La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

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Jeff Van Planet
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Jeff Van Planet » 15 déc. 2018, 08:55:15

El Fredo a écrit :
14 déc. 2018, 14:15:18
FB fournit la plateforme mais n'est pas officiellement responsable du contenu et ne modère qu'a posteriori en fonction de ses conditions d'utilisation ou de la loi. C'est un comportement normal et encadré par la loi quand il s'agit d'un hébergeur normal, le problème avec FB c'est qu'ils vont bien au-delà d'un simple hébergement puisqu'ils sont devenus à la longue un substitut à l'Internet (dans certains pays c'est même le seul portail en ligne, et Facebook est synonyme d'Internet). Et c'est le fruit d'une politique délibérée de garder les utilisateurs enfermés sur sa plateforme (on appelle ça un "walled garden") tout en aspirant le contenu externe sans contrepartie.

Il y a un grand débat aux USA pour savoir si FB doit être considéré comme une plateforme d'hébergement et de publication de contenu, sous la seule responsabilité de leurs auteurs donc, ou bien s'il doit être considéré comme un média au même titre que la presse ou la télévision, et donc soumis à la loi et aux réglementations sur les médias. En France ça reviendrait à savoir si FB doit être régulé par le CSA ou non. Et justement on peut s'interroger devant le genre de phénomènes tels que Gilets Jaunes ou Fake News manipulés ou non par des puissances étrangères, en effet le critère déterminant est de savoir si FB exerce une responsabilité éditoriale. Mon avis technique est que oui, FB exerce un rôle éditorial :

- par le biais de ses algorithmes qui déterminent ce que ses utilisateurs voient en priorité sur leur mur
- par les suggestions qui sont faites en fonction des centres d'intérêt des utilisateurs
- par les publicités ciblées qui souvent sont des vecteurs d'opinions officiels (politiques, etc) ou non (propagande ou aspirateurs de données déguisés en quiz ou en jeux)
- par sa politique de censure, arbitraire par définition (les CGU de Facebook prohibent de nombreux contenus pourtant protégés par les lois sur la liberté d'expression)

Donc FB doit être régulé, sinon il constitue une menace pour la démocratie et le pluralisme.
Intéressant. En lisant ceci je n'ai pas put m’empêcher de penser que tout ceci s'applique tout autant à Google et son avatar YouTube qui appliquent les "mêmes" algorithmes suggestions etc. Bref même logique applicable à 100%
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par El Fredo » 15 déc. 2018, 12:31:55

YouTube oui très certainement, mais pas Google en tant que moteur de recherche non.
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asterix
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par asterix » 15 déc. 2018, 15:13:13

Papibilou a écrit :
14 déc. 2018, 16:31:15
El Fredo a écrit :
14 déc. 2018, 14:15:18
Et justement on peut s'interroger devant le genre de phénomènes tels que Gilets Jaunes ou Fake News manipulés ou non par des puissances étrangères, en effet le critère déterminant est de savoir si FB exerce une responsabilité éditoriale. Mon avis technique est que oui, FB exerce un rôle éditorial :

- par le biais de ses algorithmes qui déterminent ce que ses utilisateurs voient en priorité sur leur mur
- par les suggestions qui sont faites en fonction des centres d'intérêt des utilisateurs
- par les publicités ciblées qui souvent sont des vecteurs d'opinions officiels (politiques, etc) ou non (propagande ou aspirateurs de données déguisés en quiz ou en jeux)
- par sa politique de censure, arbitraire par définition (les CGU de Facebook prohibent de nombreux contenus pourtant protégés par les lois sur la liberté d'expression)

