La majorité multiplie les petits gestes en faveur du pouvoir

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politicien
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Message non lu par politicien » 15 avr. 2011, 11:23:00

Bonjour,


Après la séquence "identitaire", qui s'est conclue sur l'échec du débat sur l'islam et la laïcité, la majorité opère un virage sur l'aile et multiplie les annonces et les mesures sociales. Quitte à faire dans l'approximation.  L'aile modérée de l'UMP réclamait depuis plusieurs semaines de "revenir sur ce qui intéresse les électeurs : l'emploi, la réussite des jeunes et le pouvoir d'achat", selon les mots du lieutenant de Jean-Louis Borloo, Laurent Hénart. Une injonction entendue par l'Elysée et le gouvernement, qui s'emploient à rassurer l'opinion sur des symboles.    Energie : des hausses reportées à plus tard. Immédiatement visible par les Français, la hausse du prix du gaz et de l'électricité a été modérée. Malgré les demandes d'EDF, qui voulait augmenter ses tarifs plus fortement, le gouvernement a limité à 2,9 % la hausse des prix de l'électricité d'ici au 30 juin 2012, soit un mois après la présidentielle.   Les tarifs du gaz, qui ont augmenté de 5 %, pourraient quant à eux être gelés pour un an, même si une nouvelle hausse n'est pas exclue à terme. Le gouvernement réfléchit par ailleurs à une modification du barème de calcul. Une volte-face : le barème a été modifié voilà seulement un peu plus d'un an avec la fixation du nouveau contrat de service public de GDF-Suez pour la période 2010-2013.    Essence : petit coup de pouce aux professionnels. Hostile à tout encadrement des prix à la pompe ou modification de la fiscalité des groupes pétroliers, le gouvernement a toutefois fait un geste face à l'envolée des prix de l'essence. La filière pétrolière sera mise à contribution à hauteur de 115 millions d'euros pour financer une revalorisation du barème kilométrique des contribuables.   En 2008, Matignon avait déjà puisé dans les profits des pétroliers pour financer une prime à la cuve à destination des ménages se chauffant au fioul. Une mesure supprimée l'année suivante. Cette fois, ce sont les professionnels qui sont ciblés : le barème kilométrique concerne les contribuables aux frais réels, qui effectuent de longs trajets à bord de leur véhicule.   L'Etat évoque cinq à six millions de contribuables potentiellement bénéficiaires de cette mesure, qui verront le barème kilométrique augmenter de 4,6 %. Mais pour l'UFC-Que Choisir, cette mesure "insignifiante" ne devrait aboutir qu'à un gain moyen de moins de 20 euros par bénéficiaire. Le système choisi exclut par ailleurs les personnes ne payant pas d'impôts.    Alimentation : un "panier des essentiels" sans engagement. Corollaire de la hausse des matières premières : la valse des prix touche aussi l'alimentation. Pour y faire face, le gouvernement a lancé, sous l'égide de Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat à la consommation, un appel à la grande distribution, pour que celle-ci propose une série de produits "de base" (viande, poisson, fruits et légumes...) à bas prix.Une opération baptisée "le panier des essentiels".   Mais outre que les enseignes de grande distribution n'ont pas attendu le gouvernement pour prendre acte des difficultés de pouvoir d'achat et proposer des produits de marque distributeur, l'opération est basée sur le volontariat et n'est assortie d'aucune contrainte ou obligation, ce qui rend les associations de consommateurs pour le moins sceptiques quant à son efficacité.    Salaires : une "prime exceptionnelle" aux contours flous. Dernière idée en date, celle d'une "prime exceptionnelle" aux salariés. C'est le ministre du budget, François Baroin, qui a lancé cette proposition. Reprenant les discours de Nicolas Sarkozy depuis 2009 sur le nécessaire partage de la valeur ajoutée, il souhaite que les entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires donnent également une prime à leurs salariés.   Pour le ministre, cette prime serait "au minimum de 1 000 euros". Il annonce également que le dispositif sera inscrit au collectif budgétaire dès le mois de juin. Reste à définir les modalités d'application d'une telle mesure, pour le moins floue : sera-t-elle obligatoire ? Y aura-t-il un seuil de déclenchement, ou s'appliquera-t-elle dès le premier euro de dividende versé aux actionnaires ?   Le Medef a déjà fait savoir son opposition à une telle mesure, qui risque en outre de s'appliquer inégalement et d'avantager les salariés de grands groupes au détriment de ceux qui travaillent dans de plus petites entreprises, et ceux qui travaillent dans une entreprise qui réussit au détriment de ceux dont l'employeur connaît des difficultés.  Le monde.fr
  
Qu'en pensez vous ? Stratégie électorale ? Ou le retour en force de l'aile modérée de l'ump ?

