Le scandale des agences de notation

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PatJol
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Message non lu par PatJol » 28 avr. 2010, 22:57:00

Le scandale des agences de notation

Dans notre système capitaliste ultrafinancier, il existe un maillon faible qu'on ne dénonce pas assez. Je parle desagences de notation, ces entreprises prétendument indépendantes qui attribuent une note à la dette des entreprises et à celle des États. Ces notes, dont la meilleure est AAA, permettent d'évaluer la qualité de la dette de l'entreprise ou État. Une mauvaise note signifie que l'organisme noté est trop endetté, et qu'il aura du mal à rembourser. Les agences de notation sont un maillon essentiel du système financier, parce qu'elles évaluent la qualité des produits financiers. Comment s'y retrouver dans un marché sans avoir une idée claire de la qualité des produits ? D'ailleurs, on constate que quand une agence de notation change la note d'une entreprise, son cours de bourse s'en ressent tout de suite.

Premier scandale : Ces agences ne sont qu'au nombre de 3, et toutes sont américaines : Moody's, Fitch et Standard & Poor's. Résultat : L'évaluation financière des obligations dépend des marchés américains, et uniquement d'eux.

Deuxième scandale, le plus grave : Ces agences sont des organismes privés, qui vivent des entreprises qu'ils évaluent. Leurs clients sont les entreprises auxquelles ils attribuent une note. C'est pour ça que je conteste leur indépendance. Même si leur capital est indépendant, elles dépendent de leurs clients.Le conflit d'intérêts est flagrant, et permanent.

Résultat : Les agences de notation ne publient que des informations obsolètes.Tout le monde savait depuis des mois que la Grèce, le Portugal et l'Espagne étaient dans une situation financière difficile quand les agneces ont commencé à baisser leurs notes. Pire : La France est, elle aussi, très endettée, mais sa note reste AAA. Notre situation est très loin de celle de la Grèce, mais on ne peut pas avoir la même note pour la France, dont l'endettement atteint certaines limites à ne pas dépasser, qu'un État pas endetté du tout.

 

Solution : Créer des agences de notation étatiques, qui seraient payées par les impôts et non pas par leurs clients privés. Ces agences de notation ne me semblent pas très compliquées à créer, étant donné que les compétences nécessaires se trouvent dans toutes les banques et ministères des finances. On pourrait avoir une agence de ce type par autorité régulatrice de marché, comme l'AMF en France ou la SEC aux Etats-Unis. On peut aussi imaginer de créer une agence de ce type à l'échelle européenne. Le mieux serait alors de la rattacher à la BCE.

http://politique-blog.over-blog.fr/arti ... 50484.html
Dans une discussion, le difficile, ce n'est pas de défendre son opinion, c'est de la connaître.
André Maurois

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 28 avr. 2010, 23:19:00

Lire également cet article du Prix Nobel d'économie Paul Krugman, qui dresse un constat similaire :

http://www.rtbf.be/info/economie/chroni ... ointe-pour…

Par contre la solution qui a sa préférence est différente de la tienne (solution 100% étatique), avec ses avantages et ses inconvénients, mais qui je pense est plus simple à mettre en place :
Un exemple de ce qui pourrait fonctionner est la proposition de Matthew Richardson et Lawrence White de l'université de New York. Ils suggèrent un système dans lequel une entreprise émettant des obligations continuerait de payer les agences de notation pour évaluer ces obligations – mais dans lequel la SEC (Securities and Exchange Commission, le gendarme de la Bourse américaine, ndt) et non l'entreprise émettrice, déterminerait quelle agence de notation obtiendrait le contrat.
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Message non lu par pwalagratter » 28 avr. 2010, 23:24:00

Et oui c'est bien de reconnaitre maintenant qu'un peu de controle c'est loin d'être du superflu. De nombreux problèmes auraient pu être évité avec du bon sens mais surtout du courage politique. On nous bassine avec des histoires de chiffons alors que le véritable danger est dans le laxisme des gouverments vis à vis de l'économie
C'est d'autant plus difficile maintenant (voir Obama qui vient de se faire retoquer sur les établissement financiers) qu'une liberté absolue a été accordée. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que certains se reprennent.