Donc FB doit être régulé, sinon il constitue une menace pour la démocratie et le pluralisme.
Bien apprécié votre opinion.
Perso mon principal problème reste les algorithmes.
Les jeunes souvent disent que le net est une source d'infos plus fiable. Paradoxalement, je pense que, même en dehors des algorithmes qui nous sollicitent dans ce qu'il ont cru détecter comme nos centres d'intérêts, nous allons voir sur le net ce qui nous conforte, et non pas ce qui s'oppose à nous. les algorithmes renforcent encore le problème.Tout au contraire, les médias classiques sont subjectifs, subjectifs mais variés, et nous obligent à cette variété, donc à regarder ou lire des choses qui sont à même de construire notre objectivité, parce qu'ils télescopent nos préjugés.
L'autre question est la manipulation, en utilisant l'appareil neutre que sont les réseaux. Manipulation par des individus malins, ou inondation de faux com par des états, des partis, des groupes de pression. Internet est encore trop frais, et encore trop évolutif, mais nous allons apprendre, j'espère, de nos erreurs et de notre naïveté, avec le temps. Car pour l'instant, c'est inopinément une usine à pensée unique, ou pire, binaire: oui ou non, pour ou contre, like ou pas like (facebook n'a pas vraiment d'icone de détestation). Enfin bref, tout ça n'est pas dans la nuance, mais dans une escalade de la pensée radicale, et de la désignation d'un ennemi. Ennemi que nous n'avons qu'assez rarement dans la vrai vie, mais qui sur les réseaux, est absolument identifiable par notre fantasmagorie. Ce qui est dit sur les réseaux, n'est jamais dit en face, les yeux dans les yeux. Et qui plus est, ce qui y est écrit, l'est avec une syntaxe de plus en plus pauvre, de sorte qu'on de détecte pas le fond de l'état d'esprit de l'auteur, ni toutes les parenthèses qu'il serait susceptible d'ouvrir. Surtout avec la limite en caractères sur tweeter.
Une opinion n'est jamais courte. Ceux qui me connaissent trouvent souvent mes posts trop long. Une opinion s'explique, se développe, se débat, sinon à quoi peut bien elle servir?

@El Fredo c'est bien d'avoir pensé à cette responsabilité "éditoriale" des réseaux divers. Un éditeur est forcément quelqu'un qui censure par rapport à son étique, ou qui ne censure pas, parce qu'il n'a pas d'éthique.
Jamais une nouveauté technologique n'est restée en souffrance de législation et de norme comme internet, tant dans son contenu que dans sa gestion. Et cela parce qu'internet est mondial, et du coup supplante les législations des états. Les états sont obligés d'accepter internet tel qu'il est, ils n'ont aucun choix (ce n'est pas envisageable de le refuser), et une marge de manœuvre très limitée dans sa régulation. Donc, puisque internet amène ses problématiques qu'on ne peut éviter, cela amène a devenir soi même, en tant qu'état ou individu, une problématique aussi, avec la même férocité que celles que l'on reçoit. Internet n'est pas un lieu d'échange, tout au plus accessoirement, c'est un lieu de conflit, un champ de bataille de l'opinion, alors même que la démocratie devait nous apprendre à vivre l'opinion multiple. C'est un outil formidable du totalitarisme: pour preuve, la démocratie s'y casse les dents, au bénéfice d'un rameutage populiste, protéiforme certes, mais qui est du pain bénit pour les éditeurs dont nous parlions, constituant de fait, une nouvelle forme de totalitarisme transfrontalier, fondé sur l'idée, (qu'on a pas trop de mal à imposer), que chaque citoyen est une république à lui tout seul, avec sa constitution et ses lois. Nous arrivons à la fois au paroxysme de l'individualisme, tout en broutant tous au même râtelier. Singularité frappante, avec son lot de pathétisme. De quoi faire naître nihilisme et misanthropie, qui s'ajouterons aux autres misérabilismes empilés dans les big data.
Je ne vois pas très bien ce que Facebook et confrères ont apporté de vital au monde. Nous avons eu la naïveté de penser, lors des printemps arabes, que la démocratie volait vers la victoire. Mais force est de constater que les vrais sujets vitaux comme sauver l'humanité d'elle même (sur le plan écologique et sociétal) y font "pschitt", et que les vraies victoires via internet sont, jusqu'à ce jour, le terrorisme, le sectarisme, la théorie du complot, et la pornographie ( 40% du contenu des big data). D'aucun me diront que j'exagère, et qu'il y a du beau contenu. Je montrerai alors la belle jambe que ça me fait, et que l'arbre du contenu noble ne cache pas l'énorme tas de fumier qui est derrière, ni fait écran, encore bien moins, de ses effluves. Internet est un réseau ou l'eau potable et les égouts passent par le même tuyau, viennent et partent du même réservoir. A chacun d'avoir son filtre. A chacun de savoir ce qu'il veut boire. Sachant que nous devenons et sommes, ce que nous ingurgitons.