A plus tard,
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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 15 avr. 2011, 11:50:00

Des hausses reportées à plus tard: cela fait partie de la batterie de mesures destinées à ne pas fâcher l'électorat avant les présidentielles.
Alimentation: des produits de me... à bas prix, merci pour l'idée, mais ça existe déjà (marque top budget par exemple).
Prime exceptionnelle: on a vu que c'était de la branlette.

Bref, de l'esbroufe sociale de droite.

Emmanuel
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Message non lu par Emmanuel » 15 avr. 2011, 12:51:00

Moi je dis, tant mieux. Sarkozy nous avait promis du pouvoir d'achat avant 2007, et bien il s'exécute, je trouve ça bien. Le retour en force de l'aile modérée UMP ? Tant mieux, il faut arrêtez la droitisation...
Si ça continue, je vais voter Sarkozy au 2nd tour...

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wesker
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Message non lu par wesker » 15 avr. 2011, 13:14:00

J'estime surtout qu'en période électorale, les gouvernants mettent en oeuvre des mesures dont ils annonçaient l'irréalisme, et l'infaisaibilité quelques mois auparavant.

Je ne suis pas certain, au vu de la prise de conscience du peuple français sur ces manoeuvres, que cela suffise à effacer des égarements comportementaux et des choix économiques dont les travailleurs ont eu à subir durant 4 ans.

Georges
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Message non lu par Georges » 15 avr. 2011, 13:33:00

Emmanuel a écrit :Moi je dis, tant mieux. Sarkozy nous avait promis du pouvoir d'achat avant 2007, et bien il s'exécute, je trouve ça bien. Le retour en force de l'aile modérée UMP ? Tant mieux, il faut arrêtez la droitisation... Si ça continue, je vais voter Sarkozy au 2nd tour...
Je ne vois rien dans ce projet quelque chose qui améliorerait la vie des plus démunis.

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 15 avr. 2011, 14:06:00

Moi non plus. Et Emmanuel semble oublier que Sarko n'est pas vraiment l'ami des infirmiers...

lancelot
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Message non lu par lancelot » 15 avr. 2011, 14:45:00

Il a surtout rien compris. (normal il est de droite ...  icon_biggrin )

je ne vois aucune amélioration dans le pouvoir d'achat dans les pseudos mesurettes. C'est  : ou un effet d'annonce pour éviter la colère (on repousse des augmentations mais on ne les annule pas) ou de vagues suppositions qui n'ont aucune chance d'aboutir ou encore une stupidité pour les frais kilométriques tellement c'est dérisoire.

La droite jeune se contente de peu  .... elle est finalement aussi médiocre que son président.

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Message non lu par Nombrilist » 15 avr. 2011, 15:04:00

"on repousse des augmentations mais on ne les annule pas"

C'est beaucoup plus sournois que ça Lancelot. C'est: on augmente les prix en douce et deux mois après, on dit qu'on les gèle pour un an. Et tout le monde gobe. C'est-y pas fortiche ça ?

Emmanuel
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Message non lu par Emmanuel » 15 avr. 2011, 16:29:00

Snif, j'avais écrit un truc de 10 pages, et ma connexion internet a coupé... J'argumentais chaque mesure... Enfin bon, inutile de recommencer, vous êtes trop entêtés vous pauvres malheureux de gauche...

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Message non lu par Nombrilist » 15 avr. 2011, 18:12:00

Fais nous un résumé en 10 lignes, ça suffira.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 15 avr. 2011, 18:24:00

Nombrilist a écrit : Fais nous un résumé en 10 lignes, ça suffira.
icon_biggrin
Emmanuel a écrit : Snif, j'avais écrit un truc de 10 pages, et ma connexion internet a coupé... J'argumentais chaque mesure... Enfin bon, inutile de recommencer, vous êtes trop entêtés vous pauvres malheureux de gauche...
Quel dommage je n'ai pas eu ma dose de rire aujourd'hui,je te promets un grand destin humoristique si tu suis cette voie icon_biggrin

lancelot
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Message non lu par lancelot » 15 avr. 2011, 22:12:00

Emmanuel a écrit : Snif, j'avais écrit un truc de 10 pages, et ma connexion internet a coupé... J'argumentais chaque mesure... Enfin bon, inutile de recommencer, vous êtes trop entêtés vous pauvres malheureux de gauche...
Pour argumenter, mon cher manu, encore faudrait il que les mesurettes annoncées soient des décisions et non  pas des propositions qui n'ont aucune chance de voir le jour.

pour les propositions, c'est à l'opposition de les faire. Le Gvt lui est en charge de prendre des décisions, et il en a les moyens , mais il ne le fait pas. pour un parti qui nous annoncait une républiK exemplaire et la fin de la langue de bois ... c'est tout de même un peu juste.

