Le président du pouvoir d'achat a-t-il échoué ?

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politicien
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Message non lu par politicien » 19 avr. 2011, 21:49:00

Bonjour,




Nicolas Sarkozy promettait aux Français d'être le "président du pouvoir d'achat". Aujourd'hui, à un an de l'élection présidentielle, le thème fait un retour en force sur la scène politique. Et pour cause: selon un récent sondage Viavoice, le pouvoir d'achat est redevenu la première préoccupation des Français, avant même le chômage. Signe que Nicolas Sarkozy a échoué? La réponse n'est pas aussi simple.     Comment a évolué le pouvoir d'achat depuis 2007?    A priori, il n'a cessé d'augmenter, même en 2008 et 2009, années pendant lesquelles la crise économique a fait le plus de ravages. Selon l'Insee, le pouvoir d'achat du revenu disponible des ménages (revenu qui reste à la disposition pour la consommation et l'épargne une fois déduits les prélèvements fiscaux et sociaux) a progressé de 3,1% en 2007, de 0,4% en 2008, de 1,6% en 2009 et de 1,2% en 2010. Ces chiffres doivent toutefois être pondérée par l'évolution de la croissance et de la composition des ménages. Ainsi, le pouvoir d'achat par unité de consommation, souvent moins éloigné du ressenti des ménages que la mesure macro-économique de leurs revenus, a évolué différemment: +2,4% en 2007, -0,4% en 2008, +0,8% en 2009 et +0,4% en 2010. Au premier semestre 2011, l'Insee estime que les gains de pouvoir d'achat des ménages vont rester faibles (+0,4%).    Est-ce grâce à Sarkozy que le pouvoir d'achat s'est plus ou moins maintenu?    Oui et non. Non parce que la mesure phare du quinquennat en faveur du pouvoir d'achat, à savoir la défiscalisation des heures supplémentaires - illustration du slogan de campagne "travailler plus pour gagner plus" - a fait les frais de la crise: après avoir augmenté en 2008, leur nombre a fortement diminué en 2009. Les gains en pouvoir d'achat pour les salariés concernés - moins d'un tiers des salariés français - sont par ailleurs sujets à caution (150 euros en moyenne par mois selon le gouvernement, à peine 30 euros selon l'Insee). En 2010, les heures supplémentaires sont reparties à la hausse. Mais le problème est qu'en période d'activité faible, ce dispositif permet aux entreprises d'éviter d'embaucher.    En fait, la très relative hausse du pouvoir d'achat a été en grande partie soutenue par le filet de sécurité que représentent les prestations sociales (+3,5% en 2008, +5,3% en 2009 et +3% en 2010). Mais il est vrai que les mesures prises dans le cadre du plan de relance (prime de solidarité active, prime aux bénéficiaires de l'allocation de rentrée scolaire et suppression du troisième tiers de l'impôt sur le revenu pour les ménages modestes) ont permis d'alléger la pression fiscale qui pèse sur les ménages. Mais ces mesures n'ont pas été reconduites l'année suivante.    Pourtant, les Français ont quand même le sentiment que leur pouvoir d'achat baisse...    De 2000 à 2010, il y a effectivement un décalage croissant entre ce que dit l'Insee sur l'évolution du pouvoir d'achat et ce que les Français perçoivent. Le paradoxe tient au fait que l'Insee mesure le pouvoir d'achat moyen des Français et pas celui de chacun des Français. Comme l'explique l'économiste Alexandre Delaigue dans une vidéo, si l'on fait rentrer Bill Gates dans un bar où se trouvent dix personnes, le pouvoir moyen de la clientèle va exploser, même si celui des dix clients est resté stable. Le vrai problème, selon Alexandre Delaigue, est l'évolution des inégalités de revenus en France. Preuve: en 2008, les 20% des personnes aux niveaux de vie les plus faibles détiennent 9% de la masse totale des revenus contre 38% pour les 20% des personnes les plus aisées.    Pourquoi le sujet revient-il aujourd'hui sur le tapis?    Après deux années passées à se serrer la ceinture au niveau des salaires, les Français ont aujourd'hui l'impression de ne pas tirer profit de la reprise économique enclenchée en 2010 et qui accélère en 2011. Selon l'Insee, le rythme de progression des salaires cette année sera identique à celui de 2010, c'est-à-dire le plus faible enregistré depuis 2000 - année de gel consécutif à la généralisation des 35 heures. Le salaire mensuel de base devrait progresser de 1,8% au premier semestre, soit 0,3% en prenant en compte l'inflation. Le salaire moyen par tête (salaire de base + primes et heures supplémentaires) dans le secteur privé augmenterait lui, en termes réels, de 0,4%. En parallèle, les prix de l'énergie et des produits alimentaires s'envolent, tandis que ceux des logements flambent. Afin de réduire le déficit public, le gouvernement a par ailleurs annoncé la suppression d'un grand nombre de niches fiscales (fin du crédit d'impôt sur les intérêts immobiliers, alourdissement de la taxation sur les successions, fin du crédit d'impôt pour l'emploi à domicile, etc.), ce qui va se traduire par une hausse des prélèvements obligatoires (+1,8% au premier semestre 2011 après +2,6% en 2010).    Que fait le gouvernement aujourd'hui pour apaiser leurs craintes?    La priorité étant au désendettement, ses marges de manoeuvre sont limitées. Il ne peut plus se permettre, comme en 2007, de faire des cadeaux fiscaux. C'est pourquoi le bouclier fiscal a été abrogé mais l'ISF conservé. Il se refuse par ailleurs à donner un coup de pouce au Smic ou à revaloriser les salaires des fonctionnaires, deux leviers efficaces pour inciter à l'augmentation des salaires. Résultat: il se contente d'annoncer une série de mesures pansements - revalorisation du barème kilométrique, gel des tarifs du gaz, panier des essentiels, etc. - dont la plus forte, le versement d'une prime aux salariés des entreprises qui versent des dividendes, pourrait faire pschiiit très rapidement.    L'expansion.fr      
Qu'en pensez vous ?   A plus tard,  
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PatJol
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Message non lu par PatJol » 20 avr. 2011, 00:26:00

