Qu'en pensez vous ?Un an après la remise de son rapport, le commissaire général à l’investissement tire le bilan du pacte de compétitivité. « L’euro, à 1,35 - 1,40 dollar, peut étouffer la petite reprise à laquelle nous assistons », craint-il.
Un an après la remise de votre rapport, êtes-vous satisfait des retombées ?
Un brin d’autosatisfaction, oui ! Le débat sur la compétitivité existait déjà mais mon rapport a enfoncé le clou. Il a contribué à une prise de conscience collective et a conduit le gouvernement à prendre des décisions rapides et fortes. Je pense bien sûr aux 35 actions du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi annoncées dans la foulée. Mais je n’oublie pas non plus les décisions prises tout au long de l’année écoulée, comme le nouveau programme d’investissements d’avenir de 12 milliards d’euros, le programme « Nouvelle France industrielle » avec ses 34 plans, les innovations de rupture pour 2030 du rapport de la commission Lauvergeon ou encore le nouveau plan pour l’innovation. Tout cela s’inscrit dans la même logique et va dans le bon sens.
Quel bilan tirez-vous du pacte de compétitivité et de sa mesure phare, le crédit d’impôt compétitivité et emploi (CICE) ?
Les mesures annoncées ont quasiment toutes été mises en œuvre, ou engagées, les différents ministères se sont bien mobilisés. Les aides à l’innovation, la Banque publique d’investissement, l’alignement des aides publiques à l’exportation sur les meilleurs standards européens, tout cela est maintenant en place. Concernant le CICE, vous savez que ce n’est pas exactement le dispositif que j’avais proposé. Mais il est là et il a la vertu de déplacer 20 milliards d’euros vers les entreprises. C’est un effort considérable qui représente 4 à 6 % de la masse salariale des entreprises.
Cela permet de réduire presque de moitié l’écart de compétitivité créé par rapport à l’Allemagne sur le front du coût du travail dans la décennie 2000. Le plus important maintenant est de ne pas toucher au CICE et de garantir sa pérennité.
Vous n’avez aucun regret ?
En matière d’attractivité, il y a encore des marges de progrès : beaucoup de mesures un peu pointillistes ont été prises mais il manque encore un écosystème. Si le choc de simplification fonctionne, cela sera un élément fort d’attractivité. La stabilisation fiscale y participerait, bien sûr. L’apprentissage est également une réforme essentielle à mettre en œuvre : c’est une machine formidable pour intégrer les jeunes dans de véritables emplois. Il faut créer – plus qu’aujourd’hui - une vraie dynamique sur le sujet entre l’Etat, les régions et les entreprises.
(...)
L’euro fort ne va-t-il pas fragiliser cette reprise ?
C’est un vrai problème pour nos industriels. Je l’ai dit dans mon rapport : l’euro fort renforce les forts et affaiblit les faibles. L’euro, situé autour de 1,35 - 1,40 dollar, peut étouffer la petite reprise à laquelle nous assistons. La politique de change dans la zone euro relève de l’Eurogroupe ; il lui appartient de se saisir du problème. La BCE dispose de l’outil des taux d’intérêt. Certains pays ont joué ou accepté la baisse de leur monnaie : le Japon, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, certains émergents ; pouvons-nous accepter d’en être les victimes sans broncher ? Un euro à un taux raisonnable ne dispense ni des efforts ni des réformes, mais il est aussi nécessaire au redressement de notre compétitivité.
L’Etat doit-il aller plus loin dans la baisse du coût du travail ?
Je rappelle tout de même que la divergence de coût de travail entre la France et l’Allemagne depuis le début des années 2000 est due pour un tiers aux charges sociales et pour deux tiers aux écarts d’augmentations de salaires entre les deux pays. Ces douze dernières années, la France a souvent fait le choix des salaires contre l’emploi. Il est normal que les entreprises qui vont bien augmentent les salaires ; c’est ce que font depuis 2012 les grandes entreprises allemandes. Mais je me réjouis aussi de la souplesse offerte par les accords de compétitivité pour préserver l’emploi en contrepartie d’un effort sur les salaires. Plusieurs ont été signés. C’est une première retombée positive de l’accord national interprofessionnel de janvier dernier.
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Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
- politicien
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Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
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Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
La course au moins-disant social ne fait que commencer.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
La compétitivité des entreprises vis à vis de leurs concurrentes européennes dépend pour partie des règles fiscales et sociales qui existent dans les différents pays. Il se trouve que les échanges intra-européens sont très supérieurs à ceux qui se font vers l'extérieur de l’Europe. Il est donc évident qu'il faut viser une harmonisation des règles des pays membres si nous voulons faire du social. Moins d'Europe, c'est plus de dumping et de moins-disant social.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Ah... Le mythe de l'harmonisation. Ca fait longtemps qu'on nous l'avait pas sorti !
