CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

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El Fredo
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par El Fredo » 22 sept. 2014, 23:29:11

Ma réponse : donnons de l'argent à ceux qui en ont besoin.

Si on en donne à des entreprises qui font des bénéfices, ça va dans la poche des actionnaires, et si ceux-ci sont à l'étranger c'est mauvais pour le pays.
Si on en donne à des entreprises en difficultés, alors elles auront moins de chance de couler ou de virer des employés, donc ça coûtera moins cher à la collectivité en allocations chômage, et les non-chômeurs pourront consommer.
Si on en donne à des entreprises en manque d'argent pour se développer (parce que les banques etc), alors elles pourront investir avec de grande chance que ça profite à d'autres boites françaises. Voir point n°2.

Si on en donne à des consommateurs qui vont se ruer sur le dernier HeilPhone made in PRC, alors c'est de l'argent foutu en l'air.
Si on en donne à des ménages sous forme de crédit d'impôt ou de chèque-énergie pour des travaux d'isolation ou d'énergies renouvelables, alors ça réduit notre dépendance énergétique.
Si on en donne à des foyers modestes sous forme d'aides sociales ou autres alors ils pourront payer des activités à leurs enfants ou acheter des produits alimentaires de meilleure qualité, et une population éduquée et en bonne santé c'est bon pour le PIB.


En résumé : au niveau macroéconomique nous avons un problème de demande, c'est indéniable. Au niveau microéconomique on ne peut pas résumer ça à "stimuler la consommation" vs. "réduire le coût du travail", il faut des mesures ciblées de telle façon qu'un euro dépensé génère plus d'un euro de PIB (multiplicateur fiscal > 1).
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Nombrilist » 22 sept. 2014, 23:29:49

politicien » Lun 22 Sep 2014 - 23:08 a écrit :Si ils font travailler des gens en France, l'argument reste valable non ?
Si les salaires augmentent, oui. Et comme chacun sait, le SMIC prend 10% par an ^^.

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Albedo
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Albedo » 23 sept. 2014, 10:37:08

Un tel niveau de contrôle sur les "aides" est du domaine du quasi-irréalisable, c'est du Gosplan avec, forcément, une coordination centrale dans un comité théodule. Rien qu'imaginer la collecte, le traitement des données et le processus de sélection pour cibler les entreprises correspondantes à tel dispositif coutera plus cher que le résultat. Sans compter le contrôle des "résultats attendus" après les actions entreprises.

Je reste persuadé que le mieux placé pour savoir ce qu'il faut faire est l'individu concerné, que ça soit un consommateur, un actionnaire ou un dirigeant d'entreprises.

Une économie ne peut pas se diriger avec un tel niveau de précision microéconomique, le nombre d'informations (qui n'est jamais suffisant) dépasse tout entendement et toute capacité humaine d'un individu ou groupe d'individus, même les plus brillants. Le propre de l'économie, c'est justement que l'information est décentralisée.
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Narbonne
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Narbonne » 23 sept. 2014, 11:43:30

Pourtant, il y a toujours des centaines de niches fiscales. On peut bien imaginer des niches pour relancer l'économie.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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Albedo
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Albedo » 23 sept. 2014, 12:06:45

Comme les niches fiscales pour l'immobilier? On ne peut pas vraiment dire que le résultat soit à la hauteur des espérances des instigateurs.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Papibilou » 23 sept. 2014, 12:26:38

Nombrilist » Lun 22 Sep 2014 - 18:57 a écrit :Tu ne peux être en position d'offre que si il y a demande. Sinon il n'y a pas d'offre. Par conséquent, il faut une relance de la consommation suffisamment longue pour que les entreprises aient à nouveau envie d'investir. Le contraire n'a aucune chance de marcher.
Ce n'est pas vrai pour tout mais, au moins en partie, l'offre crée la demande. D'ailleurs demandez à Apple.

De plus, dans un marché mondialisé, une entreprise qui veut conquérir des marchés aura intérêt à se présenter sur les marchés de manière avantageuse par rapport aux concurrents. Ainsi, une entreprise qui veut prendre des parts en Italie devra être moins chère que ses concurrents déjà installés. Il lui faudra donc rogner sur ses marges mais elle pourra le faire si elle a investi et qu'elle veut optimiser sa production (coût marginal).

En revanche la relance par la consommation a déjà été tentée en France:
http://www.lemonde.fr/talents-fr/articl ... _3504.html
...et ratée. Keynes ne fonctionne plus comme dans les années 30.

