Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

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Jeff Van Planet
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Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Jeff Van Planet » 09 déc. 2014, 18:05:57

Bonjour,
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Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Notre gouvernement continue à inonder d’argent ses propres circuits par des dépenses publiques massives, prétextant que l’austérité casserait la croissance.
Par Yves Montenay.

Les banques centrales ont été sommées « pour la croissance » d’inonder la planète de milliers de milliards de dollars. Notre gouvernement continue à inonder d’argent ses propres circuits par des dépenses publiques massives, prétextant que l’austérité casserait la croissance. Mais on ne voit rien venir, car le terme « croissance » est utilisé à tort et à travers. Et de toute façon ce n’est pas une question d’argent. On pense que si on sème de l’argent, des emplois vont pousser. On a commencé par chercher de l’argent par l’impôt. On a taxé les entreprises pour s’apercevoir plus tard que cela enlevait aux employeurs les moyens d’employer et les poussait à embaucher à l’étranger. Comme l’impôt rentre de plus en plus mal, on emprunte.

Nous avons la chance d’avoir comme garante une tante riche et économe, Madame Merkel, grâce à laquelle on nous prête à des taux d’intérêt très bas. Mais cette tante agace par ses conseils d’économie, et il est très commode de dire que c’est de sa faute si tout va mal. Je ne sais pas combien de temps pourra durer ce double jeu.

Le mot croissance est utilisé à tort et à travers

Les financiers ont convaincu les pouvoirs d’inonder l’économie d’argent bon marché. C’est soi-disant « pour la croissance ». Mais en fait l’argent n’arrive pas à l’entrepreneur de base, celui qui crée des emplois, car c’est aux banques que cette inondation financière est nécessaire pour sauver leur peau, comme en 2008, et tant pis si l’on crée quelques bulles au passage. Or éviter le pire et favoriser la croissance sont deux choses différentes : un parachute, c’est pour survivre quand l’avion tombe, pas pour avancer !

Voici un exemple de cette confusion : les stratégistes de CM-CIC Securities écrivent : « Le gouvernement chinois reste présent pour limiter le risque de hard landing (en clair, il distribue massivement des crédits), mais poursuit en parallèle ses objectifs de réformes structurelles, ce qui pénalise la croissance. » Or c’est justement faute de réformes structurelles que la croissance chinoise, tout comme la française, est menacée.

De plus, en France, le gouvernement est coincé entre sa découverte tardive du rôle des entreprises et sa gauche qui crie que l’austérité va tuer la croissance. C’est de l’hypocrisie, car l’absence de croissance ne menace pas les fonctionnaires dont le poste est garanti. En fait, ils craignent une austérité qui réduirait leurs avantages, et tant pis si les conserver oblige à taxer, à s’endetter ou à annuler des investissements, ce qui dans tous les cas est un moins pour l’emploi.
Du coup, les dépenses publiques continuent à augmenter de 21 milliards par an depuis 2009 ; elles dépassent maintenant de 13 points de PIB le taux allemand. Et sans aucun effet, car faire doublonner un fonctionnaire départemental par un fonctionnaire régional crée-t-il de nouveaux produits et donc de nouveaux emplois ? En réalité, la véritable austérité est celle qui s’est abattue sur le secteur privé avec l’augmentation des charges et des impôts tant sur les entreprises que sur les salariés moyens ou cadres.

Résumons : ce n’est pas en semant de l’argent par les banques centrales ou les dépenses publiques courantes que l’on déclenche la croissance. On ne fait qu’éviter un effondrement en s’endettant un peu plus. C’est ce qui se passe depuis 2008, et pas seulement en France.

Alors d’où est venue et d’où vient la croissance ? Prenons du recul et interrogeons l’histoire.

L’urbanisation, la qualification, l’ouverture à l’étranger

D’où est venue notre croissance passée ? D’où vient aujourd’hui la croissance des autres ?

La croissance de la France d’avant-hier ou celle du Japon puis de l’Asie du Sud-Est hier ou de la Chine d’aujourd’hui est d’abord largement due à l’urbanisation : des paysans en surnombre, donc peu productifs deviennent des ouvriers, puis des employés, puis leurs enfants des ingénieurs, des cadres etc. En France, c’est terminé, mais l’Afrique et une partie de l’Asie sont peu urbanisés et leur développement sera une aubaine pour nous. À condition que nous soyons compétitifs, sinon elles iront chercher leurs importations chez les autres !

