--> http://www.bakchich.info/La-mairie-de-C ... 07801.htmlLa mairie de Corbeil-Essonnes prise Dassault ?
triche / vendredi 22 mai par Anaëlle Verzaux
Cet après-midi, le rapporteur public du Conseil d’Etat rendra son avis sur l’affaire des achats de voix à Corbeil-Essonnes. Le maire, Serge Dassault, pourrait être démis de ses fonctions.
Mercredi 20 mai, 21 heures, une vingtaine de voitures de CRS stationnent à quelques mètres de la mairie de Corbeil-Essonnes. Impressionnant… Mais le jeune homme accoudé au comptoir d’un bistro de la ville, semble peu surpris de la nouvelle : « En ce moment, ça pète tous les trois jours à Corbeil ! », s’exclame-t-il. Plus loin, une femme sirote une bière, et raconte, indignée, ce qu’elle a vu, « souvent ces derniers temps » : Un « proche de Dassault », discuter avec tel et tel jeune du quartier des Tarterêts. Le patron du café réagit : « Il [Dassault] achète quoi maintenant, le silence des témoins » ? La ville est sous haute tension, plus que d’ordinaire. Car nous sommes alors à deux jours du rendu d’un avis, celui du rapporteur public du Conseil d’Etat, qui pourrait entraîner l’annulation du deuxième tour du scrutin municipal de 2008. Et avec, la chute du maire de Corbeil-Essonnes, Serge Dassault.
Char d’Assault
Serge Dassault, maire-sénateur-avionneur-patron de presse, est accusé d’avoir acheté des voix pour assurer sa victoire aux dernières municipales (qu’il remporte avec 50,65 % des suffrages et 170 voix d’avance – sur 22 000 inscrits), et d’avoir exercé des pressions sur les électeurs. Une accusation que partagent les membres de la liste d’union du deuxième tour. Jacques Picard, membre Vert du Conseil Municipal, a démissionné pour cette raison, le 1er janvier 2009. Un départ qu’il expliquait dans une lettre adressée aux Corbeil-Essonnois, en ces termes : « Mon intime conviction m’amène à considérer comme impossible de siéger avec Serge Dassault et son équipe. Les pratiques clientélistes avérées, les menaces, la distribution tout au long du mandat d’argent personnel du Maire (qu’il reconnaît lui-même en conseil municipal) faussent le jeu démocratique. Comme républicain, je ne veux pas cautionner ce système. » De son côté, Bruno Piriou, chef de file de l’opposition et ancien candidat PC à la mairie de Corbeil-Essonnes, a contesté une première fois l’élection dès 2008, devant le Tribunal administratif de Versailles.
La justice n’avait alors pas retenu les arguments avancés. La deuxième fois cependant, le 25 mars dernier, le rapporteur public du Conseil d’Etat demandait l’annulation du deuxième tour, et ce malgré que les cinq témoins de Piriou ne se soient pas présentés au tribunal comme prévu. Une belle victoire en perspective pour l’opposition, puisque l’avis du rapporteur public est généralement suivi par le juge.
Délibéré cet après midi
Mais, face à cet avis défavorable, l’inquiété Dassault a demandé et obtenu – ce qui est une rareté – un report du délibéré et une nouvelle instruction. Qui se tient aujourd’hui même. Avec le même rapporteur public que le 25 mars, et toujours sans les témoins de Bruno Piriou. Car ceux qui avaient écrit des lettres pour dire : « Pendant la dernière campagne municipale, j’ai distribué, à la demande de Dassault ou de son bras droit, et contre rémunération, des enveloppes contenant de l’argent aux habitants de Corbeil-Essonnes », sont sous pression. Les cinq témoins ont sur le dos trois plaintes de Serge Dassault (diffamation, escroquerie et faux témoignage). Et, surtout, sont les proies de règlements de compte. Tandis qu’un des témoins console sa compagne, dont la voiture est criblé d’au moins une balle, un autre a vu ses comptes bancaires passés au peigne fin, et un troisième s’est exilé dans sa famille en Algérie. « Pour un mariage », dit-il. Sauf qu’un de ses proches nous a affirmé que ledit témoin n’était jusqu’alors jamais allé en Algérie. Et certains ont confié à leurs proches qu’ils étaient victimes de menaces lourdes.
Un climat particulièrement délétère, qu’apaisera peut-être, avant la notification du jugement dans environ trois semaines, l’avis du rapporteur public.
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Ca pue le pourri dans cette ville !