Manuel Valls l'avait annoncé le 1er août à la sortie d'un séminaire gouvernemental : la rentrée sera "difficile en matière de conjoncture économique". Avec le premier conseil des ministres de rentrée ce mercredi, le Premier ministre et François Hollande entrent dans le vif du sujet. Ils vont devoir gérer, tant bien que mal, les conséquences de la panne de croissance qui frappe le pays, notamment en matière de chômage. Selon la première estimation de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée le 14 août, l'activité économique a encore stagné entre avril et juin, après un premier trimestre déjà étale. Conséquence directe, le gouvernement ne peut plus espérer qu'une progression de la richesse annuelle de 0,5 % contre une prévision de 1 %. Une nouvelle d'autant plus problématique qu'elle met à mal tout le fragile édifice budgétaire 2015-2017, concocté en avril et censé garantir un retour à 3 % de déficit public à la fin de l'année prochaine. Avec une croissance en berne, les impôts ne rapporteront en effet pas autant d'argent qu'attendu dans les caisses de l'État.
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Le risque de déflation transformé en argument politique
Si Paris n'est pas responsable de l'atonie de son économie, c'est donc à la zone euro, et plus particulièrement à l'Allemagne, de faire un geste en acceptant une interprétation plus souple du pacte de stabilité européen. Le trou d'air enregistré par l'économie allemande au deuxième trimestre (- 0,2 %) apporte de l'eau au moulin français.
Plus de deux ans après avoir promis un pacte de croissance européen de 120 milliards très en deçà des attentes, l'Élysée estime aujourd'hui avoir les coudées plus franches pour en demander un second, plus consistant. Le nouveau président conservateur de la Commission, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, n'a-t-il pas évoqué lui-même un plan de relance de l'investissement public et privé de 300 milliards ? À Bercy, Arnaud Montebourg et Michel Sapin n'ont pas caché leur espoir de voir la Banque européenne d'investissement faire jouer sa force de frappe financière pour stimuler les grands projets, par exemple en favorisant les émissions d'obligations privées pour investir dans le numérique ou les infrastructures de transports. La bataille pourrait être engagée au prochain sommet européen, à la fin août.
Appel à l'aide
François Hollande a déjà demandé, dans les colonnes du Monde, que l'Allemagne assume son rôle de leader de l'économie européenne en investissant davantage, même si rien ne garantit que les exportateurs hexagonaux profitent d'une stimulation de l'économie allemande. Le chef de l'État réclame aussi que la BCE aille plus loin pour faire baisser l'euro, un mouvement déjà légèrement engagé depuis l'annonce d'une batterie de mesures début juin.
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Pour faire bonne figure face à la Commission, le gouvernement a inscrit plusieurs nouveaux chantiers de réforme à son agenda. Les Assises de l'investissement doivent servir à mobiliser l'énorme réserve d'épargne des Français vers le financement de l'économie. Après avoir alourdi la fiscalité de l'intéressement et de la participation (hausse du forfait social payé par les entreprises de 8 à 20 % en 2012), le gouvernement cherche maintenant les moyens d'en élargir l'accès. Mais ce serpent de mer n'a jamais eu d'effets significatifs.
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