Les primaires, mécanisme à double tranchant

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PatJol
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Message non lu par PatJol » 02 janv. 2011, 18:53:00

Primaires : Pas que des avantages

La France découvre le mécanisme des primaires, importé des États-Unis et qui s'impose progressivement comme une évidence.

 

Cette innovation est à double tranchant.

 

Démocratisation : Pour les partis, les primaires sont l'occasion d'un élargissement de leur base militante quand ce sont des primaires ouvertes à tous les électeurs, ou à ceux qui acceptent de signer une charte de valeurs. C'est ce que le PS s'apprête à organiser. A l'heure d'internet, des blogues, forums et vidéos, les structures des partis pourraient sembler vite sclérosées et fermées si elles ne changeaient pas leurs méthodes. L'enjeu est ni plus ni moins de coller à la population qui s'exprime beaucoup plus largement et directement qu'à l'époque de la presse écrite. Les primaires permettent de faire participer la population à l'un des enjeux les plus importants : La désignation des candidats aux élections.

Le revers de la médaille, c'est la perte de pouvoir des partis. Les investitures sont une de leurs principales prérogatives. Si cette désignation leur échappe, comme pour le PS en 2006 avec Ségolène Royal, ils se retrouvent à devoir soutenir un candidat qui n'était pas leur préféré. Pour 2012, il semble que le PS ait décidé de contourner l'obstacle par un accord préalable entre les principaux candidats. Cet artifice permet de garder l'illusion de la désignation démocratique alors que la décision importante, le choix du "gros" candidat aux primaires, échappe aux électeurs.

 

Légitimité : Un objectif des primaires est de légitimer la désignation des candidats. La décision ne venant plus d'en haut, elle n'est plus contestable par la base.

Le problème, c'est si la campagne des primaires structure le parti en deux camps qui s'opposent à un tel point qu'ils ne  peuvent plus ensuite se rassembler derrière le vainqueur.

 

Personnalisation : La démocratisation semble être l'effet principal recherché par les partis de gauche. Mais les partis de droite y voient un autre avantage : la personnalisation. Un candidat désigné par un parti est le candidat d'un parti. Alors qu'un candidat désigné par primaire est plus indépendant de son parti. Sa légitimité ne vient pas des arcanes obscures des partis. Sa personnalité est plus importante que son étiquette.

Ce phénomène, en tous cas dans un premier temps, risque de favoriser la droite face à la gauche. Les hommes politiques de droite s'affichent clairement ambitieux, voulant surpasser leurs concurrents. Les politiques de gauche sont censés être plus collectifs. La gauche a moins la culture du chef, ce qui la handicape déjà régulièrement aux élections présidentielles depuis la Ve République. Les primaires risquent d'amplifier ce handicap de la gauche.
Dans une discussion, le difficile, ce n'est pas de défendre son opinion, c'est de la connaître.
André Maurois

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wesker
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Message non lu par wesker » 03 janv. 2011, 14:01:00

Je crois que ce mecanisme comporte des germes de division au sein des appareils qui n'ont pas cette culture de primaires.

D'aillleurs il est assez consternant de voir des candidats defendre un projet precis, dans le cadre des primaires pour ensuite se voir imposer le projet élaboré par leur formation politique...Quelle est la coherence de ce mecanisme, et surtout son efficacité ?

PatJol
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Message non lu par PatJol » 03 janv. 2011, 14:30:00

Le problème du projet est un grave souci du PS. Il peut toujours définir ce qu'il veut, si c'est avant la désignation du candidat ça ne sert pas à grand-chose.
Dans une discussion, le difficile, ce n'est pas de défendre son opinion, c'est de la connaître.
André Maurois

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wesker
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Message non lu par wesker » 03 janv. 2011, 14:51:00

Tout à fait....D'ailleurs la longévité des primaires ainsi que le mécanisme de designation renforce la personnalité au detriment du projet....C'est pourtant sur les grandes lignes et la crédibilité de ce dernier que se construisent, en partie, les réussites électorales.

A l'heure où la France traverse l'une des crises les plus graves de son histoire et où elle subit l'absence de presidence les français attendent une vision, des orientations clairement établies....Et non l'expression de sensibilités, de personnalités....

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johanono
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Message non lu par johanono » 03 janv. 2011, 22:30:00

On ne peut pas dissocier le candidat et le projet, dire qu'il faut avoir un projet avant d'avoir un candidat ou inversement. Le projet et le candidat sont indissociables. On n'a jamais vu une idée se balader toute seule dans la rue. Un projet politique ne vaut qu'en étant incarné, porté, par quelqu'un. Si Sarkozy a su s'imposer à droite il y a quelques années, c'était parce qu'il était porteur d'un projet politique, dont on pense ce qu'on veut, mais qui était réel (la fermeté en matière d'insécurité, la revalorisation de la valeur travail, le volontarisme politique, etc.), qui tranchait avec le chiraquisme et qui l'a rendu populaire. Au PS, personne n'est capable pour l'instant de s'imposer grâce à un projet. Et c'est tout le problème. Car la question des primaires, en fin de compte, est assez secondaire. Si le PS avait un leader naturel, personne ne parlerait des primaires. Si on parle des primaires, c'est parce que ce leader naturel n'existe pas.

