Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

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asterix
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par asterix » 23 mars 2018, 11:55:05

Tout le monde me parle de cet espace, mais personne ne le défini. Voilà sur quoi je me focalise. C'est le vieux principe de la novlangue, on nomme les choses de manière globale et abstraite, mais on ne voit jamais les détails, qui sont pourtant la substance qui emplit un espace. Depuis toujours, le PS fait dans l'impressionnisme, et a refilé cette maladie à la classe politique entière. C'est une figure de style, beaucoup plus qu'une politique.
Les communistes sont rationnels, et pour cause, ils sont productivistes. Un autre lien qu'ils ont avec la droite. J'ai vécu dans la région la plus industrielle de France quand j'étais jeune, et je peux dire que le gouffre qui semble séparer le monde ouvrier de la classe patronale n'est pas si grand. Les patrons aimaient les communistes, car il étaient les meilleurs ouvriers de France, les plus assidus, les plus qualifiés, les plus vaillants. Et les communistes n'étaient pas sans avoir quelque estime de leurs employeurs, inavouée, mais plus que palpable.
C'est la déconfiture industrielle qui a ravagé le communisme. Car les socialistes ont toujours eu les mains propres blanches et inutiles, et ont conquit le pouvoir par l'avènement du tertiaire et du "service public". En 1981, on a mis les faiseux au placard, mais le PS a eu la délicatesse de faire participer le communisme mourant aux affaires, ce qui a eu l'effet d'un poison lent.
Je ne me focalise pas sur ce qu'est le PS en ce moment. Il a toujours été ce qu'il est aujourd'hui: indéfinissable, avec l'air de ne pas en croquer.
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asterix
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par asterix » 23 mars 2018, 12:05:14

johanono a écrit :
23 mars 2018, 11:38:22
Pour moi, c'est l'engagement européen du PS qui réduit son espace politique. A partir du moment où le PS se dit favorable à la construction européenne, telle qu'elle se pratique actuellement, telle qu'elle s'est pratiquée ces dernières décennies, c'est-à-dire d'essence libérale, alors ça veut dire que le PS accepte d'exposer nos producteurs à la concurrence internationale le plus souvent déloyale, donc qu'il se condamne à mener une politique de l'offre, destinée à préserver la compétitivité de notre économie dans ce contexte de concurrence internationale, mais très éloignée des aspirations sociales-démocrates de son électorat traditionnel.

Il n'y a pas 50 solutions, il n'y en a que deux :
- soit on accepte cette situation de concurrence internationale, auquel cas on se condamne à mener une politique de l'offre, d'essence plutôt libérale, comme le fit Hollande à la fin de son mandat, comme le fait actuellement Macron,
- soit on rejette cette concurrence internationale afin de mener une vraie politique d'essence sociale-démocrate (services publics développé, État-providence, etc.), mais dans ce cas, il faut aller au bout de la logique, et on dénonce les traités européens.

Si le PS accepte de revenir sur son engagement européen, alors il pourra prôner une politique économique vraiment de gauche, sans les outrances de Mélenchon. A défaut, il ne servira plus à rien.
Oui c'est bien ça. C'est ce qui fait exploser le clivage gauche droite. Le nouveau clivage est pro ou anti mondialiste. Mais si le PS fait le choix de quitter son engagement européen, alors Mélanchon occupe déjà la moitié de l'espace et Marine le reste. Et si le PS maintient sa ligne pro européenne, alors, l'espace est complet,car Macron s'occupera de combler le plus petit espace de ce que peut représenter l'europhilie, compris les fédéralistes.
Et effectivement, dans l'anti mondialisme, il y a deux clans rivaux: la gauche très gauche, la droite très droite. Ainsi les choses sont claires.

De toute façon la planète entière se résume à celà: protectionnisme et replis ou libre échange et expansion.
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par albert » 23 mars 2018, 12:15:22

asterix a écrit :
23 mars 2018, 12:05:14
De toute façon la planète entière se résume à celà: protectionnisme et replis ou libre échange et expansion.
Dans la mesure où la Chine et les USA sont protectionnistes, on peut inverser les termes de votre proposition : protectionnisme et expansion ou libre-échange et repli... Car l'UE, championne du libre-échange, est à la traine.
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par johanono » 23 mars 2018, 12:17:18

asterix a écrit :
23 mars 2018, 12:05:14
johanono a écrit :
23 mars 2018, 11:38:22
Pour moi, c'est l'engagement européen du PS qui réduit son espace politique. A partir du moment où le PS se dit favorable à la construction européenne, telle qu'elle se pratique actuellement, telle qu'elle s'est pratiquée ces dernières décennies, c'est-à-dire d'essence libérale, alors ça veut dire que le PS accepte d'exposer nos producteurs à la concurrence internationale le plus souvent déloyale, donc qu'il se condamne à mener une politique de l'offre, destinée à préserver la compétitivité de notre économie dans ce contexte de concurrence internationale, mais très éloignée des aspirations sociales-démocrates de son électorat traditionnel.

