Somme : le département candidat pour expérimenter le "RSA conditionnel"

[Baltorupec]

Bonjour,

La Somme est candidate au RSA conditionnel. Le président du conseil départemental Stéphane Haussoulier en a parlé avec la Première ministre Elisabeth Borne, il y a quelques jours. Il souhaite que le département puisse expérimenter la réforme promise par Emmanuel Macron durant la campagne pour la présidentielle : contraindre le versement de cette aide, 598 euros par mois (pour une personne seule), à "quinze à vingt heures d’activité" par semaine, dans les entreprises, des collectivités, ou pour une formation, en échange d'un meilleur suivi.

https://www.francebleu.fr/infos/economi ... 1662123269

J'ai rarement vu un gouvernement haïr à ce point les pauvres.

Le gouvernement en bref, veut créer un travail payé en dessous du smic, sans cotisations, bref un travail de serf qui détruira l'emploi légitime. Au delà de ça, je ne sais pas comment un certains nombre de personnes feront pour travailler de façon rentable pour peu que se rendre sur le lieu de travail demande un peu d'argent, surtout avec l'augmentation du prix du carburant, de garder leurs enfants.
Connaissant quelques personnes en situation de handicap qui dépendent du RSA pour vivre en attendant d'avoir leur dossier traité ou d'avoir les diagnostiques posés, cela me parait particulièrement inhumain.

Ce qui est impressionnant c'est que Macron fait passer ce qu'il y a une dizaine d'années même le candidat le plus néolibéral n'aura jamais rêvé de faire passer. Félicitation aux castors pour l'avoir élu.

[merlin]

le président des riches affiche son mépris des pauvres. Cela fait déjà un bout de temps que je le dis.
A part ça il aura bien sur le soutien des droiteux qui partagent le même hbby que macron.

[Camille]

Ce truc va faire pschitt de toute façon. Jamais les bénéficiaires du RSA n'auront un "meilleur suivi". Ca fait des années qu'on nous le promet, mais les structures qui les accompagnent (Pôle Emploi ou organismes privés) sont tellement hors sol que les entreprises ne font pas appel à elles. Mais allez mettre ça dans le crâne des anti-assistanat primaires...

Par contre, est-ce que ça veut dire que les bénéficiaires du RSA auront pour seule contrepartie ces TIG, ou devront-ils en plus se chercher un travail ?

[Yakiv]

La question de faire participer / travailler les personnes sans emploi en contrepartie des aides sociales n'est quand même pas si nouvelle que ça, elle est largement partagée à droite mais pas que, je pense que l'idée fait aussi son chemin à gauche.

[Kadavre]

Par contre, est-ce que ça veut dire que les bénéficiaires du RSA auront pour seule contrepartie ces TIG, ou devront-ils en plus se chercher un travail ?

J'espère qu'il ne s'agit pas de TIG en contrepartie du RSA mais de stages et de formations pour sortir du RSA.

[Camille]

Par contre, est-ce que ça veut dire que les bénéficiaires du RSA auront pour seule contrepartie ces TIG, ou devront-ils en plus se chercher un travail ?

J'espère qu'il ne s'agit pas de TIG en contrepartie du RSA mais de stages et de formations pour sortir du RSA.

C'est très simple : ce sera ou des TIG pour jouer les bouche-trous dans des administrations/des entreprises qui veulent de la main-d'œuvre gratuite (le président du conseil départemental parle du BTP et de la restauration), ou des formations bidons qui ne serviront qu'à faire du perdre du temps et de l'argent (qui ira dans les poches des organismes agréés qui les proposent) comme des ateliers sur la création de CV ou de lettres de motivation même quand on sait en faire. N'espérez pas de formations réellement formatrices (qui permettent d'apprendre un métier)... c'est de toute façon de la compétence de la région, pas du département.

[Kadavre]

Les ateliers sur la création de CV ou de lettres de motivation, ce n'est pas de la formation mais plutôt de l'accompagnement, et ça existe déjà.

Macron avait déclaré pendant la campagne qu'il s'agissait d'actions d'insertion, et que s'il y avait un travail, il serait rémunéré au SMIC horaire.