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Message non lu par sarkonaute » 29 avr. 2010, 00:06:00

Fitch Ratings appartient à Fimalac, un groupe français dirigé par Marc Ladreit de Lacharrière.
espérons que le reste du blog n'est pas aussi approximatif.
Tous ensemble pour un nouveau rêve bleu avec Nicolas Sarkozy en 2012

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mps
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Message non lu par mps » 29 avr. 2010, 08:27:00

J'&dore "le scandale" de ces agences.

1°. Personne n'interdit à d'autres de se créer.
2°. Un etat ne PEUT le faire, parce qu'il serait juge et partie. Imaginons une agence de notation grecques, qui décernarait A+++ à la Grèce et B--- à l'Allemagne
3°. Les agences de notation n'ont rien d'obsolète, et prennent en compte des milliers de données en temps réel: celan'a rien de cotations d'humeur.

Mais, pour certaines gauches, tout ce qui est rigoureux dérange, voir "fait scandale" icon_biggrin
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 29 avr. 2010, 09:17:00

Rigoureux ? Comment expliques-tu dans ce cas que 90% des produits financiers qui se sont avérés pourris avaient été notés AAA ? A partir du moment où il y a une relation contractuelle directe, il y a lien de subordination. D'où l'idée de découpler clients et agences par un intermédiaire, qui ne peut être que l'Etat ou l'une de ses incarnations (la SEC par exemple).
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lancelot
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Message non lu par lancelot » 29 avr. 2010, 09:55:00

C'est clair qu'entre le principe et la réalité (9O% des produits pourris passent à la trappe) on est amené a se poser des questions.

L'analogie avec les certifications en tous genre, comme la Rina par exemple, qui avait certifié l'Erika .... est évidente.

Peut on être juge et partie ?

A l'évidence, non ....

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Message non lu par El Fredo » 29 avr. 2010, 10:53:00

http://www.cafedelabourse.com/archive/a ... gences-de-…
Les analystes des agences de notation ont été corrompus

Après Goldman Sachs, les agences de notation sont maintenant mises à l’amende. On les avait presque oubliées. Au cœur des critiques au début de la crise, les agences de notations avaient courbé l’échine, fait profil bas, restructuré leurs équipes, en attendant que la tempête passe. Alors que la reprise pointe son nez, elles enregistrent des résultats en forte hausse, à l’instar de Moody’s qui profite du retour des émissions de dette.

Mais les critiques reviennent en boomerang, avec la publication d’un rapport du sénat américain chargé de mesurer la responsabilité des agences de notation dans la crise, à nouveau accusées de conflits d’intérêts dans la notation des CDO et autres RMBS.

“Nous avons vendu notre âme au diable”

Après le triste exemple du désormais célèbre “fabuleux Fab“, ce sont à nouveaux des e-mails embarrassants qui ont parlé. Un directeur chez Moody’s admettait ainsi que la manière dont il accordait des notations triple A sur des crédits immobiliers le rendait “soit incompétent en matière d’analyse de crédit, soit nous avons vendu notre âme au diable pour de l’argent“.

Un courriel d’août 2004 chez Standard and Poor’s en dit également long sur les pratiques des agences : “La méthodologie sur les CDO provoque des réactions. Nous allons avoir une réunion avec votre groupe cette semaine pour discuter d’un ajustement des critères d’évaluation des CDO sur l’immobilier à cause du risque permanent de perdre des contrats. Perdre des contrats sur les CDO cela veut dire perdre des activités de cœur de métier. C’est un cercle vicieux“.

Cette pléthore d’e-mails rappelle, s’il était nécessaire, que les analystes, loin d’être indépendants, travaillent sous la pression des commerciaux. Depuis ces nouvelles révélations, les attaques contre un système corrompu et d’un “shadow banking” se multiplient.

Pendant ce temps, les enquêteurs de la SEC regardaient des pornos !

Les langues des anciens se délient : “La vaste majorité des analystes chez Moody’s sont des personnes honnêtes qui travaillent dur. Néanmoins, les incitations pour obtenir les faveurs des agences ont toujours été telles qu’elles favorisent les profits sur le court terme au détriment de la qualité“, admet Eric Kolchinsky, un ancien directeur chez Moody’s, devenu professeur.