Il n'y a pas 50 solutions, il n'y en a que deux :
- soit on accepte cette situation de concurrence internationale, auquel cas on se condamne à mener une politique de l'offre, d'essence plutôt libérale, comme le fit Hollande à la fin de son mandat, comme le fait actuellement Macron,
- soit on rejette cette concurrence internationale afin de mener une vraie politique d'essence sociale-démocrate (services publics développé, État-providence, etc.), mais dans ce cas, il faut aller au bout de la logique, et on dénonce les traités européens.

Si le PS accepte de revenir sur son engagement européen, alors il pourra prôner une politique économique vraiment de gauche, sans les outrances de Mélenchon. A défaut, il ne servira plus à rien.
Oui c'est bien ça. C'est ce qui fait exploser le clivage gauche droite. Le nouveau clivage est pro ou anti mondialiste. Mais si le PS fait le choix de quitter son engagement européen, alors Mélanchon occupe déjà la moitié de l'espace et Marine le reste. Et si le PS maintient sa ligne pro européenne, alors, l'espace est complet,car Macron s'occupera de combler le plus petit espace de ce que peut représenter l'europhilie, compris les fédéralistes.
Et effectivement, dans l'anti mondialisme, il y a deux clans rivaux: la gauche très gauche, la droite très droite. Ainsi les choses sont claires.

De toute façon la planète entière se résume à celà: protectionnisme et replis ou libre échange et expansion.
Si le PS fait le choix de renoncer à son engagement européen, un espace politique plus important s'ouvre devant lui. En gros, il peut faire campagne sur la défense des services publics, sur la protection sociale, sur le droit du travail, sur un IR plus progressif, sur la suppression de nombreuses niches fiscales, sans pour autant tomber dans les outrances de Mélenchon qui proposait plusieurs centaines de milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires, et qui paraît agressif et outrancier aux yeux de beaucoup de Français.

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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par albert » 23 mars 2018, 12:22:29

Le problème, c'est que si le PS devenait eurosceptique (ce qui ne risque pas d'arriver...), il serait attaqué par tous les médias et serait bientôt considéré comme agressif et outrancier... Car ce sont bien les médias qui décident qui est raisonnable ou pas.
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par johanono » 23 mars 2018, 12:27:16

albert a écrit :
23 mars 2018, 12:22:29
Le problème, c'est que si le PS devenait eurosceptique (ce qui ne risque pas d'arriver...), il serait attaqué par tous les médias et serait bientôt considéré comme agressif et outrancier... Car ce sont bien les médias qui décident qui est raisonnable ou pas.
Pas forcément.

Mélenchon est agressif quand il insulte les journalistes, ou quand il fait le pitre dans les émissions où il est interviewé. Il est outrancier quand il fait campagne à la présidentielle en promettant plusieurs centaines de milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires. Ce faisant, il prête le flanc à la critique, il donne le bâton pour se faire battre, et il effraie de nombreux électeurs modérés.

Je pense qu'on peut être eurosceptique, sans pour autant tomber dans l'agressivité et l'outrance de Mélenchon. Je pense à une gauche tendance Chevènement ou tendance Montebourg, par exemple. Ils ont été critiqués, mais n'étaient pas considérés comme agressifs et outranciers.

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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par albert » 23 mars 2018, 12:31:52

Il est agressif quand on est agressif avec lui. Il se défend, c'est normal.
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par asterix » 23 mars 2018, 13:45:55

albert a écrit :
23 mars 2018, 12:15:22
asterix a écrit :
23 mars 2018, 12:05:14
De toute façon la planète entière se résume à celà: protectionnisme et replis ou libre échange et expansion.
Dans la mesure où la Chine et les USA sont protectionnistes, on peut inverser les termes de votre proposition : protectionnisme et expansion ou libre-échange et repli... Car l'UE, championne du libre-échange, est à la traine.
:D pas mal! bien vu. Cela met en surbrillance la position candide de l'Europe, et les nouvelles perversités des autres gros blocs économiques, qui eux n'ont aucune règle, sauf celle de ne pas les suivre. La Chine veut du beurre, mais surtout la crémière.

