LE SCAN POLITIQUE - Dans une longue interview à Society, le premier ministre se livre à un devoir d'inventaire. Un exercice inédit pour un chef de gouvernement.
Il a décidé de passer à l'offensive. Aspiré dans l'inexorable dégringolade sondagière de François Hollande, et débordé sur sa droite par l'ambitieux Emmanuel Macron, Manuel Valls semble perdre peu à peu de l'espace politique dont il disposait jusqu'à présent. Refusant de se résoudre à cette fatalité, le premier ministre a donc pris les devants et entamé un devoir d'inventaire du quinquennat dans une longue interview à Society. «Il faut être capable d'analyser sa propre action et reconnaître ses erreurs», explique le premier ministre. «Personne n'est infaillible», ajoute-t-il, concédant avoir «une part de responsabilité» dans cet échec. «Une part de responsabilité dans notre manière d'exercer le pouvoir. Une part de responsabilité dans le fait que l'on agit pas suffisamment avec le souci de la vérité et de la transparence», énumère-t-il.
«Nous n'assumons pas ce que nous faisons»
Le chef du gouvernement dresse la liste des grands ratés. «Il y a eu une première difficulté qui est que, pendant ses dix ans d'opposition, la gauche s'est mal préparée à l'exercice du pouvoir. L'opposition étant parfois trop systématique, l'anti-sarkozysme étant, à tort, le seul objet des discours. Du coup, la gauche n'a pas tranché toute une série de questions (...). La deuxième erreur c'est, au lendemain de la victoire, de ne pas avoir assez tenu compte du rapport de la Cour des comptes sur la dégradation des finances publiques». Manuel Valls tient cependant à marquer ses différences avec le reste de la gauche: «Nous avons cru - pas moi - que la société était moins dure alors qu'elle était davantage sous tension. La quatrième erreur, c'est que nous n'assumons pas ce que nous faisons (...) dans le domaine économique ni dans celui de la sécurité - même si c'est un peu moins vrai parce que avec d'autres, j'ai contribué à faire évoluer les choses dans ce domaine», lâche-t-il enfin.
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Frères ennemis du gouvernement, Manuel Valls et Emmanuel Macron n'en finissent pas de se tirer dans les pattes. Le chef du gouvernement, exaspéré par l'attitude de son turbulent ministre de l'Économie, lui adresse-t-il un nouveau recadrage dans le magazine à paraître vendredi: «Il faut du jeu collectif. On ne peut pas être ministre et préparer un autre agenda que celui du président de la République. (...) Il ne peut pas y avoir dans l'équipe gouvernementale ceux qui sont à la tâche tous les jours, qui sont mobilisés pour la réussite du quinquennat, et ceux qui ont un autre agenda. Quand ça se voit, ça crée forcément des tensions», martèle-t-il,
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