D’ailleurs, personne n’est à l’abri du feu des critiques, pas même les enquêteurs de la vénérable SEC (Security and Exchange Commission). Selon CNN, 33 employés de la vénérable SEC auraient passé des heures à regarder des films pornos sur leur ordinateur professionnel alors que la crise financière se déployait en toile de fond.
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Message non lu par El Fredo » 29 avr. 2010, 11:43:00

Et ça continue !
http://eco.rue89.com/2010/04/27/les-age ... des-scanda…
Les agences de notation au cœur des scandales financiers

Moody's et Standard & Poor's, les deux grandes agences de notation devant lesquelles se prosternent les gouvernements et les grandes entreprises, sont sur le point de vivre une décote historique.

Vous avez entendu parler des courriels échangés par les dirigeants de la grande banque américaine Goldman Sachs, discutant de leur stratégie pour profiter de la déconfiture financière de leurs propres clients ? Ce n'est rien à côté des mails des employés de Moody's et S&P qui s'entendent pour aider Goldman Sachs à y parvenir.

Car leur rôle dans la crise fut essentiel. C'est eux qui, en donnant leur note AAA à des produits financiers complètement toxiques, ont affirmé sur l'honneur aux acheteurs, investisseurs, fonds de pension et banques étrangères que ces produits étaient super sûrs. Paul Krugman, du New York Times, rappelait ce lundi que 93% des produits ainsi approuvés sont aujourd'hui considérés comme sans valeur - junk !

La grande décote des agences de notation

Ces produits étaient aussi sûrs, affirmaient les firmes de notation, que les bons du Trésor américain et… rapportant un peu plus. Bref, une aubaine.

Pour l'instant, ces agences avaient réussi à se sortir complètement indemnes de la crise. Or contrairement à ce que le citoyen moyen peut penser, ces agences ne sont pas indépendantes. Elles sont des entreprises privées. Les clients, comme le Québec, peu influent, ou Goldman Sachs, un géant, les paient pour obtenir leur fameux bulletin non-chiffré.

La quantité de produits toxiques qu'il fallait noter -en tout, pour une valeur de 600 000 milliards de dollars- constituait pour eux une véritable fontaine d'or liquide. Ils ne voulaient pas en manquer une goutte.

Dans les courriels qui font surface, un employé de S&P écrit qu'il faut « ajuster » les critères utilisés, sinon la compagnie risque « de perdre des contrats ». Un autre écrit qu'il faudrait :

« Manipuler les données des subprimes et des chiffres alt-A pour préserver notre part de marché. »

Ce qui laisse entendre que la concurrence -d'autres maisons de notation- pourraient être encore plus coopératives pour bien noter ces produits ridicules.

Le scandale bienvenu

Ce scandale, s'ajoutant à celui concernant Goldman Sachs, ne pouvait tomber mieux pour ceux qui espèrent, comme 65% des Américains, un effort réglementaire important pour empêcher Wall Street de continuer à jouer au casino avec l'économie mondiale.

On pouvait croire, il y a à peine deux mois, que le projet des démocrates de re-réglementer le secteur financier allait mordre la poussière, ou alors, pour rester dans la métaphore buccale, être complètement édenté.

Cependant ces scandales, ajoutés aux annonces de profits et de bonus faramineux, continuent à alimenter l'ire populaire contre Wall Street, alors qu'approchent les élections de mi-mandat de novembre. Dans plusieurs États et circonscriptions, les partis sont dans leurs phases de primaires pour la désignation des candidats. Ils sont donc très sensibles aux mouvements d'opinion.

Barack Obama ressuscité après la réforme de la santé

Le Président américain, que certains disent « ressuscité » depuis sa victoire sur le thème de la santé, surfe sur la colère anti-Wall Street pour faire pression sur les républicains et faire avancer une réforme plus agressive que ce qui avait été prévu.

Les républicains tentent de bloquer le débat sur la réforme -ce qu'ils ont fait ce lundi en refusant de laisser le Sénat engager le débat en plénière. C'est cependant un jeu dangereux, car ils se placent ainsi dans la cible de la colère populaire, plutôt que d'en être les véhicules. Pour l'instant 52% des Américains préfèrent l'approche d'Obama sur la question, contre 35% qui appuient les républicains.

Certains sénateurs républicains pourraient d'ailleurs leur faire faux bond et briser cette stratégie de blocage -c'est ce qu'espèrent les démocrates qui sont cette fois beaucoup plus agressifs que dans les étapes préliminaires de la réforme de la santé.

