Jean Arthuis : Dette, euro, impôts... "Je lance un SOS"

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politicien
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Message non lu par politicien » 05 août 2011, 21:24:00

Bonjour,


 
 
France-Soir. Quel diagnostic faites-vous de la crise des dettes souveraines, en Europe et aux Etats-Unis, aujourd’hui ?
Jean Arthuis. Depuis des décennies, nous n’avons pas pris la mesure des défis de la mondialisation. On a tenu des discours rassurants : « Je délocalise des emplois, mais c’est pour sauver mes emplois ici. » Surréaliste ! On a fait confiance à l’autorégulation de la sphère financière. Résultat : c’est le casino de la spéculation. On n’a pas pris conscience que les pays émergents avaient un vrai potentiel et une ambition forte. Aujourd’hui, ils produisent plus qu’ils ne consomment, alors que nous, nous consommons plus que nous produisons. Regardez les Etats-Unis : leurs usines sont maintenant en Chine. Tous les discours selon lesquels on peut s’en tirer sans industries ne sont que des boniments de foire.

F.-S. Vous annoncez la catastrophe ?`
J. A. On joue les prolongations, mais on ne tiendra plus longtemps à ce rythme. Le crédit nous a permis de reporter les échéances. On a pu continuer avec des discours convenus et ce déni de réalité qui caractérise les acteurs politiques autant que syndicaux. Mais on n’a pas mesuré la vulnérabilité que suscite le surendettement d’un Etat. Le surendettement, il faut en avoir conscience, tue l’indépendance nationale.

F.-S. Les Etats-Unis et l’Europe ont-ils pris la mesure du problème ?
J. A. Le plafond d’endettement des Etats-Unis avait déjà été augmenté de 140 % depuis 2000. Ce qui est fascinant, c’est l’accélération du phénomène. Certes, ils ont pris des décisions qui tendent à réduire en dix ans de 2.500 milliards de dollars leurs dépenses publiques. Un défi gigantesque, mais si ambitieux qu’on peut se demander si ce sera effectif. N’y a-t-il pas là, une fois de plus, un discours convenu ? Ça me fait penser aux annonces qu’avait faites Nicolas Sarkozy au soir de la conférence sur les déficits l’année dernière : il avait dit qu’on baisserait de 10 % en deux ans les dépenses de fonctionnement et d’intervention. Mais sur le budget 2011, si on obtient 1 % de baisse, ce sera un exploit, et je ne pense pas que 2012 modifie substantiellement la tendance.

(...)

F.-S. L’euro est-il menacé ?
J. A. La gouvernance de l’Europe est calamiteuse. On a fait le pacte de stabilité, sorte de règlement de copropriété de l’euro. Mais ce pacte est devenu un pacte de tricheurs et de menteurs. Certains Etats l’ont transgressé. Et les Grecs, eux, maquillaient carrément leurs comptes pour cacher le niveau de leur déficit et de leur dette. Ils trichaient, mais avec la complicité des autres Etats. Si on ne va pas très vite à une Europe fédérale, on n’échappera pas à une implosion de la zone euro. Il faut un vrai gouvernement économique pour prendre de vraies décisions. A Bruxelles, on aboutit très vite à des directives pour protéger les coléoptères. Mais quand il faut faire converger la fiscalité ou réguler les marchés financiers ou encadrer les CDS (credit default survey), c’est mission impossible. Les spéculateurs sont toujours au casino, les traders empochent toujours des rémunérations exorbitantes et l’Europe n’en finit pas d’arrêter ses positions.

F.-S. Vit-on au-dessus de nos moyens ?
J. A. Bien sûr ! Il y a deux sortes de pays aujourd’hui : les pays qui ont un fonds souverain et ceux qui ont une dette souveraine. Le pompon, c’est quand la France, endettée, veut se doter d’un fonds souverain. Pour le constituer, que fait-elle ? Elle emprunte !

F.-S. Ça va craquer ?
J. A. Ce n’est pas exclu. Ça fait trente-sept ans que l’Etat est en déficit et vingt ans que la dette sociale n’arrête pas de s’accumuler. On pousse devant nous une dette qui ne cesse pas de s’accroître et on ne dispose pas des ressources pour en assurer l’amortissement. La France doit se demander comment elle peut imaginer son nécessaire redressement sans remettre en cause les 35 heures, et un certain nombre de normes que nous avons édictées et que nous sommes incapables de financer.

F.-S. C’est un manque de volonté politique ?
J. A. Ce n’est pas seulement ça. Il faut totalement réorganiser l’Etat et les collectivités territoriales. C’est extrêmement lourd. Et puis, il va falloir réviser notre scénographie politique. Ce que je ne supporte pas dans la pratique politique française, ce sont toutes ces habiletés politiques, ce renoncement à la pédagogie, comme si on prenait les Français pour des sots.
(...)