C'est ce qu'il avait dit dans une interview sur M6 [à 2:50] :

https://www.youtube.com/watch?v=LDmQDR9DR1g

[Camille]

Sachant qu'il change d'avis et de version toutes les semaines, je ne me fierais pas trop à ce qu'il a dit en avril. Par contre, si ce ne sont pas des TIG - et donc de la main-d'œuvre gratuite pour la structure qui accueille la personne - et qu'il y a un contrat derrière comme il le prétend, avec une rémunération au Smic au minimum, alors il n'aura pas inventé l'eau chaude. À charge aux départements de trouver des entreprises qui voudront bien accueillir le bénéficiaire du RSA, en sachant très bien qu'elles peuvent se retrouver avec des gens qui vont aller bosser bon gré mal gré... et donc mal bosser.

Et justement, quand il parle "d'actions d'insertion", ça ne veut pas forcément dire "formations". C'est un terme qui permet d'englober aussi bien des formations professionnelles que des ateliers sans grand intérêt. Je doute qu'on ait envie de payer des formations dignes de ce nom aux bénéficiaires du RSA sans puiser dans leur CPF, s'ils en ont un.

[johanono]

J'ai rarement vu un gouvernement haïr à ce point les pauvres.

Notons que, malgré une promesse électorale d'Emmanuel Macron, aucune réforme destinée à mettre en œuvre la conditionnalité du RSA n'a encore été lancée. Il est même tout à possible que cette réforme ne soit pas lancée de sitôt : ces dernières années, Emmanuel Macron a dit tout et son contraire, il a prouvé qu'il n'a aucun projet politique, il a simplement une conviction vaguement libérale et plutôt européiste, peut-être lui-même ne sait-il pas quelles réformes il lancera durant son second quinquennat, donc rien ne dit que cette réforme du RSA verra le jour.

En l'occurrence, c'est plutôt le président du département de la Somme qui, pour des raisons qui lui appartiennent, éprouve le besoin de communiquer sur cette mesure qui n'a pas encore été lancée par le gouvernement.

[Papibilou]

J'ai des doutes sur la faisabilité de cette mesure.
Néanmoins, on peut penser que les bénéficiaires du RSA qui accepteront quelques heures d'activité bénéficieront de la prime d'activité ( maxi un peu plus de 500 euros pour ube personne seule, si ma mémoire ne me trahit pas) et donc les propos du type "exploitation des pauvres, servage, etc"..sont outranciers.
Si, en plus, cette incitation pousse quelques dizaines de milliers de ces personnes vers l'activité salariée alors que des centaines de milliers d'emplois ne sont pas pourvus, ce ne sera pas forcément une mesure sans intérêt.

[Camille]

La prime d'activité est proportionnelle au nombre d'heures travaillées. Jamais un travailleur à temps partiel ne touchera 500 € pour "quelques heures" d'activité. Il faut toucher pratiquement un SMIC mensuel pour avoir droit à ce montant. De plus, le montant du RSA est largement réduit.

[les orteils]

On peut aussi vouloir mettre un point d'honneur à ne pas être à la charge de la société en apportant sa contribution.

[Yakiv]

Effectivement, au delà des aspects techniques de la mesure qui peuvent toujours se discuter, se pose une question plus fondamentale : est-on oui ou non favorable à une contrepartie travail demandée par l'état pour les chômeurs ?

[Camille]

La question fondamentale se pose avec de nombreuses questions subsidiaires, déjà longuement évoquées. Parce qu'entre l'insertion par le travail et les TIG, la philosophie n'est pas la même.

[les orteils]

En effet. Si une part significative de bénéficiaires du RSA ne sont pas en mesure, pour diverses raisons de travailler, d'autres se contentent de cette situation. Les premiers doivent être suivis par des travailleurs sociaux, les seconds doivent revenir au travail, fut-ce par les TIG.
Il me semble que quand on évoque les emplois non pourvus, beaucoup le sont parce que les gens ne veulent plus de conditions qu'ils jugent difficiles : les plombiers à 2000-2500, c'est courant, mais le métier est fatiguant, salissant. Chauffeur de bus, les horaires sont décalés, enseignant, il faut se coltiner les racailles sans pouvoir s'appuyer sur les parents... Ne pas oublier que les ingénieurs à 2000 €, c'est fréquent.
Avec toutes les mesures sociales, il est tentant pour certains de faire la fine bouche.