Un des républicains estime même que les démocrates sont trop timorés dans leur réforme et voudrait ajouter un amendement fort créatif : en cas de future faillite d'une institution financière, les salaires et bonus des dirigeants et des membres du conseil d'administration versés pendant les cinq années précédentes seraient tout simplement confisqués par l'État.

Enfin un républicain à mon goût.
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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 29 avr. 2010, 12:14:00

Jamais deux sans trois (c'est la fête aux agences de notation aujourd'hui dans la presse) :
http://www.slate.fr/story/20563/agences ... ece-espagn…
Les agences de notation complices de la spéculation

Quelle est la légitimité des trois grandes agences de notation dont le rôle se borne souvent à amplifier et légitimer les crises spéculatives? L'irresponsabilité et le conflit d'intérêt restent la norme dans la finance internationale.

Les meilleures amies des spéculateurs. Les agences de notation sont trois, Standard & Poor's, Moody's et Fitch, toutes privées et de culture anglo-saxonne, à s'être arrogées le droit de juger des Etats ou des entreprises en les notant à partir de critères strictement financiers: leur dette, et leur capacité de remboursement. La Grèce, aujourd'hui, encaisse alternativement les coups des uns et des autres. Maillon faible de la zone euro, elle est dans le collimateur des spéculateurs, qui considèrent qu'avec un déficit correspondant à 13% du PIB en 2009 et une dette publique égale à 115% de sa production annuelle de richesse, le pays ne pourra pas honorer sa dette. Les agences, alors, interviennent, abaissant la note du pays, signifiant par là un risque d'insolvabilité, et justifiant a posteriori la pression spéculative.

Du coup, effectivement, les conditions auxquelles la Grèce peut emprunter de l'argent sur les marchés se détériorent. Une prophétie auto-réalisatrice caractéristique des marchés financiers. Les créanciers se font soudain rares sur la foi des notes attribuées par les agences. Pour compenser cette perte de confiance, les intérêts sont relevés... jusqu'au moment où le service de la dette, trop lourd, pourrait étouffer une économie qui vit déjà au-dessus de ses moyens.

Spéculation sur une défaillance

Intervention du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Europe (Allemagne et France en tête)... des mesures ont été prises pour rassurer les marchés, afin que les soutiens manifestés à la Grèce lui permettent de lever des fonds à des taux non prohibitifs. Mais il suffit que, sur fond d'élections nationales, la tension monte en Allemagne sur l'opportunité d'aider la Grèce, pour que la spéculation fasse encore monter la tension au prétexte qu'Athènes pourrait être lâchée au milieu du gué. Alors, pour trouver de l'argent, la Grèce doit consentir des taux plus élevés. Les taux à 2 ans ont grimpé à 12%. Et les taux à 10 ans, qui étaient encore à 5,5% début 2010, ont dépassé les 9,7% le 26 mars et 10,8% mardi 27 avril... alors qu'ils ne sont qu'à 3% pour l'Allemagne, à moins de 3,5% pour la France, à 4% pour l'Espagne et à 4,5% pour le Portugal. C'est alors que S&P est intervenue à nouveau en dégradant la Grèce, semblant légitimer des craintes toutes... spéculatives.

La dimension de politique intérieure allemande est occultée

Obstinément, S&P, Moody's et Fitch veulent ignorer le caractère subjectif de certains éléments à l'origine de ces craintes comme, en l'occurrence, le débat politique allemand. Certes, la Grèce est confrontée à une situation difficile. Mais en la créditant de la même note qu'un fonds spéculatif, elles amplifient les effets de la spéculation alors que le très prudent président de la BCE Jean-Claude Trichet affirme «qu'aucun pays de la zone euro ne fera défaut», et que le directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn réaffirme sa confiance. Ces agences de notation agissent à nouveau comme des électrons libres qui démonétisent l'action des responsables politiques, sans disposer d'une quelconque légitimité pour se positionner au-dessus des pouvoirs. Surtout lorsque, à la Commission européenne, on semble émettre des doutes sur le comportement de certains acteurs et qu'on en appelle à leur sens des responsabilités.

Pompiers pyromanes

Si, encore, elles étaient investies d'une véritable mission pour anticiper les évènements et permettre d'en amortir les conséquences! Elles revendiquent cette fonction, mettant en avant leur capacité d'alerte lorsque des problèmes se profilent. Dans la réalité, on est loin du compte. Elles n'ont pas joué ce rôle à l'occasion de la crise des «subprimes», laissant la spéculation mettre en œuvre une machine infernale qui explosera avec les conséquences que l'on sait sur l'ensemble des économies de la planète.