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Ben oui, c'est à l'ordre du jour. La concurrence fait rage sur base de dumping social. Alors on a le choix entre harmonisation, déclin de la protection sociale, et protectionnisme aux frontières de la France. Tu choisis quoi ?
- Nombrilist
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Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Pierre, l'harmonisation fiscale, pourquoi pas. Mais si l'Estonie garde son SMIC à 400 euros, tu pourras harmoniser tout ce que tu voudras, ça ne changera pas assez les choses pour éviter le dumping. Mélenchon veut en plus instaurer un SMIC européen. Il a raison, c'est la seule solution.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Ce qui m'interpelle une fois de plus c'est la première phrase: la hausse de l'euro risque d'étouffer le reprise. Certes ce n'est pas un scoop, cela va sans dire ... mais cela va mieux en le disant.
Bref tant que l'on aura une politique monétaire comme celle de la BCE on n'est pas prêt de redémarrer. On voit d'ailleurs que l'Espagne après quelques 6 mois de très légère baisse du chômage voit ses chiffres remonter.
Bref tant que l'on aura une politique monétaire comme celle de la BCE on n'est pas prêt de redémarrer. On voit d'ailleurs que l'Espagne après quelques 6 mois de très légère baisse du chômage voit ses chiffres remonter.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
L'harmonisation, c'est une chimère ! Ce n'est quand même pas compliqué à comprendre ! Croyez-vous vraiment que les Tchèques et les Polonais et les Estoniens vont accepter de multiplier leurs salaires et leurs cotisations par trois ou quatre voire plus, juste pour nous faire plaisir ? Croyez-vous vraiment que les Allemands vont cesser de recruter de la main d'oeuvre des pays de l'Est dans leurs usines, juste pour nous faire plaisir ? Il faut arrêter de rêver ! Idem pour le SMIC européen : croyez-vous vraiment que les Tchèques, Polonais, Estoniens et Allemands vont accepter un SMIC équivalent au SMIC français, juste pour nous faire plaisir ?
L'harmonisation sociale et fiscale européenne est une chimère, elle n'a aucune chance de voir le jour, tout simplement parce que les autres pays n'y ont pas intérêt et n'en voudront pas !
L'harmonisation sociale et fiscale européenne est une chimère, elle n'a aucune chance de voir le jour, tout simplement parce que les autres pays n'y ont pas intérêt et n'en voudront pas !
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Nombrilist évoque Mélenchon. Sauf que Mélenchon est ambigu : comme ses amis de gauche, il dénonce le libéralisme, la précarité, il promet une harmonisation sociale ou un SMIC européen, mais il ne propose pas de sortir de l'Europe. Il faut donc qu'il nous explique comment il va s'y prendre pour négocier tout ça, tout en restant dans le cadre européen actuel, avec des "partenaires" européens qui ne voudront pas de ses propositions.
Si on reste dans le cadre institutionnel européen actuel, les objectifs de Mélenchon (tout à fait louables) resteront des voeux pieux.
Si on reste dans le cadre institutionnel européen actuel, les objectifs de Mélenchon (tout à fait louables) resteront des voeux pieux.
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Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Je suis d'accord avec toi. J'attends de voir ce que le PG va proposer aux européennes.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Jusqu'à présent, Méluche n'a jamais promis de sortir de l'Europe. Il critique le caractère par trop libéral de la construction européenne (et il a raison). Il dénonce la politique monétaire (et il a raison). Mais il se contente d'annoncer une renégociation. Je souhaite qu'il nous dise comment il va s'y prendre pour renégocier les traités...
Si Politicien fait venir un élu du FDG, je tiens déjà la question que lui poserai : je l'interrogerai sur cette ambiguïté qui consiste à vouloir (à juste titre) une autre politique européenne, mais en restant de la cadre institutionnel actuel...
Si Politicien fait venir un élu du FDG, je tiens déjà la question que lui poserai : je l'interrogerai sur cette ambiguïté qui consiste à vouloir (à juste titre) une autre politique européenne, mais en restant de la cadre institutionnel actuel...
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Je crois qu'il sera difficile de réduire le coût du travail français afin de le rendre comparable à la moyenne des coûts européens et impossible pour l'amener à la moyenne des coûts des grands pays producteurs.
Pour que le travail revienne en France il faudrait que les coûts des transports explosent.
Reste l'automatisation mais elle est par définition beaucoup moins consommatrice de main d’œuvre.
Alors il ne reste plus qu'à faire ce qui ne se fait pas encore ailleurs... (haut niveau de qualité, innovation...)
Je pense que la France n'a pas la culture de la haute qualité dans le domaine de la production industrielle. Notre modèle de société nous a plutôt conduit à favoriser les études longues, à négliger la production (manque d’investissements dans les robots, faiblesse de la formation technique, dévalorisation culturelle des emplois productifs...) et à puiser pendant un certain temps nore main d'oeure productive dans nos anciennes "terres impériales"...