Mais ces pays (les USA aussi), qui se retourne sur leur propre marché, vont à terme, et cela pire et plus vite qu'en Europe, appauvrir leur classe moyenne à terme. Car se concentrer sur un marché intérieur, c'est ne pas profiter des bas prix de production des rares pays encore sous développés, notamment l'Afrique et quelques asiatique comme le Bangladesh.

Car le pouvoir d'achat des pays développé, repose en très grande partie sur la distorsion sociale du travail. Ça, en France, on a un peu de mal non seulement à l'intégrer, mais aussi à se l'avouer, au sein du peuple. Mais si nos dirigeants restent encore partisans du libre échange, c'est bien parce qu'ils y voient un moyen de maintenir, autant que possible, notre niveau de vie, essentiellement basé sur cette distorsion. C'est cynique, assez peu conforme à notre universalisme droitdel'hommiste, mais jusque maintenant tout le monde applaudit.

Le PS peut jouer cette carte droitdel'hommiste, qui a toujours été la sienne. Mais c'est renoncer, si pour une foi il est honnête, à une vision progressiste, dans le sens progression du pouvoir d'achat et des acquis sociaux. Car notre coûteuse avancée sociale, ça je n'en démordrait jamais tant c'est évident, s'est faite sur le dos de la misère du reste du monde, précisément grâce à cette politique de libre échange. Alors pratiquer le libre échange, pour moi qui suit libéral, ce n'est pas un problème, dans la mesure ou nos échanges se font avec un minimum de déontologie et d'équitabilité. Mais ni le PS ni la droite n'ont eu cette sensibilité, tant il a fallu satisfaire la rue pendant 40 ans. Et jamais, notre politique d'achat, n'a été équitable, sauf avec la Chine, ou on est tombé sur un os: c'est eux qui dictent leur conditions, tant leur position d'usine du monde leur offre d'impitoyables arguments commerciaux.
Si la France avait mené une politique protectionniste, centrée sur son marché intérieur autarcique, notre pouvoir d'achat serait de 40% inférieur à ce qu'il est aujourd'hui, et notre niveaux social nettement plus bas. C'est absolument clair, et ne pas le reconnaître est pure mauvaise foi. Le français doit travailler 4 heures pour se payer l'heure d'un de ses compatriotes. Le chinois seulement à peine 2 heures. et c'est un avantage énorme, lorsque l'on veut se tourner sur son marché intérieur. La France d'aujourd'hui est incapable de se tourner sur elle même, pour cette raison, mais aussi pour son agriculture moribonde, et son industrie disparue. Nous sommes donc condamnés au libre échange, sous peine de souffrances sociales dures. Mais ce n'est que sursit, car le jour ou le monde aura un niveau de vie relativement unifié, il fera bon vivre dans les pays qui ont su garder la culture de l'effort de production et du travail pénible, associé à une certaine frugalité sociale maintenant le coût du travail à la portée des moyens du peuple. Traduction: un pays qui a le social dans ses moyens, ni plus, ni moins, et surtout qui ne ruine pas sa sécu sur des maladies dues à une sédentarité + une vie sans utiliser on corps, propre aux économies fondées sur le service et le tertiaire. A noter qu'un corps inutile et flasque porte une tête qui ne va pas bien, et qu'il faut soigner aussi.
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par asterix » 23 mars 2018, 13:52:55

johanono a écrit :
23 mars 2018, 12:17:18

Si le PS fait le choix de renoncer à son engagement européen, un espace politique plus important s'ouvre devant lui. En gros, il peut faire campagne sur la défense des services publics, sur la protection sociale, sur le droit du travail, sur un IR plus progressif, sur la suppression de nombreuses niches fiscales, sans pour autant tomber dans les outrances de Mélenchon qui proposait plusieurs centaines de milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires, et qui paraît agressif et outrancier aux yeux de beaucoup de Français.
Là j'aime bien parce que enfin quelqu'un développe.
Je reconnais que c'est une position à occuper. Hamon est déjà dans cette niche d'ailleurs, sans se faire éjecter des manifs. N'est ce pas lui alors le vrai PS? Et donc que fait il en dehors?
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par johanono » 23 mars 2018, 14:12:03

Hamon n'a jamais vraiment été en rupture avec l'engagement européen du PS. Et puis il était fond dans les lubies sociétales que la gauche s'est accaparées mais pour lesquelles l'électorat traditionnel de gauche a peu de sympathie : le communautarisme, la PMA, le droit de vote des étrangers, la lutte contre l'islamophobie, etc.

