquennat et elles se poursuivront à un rythme encore accéléré jusqu'à la fin, parce que la France a besoin de réformes. »

Il s'agit « non pas de réformer pour réformer mais de réformer pour créer davantage de richesse, davantage d'activités, davantage d'emplois et aussi pour attirer davantage d'investisseurs et davantage d'entreprises », a-t-il ajouté lors de cette rencontre à l'Elysée sur le thème de « l'attractivité de la France », en présence notamment du chef du gouvernement Manuel Valls et du ministre de l'économie Emmanuel Macron.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Monde.fr

[Nombrilist]

Le pire, c'est que je ne sais même pas de quelles réformes il parle. Vous savez vous ?

[albert]

Le pire, c'est que je ne sais même pas de quelles réformes il parle. Vous savez vous ?

Il parle de sa politique de l'offre qui ne marche pas.

[Golgoth]

Il parle des 150 bricolages fiscaux rajoutés au 140 fait par Fillon, le tout pour nous assurer 3% 4% de déficit.

[albert]

Aubry : « Je ne souhaite pas être un recours »

« Je souhaite simplement pouvoir débattre », a lancé Martine Aubry sur France Inter, jugeant que c'était une « erreur » d'avoir qualifié les députés socialistes réfractaires à la politique du gouvernement de « frondeurs », car ce sont « des hommes et des femmes de bonne volonté », « des gens qui veulent la réussite du gouvernement ».

Un discours édulcoré. Qui peut encore croire à la réussite de ce gouvernement ? Mais on avait bien compris qu'il n'y avait pas de recours à attendre du PS. Quant aux débats soulevés par Aubry et ses hommes et femmes de bonne volonté, ils sont d'une pauvreté désespérante.

[wesker]

Voir Hollande chercher à rassurer les dirigeants de ces grandes entreprises, prendre des engagements à leur égard revient à se poser la question de savoir s'il a oublié par qui il fut élu. Clairement, la réponse est lui, préférant satisfaire les revendications de ces dirigeants dont certains sont respectables et méritent évidemment d'être encouragés, reconnus, soutenus, mais il oublie totalement de parler des salariés, de ceux qui fournissent les efforts les plus douloureux ou des classes moyennes qui sont les laissés pour compte, qui payent des impôts toujours plus lourds pour des services toujours moins présents et efficaces.

En agissant ainsi il s'assume comme démocrate, rompt avec la ligne politique que le PS incarnait aux yeux des citoyens et ouvre un espace politique qui sera, j'en suis certain occupé par d'autres responsables du PS.