"L'Etat est mal placé pour donner des leçons de rigueur"
"L'Etat est mal placé pour donner des leçons de rigueur", selon Alain Rousset, député socialiste. (c) Sipa
Surréaliste, pathétique, gênant… Les mots manquent visiblement pour qualifier la réunion de ce vendredi 10 février au matin avec le président de la République sur le thème des finances locales. Lors d'un point presse Alain Rousset, président de l'Association des Régions de France, Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France et Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, voulait revenir sur les idées reçues et le mauvais procès que l'exécutif fait aux collectivités locales.
"Nous avons vécu une matinée agréable mais faire à deux mois et demi de la présidentielle, dans un comportement de candidat, une conférence sur un des points essentiels de la république portant sur ses finances et sa croissance, c'est assez surréaliste. L'ambiance était toutefois républicaine et nous l'avons respecté", a indiqué Alain Rousset, par ailleurs député PS de Gironde.
Pacte de stabilité
Et pourtant Nicolas Sarkozy avait annoncé la couleur le 29 janvier, lors de son intervention télévisée. "Il y a trois facteurs de déficit", avait-il alors indiqué:"l'Etat, on s'en occupe, la sécurité sociale a fait des efforts considérables avec la réforme des retraites. Reste les collectivités territoriales", avait-il dit. Le mot d'ordre est on ne peut plus clair pour le chef de l'Etat: Vous dépensez trop. Faites des économies !
Un pacte de stabilité a été présenté ce matin aux divers représentants des collectivités locales de droite et de gauche présents au palais de l'Elysée selon lequel elles doivent faire un effort volontaire de diminution de leurs dépenses. François Fillon a indiqué qu'il devrait faire l'objet d'un débat au Parlement et "permettrait de fixer la trajectoire en terme d'objectifs d'emploi, en terme d'objectifs de dépense de l'ensemble des collectivités locales". "Selon ce pacte, l'Etat contrôlerait et régulerait les finances et la gestion des collectivités. C'est bien entendu non", pour Alain Rousset qui préfère à l'instar de François Hollande, parler de pacte de confiance.
Dan un communiqué, le secrétaire général de l'Assemblée des départements de France (ADF), Bruno Sido (UMP) a indiqué qu'il partageait "l'idée d'un pacte de confiance entre l'Etat et les collectivités, qui s'est parfaitement inscrit dans les faits ce matin, puisque sans confiance, il n'y aurait eu ni invitation, ni discussion" (...) L'application des principes de proportionnalité, de solidarité, et celui "de dépense nécessaire", "permettrait de parvenir à une réelle maîtrise des dépenses publiques locales et de dégager, de manière partagée, des pistes de réduction de la dépense publique".
Bonus-malus
Afin de contraindre les collectivités à faire de efforts, l'idée de moduler les dotations de l'Etat aux collectivités "en fonction de leur sagesse en matière de gestion" a même été remise sur la table. Pour Claudy Lebreton, "il faut arrêter de croire que les collectivités locales sont dirigés par des élus qui ne savent pas dire non et que nous ne savons pas faire le tri. Pour le président de l'Assemblée des départements de France, "les collectivités ont assumé leurs responsabilités". Rappelant chiffre à l'appui que l'Etat ne peut en dire autant. Selon Jean-Paul Huchon, les collectivités réalisent plus de 70% de l'investissement public et leur dette équivaut à 10% de la dette publique. Alain Rousset considère que "l'Etat est mal placé pour donner des leçons de rigueur".
Qui l'eu cru ?