Montebourg me semblait plus cohérent, mais je pense qu'il n'a pas assez travaillé sa candidature aux dernières primaires.

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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par asterix » 23 mars 2018, 14:40:38

C'est vrai, mais Montebourg est aussi un peu Macronien malgré lui: soucieux de la santé de l'économie de marché, sur laquelle il indexe le social. Mais j'avoue qu'il représente une bonne synthèse, sans doute digeste à une gauche plus gauchère.
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par johanono » 23 mars 2018, 14:48:49

Essayons de développer ce que pourrait être le projet politique du PS. A mon sens, on pourrait trouver les idées suivantes :

- Défense d'un système de protection sociale digne de ce nom, par le biais d'une allocation universelle (ou à défaut d'une allocation unique dégressive).

- Accentuation de la progressivité de l'IR, grâce à une suppression de la plupart des niches fiscales et grâce à la création d'une tranche marginale supérieure à 50 ou 60%.

- Possibilité d'interdire les importations en provenance de pays qui ne respectent pas un minimum de normes sociales (à définir précisément) et qui pratiquent ainsi une concurrence déloyale.

- Accélération de la transition écologique en supprimant les aides publiques accordées à certaines activités polluantes et en réservant ces aides à des activités moins polluantes (par exemple, suppression des subventions à l'agriculture intensive pour ne réserver lesdites subventions qu'à l'agriculture biologique ou paysanne).

- Mise en place d'une assurance-maladie universelle, financée par l'impôt, à laquelle tous les Français auraient droit quelle que soit leur situation professionnelle (donc suppression de toutes les caisses existantes au profit d'une caisse unique).

- Développement de la médecine de ville avec des médecins ayant le statut de fonctionnaires (en lieu et place de la médecine libérale qui génère de nombreux abus).

- Mise en place d'une sorte de "bouclier rural" consistant à ce que nos zones rurales ne soient jamais éloignées de plus de x km (chiffre à déterminer) de certains services publics : par exemple, suppression des fermetures de classes dans les écoles rurales, ou proclamation d'un objectif selon lequel n'importe quel point du territoire français doit se situer à moins de 30 ou 50 km d'un hôpital comportant au moins une maternité et un service d'urgences.

- Lutte contre l'exil fiscal en taxant à raison de leur nationalité tous les Français exilés à l'étranger (c'était la proposition de Mélenchon à la présidentielle, sur laquelle j'ai exprimé quelques doutes, mais qui mérite quand même d'être creusée).

- Modulation de la fiscalité des entreprises françaises selon le taux de recours aux emplois précaires ou aux délocalisations.

- Refus de l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité et du marché du rail.

Ce sont quelques idées que j'émets, qui peuvent être débattues, discutées, mais qui me semblent constituer une bonne base de travail.

Naturellement on notera que plusieurs de ces mesures ne sont pas conformes aux engagements européens de la France, et ceci pour deux raisons principales :
- d'une part, parce qu'elles risquent d'entraîner une augmentation des déficits publics, ce qui signifie que la France ne pourrait plus, au moins dans un premier temps, respecter son engagement de réduire les déficits publics à moins de 3% du PIB,
- d'autre part, parce qu'elles ne sont pas très respectueuses du dogme de la liberté de la concurrence qui gouverne aujourd'hui l'UE.

Pour surmonter cette contradiction, la solution la plus cohérente serait le Frexit, bien sûr. Mais à défaut de Frexit, on pourrait envisager une alternative un peu moins ambitieuse, un peu plus ambiguë peut-être, similaire à ce que Montebourg avait proposé durant la campagne pour les primaires socialistes, à savoir un discours du genre : "oui, le PS a eu le tort d'accepter une Europe libérale, c'est désormais fini" car "oui à la construction européenne, non à l'Europe libérale", et dans ces conditions, "moi candidat, je décrète que, si je suis élu président, la France n'appliquera plus tel ou tel engagement européen, et que si la Commission européenne lui cherche des noises, la France cessera de verser sa dotation de fonctionnement à l'UE". A défaut de Frexit, il faut au moins qu'il y ait, chez les socialistes, cette prise de distance avec l'Europe libérale : sinon, ils ne seront plus jamais crédibles pour tenir un discours vraiment de gauche.

Par ailleurs, je pense qu'il serait bon que le PS abandonne toutes les lubies sociétales dont la gauche s'est entichée ces dernières années, et qui ne me semblent pas correspondre aux préoccupation de l'électorat traditionnel de gauche.

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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par asterix » 23 mars 2018, 16:19:20

Merci et beau travail que cette énumération. Car perso, je suis incapable de concevoir un programme de gauche. Mon truc c'est plutôt un programme économique béton, et une philosophie la plus humaniste possible qui va avec.