Internet devait nous montrer la diversité, mais nous y cherchons ce qui nous ressemble, en invectivant ce qui ne nous ressemble pas, avec la mêmes mécanismes que le racisme, sans que cela en soit vraiment pour autant. Bien que. C'est nous qui avons un problème. Et l'éditeur s'en fout comme de son premier gigabit, il a un pourcentage sur le prix du tube de dentifrice, comme un parrain qui prend un pourcentage sur toute la créativité de notre narcissisme.

En fait de démocratie, voilà ce que j'en suis à dire.
Modifié en dernier par asterix le 15 déc. 2018, 16:17:27, modifié 2 fois.
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Jeff Van Planet
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Jeff Van Planet » 15 déc. 2018, 15:53:19

El Fredo a écrit :
15 déc. 2018, 12:31:55
YouTube oui très certainement, mais pas Google en tant que moteur de recherche non.
ce n'est pas le sujet, mais j'ai des doutes. Après avoir passé un mois sur Duckducgo je me suis aperçu que google fait le tri dans ses réponses. Essayes de taper des initiales (exemple LFS) si tu fais souvent des recherches sur linux il y a de fortes chances pour que tu trouves en haut de page "Linux From Scratch". Alors que s'ils se limitent à te donner des réponses liées à ces initiales (comme le fait un DDG) tu trouveras pleins de trucs qui n'ont rien à voir. C'est directement lié à ton compte et à tes habitudes de recherches.

Mais j'avoue c'est débattable. En plus ce n'est pas le sujet.
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par El Fredo » 15 déc. 2018, 18:28:09

Oui justement c'est ce qu'on demande à Google, de renvoyer des réponses pertinentes en fonction de l'utilisateur. Sachant que dans le cas d'une recherche Google c'est l'utilisateur qui a l'initiative, alors que dans le cas d'un mur Facebook l'utilisateur est passif puisqu'il reçoit des informations sans avoir à les demander. C'est pour ça que j'insiste pour dire que le moteur de recherche Google n'est absolument pas à ranger dans la catégorie des réseaux sociaux à flux algorithmique.

Et puis sinon, Google est le meilleur moteur de recherche en matière de pertinence, point. Un exemple réel : j'ai un collègue farouchement anti-Google, qui utilise Firefox avec toutes les options de confidentialité activées et Qwant comme moteur de recherche. Autrement dit, Google ne sait absolument rien sur ses centres d'intérêt, son activité professionnelle ou son historique de recherche. Et bien l'autre jour on cherchait une info technique particulière, il tente plusieurs recherches sur Qwant avec différents mots-clés : rien. Je lui dis d'essayer la même requête sur Google, qui lui sort la bonne réponse dans ses 3 premiers résultats.

Bref : ex-nihilo, Google bat à plate couture Qwant même sur des recherches bien ciblées. C'est normal, c'est leur cœur de métier. Si vous ne faites pas confiance à Google pour respecter votre vie privée, utilisez Firefox et faites vos requêtes dans un onglet de navigation privée.
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Jeff Van Planet » 15 déc. 2018, 19:31:40

<<Et puis sinon, Google est le meilleur moteur de recherche en matière de pertinence, point.>> n'ayons aucuns doutes sur la véracité de cette affirmation. Et ce n'est pas ironique.
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Golgoth » 15 déc. 2018, 20:10:24

Les médias font du fake à longueur de temps aussi, par exemple nous vendre le TINA ou casser tous les invités politiques qui ne sont pas de centre droit. Facebook n'est qu'un outil, ce qui est inquiétant c'est l'ignorance crasse des gens sur les bases de l'information : chercher les sources, les diversifier etc...
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Nolimits » 15 déc. 2018, 20:38:30

Golgoth a écrit :
15 déc. 2018, 20:10:24
Les médias font du fake à longueur de temps aussi, par exemple nous vendre le TINA ou casser tous les invités politiques qui ne sont pas de centre droit. Facebook n'est qu'un outil, ce qui est inquiétant c'est l'ignorance crasse des gens sur les bases de l'information : chercher les sources, les diversifier etc...
Quand le "simple outil" est conçu pour pouvoir tromper, influencer, peut-on encore le qualifier de simple outils ? Un pistolet, un flingue ne sont pas de "simple outils".