La hausse du pouvoir d'achat que promettait Sarkozy était très liée à la croissance. Il ne s'agissait pas de cadeaux fiscaux, de primes ou d'allocations. Avec la crise, la croissance n'est pas là et le pouvoir d'achat non plus.
Surtout que le chômage est une des causes majeures de la stagnation du pouvoir d'achat.


Mais si la croissance avait été là et que la promesse sur le pouvoir d'achat avait été réalisé Sarko se serait targué que c'est grâce à lui, alors j'ai voté que oui, il a échoué.
Dans une discussion, le difficile, ce n'est pas de défendre son opinion, c'est de la connaître.
André Maurois

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johanono
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Message non lu par johanono » 20 avr. 2011, 07:57:00

En faisant campagne sur le pouvoir d'achat, Sarkozy a alimenté l'idée qu'un gouvernement pouvait à lui seul améliorer le pouvoir d'achat des Français. Les reproches qu'on lui fait aujourd'hui sont la conséquence des attentes qu'il a suscitées. Mais qui veut vraiment croire que, dans un pays à économie de marché, le gouvernement puisse à lui seul décréter une amélioration du pouvoir d'achat ? Fondamentalement, le pouvoir d'achat est la conséquence du dynamisme économique, lequel ne se décrète pas. Un gouvernement ne peut guère agir qu'à la marge, notamment sur le levier fiscal. C'est ce que le gouvernement Sarkozy a essayé de faire avec le paquet fiscal, c'est ce que le gouvernement Jospin avait jadis essayé de faire avec la suppression de la vignette auto et l'institution d'une TIPP flottante. Alors on peut discuter de l'efficacité ou de la justice de telle ou telle mesure, mais on ne peut nier que le paquet fiscal (avec notamment la défiscalisation des heures sups) a procuré du pouvoir d'achat supplémentaire à ceux qui en ont bénéficié. Le gouvernement Sarkozy pouvait-il faire plus, et autrement ? Probablement, mais de façon assez marginale. 

