« Nous avons assisté à la plus grande injustice de l’histoire de l’humanité. Tout cela a été révélé de façon choquante, jusqu’au moindre détail. Pourtant, rien ne sera fait en la matière. Aucune fortune mal acquise ne sera restituée, aucune règle ne sera véritablement changée, et pas un seul parmi ceux qui ont causé cela ne devra répondre de ses méfaits. Le peuple américain a été victime d’un vol à main armée ... et personne ne s’en soucie. » Yves Smith, l’éditrice du blog financier Naked Capitalism, publie aujourd’hui le courrier que lui a adressé l’un de ses correspondant, professionnel de longue date à Wall Street, qui l’avait alertée sur les montages financiers du hedge fund Magnetar --- Ce texte, auquel on peut sans doute reprocher un excès de pathos, nous semble significatif pour deux raisons : il illustre le désarroi profond de la société américaine, très durement touchée par cette crise, tant au plan social que sur celui de ses idéaux. Mais il rappelle également que le coeur du problème n’est toujours pas traité. Une grande partie de l’occident a « fondé » sa croissance sur l’empilement de dettes privées qui ont atteint un niveau insoutenable, bien avant que ne viennent s’y ajouter les dettes publiques. Martin Wolf le rappelait hier : il faut démanteler une finance hypertrophiée, dont la taille est une menace constante pour la stabilité et la sécurité des sociétés. Mais il faut aussi réinventer un véritable modèle de développement, dont le moteur ne soit pas le gonflement et l’explosion de bulles tous les dix ans. Nous en sommes loin. Contre Info.
Courrier des lecteurs, Naked Capitalism, 23 avril 2010
Je suis aujourd’hui plutôt déçu et très mécontent devant ce qui se passe. Nous avons échoué et « ils » ont gagné. Tout le bien qui aurait pu sortir de ce désastre a été perdu ... et cela me brise le cœur.
Les pouvoirs en place n’ont pas eu envie d’en tirer des leçons ou de corriger les déséquilibres.
Et ce qui est encore plus désolant, c’est qu’ils s’efforcent désespérément de restaurer les choses comme elles étaient auparavant. Ce serait leur « mission accomplie » et cela me dégoûte.
Chaque jour, je vais travailler dans cette bulle qu’est Wall Street. Une bande de clowns qui se croient importants pensent qu’ils méritent leurs rémunérations hors normes.
Nous déplaçons du papier d’un bord à l’autre du bureau et appelons cela « Profit et Pertes » ... et les imbéciles qui font ce travail pensent qu’ils montrent assez de talent pour « mériter » de gagner 4 millions de dollars par an. C’est une plaisanterie.
Je suppose que ce qui est le plus difficile à avaler, c’est le fait que nous ayons eu une telle incroyable opportunité de corriger ces déséquilibres ... et que cette chance nous a été dérobée.
Ce qui me met hors de moi, c’est la direction que prennent les choses. Toutes ces cochonneries que les gens jugent révoltantes : les CDO, l’accord de prêts standards où l’on se débarrasse des risques sur des investisseurs idiots via la titrisation, une culture du délit d’initiés, où le terrain de jeu est tout sauf équitable, tout cela sera redevenu la normale dans quelques mois. Et c’est exactement ce que veulent les autorités !
Nous avons assisté à la plus grande injustice de l’histoire de l’humanité. Tout cela a été révélé de façon choquante, jusqu’au moindre détail. Pourtant, rien ne sera fait en la matière. Aucune fortune mal acquise ne sera restituée, aucune règle ne sera véritablement changée, et pas un seul parmi ceux qui ont causé cela ne devra répondre de ses méfaits. Le peuple américain a été victime d’un vol à main armée ... et personne ne s’en soucie.
Durant six mois, j’ai été incapable de comprendre tout cela. Je m’étais posé, pensant que les gens réagiraient comme si nous étions en 1945, après l’Holocauste, et diraient : « Étant donné les preuves que nous avons tous vu, c’est juste une question de temps ... »
Mais cela ne va pas se passer ainsi... Ils veulent remettre en selle les mêmes pantins, comme si rien ne s’était passé.
J’ai changé d’avis. Nous sommes aujourd’hui dans la plus grande bulle de tous les temps ... et je suis plus certain que jamais de savoir comment cela va se terminer. Cela va se terminer en une tragédie, d’où personne ne sort indemne.
Ils ont transformé ce qui aurait pu être un effondrement complet de l’économie du secteur privé en quelque chose qui à un moment donné sera un effondrement complet de notre système, tel que nous le connaissons.
Ces sortes de déséquilibres - économiques, sociaux et politiques - ne peuvent être maintenus indéfiniment. Ils vont nous détruire ... Je n’ai jamais été plus certain de quoi que ce soit.
Mais d’ici là, j’ai renoncé. Ils ont gagné, et cela me brise le cœur.
Crise : aucune leçon tirée, la bulle menace de tout emporter
- El Fredo
- Messages : 26459
- Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
- Parti Politique : En Marche (EM)
- Localisation : Roazhon
- Contact :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3043
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.