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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Golgoth » 15 déc. 2018, 21:05:05

Ce n’est pas plus conçu pour tromper que les pubs ou BFMTV.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Nolimits » 15 déc. 2018, 21:10:01

Golgoth a écrit :
15 déc. 2018, 21:05:05
Ce n’est pas plus conçu pour tromper que les pubs ou BFMTV.
Si. Une pub est la même pour tous. FB et consorts t'envoient des informations en fonction de critères plus ou moins connus qui te sont propres, ils peuvent donc brouiller ta vision, te tromper, t'influencer. BFM n'envoie pas d'information ciblée et adaptée à ta personne.

Hector

Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Hector » 15 déc. 2018, 21:30:30

El Fredo a écrit :
15 déc. 2018, 18:28:09
Oui justement c'est ce qu'on demande à Google, de renvoyer des réponses pertinentes en fonction de l'utilisateur. Sachant que dans le cas d'une recherche Google c'est l'utilisateur qui a l'initiative, alors que dans le cas d'un mur Facebook l'utilisateur est passif puisqu'il reçoit des informations sans avoir à les demander. C'est pour ça que j'insiste pour dire que le moteur de recherche Google n'est absolument pas à ranger dans la catégorie des réseaux sociaux à flux algorithmique.

Et puis sinon, Google est le meilleur moteur de recherche en matière de pertinence, point. Un exemple réel : j'ai un collègue farouchement anti-Google, qui utilise Firefox avec toutes les options de confidentialité activées et Qwant comme moteur de recherche. Autrement dit, Google ne sait absolument rien sur ses centres d'intérêt, son activité professionnelle ou son historique de recherche. Et bien l'autre jour on cherchait une info technique particulière, il tente plusieurs recherches sur Qwant avec différents mots-clés : rien. Je lui dis d'essayer la même requête sur Google, qui lui sort la bonne réponse dans ses 3 premiers résultats.

Bref : ex-nihilo, Google bat à plate couture Qwant même sur des recherches bien ciblées. C'est normal, c'est leur cœur de métier. Si vous ne faites pas confiance à Google pour respecter votre vie privée, utilisez Firefox et faites vos requêtes dans un onglet de navigation privée.


Pour ceux qui aiment pisser dans un violon. Moi je n'en ai rien à foutre que Google collecte 3 infos sur moi.

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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Nolimits » 15 déc. 2018, 21:40:18

Ce n'est peut-être pas important pour toi mais a priori pour d'autres ça doit l'être :
- FB a admis avoir décelé aux États-Unis 470 comptes utilisés par des Russes pour attiser les divisions de la société américaine
- 10 à 15 % des comptes actif sur Twitter sont automatisés pour envoyer des messages politiques mensongers
- 400000 robots furent utilisés pendant l'élection américaine
- la société Cambridge Analytica à utiliser les données Facebook pour déstabiliser les partisans d'Hillary Clinton ainsi qu'influencer les partisans du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne
Source: We Demain n°21

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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Golgoth » 15 déc. 2018, 21:45:51

Nolimits a écrit :
15 déc. 2018, 21:10:01
Golgoth a écrit :
15 déc. 2018, 21:05:05
Ce n’est pas plus conçu pour tromper que les pubs ou BFMTV.
Si. Une pub est la même pour tous. FB et consorts t'envoient des informations en fonction de critères plus ou moins connus qui te sont propres, ils peuvent donc brouiller ta vision, te tromper, t'influencer. BFM n'envoie pas d'information ciblée et adaptée à ta personne.
Personnellement je ne regarde jamais les publications suggérées. J’utlise Facebook comme réseau d’echange avec des contacts bien choisis pour avoir une info variée (y compris des fakes mais quand tu connais tes contacts cela vient toujours des mêmes).
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

pierre30
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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par pierre30 » 16 déc. 2018, 08:39:21

Intéressant surtout dans la 2eme partie.
"Gilets jaunes", médias et Internet: les premiers enseignements

L'Internet utilisé par les « gilets jaunes » pour favoriser leur mobilisation et se retrouver entre soi conforte nombre d'entre eux dans leur rejet des médias, ouvrant la porte aux fake news. Par&hellip;

Image



Le mouvement des « gilets jaunes » est parti d'initiatives individuelles en ligne qui ont fini par agréger des soutiens par effet boule de neige. Mais ce mouvement social a rapidement éprouvé le besoin de s'incarner physiquement en occupant l'espace sur l'ensemble du territoire français. Ces occupations physiques sont des lieux efficaces pour être entendus des autorités (stations-service, dépôts pétroliers, péages autoroutiers...). Mais ils sont aussi symboliques. Les ronds points sont souvent situés aux entrées périphériques de villes, dont beaucoup ont été chassés par le surenchérissement du coût des loyers ou des terrains. Les entrées des commerces de grande distribution sont aussi des lieux d'exclusion pour ceux qui aimeraient pouvoir y faire régulièrement leurs courses mais qu'un pouvoir d'achat en berne rend inaccessibles.