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artragis
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Message non lu par artragis » 20 avr. 2011, 08:08:00

En faisant campagne sur le pouvoir d'achat, Sarkozy a alimenté l'idée qu'un gouvernement pouvait à lui seul améliorer le pouvoir d'achat des Français.
Pour moi, là est la clef. Mais de ce que je sais, le pouvoir d'achat des français n'a pas énormément baissé si on en crois les indices (je crois même qu'il a augmenté, a fortiori pendant la crise d'ailleurs).

Pourquoi le pouvoir d'achant semble-t-il baisser? Parce que les médias ne parlent que de certaines hausses (pétrole, énergie en général) et ne parlent que de certaines baisses inutiles (ordinateur, voiture...). Pourtant parle-t-on, hors pub des consommation largement diminuées en carburant? Parle-t-on des quelques produits de tous les jours (hors alimentaire, qui sont tellement fluctuant que je n'oserai même pas tenter d'analyser leur impact sur le pouvoir d'achat) qui baissent régulièrement. Parle-t-on des revalorisations de salaires qui ont eu lieu? Non, on nous dit que le chômage ne recule pas. C'est vrai, mais pour autant, si ceux qui travaillent gagnent plus, alors le pouvoir d'achat augmente (car comme le chômage reste élevé, l'inflation n'apparaît pas).
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johanono
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Message non lu par johanono » 20 avr. 2011, 08:23:00

C'est un sentiment assez humain : on fait toujours davantage attention aux trains qui n'arrivent pas à l'heure qu'aux trains qui arrivent à l'heure. On fait davantage attention aux prix qui montent qu'à ceux qui baissent. Donc beaucoup de gens ne croient pas aux chiffres officiels de l'INSEE. Le gouvernement se retrouve à devoir bricoler de nouveaux indices censés coller au ressenti des Français. Ca ne fait pas très sérieux. Alors forcément, l'indice des prix de l'INSEE n'est pas parfait, car chaque ménage a des habitudes de consommations différentes, cet indice ne peut donc coller à toutes les habitudes. Mais l'INSEE est quand même réputé pour son sérieux. 

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 avr. 2011, 08:39:00

artragis a écrit :
En faisant campagne sur le pouvoir d'achat, Sarkozy a alimenté l'idée qu'un gouvernement pouvait à lui seul améliorer le pouvoir d'achat des Français.
Pour moi, là est la clef. Mais de ce que je sais, le pouvoir d'achat des français n'a pas énormément baissé si on en crois les indices (je crois même qu'il a augmenté, a fortiori pendant la crise d'ailleurs).

Pourquoi le pouvoir d'achant semble-t-il baisser? Parce que les médias ne parlent que de certaines hausses (pétrole, énergie en général) et ne parlent que de certaines baisses inutiles (ordinateur, voiture...). Pourtant parle-t-on, hors pub des consommation largement diminuées en carburant? Parle-t-on des quelques produits de tous les jours (hors alimentaire, qui sont tellement fluctuant que je n'oserai même pas tenter d'analyser leur impact sur le pouvoir d'achat) qui baissent régulièrement. Parle-t-on des revalorisations de salaires qui ont eu lieu? Non, on nous dit que le chômage ne recule pas. C'est vrai, mais pour autant, si ceux qui travaillent gagnent plus, alors le pouvoir d'achat augmente (car comme le chômage reste élevé, l'inflation n'apparaît pas).
C'est vrai icon_biggrin

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FIFE
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Message non lu par FIFE » 20 avr. 2011, 09:24:00

Ce qui baisse, ce sont les ordinateurs et ce type de matériel qu'on n'achète pas tous les jours!

Ce qui augmente, c'est l'alimentation : cette semaine, j'ai voulu acheter des noix, j'y ai renoncé ....6.50 euros les 500 grammes!

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 avr. 2011, 09:27:00

Il faut augmenter le smic sérieusement quitte à réduire tout simplement les charges,non ?

