Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD

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Nombrilist
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Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD

Message non lu par Nombrilist » 20 mai 2015, 21:58:12

Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD. Il leur rappelle que l'Europe, dont la Grèce, a effacé une grande partie de leur dette en 1953 et qu'ils ne seraient RIEN sans cela. Il leur rappelle que les grecs riches font de l'évasion fiscale dans les banques grecques et allemandes. Et on voit alors que ces politiciens du SPD n'ont pas vraiment de divergence de point de vue de Merkel et Schaüble sur la Grèce. "On les a déjà assez aidés ! Il faut qu'ils se réforment !". Bref, ça pue le hareng de Bismarck.

http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

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wesker
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Re: Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD

Message non lu par wesker » 21 mai 2015, 13:43:31

En règle générale, en France, je crois que l'immense majorité des citoyens savent que les liens qui unissent nos pays, sur les questions commerciales, et industrielles sont favorables à nos économies respectives, cela étant au vu de l'attitude de l'Allemagne, à l'égard de ses partenaires, l'expression d'exigences, parfois illégitimes et une volonté, assumée de surpasser l'expression démocratique justifie que des réponses, argumentées, s'appuyant sur des faits leurs soient adressés.

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albert
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Re: Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD

Message non lu par albert » 08 juin 2015, 08:18:57

Thomas Piketty: «On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond. Pas de cette improvisation permanente» (Libération)
Les derniers chiffres sur le chômage signent-ils l’échec de la politique de l’offre menée par Hollande depuis le début de son quinquennat ?

Le problème de Hollande, c’est surtout qu’il n’a pas de politique. La soi-disant politique de l’offre est une blague. En arrivant au pouvoir, Hollande a commencé par supprimer - à tort - les baisses de cotisations patronales décidées par son prédécesseur. Avant de mettre en place, six mois plus tard, le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi), qui est une gigantesque usine à gaz consistant à rembourser avec un an de retard une partie des cotisations patronales payées par les entreprises un an plus tôt. Avec, au passage, une énorme perte liée à l’illisibilité du dispositif. Et maintenant, on envisage de revenir d’ici à 2017 à une baisse de cotisations. On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond, pas de cette improvisation permanente. Et, surtout, on a besoin d’une réorientation de l’Europe. Le nouveau traité budgétaire ratifié en 2012 par Sarkozy et Hollande était une erreur, et doit être aujourd’hui dénoncé. On a voulu réduire les déficits trop vite, ce qui a tué la croissance. Même le FMI a reconnu ses erreurs sur l’austérité, mais Berlin et Paris persistent et signent. Il y a cinq ans, le taux de chômage en zone euro était le même qu’aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis, qui ont su faire preuve de souplesse budgétaire pour relancer la machine. Nous avons transformé par notre seule faute une crise financière américaine privée - celle des subprimes - en une crise européenne des dettes publiques.

Une politique économique de gauche est-elle possible ?

Il y a toujours des politiques alternatives possibles. A condition de prendre un peu de recul et de faire un détour par l’histoire. L’idée selon laquelle il n’existe aucune alternative à la pénitence ne correspond à aucune réalité historique. On observe dans le passé des dettes publiques encore plus importantes que celles constatées actuellement, et on s’en est toujours sorti, en ayant recours à une grande diversité de méthodes, parfois lentes et parfois plus rapides. Au XIXe siècle, le Royaume-Uni choisit la méthode lente, en réduisant par des excédents budgétaires, avec une inflation nulle, l’énorme dette publique - plus de 200 % du PIB - héritée des guerres napoléoniennes. Cela a marché, mais cela a pris un siècle, au cours duquel le pays a consacré davantage de recettes fiscales à rembourser ses propres rentiers qu’à investir dans l’éducation. C’est ce que l’on demande aujourd’hui à la Grèce, qui est censée dégager un excédent budgétaire de 4 % du PIB pendant les prochaines décennies, alors même que le budget total de tout son système d’enseignement supérieur est d’à peine 1 % du PIB. La France et l’Allemagne souffrent d’amnésie historique : en 1945, ces deux pays avaient plus de 200 % de PIB de dette publique, et ne l’ont jamais remboursé. Ils l’ont noyé dans l’inflation et dans les annulations de dettes. C’est ce qui leur a permis d’investir dans la reconstruction, les infrastructures et la croissance. Le traité budgétaire de 2012 nous fait choisir la stratégie britannique du XIXe siècle : c’est une immense erreur historique, un acte d’amnésie extraordinaire. Actuellement, l’Europe consacre un minuscule budget de 2 milliards d’euros par an à Erasmus, et 200 milliards d’euros par an à se repayer des intérêts de la dette à elle-même. Il faut inverser cette stratégie absurde. Il faut mettre les dettes publiques dans un fonds commun et engager une restructuration d’ensemble, pour la Grèce comme pour les autres pays.