Notre seul avenir me semble l'innovation. Nous avons la chance d'être implanté sur un marché dynamique et riche qui devrait favoriser l'observation anticipée des besoins nouveaux.
Pour que le travail revienne en France il faudrait que les coûts des transports explosent.
Reste l'automatisation mais elle est par définition beaucoup moins consommatrice de main d’œuvre.
Alors il ne reste plus qu'à faire ce qui ne se fait pas encore ailleurs... (haut niveau de qualité, innovation...)
Je pense que la France n'a pas la culture de la haute qualité dans le domaine de la production industrielle. Notre modèle de société nous a plutôt conduit à favoriser les études longues, à négliger la production (manque d’investissements dans les robots, faiblesse de la formation technique, dévalorisation culturelle des emplois productifs...) et à puiser pendant un certain temps nore main d'oeure productive dans nos anciennes "terres impériales"...
Notre seul avenir me semble l'innovation. Nous avons la chance d'être implanté sur un marché dynamique et riche qui devrait favoriser l'observation anticipée des besoins nouveaux.
- Nombrilist
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Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
L'innovation est nécessaire pour rester dans la course. Rien de plus. Ce n'est pas ça qui va nous créer 3 millions d'emplois rémunérés correctement.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
En effet, il sera difficile de réduire le coût du travail pour le rendre comparable à ce qui se fait ailleurs (encore qu'on peut nous faire remarquer que les Allemands s'en sortent bien malgré un coût du travail très élevé, mais leur exemple est difficilement transposable).
Investir sur un positionnement de qualité, c'est bien, et sans doute nécessaire. Sauf que ça nous protège de la concurrence internationale déloyale de façon très relative... Ceux qui croient que la recherche et l'innovation vont nous sauver vont au-devant de graves désillusions : les Indiens, par exemple, nous concurrencent dans l'informatique, cela montre qu'il n'y a pas que les secteurs faiblement qualifiés qui sont exposés à la concurrence internationale.
Parmi les solutions envisagées, il y a une autre, que tu n'as pas citée : celle consistant à nous protéger de cette concurrence internationale déloyale, avec quelque chose qu'on appelle le protectionnisme. Bien sûr, le droit européen nous l'interdit, d'où la nécessité de sortir de ce carcan européen.
Investir sur un positionnement de qualité, c'est bien, et sans doute nécessaire. Sauf que ça nous protège de la concurrence internationale déloyale de façon très relative... Ceux qui croient que la recherche et l'innovation vont nous sauver vont au-devant de graves désillusions : les Indiens, par exemple, nous concurrencent dans l'informatique, cela montre qu'il n'y a pas que les secteurs faiblement qualifiés qui sont exposés à la concurrence internationale.
Parmi les solutions envisagées, il y a une autre, que tu n'as pas citée : celle consistant à nous protéger de cette concurrence internationale déloyale, avec quelque chose qu'on appelle le protectionnisme. Bien sûr, le droit européen nous l'interdit, d'où la nécessité de sortir de ce carcan européen.
Re: Louis Gallois : «L’industrie a touché le fond de la piscine»
Nombrilist » 05 Nov 2013, 11:40:24 a écrit :L'innovation est nécessaire pour rester dans la course. Rien de plus. Ce n'est pas ça qui va nous créer 3 millions d'emplois rémunérés correctement.
C'est vrai.
Il faut peut-être commencé à imaginer une société où il n'y aura plus de plein emploi.
Mais il faut c'est que l'"innovation" permette de financer les consommateurs... en attendant une adaptation de notre population aux besoins de demain
Soyons clair hier quatre ou cinq pays occidentaux et le Japon produisaient l'ensemble des biens industriels de ce monde.
Aujourd'hui des pays a forte population (donc à bas salaire) se sont mis de la partie, par ailleurs les progrès de la productivité permettent de produire beaucoup plus avec des moyens réduits... Certes la demande mondiale augmente mais pas en proportion.
Il est difficile d'imaginer un retour à la situation des années 60-80.
Nous sommes dans une grande mutation de société. Il est clair que de nombreuses personnes se trouvent en décalage avec les nouveaux besoins.
On peut comparer cela à ce qui s'est passé en France au début du XX dans le domaine de l'agriculture. en 1900 50% de la population travaillaient dans l'agriculture, à la fin du siècle ils n'étaient plus que 3% alors que la production s'est accrue...
La stabilisation des choses a demandé des décennies (il faut que des générations "inadaptées" disparaissent) et des migrations géographiques et fonctionnelles importantes, limités aux frontières du pays à cette époque grâce à la montée concomitante de l'industrie.
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