Mais lorsque la crise s'est déclenchée, elles ont laissé tomber leur épée de Damoclès, aggravant la vulnérabilité des entreprises et amplifiant la déroute boursière, accentuant ainsi la défiance des marchés et au final accélérant la transmission de la crise bancaire à l'économie réelle. On les accusa alors de se transformer en pompiers pyromanes, négligeant même de prendre en compte l'effet loupe créé par l'application des nouvelles règles comptable (IFRS) dans les mécomptes des entreprises.

Amplification des crises

Les agences de notation furent sévèrement contestées, remises en cause jusque dans leur méthodologie. Leurs défaillances et leur nocivité furent mises en avant, en Europe comme aux Etats-Unis. Elles se défendirent, reprenant ce qui est devenue une antienne: «Ce n'est pas en cassant le thermomètre que l'on soigne la maladie.» Oubliant au passage que, à la différence d'un simple instrument de mesure, leur système de notation est un facteur d'aggravation de la maladie. Les critiques, finalement, s'éteignirent et le mode de fonctionnement des agences, bien sûr, survécut. Et comme les engagements du G20 pour introduire une nouvelle régulation financière restent lettre morte, les agences de notation ont repris leur «business as usual», comme blanchies par l'inaction des Etats et institutions internationales. L'impuissance des politiques à réformer le système financier semblant valider leur propre pouvoir.

Standard & Poor's, sortie indemne de la crise après avoir fait le dos rond, allume à nouveau une mèche longue. Après la Grèce, c'est le Portugal qui a été placé sur un baril de poudre. Puis, mercredi 28 avril, l'Espagne. Des pays que l'on savait fragilisés par la crise, et qui vont l'être un peu plus.

Un scénario en deux temps pour la Grèce

Tous les opérateurs financiers ne sont pas dans la même logique que les agences de notation. Considérant que l'Allemagne et la France détiennent une grande partie de la dette grecque (environ 40%) et ne peuvent donc laisser la situation se dégrader, les experts de Natixis Asset Management estiment par exemple que le scénario le plus probable est d'abord «l'intervention du FMI pour permettre à la Grèce de satisfaire à ses engagements le 19 mai» (échéance pour le versement de 8,5 milliards d'euros), et ensuite «le relais des pays européens pour assister la Grèce jusqu'à la fin de l'année» pour lui permettre de «mettre en place son plan de stabilisation sans avoir directement recours au marché». Ces aides ainsi réparties dans le temps permettraient d'évacuer les effets collatéraux des élections allemandes (le 9 mai) sur le traitement du dossier grec. Le FMI a déjà déclaré qu'un soutien supplémentaire de 10 milliards d'euros pourrait être débloqué. Et le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy a précisé que les pays de l'Eurogroupe se réuniraient «autour du 10 mai» pour activer le versement de l'aide de 30 milliards d'euros envisagée. Certes, un tel montage ne règle pas les défis posés à la Grèce. Il la libère un peu de la pression spéculative, mais ne résout en rien ses déficits. Le pays doit se réformer et démontrer qu'il a les capacités d'appliquer les mesures de restriction nécessaires pour restaurer ses finances publiques.

Décoder le message jusqu'en France

A ce titre d'ailleurs, en ciblant la Grèce, les agences de notation envoient indirectement un signal aux pays qui tarderaient à prendre des mesures qui s'imposent pour limiter leurs déficits et leur dette publique. Y compris la France. On connait la potion amère de la rigueur dont le gouvernement, contraint par le dogme présidentiel, ne veut entendre parler. Pourtant, les fondamentaux français se sont considérablement dégradés sous l'effet de la crise. Et avec la fin de la taxe professionnelle et de la taxe carbone (qui figurait dans la loi de finances 2010), le report de l'écotaxe sur les poids lourds, le bouclier fiscal (à l'effet limité, mais lourd de symbole), la baisse de rendement de l'impôt sur les sociétés du fait de la crise... les finances de la France vont dans la mauvaise direction. L'exemple grec démontre qu'il est toujours préférable de procéder par anticipation, sans attendre les crises paroxystiques pour trouver des issues forcément de la dernière chance. Car dans la finance, aucun dogme ne résiste à la pression des évènements. C'est le message codé des agences, que l'on peut au moins retenir pour éviter de plus cuisantes déconvenues.
Et pendant ce temps les spéculateurs, juges et parties, se constituent des fortunes sur le dos du contribuable européen en jouant sur tous les tableaux, tandis qu'un scénario en W se profile à l'horizon. Qu'est-ce qu'on attend pour pendre tous ces parasites par les tripes ?
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Georges
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Message non lu par Georges » 29 avr. 2010, 12:54:00