F.-S. Que préconisez-vous ?
J. A. Il faut revoir l’architecture de nos prélèvements obligatoires. On fait peser sur le travail le financement de l’assurance maladie et de la politique familiale. En faisant cela, nous accélérons les délocalisations, et nous nous tirons une balle dans le pied. Il faut financer autrement l’assurance maladie et la politique familiale. Comment ? Pour augmenter la montée en charge de la dépendance, il faudra augmenter le barème des droits de succession, donc pas question de s’en servir. Il faudra aussi faire disparaître la plupart des niches fiscales, mais les économies ainsi générées devront être affectées à la résorption du déficit. Il ne reste donc que la TVA. Appelons-la TVA anti-délocalisation ou TVA emploi, peu importe. Mais c’est en transférant le financement de la protection sociale sur la TVA que nous améliorerons la compétitivité. En 1987, les Danois ont décidé de supprimer les charges sur les salaires et de porter la TVA à 25 %. Que je sache, ils ne s’en portent pas si mal !

F.-S. Voterez-vous la « règle d’or » défendue par Nicolas Sarkozy s’il décide de convoquer le Congrès à Versailles ?
J. A. D’abord, ce n’est pas vraiment « la » règle d’or. La vraie règle d’or prohibe le recours à l’emprunt pour financer des dépenses de fonctionnement. Aujourd’hui, il s’agit d’introduire simplement dans la Constitution une procédure d’encadrement budgétaire, une projection pluriannuelle avec un plafond de dépenses et un plancher de recettes. Mais oui, je voterai cela, même si je doute qu’il y aura une majorité pour la voter. Mais j’insiste : en matière de lutte contre les déficits, rien ne remplace la volonté politique. Vous pouvez mettre tout dans la Constitution, c’est d’abord une affaire de volonté.

F.-S. Le gouvernement est en train de préparer le budget pour 2012. Est-on sur le bon chemin ?
J. A. Un budget est construit sur une hypothèse de croissance. Mais les gouvernements ont toujours tendance à la surestimer. Quand vous tablez, comme c’est le cas pour le prochain budget, sur une croissance à 2,25 %, j’ai peur que vous vous racontiez des histoires.
(...)
Dans ce budget, il faut qu’on trouve des mesures pour réduire de 10 milliards le déficit. Pour cela, il va falloir donner un nouveau coup de rabot sur les niches fiscales. Il y en a 468, qui coûtent 75 milliards. Un coup de rabot peut donc permettre d’économiser 4 à 5 milliards d’euros. Je pense qu’il faudra aussi augmenter la CRDS de 0,25 %, ce qui rapporterait 2,5 milliards. Il faut également faire de nouveaux efforts sur un certain nombre de dépenses de fonctionnement. On doit pouvoir économiser à peu près 2 milliards. Je ne suis pas favorable à un dispositif exceptionnel pour taxer les plus hauts revenus, qui serait payé par les employeurs : c’est encore rajouter de la complexité à notre législation fiscale qui l’est déjà trop. Mais je souhaite l’institution d’une tranche supplémentaire, au-delà de 150.000 €, de l’impôt sur le revenu à un taux compris entre 45 et 50 %.

F.-S. Faut-il revenir sur la TVA à 5,5 % sur la restauration ?
J. A. Je doute que le gouvernement soit prêt à s’y attaquer. Je le regrette. Mais toute augmentation de la TVA, pour moi, n’aurait pas pour objet de réduire les déficits, mais de financer autrement la protection sociale, pour réduire le coût du travail et ainsi retrouver des chances de retrouver des emplois.

F.-S. Souhaitez-vous une sorte d’union nationale sur ces questions ?
J. A. Les grandes réformes ne peuvent se décider et être mises en œuvre par un camp contre l’autre.
(...)
C’est vraiment un SOS que je lance, un signal de détresse. La situation des finances publiques, c’est le marqueur de toutes nos inconséquences, de l’enchaînement de nos petites lâchetés. Et les gens le ressentent bien. Entendre la gauche dire qu’elle va ramener la retraite à 60 ans, ce sont des histoires à dormir debout. Personne n’y croit, pas même les militants de gauche.

F.-S. Vous risquez de ne pas être entendu en année électorale…
J. A. C’est justement en année électorale qu’on doit dresser un état des lieux. On a tout pour réussir mais, depuis des décennies, on est sur un mode de gouvernance qui nous envoie droit dans le mur.

F.-S. Voyez-vous « le » candidat capable de porter un tel message ?
J. A. Il faut travailler d’abord le projet. Après, on verra.