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albert
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par albert » 23 sept. 2014, 12:42:32

Papibilou » 23 Sep 2014, 12:26 a écrit : l'offre crée la demande.
Vous n'allez pas recommencer avec la loi de Say !
Papibilou » 23 Sep 2014, 12:26 a écrit : En revanche la relance par la consommation a déjà été tentée en France:
http://www.lemonde.fr/talents-fr/articl ... _3504.html
...et ratée. Keynes ne fonctionne plus comme dans les années 30.
En 1981-83, il aurait fallu sortir du SME. Tout comme aujourd'hui, il faudrait sortir de l'euro.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Jeff Van Planet » 23 sept. 2014, 16:46:45

Papibilou » 23 Sep 2014, 12:26:38 a écrit :
[...]

En revanche la relance par la consommation a déjà été tentée en France:
http://www.lemonde.fr/talents-fr/articl ... _3504.html
...et ratée. Keynes ne fonctionne plus comme dans les années 30.
Très bon article.


Albert, sortir ou pas du SME n'aurait rien changer au faite que ces sommes allaient soit dans l'inflation soit à l'étranger. Une vraie politique de don quichote: luter contre des moulins à vent.
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albert
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par albert » 23 sept. 2014, 17:07:37

En 1982-1983, il aurait fallu sortir du SME, dévaluer de 30 %, mettre en oeuvre une politique protectionniste. Faire une relance en restant dans le cadre européen était une erreur. Je rappelle qu'à l'époque, de nombreuses personnalités politiques et des économistes défendaient cette ligne, ceux que l'on a appelé "les visiteurs du soir". C'était aussi la position de JP Chevènement.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Jeff Van Planet » 23 sept. 2014, 17:13:40

Dévaluer de 30% c'est amusant par ce qu'à l'époque on à dévaluer pas loin de trois fois pendant cette période, et rien n'y à fait.
Quant une politique ne marche pas, ne pas la continuer et en changer n'est que preuve de bon sens.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par albert » 23 sept. 2014, 17:21:19

Jeff Van Planet » 23 Sep 2014, 17:13 a écrit :Dévaluer de 30% c'est amusant par ce qu'à l'époque on à dévaluer pas loin de trois fois pendant cette période, et rien n'y à fait.
Quant une politique ne marche pas, ne pas la continuer et en changer n'est que preuve de bon sens.
On n'a pas dévalué assez (10 % en 1982-83) car Mitterrand ne voulait pas sortir du système monétaire européen. Il aurait fallu dévaluer de 30 % et aussi prendre des mesures protectionnistes. On ne peut pas dire que cette politique n'a pas marché puisqu'elle n'a pas été essayée.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Jeff Van Planet » 24 sept. 2014, 17:28:20

<<On ne peut pas dire que cette politique n'a pas marché puisqu'elle n'a pas été essayée.>>
l'article dit tout le contraire.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par albert » 24 sept. 2014, 17:52:17

Jeff Van Planet » 24 Sep 2014, 17:28 a écrit :<<On ne peut pas dire que cette politique n'a pas marché puisqu'elle n'a pas été essayée.>>
l'article dit tout le contraire.
La France n'est pas sortie du SME en 1982-83, elle n'a pas dévalué de 30 % et elle n'a pas mis en oeuvre une politique protectionniste. Par conséquent, cette autre politique que quelqu'un comme Chevènement prône depuis longtemps n'a jamais été appliquée, ne vous en déplaise.
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par politicien » 30 sept. 2014, 21:17:56

Bonjour,
Les entreprises devraient enregistrer une créance de le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) de 10,8 milliards pour l'ensemble de 2014, loin des 12,3 milliards prévus par Bercy.

Censé être une des réponses à la perte de compétitivité des entreprises, le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) connaît un démarrage poussif. «Les entreprises sont en phase d'apprentissage avec ce nouvel outil», a admis Jean Pisani-Ferry, le commissaire général à la stratégie et à la prospective, lors de la présentation mardi du deuxième rapport du comité de suivi du CICE. Le CICE permet d'obtenir, à partir de 2014, une créance d'impôt sur les sociétés (IS) à hauteur d'un pourcentage de la masse salariale (4 % en 2013, 6 % par la suite dans la limite de salaires inférieurs à 2,5 smic). Début septembre, les entreprises avaient enregistré auprès du fisc une créance de CICE de 8,7 milliards. De quoi tabler sur une ristourne de 10,8 milliards pour l'ensemble de 2014, loin des 12,3 milliards prévus par Bercy. Sur ces 10,8 milliards, 6,5 milliards devraient être utilisés par les entreprises pour réduire l'IS payé en 2014, à en croire la tendance constatée début septembre. C'est un tiers de moins que ce que prévoyait Bercy. Le reste de la créance de CICE n'est pas perdu: il reste utilisable pendant trois ans.

(...)

L'intégralité de cet article à lire sur Le Figaro.fr
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Re: CICE : quand le (C) de compétitivité prend le pas sur le (E) de l'emploi

Message non lu par Nombrilist » 30 sept. 2014, 22:55:06

11 milliards de CICE et 10 milliards de dividendes supplémentaires versés en France en 2013.

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