La gauche est accusée d’avoir lâché les classes populaires, le FN serait en train de les récupérer…

L’Europe s’est construite sur l’idée d’une mise en concurrence généralisée entre les pays, entre les régions, entre les groupes mobiles et les groupes moins mobiles, sans contrepartie sociale ou fiscale. Cela n’a fait qu’exacerber des tendances inégalitaires liées à la mondialisation, à l’excès de dérégulation financière. Des économistes, des intellectuels, des hommes et des femmes politiques disent aujourd’hui qu’il faut sortir de l’Europe. Y compris à gauche, où l’on entend : «N’abandonnons pas la question de la sortie de l’euro, voire de l’Europe, à Marine Le Pen, il faut poser la question.» Ce débat est légitime et ne pourra pas être éludé indéfiniment.

Un chantage à la sortie de l’euro serait-il efficace ?

Il est temps que la France, et en particulier la gauche française, dise à l’Allemagne : si vous refusez la règle de la démocratie dans la zone euro, à quoi ça sert d’avoir une monnaie ensemble ? On ne peut pas avoir une monnaie unique sans faire confiance à la démocratie, qui est aujourd’hui corsetée par des critères budgétaires rigides et par la règle de l’unanimité sur les questions fiscales. La force des classes populaires, c’est d’être nombreux : il faut donc changer les institutions pour permettre à des majorités populaires de prendre le pouvoir en Europe. Il faut arrêter de fonctionner avec cette espèce de directoire franco-allemand dans lequel Paris joue un rôle étrange. On a l’impression que la France ne peut décider de rien, alors qu’en vérité, rien ne peut se décider sans elle. Si on mettait ensemble nos parlements nationaux pour construire une véritable chambre parlementaire de la zone euro, chacun envoyant un nombre de représentants au prorata de sa population, je suis certain que nous aurions eu moins d’austérité, plus de croissance et moins de chômage. Cette Chambre parlementaire serait responsable pour décider démocratiquement du niveau de déficit et d’investissement public, ainsi que pour superviser la Banque centrale européenne, l’union bancaire et le Mécanisme européen de stabilité. Bien sûr, l’Allemagne aurait peur d’être mise en minorité dans une telle instance. Mais si la France, l’Italie, la Grèce, demain l’Espagne, faisaient une telle proposition de refondation démocratique et sociale de l’Europe, l’Allemagne ne pourrait s’y opposer indéfiniment. Et si elle s’y opposait, alors le discours en faveur de la sortie de l’euro deviendrait irrésistible. Mais pour l’instant, il n’y a rien sur la table.
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pierre30
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Re: Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD

Message non lu par pierre30 » 08 juin 2015, 11:20:22

D'accord avec lui pour une instance démocratique qui pourrait gérer la crise et l'euro plus efficacement. Mettre les parlements ensemble ? Pourquoi pas.

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Nombrilist
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Re: Picketty assène une leçon d'économie et d'Histoire à des membres du SPD

Message non lu par Nombrilist » 08 juin 2015, 20:06:25

On sait déjà où ça mène. Autant s'éviter deux décennies de palabres et sortir de l'euro directement.

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