Paris: Le bilan de dix ans de B. Delanoë

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politicien
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Message non lu par politicien » 18 mars 2011, 08:17:00

Bonjour,
Une page d’Histoire s’est tournée il y a dix ans. Le dimanche 18 mars 2001, la "gauche plurielle", emmenée par un certain Bertrand Delanoë, s’emparait de la mairie de Paris, après un siècle de domination de la droite. Sur le parvis de l’Hôtel de ville, plusieurs milliers de parisiens faisaient tinter joyeusement leurs clés comme symboles de la "nouvelle ère" annoncée. Un scénario inimaginable quelques mois plus tôt quand Dominique Strauss-Kahn, puis Jack Lang, étaient annoncés pour mener la bataille dans le fief chiraquien. Mais ce jour-là le "Petit Chose" - son surnom à l’époque - qui fut accueilli en héros par la foule.  Une décennie plus tard, alors que ses partisans organisent des fêtes d’anniversaire, Bertrand Delanoë joue la modestie: "Ce moment n’est pas pour moi une célébration, mais un point d’étape, l’occasion de porter un regard lucide sur Paris, pour nous projeter dans l’action et continuer de lui donner un sens. Depuis dix ans, Paris s’est mis en mouvement, mais il reste beaucoup à faire", déclare-t-il au JDD.  En 2001, dans son "Contrat d’alternance", le candidat socialiste avait énuméré ses priorités: "Restaurer l’éthique, redonner une place à l’enfant, mobiliser des moyens inédits contre la pollution ou affirmer le droit de tous à la sécurité." Aujourd’hui, à l’heure du bilan d’étape, ses fidèles se montrent particulièrement élogieux et ses adversaires très critiques.   Paris a changé… en mieux.
Les deux camps jugent que Paris a changé en dix ans. Mais pas dans le même sens. Anne Hidalgo, la première adjointe (PS) et héritière désignée, loue la "transformation profonde" d’une ville "plus dynamique, plus attractive, plus juste et plus démocratique". Annick Lepetit, députée PS du 18e, retient l’avènement de la "démocratie de proximité" et le "nouveau rapport à la banlieue". Jean-Marie Le Guen, député PS du 13e, concède que Delanoë "a amorcé une rupture, un changement d’époque".  Chez les Verts, Yves Contassot, le chef de file en 2001, se félicite de la "moralisation" de l’Hôtel de Ville et de la "disparition des frais de bouche"; mais il ne cache pas une certaine déception: "Pendant le premier mandat, il a fait croire qu’il était écolo. Dès 2008, débarrassé des Verts, il a fait marche arrière en relançant les tours, les 'objets architecturaux', les bureaux, Autolib' l’abattage des arbres..." L’élu Vert concède toutefois qu’"il n’y a pas photo" avec les mandatures RPR.  Paris a changé… en pire.
A droite, Jean Tiberi, député-maire UMP du 5e, considère que son successeur a "poursuivi [sa] politique, mais en tombant dans l’excès": "C’est moi, dit-il, qui ai fait voter le principe du tramway, les premières pistes cyclables [150 km] ou le nouvel équilibre entre les voitures et les piétons. Mais sans opposer les uns aux autres." Le député UMP du 16e Bernard Debré, lui, décrit une "administration au fil de l’eau, sans grande vision, flétrie", qui contraste, selon lui, avec la "superbe" de l’époque Chirac, "l’esprit pionnier, visionnaire et bâtisseur". De son côté, Philippe Goujon, député-maire du 15e et président de la fédération UMP de Paris, constate que "la qualité de vie des Parisiens s’est globalement dégradée. Delanoë a négligé leurs préoccupations immédiates au profit d’actions spectaculaires susceptibles de servir sa gloire personnelle."   Les succès incontestés.
Au chapitre des succès, personne ne conteste le coup de maître de Vélib’. Le système de vélos en libre-service revendique aujourd’hui 18.200 Vélib’ en circulation et 75 millions d’utilisateurs depuis son installation en juillet 2007. De même, Paris-Plage et Nuit Blanche ont beaucoup contribué au rayonnement international de Paris… et de son maire. Personne n’oserait les remettre en cause. Autres réussites, moins éclatantes mais toutes aussi manifestes: la résorption de l’habitat insalubre (1.036 immeubles identifiés et traités); la remunicipalisation de la gestion de l’eau, qui devrait faire baisser les prix de 5 à 10% en 201; ou encore la création - certes encore insuffisante - de 7.400 places en crèche.   Les aspects négatifs du bilan qui suscitent peu de débats.
L’échec le plus retentissant reste le naufrage, en 2005, de la candidature de Paris aux JO de 2012, au profit de Londres; adieu les investissements colossaux de l’Etat. La droite conspue aussi l’augmentation des impôts locaux en 2009 et 2010: "Une pression fiscale massive et sans précédent", selon Goujon, alors que l’emballement du marché immobilier rapportait près d’un milliard d’euros par an dans les caisses de la mairie. La municipalité socialiste rétorque que la taxe foncière et la taxe d’habitation restent plus faibles à Paris qu’à Marseille, Lyon ou Bordeaux… oubliant que le coût de la vie est beaucoup plus élevé à Paris. Quant à la propreté, la droite n’a pas de mots assez durs pour fustiger la "saleté des rues". Anne Hidalgo répond que "des progrès ont été réalisés", mais qu’il "reste encore beaucoup à faire sur le civisme".   Circulation et grands chantiers, interprétations divergentes.
Si le tramway des Maréchaux - bien que très coûteux - semble plutôt bien accepté, la droite parisienne dénonce la "politique anti-voiture", les couloirs de bus protégés et les embouteillages. "Paris est devenu incirculable", estime Bernard Debré. À gauche, on assume au contraire la réduction de 24% le nombre d’automobiles en circulations, l’espace "rendu aux piétons" et la "diminution des gaz à effet de serre". Question de point de vue.  De même, les grands chantiers - les Halles, la ZAC Paris Nord-Est, Clichy-Batignolles, le Centquatre, le stade Jean-Bouin, la fondation LVMH dans le bois de Boulogne…– incarnent tantôt des "dépenses faramineuses et mégalomanes", tantôt une "ville qui bouge", une "audace architecturale qui arrive enfin", selon l’architecte Roland Castro. Quelque 10% du territoire parisien a été "mis en chantier" depuis 2001.   Logement, sujet majeur.
La gauche revendique un bilan positif et se targue d’être en passe d’atteindre les 20% de logements sociaux en 2014. "Jamais on n’avait produit autant de logements sociaux à Paris, précise Anne Hidalgo. En plus, on s’attache à la qualité urbaine, à la beauté des bâtiments. C’est une nouvelle façon de fabriquer la ville, qui tient compte de la mixité sociale et fonctionnelle." Pas impressionné, Tiberi affirme que "la mairie peut financer de nombreux logements sociaux grâce aux subsides de l’Etat. Moi, quand j’étais maire, le gouvernement socialiste m’a très peu aidé".  Pour autant, Delanoë n’est pas parvenu à empêcher l’explosion des prix de l’immobilier (+146% en dix ans), qui chasse peu à peu les classes moyennes de la capitale. "On n’a pas réussi à enrayer la spéculation immobilière, l’embourgeoisement de Paris et les inégalités territoriales", déplore Ian Brossat, président du groupe communiste. A droite, Goujon voit dans cette crise "l’échec numéro un de Delanoë". L’UMP martèle que les classes moyennes ont été "sacrifiées".   Paris, ville attractive pour les entreprises ?
La question économique donne lieu également à des divergences d’analyse. La Mairie indique que la ville est plus attractive: la capitale accueillerait 350.000 entreprises actives, contre 280.000 en 2001. Pour Pierre-Antoine Gailly, président de la chambre de commerce de Paris, "incontestablement, on vit mieux à Paris depuis dix ans. On respire mieux, la ville est mieux équipée en crèches, en écoles… Cependant, je note un léger décrochage économique: on crée moins de richesses et moins d’emplois à Paris que dans le reste de l’Île-de-France." Il pointe des moyens de transport "pas optimums" et la crise immobilière qui "éloigne les salariés des entreprises parisiennes". Pourtant, le nombre de créations d’entreprises s’est accru de 11,2% en dix ans: 26.370 en 2010 (51.799 en comptant les auto-entrepreneurs), contre 23.400 en 2000. Et le taux de chômage a baissé à Paris (8,7% fin 2010), alors qu’il a augmenté en France (9.3%). Enfin, avec 28 millions de touristes en 2010 (26 millions en 2001), Paris reste la première destination du monde.     Neuf Parisiens sur dix se disent "satisfaits" de vivre à Paris. Et 67% estiment que Bertrand Delanoë a accompli un bon - voire un excellent - travail depuis 2001. Les sympathisants de droite sont même 42% à porter un jugement favorable sur le travail du maire socialiste (88% à gauche). Les résultats du sondage Ifop réalisé cette semaine pour le JDD, à l'occasion des dix ans de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, sont éloquents. Une véritable ovation.