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artragis
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Message non lu par artragis » 20 avr. 2011, 09:39:00

Cobalt a écrit :Il faut augmenter le smic sérieusement quitte à réduire tout simplement les charges,non ?
Sérieusement, c'est quoi pour toi? 100€. 500€? c'est presque impossible : outre le ralentissement de l'emploi qui arriverait (je rappelle qu'en France on essaie de réduire nos charge pour faire des emplois "compétitifs" malgré notre statu de pays développé) cela aurait un effet dévastateur sur l'inflation et donc sur le pouvoir d'achat.
Ce qui baisse, ce sont les ordinateurs et ce type de matériel qu'on n'achète pas tous les jours!
Pas que ça, surtout depuis la poussée incroyable des marques distribueur.
Ce qui augmente, c'est l'alimentation : cette semaine, j'ai voulu acheter des noix, j'y ai renoncé ....6.50 euros les 500 grammes!
ça par contre c'est indéniable.
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 avr. 2011, 10:11:00

Si on augmente le smic d'au moins 250 euros ce qui fait annuelle 3 000 euros qu'on déduit des charges,ça permet du souffle aux petits salaires et peut être la reprise  ?si non ça va nous péter à la g..... un moment donné à force de serrer le kiki des gens.

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 20 avr. 2011, 10:55:00

Je propose à tous les pro-indice INSEE d'aller calculer leur propre indice INSEE (disponible sur le site de l'INSEE). Et ensuite, revenez m'expliquer que le coût de la vie n'a pas bougé, ou si peu.

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Lucas
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Message non lu par Lucas » 20 avr. 2011, 11:09:00

Il faut rappeler quand même que le chômage a baissé en 2007, 6,8% fin 2007, 7.5% fin 2006.
Donc la politique de NS sur le dernier semestre a porté ses fruits, et visiblement sans la crise de 2008 le chômage aurait continué de baisser, pour moi c'est la principale raison. Donc si le chômage aurait continué de baisser, le pouvoir d'achat aurait continué d'augmenter, et l'article le dit bien : "Selon l'Insee, le pouvoir d'achat du revenu disponible des ménages (revenu qui reste à la disposition pour la consommation et l'épargne une fois déduits les prélèvements fiscaux et sociaux) a progressé de 3,1% en 2007, de 0,4% en 2008, de 1,6% en 2009 et de 1,2% en 2010."

Maintenant on peut débattre du ressenti de chaque personne, surtout celui qui s'est trouvé au chômage en 2008 et celui qui gagne 10 000€ / mois ce n'est pas vraiment comparable.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 20 avr. 2011, 11:20:00

Qu'est ce qu'on lui reproche à sarko ?  icon_biggrin franchement !  icon_biggrin

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Message non lu par Nombrilist » 20 avr. 2011, 11:29:00

"Donc la politique de NS sur le dernier semestre a porté ses fruits"

Sarko ayant été élu mi-2007, je ne vois pas bien en quoi sa politique aurait pu avoir des effets en 2007. De plus, cacher la misère avec 200 000 autoentrepreneurs, désolé, mais c'est repousser le problème, car les 3/4 vont échouer et se retrouver sans allocation de survie.

Lucas, va calculer ton indice INSEE pour voir.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 20 avr. 2011, 12:12:00

Tiens à ce propos, l'économiste Alexander Law invité par France Info il y a deux jours a levé un beau lièvre à propos de cette fameuse "hausse de pouvoir d'achat" :

http://france-info.com/chroniques-dossi ... oir-d-acha…
Alexander Law, chef économiste au cabinet XERFI, explique que "tout le monde a raison. L’INSEE a raison de dire que le pouvoir d’achat augmente et de leur côté, les ménages ont raison de dire que, individuellement, leur pouvoir d’achat diminue".

Il donne alors les clefs pour comprendre cette opposition : "l’INSEE calcule un pouvoir d’achat global pour l’ensemble des Français avec les revenus, les prestations sociales… et ensuite on enlève la hausse des prix. Avec tout cela, on a un chiffre du pouvoir d’achat qui continue de progresser… En revanche, il y a de plus en plus de Français et donc de consommateurs. Par tête, le pouvoir d’achat diminue et c’est ce qui est ressenti par les Français d’autant plus que l’inflation s’en va croissante ces dernières semaines".
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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