D’où la deuxième étape de croissance : se qualifier. Autrement dit, lorsque les campagnes se sont vidées il faut un progrès en agriculture pour nourrir les villes, ou être compétitif à l’exportation pour pouvoir payer la nourriture importée, comme le font Singapour, Hong Kong et bien d’autres. Pour cela il faut généraliser puis perfectionner sans cesse l’éducation. C’est ce que fait l’Asie orientale, mais pas l’Afrique. En France, l’urbanisation est terminée. Il n’y a presque plus de paysans et ceux qui restent ont une très bonne productivité : les transformer en ouvriers n’apporterait rien, au contraire. Reste à bien former les jeunes pour les préparer à l’emploi.

La croissance, c’est le fait que chacun produise davantage, donc monte en qualification, ce qui est un processus très lent : avant de former les élèves, il faut former des professeurs, puis attendre que leurs élèves se diffusent dans l’économie, ce qui prend des décennies. En attendant, on fait appel à l’étranger : au XIXè siècle la France a accueilli les entrepreneurs anglais, les États-Unis les entrepreneurs européens et le Japon les entrepreneurs occidentaux. Au XXe siècle, l’Asie du Sud-Est a accueilli les investisseurs du reste du monde et l’Europe ceux des États-Unis. Plus tard la Chine n’a vraiment démarré que lorsqu’elle s’est enfin ouverte. Le rattrapage est alors rapide puisque l’on connaît les techniques et les méthodes : ce fut le cas de la France des Trente Glorieuses en même temps et pour les mêmes raisons que le rattrapage de l’Asie du Sud-Est.

Le comportement des dirigeants compte beaucoup : si un gouvernement n’utilise pas les ressources du pays à la scolarisation, à un minimum d’infrastructures et à un ordre public et juridique stable garantissant la vie et les activités des employeurs étrangers et nationaux, ça ne marche pas ! C’est pour cela que Mao a envoyé son pays au fond du trou. De même pour l’Inde de Nehru, plus sympathique parce que démocratique, mais dont le socialisme a maintenu la population dans une extrême pauvreté du fait du poids du secteur public et de son administration, auxquels s’est ajoutée la fermeture à l’étranger. D’ailleurs les quelques mesures libérales des années 1990 ont fait faire un bond en avant à l’Inde.

Quel argent ?
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Nombrilist
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Re: Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Nombrilist » 09 déc. 2014, 18:11:26

J'ai lu la première moitié. Je n'ai pas bien compris de quelles dépenses massives il parle et dont on pourrait se passer sans détruire des emplois. Sur les prêts aux banques, je suis entièrement d'accord avec lui. La BCE a prêté 2000 milliards aux banques qui se sont empressées de tout mettre sous clé à la BCE. Donc, l'économie réelle n'a été inondée par rien du tout. Donc, forcément, la reprise n'a pas pu avoir lieu.

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Jeff Van Planet
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Re: Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Jeff Van Planet » 09 déc. 2014, 18:22:37

Les milliards sont les, grosso modo, 21 milliards de dépense publique en plus chaque années depuis 2010.

Mais la reprise ne se fera de toutes façons pas en passant par des "vrais-faux" jobs qui ne produisent rien du tout, autrement dit par des emplois d'états.

<< Donc, l'économie réelle n'a été inondée par rien du tout>> détrompes-toi, de ces milliards, il y en à eu beaucoup qui sont retombés sur les états, principalement par l'endettement.

Mais tu devrais vraiment lire l'intégralité.
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J.Saramago

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Re: Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Nombrilist » 09 déc. 2014, 18:27:50

Entre 2009 et 2012, les dépenses publiques sont stables à 56.6% du PIB. Je n'ai pas les chiffres 2013 et 2014.

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Jeff Van Planet
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Re: Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Jeff Van Planet » 09 déc. 2014, 18:32:00

elles augmentent chaque années.
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Re: Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Nombrilist » 09 déc. 2014, 18:39:13

Il faut raisonner a minima en euros constants (inflation oblige) et également en % du PIB.

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Narbonne
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Re: Ce n’est pas en semant de l’argent qu’on fait pousser les emplois

Message non lu par Narbonne » 09 déc. 2014, 19:57:26

Taux de prélèvement obligatoire 43,9 % en 2011; 44,9 % en 2012; 46,0 % en 2013; 46,1 % en 2014 source: gouvernement

C'est vrai, que je pensais que c'était plus de 50%.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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