http://www.lepoint.fr/societe/grandes-e ... -concours-…Grandes écoles : l'Élysée organise un concours parallèle réservé aux juifs pratiquants
Le Point.fr
Des établissements prestigieux ont été sommés d'adapter leurs épreuves écrites prévues en pleine Pâque juive.
Selon le site Mediapart, l'Élysée a demandé à ce que des épreuves parallèles aux concours de certaines grandes écoles soient organisées à destination de candidats juifs pratiquants. En effet, les dates du concours commun Mines-Ponts, mais aussi de ceux de certaines écoles de commerce ou encore de l'ENS Cachan, se déroulent au moment de la Pâque juive, la semaine prochaine. L'organisation proposée par le Château est particulièrement abracadabrantesque : les candidats concernés devant rester confinés toute la journée du 20 avril au moment officiel de l'épreuve jusque dans la nuit où ils pourraient à leur tour composer. Rebelote le 26 avril. Le scénario est tordu. La publicité de ce concours réservé aux juifs pratiquants étant inenvisageable, on se demande bien comment les personnes intéressées auraient pu être averties, sauf par les autorités religieuses.
La semaine dernière, une source dans le milieu des grandes écoles avait alerté Le Point.fr de pressions qu'elle subissait pour organiser une telle session d'épreuves. Contrairement à ce qu'affirme Mediapart, la demande émanait bien de la communauté juive. Le rabbin Haïm Korsia, aumônier général de l'armée de l'air et proche de Nicolas Sarkozy, a utilisé son entregent pour faire avancer sa cause. Nous l'avions eu au téléphone la semaine passée, mais il avait nié le rôle de l'Élysée en la matière, se contentant de reconnaître avoir demandé un changement de date qu'on lui aurait refusé. "C'est le prix à payer pour sa foi", avait-il conclu. Sollicités aussi par Le Point.fr, les organisateurs du concours Mines-Ponts, la direction de Supélec, comme celle de l'école d'ingénieurs ENSTA avaient soit refusé de répondre aux questions, soit nié les interventions élyséennes.
D'après Mediapart, c'est un haut fonctionnaire du ministère de l'Enseignement supérieur, choqué du procédé, qui a révélé l'intervention de la Présidence de la République.
L'article de Médiapart est beaucoup plus complet mais comme il fait cinq pages je ne l'ai pas copié ici. Extraits :
Les organisateurs des deux concours ont ainsi appris en début d'année que le chef de l'Etat souhaitait un dispositif secret et hors norme. La demande était la suivante. Les fêtes de la Pâque juive (la fête de Pessah) durent du 18 avril au soir jusqu'au 26 avril. Le chef de l'Etat a fait valoir qu'il aimerait qu'une solution soit trouvée pour que les étudiants juifs pratiquants qui le souhaitent n'aient pas à concourir dans la journée du 20 avril, dans le cas du concours commun, et dans la journée du 26 avril, pour Centrale et Supélec.
Le bon fonctionnement républicain aurait voulu que l'Elysée ne défende pas une telle position. Ces dates ne figurent pas en effet dans la circulaire qui fixe les dates religieuses réservées. En Israël, ces deux dates ne sont pas plus fériées : seul, le premier jour de la Pâque juive est férié, soit le 19, mais pas le second, le 20 avril (début du concours commun), et pas plus le 26 avril. Si une telle demande avait été adressée au chef de l'Etat, l'Elysée aurait donc pu faire valoir que c'était strictement impossible. D'autant que les dates de ces concours chevauchent aussi d'autres dates religieuses symboliques, pour d'autres cultes : le concours commun se déroule ainsi jusqu'au 22 avril, qui correspond pour les catholiques au vendredi saint ; lequel vendredi est aussi chaque semaine un jour de prière important pour les musulmans.
Ahurissant aussi, parce que le système contrevient aux principes de la laïcité et de l'égalité des candidats. Dans toutes les écoles concernées, cela a été un tollé d'indignation. Et, selon nos informations, tous les organisateurs des concours n'ont accepté de mettre ce dispositif en place qu'à la condition d'en recevoir l'ordre écrit.
Quoi qu'il en soit, c'est un engrenage que le chef de l'Etat a enclenché. D'abord, parce qu'il n'évitera pas les controverses. Deuxio, les risques de recours devant le Conseil d'Etat seront d'autant plus forts. C'est le diagnostic des juristes qui ont été consultés par le ministère de l'enseignement supérieur : en cas de contestation devant le Conseil d'Etat, les risques d'annulation de l'épreuve sont très forts. En quelque sorte, c'est toute une année de travail de milliers et de milliers d'étudiants en classe préparatoire qui pourrait alors être mise en cause, du fait d'un caprice de l'Elysée.
http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... oup-de-l-e…Ce faisant, Nicolas Sarkozy joue avec le feu. Rompant avec les règles et les valeurs de la République, et faisant mine d'avantager secrètement une communauté – qui ne lui a rien demandé, étant entendu que, s'il est bien à l'origine de cette demande, le rabbin Haïm Korsia ne saurait prétendre la représenter à lui seul –, le chef de l'Etat prend le risque d'alimenter en retour des stigmatisations, sinon même l'antisémitisme. Au sens propre comme au sens figuré, il empoisonne la vie publique. Pour plaire à un protégé du Château...
Car Mediapart a aussi interrogé le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), et la réponse que nous avons obtenue est conforme à ce que plusieurs hauts fonctionnaires nous avaient indiqué auparavant : le Crif n'a jamais formulé une demande de ce type. Comme toutes les organisations représentant la communauté juive, il sait qu'il s'agirait d'une demande aux effets pervers. Un cadeau indésirable! Selon Richard Prasquier, président de cette organisation, il est important que des étudiants talentueux ne soient pas pénalisés à cause du culte qu'ils pratiquent, mais le patron du Crif ne justifie pas le système de secret qui a été dans le cas présent retenu.
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Qu'en pensez-vous ?
Personnellement ça ne m'étonne pas du tout connaissant un peu le président que nous nous farcissons depuis trop longtemps. L'article de Mediapart révèle qu'un tel dispositif n'a pas été mis en place depuis plus de 20 ans, sous le règne de Mitterand. Le "fait du prince" est bien une pratique partagée par ces deux présidents en qui je ne cesse de voir une filiation.