S'il y avait beaucoup de choses à dire sur la mobilisation physique des gilets jaunes, nous porterons le focus sur les dimensions numériques du mouvement. En sachant qu'il n'y a pas lieu de les opposer ou de les hiérarchiser. Attention donc aux clichés qui feraient des gilets jaunes un « mouvement Facebook », ou une « révolte 2.0 ».


Exposons donc avec prudence les enseignements qu'on peut tirer de la partie numérique de cette mobilisation singulière.

Les précédents de mouvements sociaux comme Occupy Wall Street ou Los Indignados


La façon dont les gilets jaunes se sont approprié des outils comme Facebook, Twitter, mais aussi Discord, des chaînes YouTube, des messageries cryptées ou tout simplement le moteur de recherche Google pour identifier les terrains de mobilisation, montre que la technologie numérique est devenue un indispensable outil de coordination. À plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un mouvement spontané qui se défie des corps intermédiaires et n'a donc aucune culture organisationnelle préalable. On avait déjà vu cela avec un mouvement comme Les indignés en Espagne ou Occupy Wall Street aux États-Unis en 2011. Pour ce mouvement, les chercheurs comme Anastasia Kavada ont souligné la capacité des réseaux socionumériques :

  • à rassembler rapidement des publics autour de questions vives ;

  • à organiser des mobilisations flash sur une base thématique ;

  • à générer un type d'action collective qui engendre surtout des engagements éphémères des participants.
(....)


Comme le dit le sociologue Baptiste Kotras dans une interview à Mediapart :

« Internet est un espace privilégié pour les gens qui ne peuvent pas faire circuler leurs idées, car personne ne peut les empêcher de parler. Le web apporte une ouverture de l'espace public. »

Il est exact que l'Internet est un espace public alternatif pour ceux qui se vivent comme des invisibles dans les médias. Les gilets jaunes sont nombreux à considérer que les élites les ont oubliés, ou pire, qu'ils les méprisent. Ils sont ces Français qui sondage après sondage, crient que le personnel politique ne se soucie pas de ce que pense les gens comme eux. Dans le baromètre annuel de la confiance politique réalisé par OpinionWay pour le Cevipof, une écrasante majorité de Français se montre désabusée. Chaque année plus de 80 % sont certains que les élus se désintéressent de leur sort.


ImageOpinionWay/Cevipof, décembre 2017


Les récriminations qui pullulent sur les réseaux socionumériques nous permettent d'affirmer qu'une majorité de Français nourrissent les mêmes griefs vis-à-vis des grands médias nationaux. Or il est indéniable que la sensibilité des médias nationaux à la cause des « périphérisés » qui ont de plus en plus de mal à boucler les fins de mois, n'est pas extrême, et ce depuis des années. C'est un vrai problème démocratique et éditorial qui est ici posé.


Le travail journalistique est guidé par une organisation des rédactions et des contenus qui est aussi une organisation du monde. Cela s'appelle les rubriques. Les thèmes sont traités en fonction des rubriques qui correspondent généralement à des services, avec des journalistes plus ou moins spécialisés. Cette organisation aide à appréhender les faits qui surgissent chaque jour, à les filtrer et les hiérarchiser. Dès lors qu'un thème devient récurrent, dominant, il peut s'autonomiser du rubriquage initial pour mériter d'être une rubrique en soi. Le meilleur exemple est la façon dont les questions de construction européenne d'abord traitées dans la rubrique « international » ou « étranger » ont fini, vu leur importance croissante et leur spécificité, par constituer la rubrique « Union européenne ».


On doit constater que le lent déclin des perdants de la mondialisation et la fragilisation de pans entiers de la petite classe moyenne sont restés une révolution plutôt silencieuse. Les médias ne l'ont pas couverte systématiquement mais par à-coups, souvent à l'occasion de la sortie d'un rapport officiel (de l'Insee, de la fondation Abbé Pierre ou ATD Quart Monde, ou lors de l'ouverture annuelle des Restos du cœur). Ils n'ont pas jugé bon de lui octroyer une rubrique qui assurerait une régularité de traitement et marquerait son importance. Ils ont pourtant su le faire pour les questions d'environnement et de réchauffement climatique, traitées désormais dans une rubrique propre.