Il est évident que le secteur financier aux USA et en Angleterre prend une place bien trop importante. Bien sûr la finance est utile, mais les produits dérivés inventés depuis une décennie ne servent qu'à noyer le poisson et n'apportent absolument rien à l'économie réelle, au contraire... On met des milliards dans un secteur improductif et dangereux.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
- El Fredo
- Messages : 26459
- Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
- Parti Politique : En Marche (EM)
- Localisation : Roazhon
- Contact :
Mais non... Les Hedge Funds sont les établissements spécialisés dans la gestion alternative. Les établissements classiques peuvent parfaitement proposer ce genre de produits, parfois à leur insu ou à celui de leurs clients.mps a écrit :Note que ces produits complexes s'appellent des Hedge Founds, et que personne n'est obligé d'ne garnir son porte-feuille icon_biggrin
Par exemple la Deutsche Bank a refilé pas mal de saloperies à la Grèce et à la ville de Saint-Etienne. Bilan : 20 M€.
Calyon, filiale du Crédit Agricole, a refilé un produit toxique aux HLM de Lyon dans le but, suprême ironie, de compenser l'envolée des taux variables de ses emprunts existants due à la crise des subprimes. Bilan : 50 M€, qui vont obliger l'organisme à vendre une partie de son patrimoine immobilier.
Goldman Sachs, banque respectable jusqu'à récemment, est dans le colimateur de la justice américaine pour avoir sciemment fourgué un produit dénommé Abacus à ses clients tout en spéculant sur sa baisse, et que le propre créateur, le français Fabrice Tourre dit "Fabulous Fab" qualifiait de "monstruosité".
Et quand les agences de notation attribuent un triple A à ces produits, comment les clients peuvent-ils s'en rendre compte ? D'autant plus quand l'essentiel des conseillers clientèle sont des commerciaux formés à la vente et non des financiers aptes à décrypter la complexité de ces placements "structurés" (auxquels même les spécialistes n'y comprennent mais).Et si des chercheurs d'or le font, c'est à leurs risques et périls.
Pour rappel, plus de 90% des produits toxiques avaient reçu cette note magique. Du coup les banques n'ont pas hésité à présenter ces produits comme des investissements de bon père de famille. Comment reprocher quoi que ce soit aux clients ? Au contraire on leur aurait certainement reproché de se cantonner à des produits pépère et peu rémunérateurs type Livret A alors que des produits plus performants existaient sur le marché.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.
Tu n'as pas tort, et il est clair que beaucoup de banques elles-mêmes ont été abusées.
Pour ta gouverne, l'opacité est telle que, dans chaque grande banque, encore actuellement, les fonds douteux sont confinés, et que des spécialistes continuent laborieusement à en faire l'analyse. Le principe de ces fonds toxiques étant bien entendu d'être majoritairement composés d'excellents "blue chips", de valeurs correctes en combinaison invisible avec un pourcentage variable mais difficile à discerner de "junk papers". Un peu comme si tu mettais quelques grammes de strichnine dans des seaux de pâtée pour chiens. Le tri est donc ultra laborieux, mais plusieurs de ces "actifs toxiques" sont finalement meilleurs qu'il n'y parait, sans faire pour autant l'économie d'une décote féroce ...
Pour les municipalités que tu cites, aucun cas du genre en Belgique, par exemple. Où la Loi leur interdit tout simplement de faire des placements à risques.
Pour ta gouverne, l'opacité est telle que, dans chaque grande banque, encore actuellement, les fonds douteux sont confinés, et que des spécialistes continuent laborieusement à en faire l'analyse. Le principe de ces fonds toxiques étant bien entendu d'être majoritairement composés d'excellents "blue chips", de valeurs correctes en combinaison invisible avec un pourcentage variable mais difficile à discerner de "junk papers". Un peu comme si tu mettais quelques grammes de strichnine dans des seaux de pâtée pour chiens. Le tri est donc ultra laborieux, mais plusieurs de ces "actifs toxiques" sont finalement meilleurs qu'il n'y parait, sans faire pour autant l'économie d'une décote féroce ...
Pour les municipalités que tu cites, aucun cas du genre en Belgique, par exemple. Où la Loi leur interdit tout simplement de faire des placements à risques.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
- El Fredo
- Messages : 26459
- Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
- Parti Politique : En Marche (EM)
- Localisation : Roazhon
- Contact :
http://www.dexia.be/Fr/Professional/Pub ... oursector/
Les "produits structurés" par définition comporte des composants "à risque", et sont souvent commercialisés dans la plus grande opacité. De plus Dexia (qui finance également de nombreuses collectivités françaises) a été fortement touchée par la crise des subprimes.Leader en matière de services financiers aux collectivités locales
En Belgique, Dexia, auparavant le Crédit Communal, est le partenaire financier par excellence des collectivités locales. Grâce à ses constantes évolutions financières et technologiques, Dexia Banque a réussi à augmenter ses parts de marché pour couvrir plus de 80 % du marché.
Le groupe Dexia est aussi le leader du financement des collectivités locales au-delà des frontières belges. Le groupe est présent dans la plupart des pays de l'Union européenne et couvre près de 15 % du marché.
Nos activités
- Financement des investissements des administrations locales (Provinces, Communes...)
- Financement des autres institutions locales actives dans les soins de santé, les services aux personnes âgées et l'économie sociale (CPAS ...)
- Financements structurés de projets et infrastructures collectives qui sont réalisés par les administrations locales
- Large éventail de services financiers à valeur ajoutée comme la gestion et le développement des produits sociaux, les placements et les assurances, une gamme sur mesure d'outils électroniques pour la clientèle publique
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré