Oui, mais il ne dit pas que cela. Il montre qu’il y a un lien entre faible inflation, faible croissance et politique de l’offre. Car c’est cette politique de l’offre qui conduit à la désinflation salariale, qui conduit à son tour à un affaiblissement de la demande, donc de la croissance.
Non, c’est une fausse piste. Certes, l’Espagne a une bonne croissance cette année
(encore que les statistiques sont gonflées puisque les activités illégales comme la drogue et la prostitution sont intégrées dans le calcul du PIB…) mais il s’agit surtout d’un rattrapage dû à l’effondrement économique que ce pays a connu dans la période précédente. Pour le reste, ce qui est gagné par un pays qui fait de la dévaluation interne, est perdu par les autres. Cette politique de l’offre réduit la demande globale et la croissance globale. Et réduit l’inflation. Je vous renvoie à l’article de la Tribune :
Dans la logique décrite par l'économiste de Natixis, les entreprises, confrontées à un renchérissement du coût de l'énergie, n'auront pas de raison de relever leurs coûts salariaux. Bien au contraire, grâce aux réformes du marché du travail, elles pourront maintenir la pression sur les salaires et réduire l'emploi puisque le seul moteur de la croissance sera éteint.
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C'est que la politique de l'offre dont semble se réjouir l'économiste de Natixis a des effets positifs très limités. L'investissement des entreprises demeure très en retrait, alors même que les marges s'améliorent partout et que les taux d'épargne progressent. En France, selon l'Insee, les marges sont passées de 29,5 % à 31 %, mais l'investissement a reculé de 2 %. Cette situation est précisément le fruit de l'inflation faible et de la baisse des anticipations d'inflation.
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Les entreprises sont donc tentées de jouer sur la baisse de la productivité, encouragée par la baisse du coût salarial, et sur la thésaurisation de liquidités pour se prémunir contre des années difficiles. C'est l'élément sous-estimé par l'analyse de Natixis : la faible inflation durable « pétrifie » l'avenir, elle incite au désinvestissement ou du moins à l'investissement minimal et conduit à une dégradation à moyen et long terme du potentiel productif. Elle obère donc le potentiel de croissance des économies. Avec une faible inflation, la croissance ne peut être que faible (hors effet de rattrapage constaté par exemple en Espagne). C'est l'effet constaté au Japon où l'inflation est en fait restée stable pendant vingt ans et où l'économie s'est progressivement anémiée.