Finalement, ces dix pages censurées, faute de maitrise de l'info  ( a moins que des agents soviétiques de l'edf t'aient coupé le courant sur ordre du KGB) c'est plutot bon pour toi. Je penses que tu te serais couvert de honte ....

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Message non lu par El Fredo » 15 avr. 2011, 22:44:00

Globalement ces mesures c'est de la couille en barre, surtout la prime. 99% des travailleurs n'en verront jamais la couleur, et les autres en touchent déjà.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 16 avr. 2011, 01:33:00

Emmanuel a écrit : Moi je dis, tant mieux. Sarkozy nous avait promis du pouvoir d'achat avant 2007, et bien il s'exécute, je trouve ça bien. Le retour en force de l'aile modérée UMP ? Tant mieux, il faut arrêtez la droitisation...
Si ça continue, je vais voter Sarkozy au 2nd tour...




Cet avis est très "optimiste " a en croire l'économiste Nicolas BOUZOU. La timidité des mesures actuelles renforce encore l'impression que ceux qui nous gouvernent ignorent l'importance du dérapage des classes les plus modestes et leur situation réelle. Alors la taille des mesures donne plus l'impression de mépris charitable que de véritable aide économique. Quand aux classes moyennes , elles n'ont pas fini de faire les frais des efforts demandés.

Dans un chat sur LeMonde.fr, l'économiste Nicolas Bouzou, auteur du "Chagrin des classes moyennes" (Ed. JCLattès) note l'absence de primo-accédants, à Paris : "c'est une bombe politique".

Nicolas : Que pensez-vous de la méthode de calcul du taux d'inflation en France ? Donne-t-elle une indication fidèle de la hausse des prix ?
Nicolas Bouzou[/url] : Oui. La méthode est la même pour quasiment tous les instituts de statistiques au monde. Les statisticiens de l'Insee sont partout considérés comme compétents, honnêtes et indépendants. En revanche, c'est l'interprétation de l'inflation qui est de plus en plus complexe.
En effet, certains internautes qui chattent avec nous ont une inflation de 5 %, et d'autres une déflation de 2 % ; tout dépend de ce qu'ils consomment.

Paokara : Connait-on une forte inflation aujourd'hui ?

Pas une forte inflation, mais il est vrai que les prix augmentent plus vite depuis que les cours des matières premières se tendent. On avait vu le même phénomène en 2008. En 2011, l'inflation devrait tourner autour de 2 %, mais avec de fortes augmentations sur les prix de l'énergie, voire de l'alimentation.

Claire : Qui sont les principales victimes de l'inflation ? Les rentiers ou les ménages modestes ?

Clairement, les ménages modestes. L'inflation est globalement assez faible, et donc on ne peut pas dire qu'elle spolie les épargnants. En revanche, elle est concentrée sur des biens pour lesquels il est difficile de diminuer la consommation, surtout pour les ménages à faibles revenus.
Je pense en particulier à l'essence, au chauffage, à l'électricité, et même à l'alimentation.
Donc oui, l'inflation contemporaine est défavorable aux classes moyennes et aux ménages à faible revenu.

Jerome : Trouvez-vous normal ou justifié que le poste logement n'entre pas en compte dans le calcul de l'inflation ?

Les loyers entrent en compte. Mais quand vous devenez propriétaire, vous vous constituez un patrimoine. Il s'agit donc bien d'un acte d'épargne, et non d'un acte de consommation. Il est donc logique que cela ne soit pas intégré dans l'inflation.

Martin : L'inflation liée à la flambée des matières premières et du pétrole est dite inflation importée. Comment peut-on la combattre ?

Par définition, on ne peut pas la combattre, puisqu'elle est importée. En revanche, on peut espérer qu'à moyen et long terme, on sera en mesure de consommer des énergies moins onéreuses, par exemple des énergies renouvelables qui pourraient être produites en France.

Alex : Existe-il un vrai problème de pouvoir d'achat en France ou est-ce un moyen politique pour récolter des voix ?