La spéculation rapporte plus que le travail, c'est bien connu; on se demande d'ailleurs pourquoi les travailleurs pauvres n' y ont pas pensé, au lieu de rester pauvre en continuant à bosser.

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pwalagratter
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Message non lu par pwalagratter » 29 avr. 2010, 14:36:00

  • Des dettes souveraines[/list:u]
    En dégradant coup sur coup la Grèce, le Portugal, l'Espagne, Standard & Poor's n'a fait que justifier une spéculation qui avait commencé de longue date, renforcée par les atermoiements de l'Europe. Une bataille autour de l'euro est engagée, sans que les membres de l'Union en aient pris la mesure. Elle est d'abord politique et vise à détruire un modèle social qui insupporte la finance mondiale. Car en eux-mêmes les chiffres de la Grèce ou de l'Espagne sont sans commune mesure avec les déficits abyssaux des Etats-Unis. «Objectivement, j'ai été surpris que le marché actuel se concentre sur les cinq membres les plus faibles de la zone euro, compte tenu de la position fiscale et financière de la zone euro qui est bien plus forte que celle du Royaume-Uni, des Etats-Unis et du Japon», confie Willem Buiter, chef économiste de Citigroup au Wall Street Journal. Tôt (le Royaume-Uni) ou tard (le Japon et les Etats-Unis), ces trois pays courent le risque de se voir refuser l'accès au marché, à moins qu'ils ne changent radicalement de politique fiscale.»
Mediapart

La question est là : pourquoi actuellement seuls les pays de la zone euro sont concernés alors que l'ensemble des pays occidentaux est concerné par le meme problème de déficit et de dette ?
Pour quelle raison également devrait on se plier à des agences de notation qui n'ont rien d'impartial, et qui se permettent maintenant de déstabiliser des états ?

lancelot
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Message non lu par lancelot » 29 avr. 2010, 14:48:00

Qu'est ce qu'on attend pour liquider ces boites véreuses (ou mafieuses) ?

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pwalagratter
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Message non lu par pwalagratter » 29 avr. 2010, 15:01:00

On attend un, mais le mieux serait plusieurs,  super-héros qui décident que dorénavant la politique doit être au service de l'ENSEMBLE des citoyens et non à son détriment.
Obama essaie bien timidement pour l'instant de prendre ce chemin, mais il faudrait que d'autres le rejoignent (pour de vrai pas pour faire du flan)

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 29 avr. 2010, 15:11:00

pwalagratter a écrit :La question est là : pourquoi actuellement seuls les pays de la zone euro sont concernés alors que l'ensemble des pays occidentaux est concerné par le meme problème de déficit et de dette ?
Pour quelle raison également devrait on se plier à des agences de notation qui n'ont rien d'impartial, et qui se permettent maintenant de déstabiliser des états ?
Parce qu'ils savent où se trouve le pognon. L'Europe et particulièrement la zone Euro, contrairement aux USA ou au Japon qui sont quasiment ruinés, a une économie solide quoi qu'on en dise avec ces histoires de dette faites pour effrayer les peuples. Et malheureusement l'Europe protège très mal son économie, la faute en grande partie à l'Allemagne qui a imposé l'ouverture totale de la finance au monde extérieur et pas seulement au seul marché intérieur comme précédemment (voir un des autres articles que j'ai posté sur la question). Donc les rapaces de la finance attaquent là où les profits sont assurés. N'oublions pas le rôle trouble de Goldman & Sachs dans la crise grecque. Pour tous ces parasites les dettes des Etats sont une formidable aubaine vus les taux d'intérêts qu'elles génèrent, avec la complicité des agences de notation qui en dégradant leurs notes augmente lesdits taux, et la lâcheté des dirigeants qui n'osent pas prendre les mesures qui s'imposent par pure idéologie (notamment les nationalisations).
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