F.-S. Vous êtes plutôt Borloo ou plutôt Bayrou ?
J. A. Disons que je suis équidistant… Je souhaite une candidature centriste en 2012, mais cela n’aura de sens que si le projet a une vraie valeur ajoutée, et n’est pas juste une addition de ressentiments. Ce n’est pas l’antisarkozysme qui doit être la marque d’une candidature centriste : c’est l’ambition, la vision, le rassemblement et la confiance.

Par Christine Ollivier et Dominique de Montvalon

Retrouvez l'intégralité de l'interview sur France Soir : http://www.francesoir.fr/actualite/poli ... uro-impots…
Qu'en pensez vous ?

A plus tard,
 
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mps
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Message non lu par mps » 06 août 2011, 08:33:00

L'homme est intelligent, son message aussi.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Arthuis

Mais avoir raison ne garantit pas d'être entendu, que du contraire ...

Entre l'électeur stupide et caractériel, et les politiques-courtisans, l'intelligence n'est plus qu'un "détail", comme dirait Le Pen.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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wesker
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Message non lu par wesker » 06 août 2011, 13:55:00

Exactement. Et si Jean Arthuis qui tient régulièrement des propos intéressants n'est plus entendu, c'est parce qu'au délà de ses réserves et de ses critiques sur les pratiques d'une décennie il oublie que depuis une décennie, lui et sa formation politique sont au sein d'une majorité qui prend des mesures dont il semble remettre en cause l'efficacité.

Sur le fonds, l'endettement et la maîtrise des déficits devient une urgence nationale, c'est pourquoi certaines mesures doivent être prises si nous voulons pouvoir nous engager, sur une période raisonnable à un retour à l'équilibre d'une part et sur les modalités de la réduction de la dette d'autres part.

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marco
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Message non lu par marco » 08 août 2011, 19:24:00

c'est tres bien expliqué et certains devraient tailler leur crayon en pointe pour bien souligner les vrais explications du problème et les vraies responsabilités. icon_biggrin
http://compte-a-rebours-francois-hollande.fr/
Le défaut du capitalisme c'est qu'il répartit inégalement la richesse; la qualité du socialisme c'est qu'il répartit la misère équitablement.

lancelot
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Message non lu par lancelot » 08 août 2011, 19:48:00

Même si je partage son point de vue sur certains points, la question que je me pose est pourquoi son parti et lui même ont soutenu chichi et toupti et pourquoi ont il laissé faire ?

c'est facile d'être juge et partie ....

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marco
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Message non lu par marco » 08 août 2011, 20:05:00

c'est vrai que c'est plus difficile d’être juge et partir.....mais pour aller ou pour continuer d'exister et essayer d’infléchir le cours des choses icon_question
http://compte-a-rebours-francois-hollande.fr/
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Message non lu par racaille » 08 août 2011, 20:06:00

Je n'ai pas encore tout lu, et je ne viens que pour un petit moment car je dois partir sous peu. J'ai vu Arthuis en boucle à la TV aujourd'hui, il semble qu'il ait beaucoup de banalités à faire buzzer !

Sur le fond je reviendrai certainement plus tard ; sur la forme je déteste sa manière d'utiliser le "on" impersonnel comme si tous les français étaient dans le même bateau. "On a tenu des discours rassurants", "On joue les prolongations", "On a fait le pacte de stabilité"... Perso je ne me sens pas du tout concerné, je ne me souviens pas avoir eu mon mot à dire. Il est facile pour ce monsieur de mouiller tout le monde alors que l'oligarchie en place méprise le peuple.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par lancelot » 08 août 2011, 21:30:00

Exactement. Le ON, c'est lui et sa clique de débiles prêts à tout pour garder leur fauteuils.

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Message non lu par mps » 09 août 2011, 07:35:00

Critiquer la forme pour éviter le fond ?

Vous n'aimez pas le "on", soit ... mais vous gouts littéraires ne sont pas l'essentiel
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par wesker » 09 août 2011, 10:49:00

Le "on" en question est "la majorité à laquelle il appartient à ratifier le Traité de Lisbonne" à imposer l'euro,à tenu les discours rassurants et démagogiques". Par conséquent il doit commencer par remettre en cause les erreurs commises par l'équipe à laquelle il appartient pour être crédible.

Concernant les solutions qu'il propose, c'est de poursuivre plus avant la construction de l'edifice européen en dépit de son inefficacité à nous avoir rpéservé de la crise. Sincèrement, je doute que cela corresponde à la volonté que les français ont exprimé lorsqu'ils furent interrogé par référendum ! Mais qui s'intéresse à la volonté du peuple en démocratie oligarchique ?