Il existe un vrai problème de pouvoir d'achat en France. D'une part, la croissance économique a été relativement faible, y compris avant la crise, ce qui a entravé la hausse des revenus. D'autre part, les inégalités de revenus sont en forte augmentation, ce qui signifie que si le pouvoir d'achat augmente de 1 % au niveau global, il augmente de 10 % pour certains, et baisse de 8 % pour d'autres.

Clairedenys : En matière de pouvoir d'achat qui gagne ? Qui perd ?

Aujourd'hui, plus vous montez dans l'échelle des revenus, plus les augmentations de pouvoir d'achat sont fortes. C'est là la source de la montée des inégalités. Le capitalisme contemporain agit de ce point de vue comme un filtre qui survalorise ceux qui sont le mieux armés pour bénéficier de la mondialisation et des innovations technologiques.
En revanche, on voit que le revenu médian, qui constitue une approximation du niveau de vie des classes moyennes, progresse moins vite que le revenu de l'ensemble de la population.

Alek : Pensez-vous qu'il y a des inégalités générationnelles en ce qui concerne le pouvoir d'achat ?

Oui. Si je voulais caricaturer, je dirais que les baby-boomers ont fait augmenter les prix du logement, ont fait augmenter la dépense publique, et ont pollué la planète. C'est un peu une boutade, mais les jeunes générations sont dans une situation plus anxiogène que leurs aînés.
Je crains d'ailleurs des tensions intergénérationnelles dans les pays riches ces prochaines années.

Hector : Le pouvoir d'achat est-il en berne dans tous les pays d'Europe ? Qu'en est-il aux Etats-Unis ?

Non. Il existe des pays dans lesquels le pouvoir d'achat augmente assez rapidement. C'est par exemple le cas de la Suède. A l'inverse, en Allemagne, par exemple, le pouvoir d'achat n'a quasiment pas progressé depuis dix ans. Aux Etats-Unis, le problème tient davantage à la répartition extraordinairement inégalitaire des salaires.
En d'autres termes, quelques pour cent de la population raflent toute la mise. Cela devient un problème macro-économique, car cela contraint la consommation.

Delije : Quelles mesures économiques seraient susceptibles d'augmenter le pouvoir d'achat ?

L'une des principales causes de la faiblesse du pouvoir d'achat est liée au niveau élevé du chômage. Donc les mesures qui portent sur le marché du travail sont les plus efficaces. On pense par exemple au transfert des charges sociales sur les impôts.
Si l'on veut prendre le problème très en amont, une véritable politique de pouvoir d'achat passerait tout d'abord par une grande réflexion sur notre système éducatif. Le salaire est un avatar de ce que les économistes appellent le "capital humain". C'est ce capital humain qu'il convient d'accroître.
C'est le moyen le plus efficace à long terme d'augmenter le niveau de vie et de réduire les inégalités.

Claude : Le pouvoir d'achat est-il lié à la croissance du PIB et à l'existence d'une forte dette extéreure ?

A la croissance du PIB, oui, même s'il faut aussi prendre en compte les conflits de répartition. La dette publique peut poser un problème si son remboursement rend obligatoire une hausse brutale de la fiscalité. Cela pourrait se produire, en France, ces prochaines années si l'on ne s'attaque pas sérieusement et dès maintenant à la question de la réduction des déficits publics.

Pierre : La Banque centrale européenne peut-elle, en luttant contre l'inflation, soutenir le pouvoir d'achat ?

Oui. C'est d'ailleurs ce qu'elle prétend faire. La Banque centrale européenne considère que la stabilité des prix est une condition de la croissance, de l'emploi et du pouvoir d'achat, et elle applique cette politique. Il me semble que c'est en grande partie justifié. Il y a peut-être un fantasme à penser que l'inflation constituerait une solution à nos problèmes.

Fernand : Avec régularité sous la Ve République, le pouvoir d'achat est en hausse dans les six mois qui précédent l'élection présidentielle. En sera-t-il de même en 2011-2012 ?

Le pouvoir d'achat est en hausse quasiment tous les ans, pas spécialement avant une élection présidentielle. Les statistiques de l'Insee sont disponibles et en font foi. Le vrai problème, c'est que le pouvoir d'achat n'augmente pas pour tout le monde, ce qui peut générer un sentiment de paranoïa vis-à-vis des chiffres.