Maintenant, il faut voir à qui tout cela parle encore. Mais surtout chiffrer. Et je crois que depuis 2008, les français savent se servir d'une calculette. C'est peut être ça le problème.

Moi je sens plutôt une tendance à la radicalisation, c'est à dire que toutes les choses que tu viens d'évoquer, ne soient déjà à l'ordre du jour dans des partis beaucoup plus volontaristes. La détresse des gens est parfois telle, détresse substantive, ou détresse politique, que la modération n'a plus d'attrait pour eu, au point ou les débordements verbaux et les surenchères d'invectives de Mélanchon et Le Pen deviendrait rassurante pour eux.
Donc, j'ai le sentiment que les gens qui comprennent encore la modération, et qui ont conscience de devenir une faible majorité, vont faire abstraction de certaines dissonances, éviter les partis nains, en tout cas électoralement, pour tenter de maintenir la modération au pouvoir.
Et puis, franchement, peut on encore qualifier de modérée, une politique financée par la dette, et qui n'a de cesse d'entraver l'effort économique sensé la rembourser, tout en dénigrant la valeur travail, et la noblesse de la pénibilité induite de celui ci.

Car en terme de service public, tout comme dans le privé d'ailleurs, personne n'est plus au service du client ou de l'usager. Les rôles sont inversé: le client n'a qu'à venir quand c'est ouvert, et Dieu sait si ce n'est pas ouvert longtemps, mais aussi venir avec le bon formulaire qu'il ne sait pas ou obtenir. Je renvoie qui me lis au sketch de Dany Boon sur la poste, peu être caricatural; mais quel est le français qui ne s'en pas retrouvé dans des situations réellement aussi croquignolettes, pour être gentil, avec une fréquence parfois destructirice. Donc, en fonction de cela, et du prix que ça coûte, est ce que le français a encore un vrai désir de service public, sachant, en connaissance de cause, que ni l'agent suffisamment investi pour le satisfaire, ni le staff bien conscient de son rôle, n'existe plus, pour des question de confort au travail, pour des questions de qualité de vie privée. Ce qui n'est pas illégitime. Mais faut savoir ce qu'on veut. Car le service public tel qu'il est aujourd'hui, et au prix ou il coûte, cela va devenir difficile d'en faire un étendard de programme politique. Surtout une politique qui contient son propre anti dote, car selon la gauche, l'abnégation et le sacerdoce, cela cause des maladies professionnelles.

Moi je signe bien volontiers pour une politique qui mise sur le service public, si et seulement si, le peuple vient bien se mettre au service de quelque chose d'autre que de lui même. C'est à dire arrêter de mettre le collectif au service de l'individu, et remettre l'individu au service du collectif. Ce n'est pas aujourd'hui, et ce n'est pas en France. Malheureusement. Je ne vois pas la génération mes gosses dans cet esprit. Vraiment pas. Pour tout service public, une appli, un Uber, un Airbnb, un blablacar et surtout surtout, pas cher, pour pouvoir craquer son billet de 100 dans un vol international discount.

Bon courage le PS.
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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par Papibilou » 23 mars 2018, 18:52:25

Je sais, parler gros sou n'est pas élégant. Mais je pense qu'un projet ne peut s'appuyer que sur un équilibre financier crédible. Par exemple le projet de Hamon d'un RU s'est fracassé sur une logique de financement ... à juste titre.

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Re: Le PS veut se reconstruire... mais autour de quelle idéologie ?

Message non lu par albert » 24 mars 2018, 07:36:34

Les jeunes socialistes quittent le PS pour rejoindre le mouvement de Benoît Hamon

LE SCAN POLITIQUE - Dans un entretien accordé au Monde, la patronne du MJS, Roxane Lundy, annonce le départ de son mouvement du Parti socialiste, en plein entre-deux-tours du congrès qui doit introniser Olivier Faure.

(...)

«Je fais le choix (...) de partir, car je considère que le Parti socialiste n'est pas l'outil qui permettra de transformer la société», déclare Roxane Lundy, qui emmène dans ses bagages 25 des 30 membres du bureau national du MJS, ainsi que de nombreux militants d'après Le Monde. «J'ai voulu croire que l'esprit de synthèse d'Epinay pouvait encore exister, que le PS allait comprendre les échecs du précédent quinquennat, qu'il allait se remettre en question, mais ce n'est pas le cas», constate-t-elle froidement.

(...)

Article complet sur www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/ ... 1521853163
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