Les gilets jaunes sont en colère d'être restés des invisibles pour les médias. La résilience de ceux-ci semble en bonne voie puisque la plupart ont ouvert leurs colonnes et leurs plateaux à ces sans-grade, ces oubliés de la prospérité technologique et de la mondialisation. La quête de dignité des gilets jaunes a été entendue, (enfin, diront beaucoup d'entre eux) et les portes des médias leur sont désormais ouvertes afin que chaque Français regarde en face leurs souffrances et ait conscience de leurs situations de vie intenables. Mais cela continuera-t-il après ?

Des commentaires acerbes contre les médias


Dans ce contexte, la colère qui ronge la vie de beaucoup de nos compatriotes a trouvé à s'exprimer non seulement contre les corps intermédiaires (partis, élus et syndicats) mais aussi contre les médias, à commencer par les plus visibles comme les chaînes d'information continue. Les groupes Facebook de gilets jaunes regorgent de dénonciations des médias.


Grâce à l'efficacité de Renaud Boyer, étudiant en communication à l'université Paris 2-Assas, nous avons pu analyser un riche corpus de commentaires acerbes contre les journalistes. On y retrouve l'insulte, l'injure qui vise à dégrader ceux qu'on juge « supérieurs » et donc jugés « arrogants » et « méprisants ». Depuis plusieurs années les réseaux socionumériques accumulent les mot-valise infâmants contre la profession : « journalopes », « merdias » ou encore « prestituée ». Ici aussi.

(...)

ImageHarris Interactive/Télé Star, décembre 2018


Cela conduit à élever le risque de se retrouver confronté à des fake news, des vraies s'entend ! Des contenus factuellement faux, forgés pour avoir une apparence de crédibilité, dans le but de nuire à la cible visée et de manipuler les internautes qui en sont destinataires. On ne compte plus les informations manipulatrices destinées à ternir l'image du Président Macron mais aussi de sa femme. Les rumeurs les plus folles circulent, par exemple sur l'illégalité du mandat du Président puisque la Constitution de 1958 aurait été abolie par décret ! La rapidité de dissémination des contenus sur ces réseaux et le poids des pulsions émotionnelles nous conduisant à liker, partager, retweeter des contenus d'actualité, expliquent ces emballements.

(...)

Par Arnaud Mercier, Professeur en Information-Communication à l'Institut Français de presse, Université Paris 2 Panthéon-Assas


La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation



Article complet sur https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 00978.html

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Re: La démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux

Message non lu par Jeff Van Planet » 16 déc. 2018, 08:46:47

Golgoth a écrit :
15 déc. 2018, 20:10:24
Les médias font du fake à longueur de temps aussi, par exemple nous vendre le TINA ou casser tous les invités politiques qui ne sont pas de centre droit. Facebook n'est qu'un outil, ce qui est inquiétant c'est l'ignorance crasse des gens sur les bases de l'information : chercher les sources, les diversifier etc...
ça c'est une perspective toute relative. Certaines personnes te diront que les médias font passer toute personne qui est contre le "protectionnisme" ou les frontières comme des guignoles. D'autres te diront que tous les journalistes sont des affreux gauchos qui propagent des idées de lute des classes, d'autres te diront que les médias propagent des images pro immigration et forcent le vivre ensemble de gens qui en veulent pas vivre ensemble, d'autres soutiendront mordicus que les médias propagent des idées de haine raciales.

Tout ceci n'est que question de perspective issu d'un fonctionnement normal de notre cerveau: il est en pilote automatique, jusqu'au moment où une information réveille. En général tout ce qui va dans le sens de nos conviction n'est pas une raison pour sortir du mode pilote automatique mais les idées contradictoires le sont. Voilà pourquoi, moi personnellement je vois plus souvent les médias baver devant les frontières et les taxes douanières et toi tu les vois le plus souvent défendre ce que tu définis comme "centre droit".


C'est parfaitement normal il faut juste avoir suffisamment de recule sur soit même pour ne pas prendre ça pour une réalité objective.


En revanche, FB, eux ils font un tri des info pour te distribuer uniquement ce qu'ils veulent, et ça ils le sélectionnent en se basant sur les infos qu'ils collectent sur toi.
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