INTERVIEW - Nicolas Sarkozy explique comment il compte, après la victoire de son parti aux départementales, mettre l'UMP en ordre de bataille et apaiser les tenions avant 2016.
Vous répétez que "l’alternance est en marche" et que "rien ne l’arrêtera". N’est-ce pas vendre trop tôt la peau de l’ours?
En aucun cas, je connais trop la fragilité des choses. Si je le dis, c’est parce que je veux créer les conditions de l’espoir. Il y aujourd’hui en France une désespérance et une colère. La seule façon d’apaiser les choses, c’est de donner aux Français la certitude qu’une alternance républicaine est en marche, que nous ne sommes pas condamnés à l’affligeante médiocrité d’aujourd’hui, qu’une autre politique est possible. Notre responsabilité est de préparer les conditions de la victoire. Nous devons être prêts, imaginatifs, déterminés. Imagine-t-on le spectacle que donnerait la France en cas d’affrontement en 2017 entre François Hollande, ce président qui a tant promis et si peu réussi, et Marine Le Pen, qui, après avoir voulu donner des leçons à tout le monde, nous impose avec son père un feuilleton familial affligeant?
Quelle va être concrètement la différence entre une gestion de droite et une gestion de gauche des départements?
L’enjeu, c’est d’abord la crédibilité de la parole publique. Nous avons fait campagne sur des engagements. Aujourd’hui, et c’est là un devoir républicain, les Français doivent pouvoir constater, dans leur vie de tous les jours, la différence entre une politique de gauche et l’alternance que nous incarnons. Pensez que les Bouches-du-Rhône ont subi le joug socialiste – et quels socialistes! – pendant huit décennies! Pensez que le Nord aura connu pendant quinze ans une explosion des dépenses publiques de fonctionnement, où toute association proche de la gauche était subventionnée, où la question du développement économique était systématiquement remisée. Nous avons pris des engagements, nous devons les tenir. Pas d’augmentation des impôts, diminution des effectifs de fonctionnaires?: on ne peut pas continuer avec un montant des dépenses publiques qui a dépassé 57,5?% du PIB. Dans sa litanie des "moi, je", François Hollande avait oublié de dire?: "Moi, président, j’augmenterai les impôts comme jamais et j’encouragerai l’assistanat avec une augmentation des effectifs du RSA en trois ans de 17%." Un niveau jamais atteint. Désormais chaque bénéficiaire du RSA devra exercer une activité au profit de la collectivité en contrepartie de son allocation. Autre engagement que nous tiendrons?: chaque parcelle de territoire mérite la chance d’un développement économique?: tourisme ici, réinstallation d’une entreprise ou zone franche là… Nous devons être le symbole dans les départements de l’innovation, de l’expérimentation, de la modernisation. Toute cette génération de nouveaux élus apportera l’énergie dont nos départements avaient besoin.
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Pourquoi vous êtes-vous converti au principe de la primaire, qui n’est pas un concept exactement gaulliste?
Les primaires, c’est une évidence, n’étaient pas dans la culture de la droite ni du centre. Ce qui m’a convaincu, c’est le principe de réalité. Pendant deux ans et demi, j’ai vu ma famille politique se déchirer, se détester, s’affronter. Quel spectacle?! Nous étions devenus inaudibles. Dès lors, si je voulais l’union et le rassemblement, il fallait adresser un message fort, de confiance, à des personnalités qui ont du talent et des ambitions, en les assurant que, le moment venu, les choses se passeront dans la clarté, dans la démocratie, dans le respect de chacun. C’est pour cela que j’ai accéléré le calendrier de mise en place des modalités de la primaire. Aussitôt, le débat s’est apaisé. Il fallait aussi protéger les élections régionales de décembre prochain du débat présidentiel comme j’ai protégé les élections départementales. Chacun a été mis en confiance, chacun a maintenant un calendrier, chacun connaît les règles de la primaire?: il n’y a plus aucun prétexte à des affrontements. Et quand le temps de la compétition viendra, chacun pourra faire valoir ses chances dans un climat apaisé.
Votre référence, c’est la primaire socialiste de 2011?
Non, car François Hollande a été choisi par défaut, après le coup de tonnerre du Sofitel! Les socialistes, comme sonnés, ont élu un candidat de substitution qui n’était le candidat ni de leur cœur ni de leur raison, et qui surtout n’était pas prêt pour cette échéance majeure. Les socialistes sont donc sortis des primaires avec un candidat qu’ils ne désiraient pas et sans ligne claire. Il y a eu une improvisation totale. Trois ans après, les Français paient encore le prix d’un président ballotté entre les écologistes, les frondeurs, les socialistes et les socialistes post-modernes. Voilà la réalité des choses. Mon ambition est que ces primaires nous permettent de choisir un candidat qui soit le meilleur pour présider et pour réformer, sur une ligne politique claire qui aura été tranchée par un débat public sérieux, respectueux, démocratique.
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L'intégralité de cette interview sur Le Jdd.fr
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