La Commission européenne n’en finit pas de trouver des circonstances atténuantes aux pays qui ne respectent pas le sacro-saint 3% de déficit public. Plus encore depuis le Brexit et la montée du populisme.
C’est la sixième saison qui s’achève. La sixième année que se clôt ce que dans le jargon bruxellois on appelle « le semestre européen », c’est-à-dire la surveillance des finances publiques par la Commission européenne. Chaque Etat membre de l’Union avait une date limite pour lui envoyer son budget : le 15 octobre. Objectif : vérifier que tout le monde est au cordeau, de façon, disent les textes, à pouvoir « coordonner les politiques économiques et budgétaires ». Chacun doit respecter le « pacte de stabilité et de croissance », entendez les critères de bonne gestion. Sans quoi les eurocrates peuvent sévir et infliger de lourdes amendes, voire imposer une forme de mise sous tutelle. Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de l’euro, et Pierre Moscovici, responsable de l’économie, veillent au grain.
En théorie ! Car ce mécanisme, qui, selon un diplomate allemand, « permet de regarder par-dessus la barrière dans le jardin de son voisin », a subi des allégements au fil du temps… Cet été, la presse outre- Rhin s’est déchaînée contre les « mauvais élèves que Bruxelles ménage ». Malgré un déficit respectif de 4,8 et de 4,2 % - au lieu du sacro-saint 3 % -, l’Espagne et le Portugal ont été épargnés. Le tabloïd Bild a fustigé ces « Defizitsünder », (coupables de péché de déficit) qui « auraient dû payer à eux deux une prune de 2 milliards d’euros ». Mais Lisbonne comme Madrid (lire encadré) ont des circonstances atténuantes. Tous les deux ont imposé à leur population un remède de cheval qui lentement porte ses fruits. « Il faut soutenir ces gouvernements qui ont eu le courage de lancer des politiques de redressement difficiles, estime Philippe Maystadt, ancien président de la Banque européenne d’investissement. C’est aussi un moyen de préserver leur reprise. »
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Depuis le Brexit et la montée du populisme, les pays d’Europe du Sud plaident pour davantage d’indulgence encore. Le 9 septembre, le Premier ministre grec Alexis Tsipras, toujours soucieux d’obtenir un allégement de sa dette, organisait un minisommet à Athènes, parlant « d’alliance stratégique ». Etaient présents les leaders portugais, chypriote, maltais, un représentant du Premier ministre espagnol, François Hollande et Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien, qui, à quelques semaines d’un référendum à haut risque, espère faire abaisser son objectif de croissance… Il n’en fallait pas plus pour que le quotidien allemand Die Welt hurle à une « attaque frontale contre le Stabi-Pakt » (le sobriquet de pacte de stabilité chez nos voisins…).
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http://www.challenges.fr/monde/europe/e ... ign=buffer
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