Aujourd'hui, evidemment, les français payent les conséquences de la crise du mondialisme et au vu de la chute des marchés, je pressens que l'addition sera douloureuse mais que les chefs d'entreprises se rassurent, si les gens n'ont plus de quoi acheter, ils laisseront les produits sur les étalages et les chefs d'entreprises verront leurs chiffres d'affaires s'effondrer.

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Message non lu par mps » 09 août 2011, 11:05:00

On solde les sornettes ? icon_biggrin

L'euro ne nous a pas protégés de la crise ? Tu crois qu'i!ndividuellement, nos pays auraient encore les taux promotionnels qu'ils obtiennent ? Bien franchement, qui voudrait de drachmes, de pesetes ou de francs français ?

Bien entendu qu'il faut plus d'Europe, pour éviter les endettements démagogiques, les régularisations massives, l'immigration non choisie, les allocs électoralistes, et tout ce qui mine nos sociétés.
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Message non lu par wesker » 09 août 2011, 13:15:00

Mais oui, arrête ton baratin. LA Norvège, la Suisse ou d'autres maîtrisent leurs frontières ainsi que le Danemark quand le programme frontex coûtent des millions en dépenses publiques pour une absence de réelles protections.

Tu évoques les taux obtenus grâce à l'euro, va donc le dire à la Grèce et à l'Italie qui voient des tensions sur leur taux.

Enfin, tu contestes les monnaies nationales en oubliant de dire qu'elles ont fonctionné plus de 6 siècles alors que l'euro ne tiendra pas un demi siècle.

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Message non lu par mps » 09 août 2011, 18:09:00

Oui, la Suisse et le Danemark ne dépensent rien pour contrôler leurs frontières, cela m'avait échappé ! icon_biggrin
Sans l'euro, les grecs seraient en faillite. L'italie, c'est le l'agiotage mais elle elle peut emprunter à des taux encore très supportables, c'est parce qu'elle est dans la zone euro.

Si nos vieilles monnaies nationales ont dû fusionner, tu crois que c'est un caprice ?

Bon, basta les sottises.
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Message non lu par racaille » 09 août 2011, 18:22:00

mps a écrit :Critiquer la forme pour éviter le fond ?

Vous n'aimez pas le "on", soit ... mais vous gouts littéraires ne sont pas l'essentiel
Hier soir je suis juste passé en coup de vent pour dire bonjour. Je me suis arrêté sur ce qui m'a sauté aux yeux en parcourant en diagonale posté ici.

D'autre part, ma critique de la forme n'est pas une critique d'ordre esthétique, tu l'auras certainement remarqué. Quand Arthuis dit "nous" ou "on", il me semble impératif de faire remarquer que ces "nous" et "on" n'incluent pas la plus grande majorité des français qui n'a jamais eu son mot à dire sur les délocalisations, le pacte de stabilité ou le bienfondé du grand casino spéculatif. Ce pouvoir est réservé aux "décideurs", aux "acteurs de l'économie" (ce grand spectacle où les salariés se voient dénier leur rôle d'acteur et où ils sont réduits au rôle de la variable d'ajustement), pas au pékin moyen.

Ou alors, peut-être que lorsque Arthuis dit "nous" ou "on", il ne fait que nous parler de lui, que cette interview est une forme de mea culpa, une repentance tardive destinée à être lue entre les lignes ?

Quant au fond, Arthuis se contente d'accumuler les banalités comme on enfile des perles. Nous n'avons rien vu venir alors que c'était comme le nez au milieu de la figure (ah bon, rien vu venir ?), les travailleurs ne sont pas assez au service de l'économie (quel libéral ne l'a jamais dit au moins une fois dans sa vie ?), que les gouvernements sont incompétents car bien englués dans le déni (ça tout le monde le savait déjà), que l'emballement fatal de l'utilisation de la planche à billet US ne présage rien de bon (même Ouest France l'écrit entre deux faits divers^^), que les CDS c'est caca, qu'il faut réguler tout ça (au moins sur le papier hein), qu'"on" devrait se serrer un peu la ceinture (ceux qui ont encore une ceinture mais pas ceux qui ont une ceinture en or massif), que les dents de l'Apocalypse capitaliste se rapprochent de nos c...... (il attend 2011 pour partager cette grande nouvelle avec nous !),

Moi j'appelle ça du bourrage de mou quand un telle prose sort du gosier d'un type pareil.
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Message non lu par mps » 10 août 2011, 08:11:00

C'est normalement vers deux ans qu'on voit du caca partout icon_biggrin

Si je résume, tu voudrais aussi qu'on consulte les français sur la météo ? icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin
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