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wesker
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Message non lu par wesker » 04 janv. 2011, 13:43:00

Je suis assez d'accords avec cette analyse.....Encore que la situation au PS est complexe en ce sens que les personnalités defendent des lignes idéologiques assez éloignées qui auront du mal à faire preuve de cohesion et de coherence durant la dure campagne des présidentielles.

Sarkozy, c'est probable, sera le candidat naturel de la droite mondialiste et ultra libérale et se refusera à tout débat surtout en matière économique et diplomatique, par conséquent pour réussir il faudra mettre en avant une vision alternative de la société. C'est ce que les socialistes sont incapables de faire pour le moment.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 04 janv. 2011, 15:24:00

Le PS a toujours et été traversé par des courants de pensée marquant des différences assez notables de vision de la société socialiste. Ce sont ces échanges transcourants aboutissant à un effort de synthèse qui constituaient le programme d'un candidat socialiste. Malheureusement aujourd'hui la personnalisation du pouvoir l'emporte sur la conduite d'un projet de société. le candidat donne sa vision de la France comme si elle pouvait être la Nation d'un homme seul incarnant tout le Pays . Justement le "projet" de l'Homme seul Sarkozy qui voulait découper la France à son image, s'est heurté aux Français. C'est ce qu'il adviendra de toutes les autres personnalisations qui croient pouvoir régner en roi républicain contre le peuple qui les met sur le trône de France pour y faire acte de démocratie républicaine. Même De gaulle et Mitterransd s'en sont rendus compte quand ils ont méprisé leurs électeurs. Sarkozy  a été plus vite: à peine trois ans avant de se révéler comme il est. Alors vouloir attendre des candidats - primaire ou non - un programme pour se faire élire, c'est s'exposer très rapidement à l'impossibilité de le voir mis en place.
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Message non lu par KALIKO » 04 janv. 2011, 17:33:00

La politique finit par ennuyer l'intégralité des votants.
Des primaires ça va réjouir et faire jaser. Nous aurons là une autre occasion de vérifier la petitesse de ces personnages.
PAS MORT ?... PLUS FORT !

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Message non lu par johanono » 05 janv. 2011, 13:12:00

GIBET a écrit : Le PS a toujours et été traversé par des courants de pensée marquant des différences assez notables de vision de la société socialiste. Ce sont ces échanges transcourants aboutissant à un effort de synthèse qui constituaient le programme d'un candidat socialiste. Malheureusement aujourd'hui la personnalisation du pouvoir l'emporte sur la conduite d'un projet de société. le candidat donne sa vision de la France comme si elle pouvait être la Nation d'un homme seul incarnant tout le Pays . Justement le "projet" de l'Homme seul Sarkozy qui voulait découper la France à son image, s'est heurté aux Français. C'est ce qu'il adviendra de toutes les autres personnalisations qui croient pouvoir régner en roi républicain contre le peuple qui les met sur le trône de France pour y faire acte de démocratie républicaine. Même De gaulle et Mitterransd s'en sont rendus compte quand ils ont méprisé leurs électeurs. Sarkozy  a été plus vite: à peine trois ans avant de se révéler comme il est. Alors vouloir attendre des candidats - primaire ou non - un programme pour se faire élire, c'est s'exposer très rapidement à l'impossibilité de le voir mis en place.
GIBET
L'UMP aussi est traversée par des courants de pensée. Entre les centristes de l'ancienne UDF, les gaullistes de l'ancien RPR et les libéraux de l'ancienne DL, il y a autant de différences qu'entre Hamon et DSK. La différence, c'est qu'à droite, on a moins de mal à se ranger derrière chef et on n'éprouve moins le besoin de faire vivre les courants et s'exprimer les différences. La droite est beaucoup plus à l'aise que la gauche avec les notions d'autorité et de chef.

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Message non lu par wesker » 05 janv. 2011, 14:01:00

Je rejoints GIBET sur son analyse....Effectivement le mépris du peuple qui caractérise cette Presidence se heurte aux reticences des français. Chacune des personnalités politiques devraient se rappeler qu'au delà des appareils ils se voient dotés d'une légitimité au travers la confiance que les français leur accorde et non les appareils qui parfois poursuivent des objectifs différents des attentes et des engagements auxquels les français croient.

C'est pourquoi d'ailleurs la personnalisation du candidat et du projet reste necessaire au niveau de la coherence mais présente ses limites lorsqu'il faut convaincre les français qu'une personnalité peut defendre et incarner un projet trop éloigné des valeurs et des convictions dont elle se targue.

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