"Après dix ans de pouvoir, on ne constate aucune usure, note Frédéric Dabi, directeur du département opinion à l'Ifop. Au contraire, Delanoë rassemble très fort à gauche, y compris chez les Verts, et sa capacité à mordre au centre est intacte." 68% des sondés s'avouent "satisfaits" de leur maire (89% à gauche, 43% à droite). Plus les Parisiens sont jeunes, plus leur satisfaction est grande (81% des moins de 35 ans). Et un Parisien sur deux trouve que Paris évolue plutôt bien depuis 2001 alors que 36% pensent le contraire.   Le Jdd.fr

 
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Message non lu par FIFE » 18 mars 2011, 08:21:00

Dix ans avec de plus en plus d'embouteillages, des sens uniques n'importe où et qui n'arrivent nulle part, un tramway inutile , qui fait du bruit plus que les autobus qu'il remplace, de moins en moins de possibilités de stationner (tout le monde n'a pas les moyens de mettre 120 euros par mois dans une place de parking), bref, une calamité pour moi, ce Delanoé.

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Message non lu par El Fredo » 18 mars 2011, 09:25:00

Pas impressionné, Tiberi affirme que "la mairie peut financer de nombreux logements sociaux grâce aux subsides de l’Etat. Moi, quand j’étais maire, le gouvernement socialiste m’a très peu aidé".
J'adore la mauvaise foi de Tibéri : sur 6 ans de règne (1995-2001) il a connu 2 ans de gouvernement de droite (sous la présidence de son pote Chirac en plus), alors que Delanoë n'a connu en 10 ans qu'une petite année de gouvernement socialiste.
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Message non lu par Vilaine » 18 mars 2011, 12:01:00

FIFE a écrit : Dix ans avec de plus en plus d'embouteillages, des sens uniques n'importe où et qui n'arrivent nulle part, un tramway inutile , qui fait du bruit plus que les autobus qu'il remplace, de moins en moins de possibilités de stationner (tout le monde n'a pas les moyens de mettre 120 euros par mois dans une place de parking), bref, une calamité pour moi, ce Delanoé.
Sans compter que dans certains bus de certaines lignes, t'as l'impression d'être un étranger !
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Message non lu par johanono » 18 mars 2011, 13:13:00

Il se dit que Delanoë a inventé les embouteillages la nuit à Paris. Remercions-le pour cette magnifique avancée écologique...  icon_mrgreen

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