ELB : Ne serait-il pas temps que nos industriels et commerçants pensent à baisser les prix, ce qui est une façon de redonner du pouvoir d'achat ? Le succès du low cost dans l'automobile et du hard discount dans la distribution sont-ils des signes structurels ou conjoncturels ?

Ce sont des signes structurels. La montée en puissance du low cost est directement la conséquence du phénomène d'écrasement des classes moyennes auquel je faisais allusion. Savez-vous que 70 % des gens qui empruntent les compagnies aériennes low cost n'avaient jamais pris l'avion auparavant.
Les commerçants et les distributeurs arrivent donc bien à s'adapter à cette nouvelle donne en matière de pouvoir d'achat.

Maycne : Peut-on s'attendre à des hausses de salaires en France en 2011 ?

Oui, mais modérées. Avec une croissance de l'ordre de 1,5 %, il est difficile de s'attendre à une explosion des rémunérations. Certes, la légère augmentation de l'inflation pourrait amener les entreprises à lâcher un peu plus la bride sur les salaires, mais la forte compétition internationale, surtout avec la montée des pays émergents, les en empêche en partie.

Nicolas : L'augmentation des salaires de la fonction publique est-elle possible, compte tenu du discours que tient le gouvernement ?

Elle est rendue difficile par la situation précaire de nos finances publiques. De ce point de vue, le diagnostic du président de la République, qui consistait à affirmer que la France comptait trop de fonctionnaires pas assez payés, me semble correct.
En même temps, il est clair que la faiblesse de la rémunération des fonctionnaires constitue un problème dans la mesure où les études montrent que les Etats efficaces rémunèrent très bien leurs salariés.

Ghui : La BCE s'oppose à une augmentation des salaires, les entreprises sont dans la compétition mondiale. Est-il possible d'augmenter le pouvoir d'achat sans augmenter les salaires ?

Un peu, mais pas beaucoup. On peut intensifier la concurrence dans le commerce, par exemple, ou dans les services, pour faire baisser les prix. En revanche, la situation des finances publiques ne permet pas de diminuer les impôts ou d'augmenter les retraites.
Donc, en dehors des salaires, les marges de progression du pouvoir d'achat sont très faibles.

JBD : Le partage de la valeur ajoutée entre capital et travail est souvent pointé du doigt pour expliquer l’appauvrissement du plus grand nombre. Existe-t-il des moyens d'obliger les entreprises à augmenter les salaires ? Est-ce souhaitable ?

En France, le partage de la valeur ajoutée est à peu près stable depuis vingt ans. Cela dit, certaines entreprises, en particulier les plus grosses, auraient les moyens d'augmenter plus les salaires. Il n'existe pas véritablement de moyen de les y obliger, mais on peut les y inciter.
On sait par exemple que les allègements de charges sur les bas salaires génèrent une sorte de trappe à bas salaires. Ainsi, il faudrait lisser les charges sociales entre les bas et les moyens salaires.

Guest : Le gouvernement vient d'annoncer la fin du bouclier fiscal et une révision de l'ISF. Les classes moyennes ne vont-elle pas en faire les frais ?

C'est en effet un risque. La réforme de l'ISF, même en supprimant le bouclier fiscal, risque de coûter de 1 à 2 milliards d'euros. Vu l'état de nos finances publiques, il va falloir trouver cette somme ailleurs. En augmentant la fiscalité sur les revenus de l'épargne, sur les transactions mobilières ou immobilières, en supprimant des niches fiscales liées à l'impôt sur le revenu. Bref, il est possible que cette mesure alourdisse la charge qui pèse sur les classes moyennes.

Cpof : La bulle immobilière n'est-elle pas largement responsable de l'impression de perte de pouvoir d'achat ? Ne serait-il pas urgent de la résorber ?

C'est tout à fait possible, et je milite pour une forte hausse de la construction de logements en France. La hausse des prix de l'immobilier a de multiples causes, notamment la faiblesse des taux d'intérêt. Mais pour absorber une demande croissante, il faut construire beaucoup plus et accepter de densifier nos villes.
Autrement dit, au lieu de solvabiliser la demande comme on a voulu le faire ces dernières années, il faut libérer l'offre.

Vincent Hein : Le logement pénalise le budget des ménages. L'Allemagne a un système qui encadre l'augmentation des loyers. Est-ce une piste ?

Je ne pense pas. Le niveau élevé des loyers tient à l'insuffisance de l'offre. Tant que vous n'aurez pas plus de maisons et d'appartements dans les grandes villes et dans les villes moyennes, vous aurez des loyers très élevés.

Céleste : La flambée des prix de l'immobilier n'est-elle pas largement responsable de l'asphyxie du budget des familles ? Certaines consacrent presque la moitié de leurs ressources à ce poste, ce qui était impensable auparavant pour une majorité de Français.

C'est vrai, et c'est l'une des principales causes du Chagrin des classes moyennes [ouvrage de Nicolas Bouzou] et de l'inquiétude des jeunes. Songez qu'à Paris, vous n'avez plus de primo-accédants. C'est une bombe politique.

MLP : Pour le Français moyen, l'euro a fait flamber les prix au quotidien (baguette de pain, essence, voiture...). N'est-ce pas un argument pour ceux qui prônent une sortie de l'euro ? Quelles seraient les conséquences d'une telle sortie sur le pouvoir d'achat ?

Non, ce n'est pas un argument. Les prix ont augmenté au moment du passage à l'euro fiduciaire en 2002. Depuis, les hausses de prix n'ont plus rien à voir avec l'euro. Au contraire, le niveau élevé de l'euro par rapport au dollar allège le prix de nos importations.Si l'on sort de l'euro pour adopter un franc faible, alors, pour le coup, les prix risquent d'augmenter nettement.


Sjelay : Une dévaluation permettrait-elle d'aider à réduire les déficits ?

Déjà, nous n'avons pas aujourd'hui de possibilité de dévaluer l'euro. Ce qui est vrai, c'est que pour un pays à faible compétitivité comme la France, la perte de valeur d'une monnaie dynamise rapidement les exportations, la croissance et les recettes fiscales.
Le lien entre dévaluation et réduction des déficits est donc indirect.

Max : Comment pouvez-vous expliquer le fait qu'aujourd'hui malgré deux salaires dans un foyer, les classes moyennes n'arrivent pas à joindre les deux bouts ?

Déjà, les inégalités de salaires sont de plus en plus fortes. Vous avez - et c'est assez nouveau - des salariés dont les rémunérations explosent, et d'autres dont les rémunérations stagnent. C'est d'ailleurs vrai dans toutes les professions, y compris dans des métiers qu'on pensait protégés, comme les médecins ou les avocats.
Ensuite, les classes moyennes subissent les effets de politiques économiques qui leur ont été défavorables ces dernières années. J'ai déjà parlé des politiques du logement. On pourrait aussi parler de la fiscalité, qui est très progressive pour les classes moyennes.
C'est à mon avis aujourd'hui l'enjeu essentiel pour la cohésion sociale de notre pays.

François C
: Le prochain quinquennat, quel que soit le président, ne va-t-il pas être celui de l'austérité en raison de l'équilibre indispensable des finances publiques, avec baisse des dépenses publiques et hausse des impôts, sous peine de faillite encore plus préjudiciable pour les plus bas revenus ?
Je crois que vous avez raison. J'ai coutume de dire que les créanciers de l'Etat français ne sont ni de droite ni de gauche. Quel(le) que soit le ou la président(e) en 2012, il ou elle devra continuer de réformer les retraites, la dépendance, et il ou elle devra même s'attaquer à la réforme de l'assurance-maladie.
De ce point de vue, il me semble que des politiques de droite ou de gauche ne pourront pas être très différentes.

Lucien : Une stagnation durable du pouvoir d'achat risque-t-elle de provoquer des mouvements sociaux à terme ?

Bien sûr, et je m'inquiète aussi des conséquences de la montée des inégalités. Regardez l'exemple des "bobos". Les bobos ne sont rien d'autre que les classes moyennes supérieures qui se sont enrichies. Eh bien le terme bobo est quasiment devenu une insulte. Cela montre bien qu'il y a des tensions qui deviennent palpables.

Elisa : Voyez-vous la France comme un pays désormais tourné vers l'économie du tertiaire (en raison des délocalisations et de la mondialisation) et destiné, à plus ou moins brève échéance, à être un pays touristique ?

De fait, la part de l'emploi industriel dans l'emploi total a beaucoup reculé ces dernières années. En même temps, certains exemples étrangers montrent que même dans un pays riche avec des coûts salariaux élevés, on peut continuer à produire et à exporter des biens industriels. La clé réside dans l'innovation.
Regardez la Suède, ou surtout l'Allemagne, qui a un excédent commercial par rapport aux pays émergents.




Le silence est un ami qui ne trahit jamais

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 16 avr. 2011, 06:49:00

Je remarque que sur de nombreux points c'est assez proche de que je pense et dis depuis quelques jours.

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