La France sera-t-elle bientôt confrontée à une hausse du taux de ses emprunts d’État ?

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johanono
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La France sera-t-elle bientôt confrontée à une hausse du taux de ses emprunts d’État ?

Message non lu par johanono » 02 févr. 2017, 13:39:10

Les tensions politiques françaises font monter le taux des emprunts d’État

Les investisseurs s’inquiètent de l’écart de rémunération existant par rapport au taux de rendement à 10 ans de la dette allemande, le Bund, qui est proche de son plus haut depuis un an à 46,4 points de bases.

Le rendement des obligations françaises à 10 ans a frôlé 1,12 % mercredi en début d’après-midi, à son niveau le plus élevé depuis 17 mois. Ce taux, qui constitue la référence sur le marché obligataire, est redescendu ce matin sous 1,10 %. Mais sa remontée par rapport au niveau plancher de 0,15 % atteint il y a seulement quatre mois est jugée préoccupante par les opérateurs. Leur inquiétude est alimentée par l’écart de rémunération existant par rapport au taux de rendement à 10 ans de la dette allemande, le Bund, qui est proche de son plus haut depuis trois ans à 64 points de base.

suite
Ces dernières années, les taux français étaient relativement faibles, ce qui a laissé à l'État une marge de manœuvre budgétaire. Si ces taux devaient bientôt augmenter, il en résulterait une charge financière de plusieurs milliards d'euros pour le budget de l'État, cela nécessiterait de nouvelles restrictions budgétaires ou hausses d'impôts pour ne pas laisser filer les déficits. Ce sera, en quelque sorte, un cadeau de bienvenue pour le nouveau gouvernement... :mrgreen:

Surtout, on s'aperçoit que le financement de la dette française sur les marchés financiers soumet notre pays au bon vouloir des marchés financiers. Il me semble important s'insister sur ce point. Certains candidats à la présidentielle jurent que la lutte contre les déficits n'est pas une priorité, et promettent de laisser filer ces déficits. Supposons que tel candidat, une fois élu, décide de mettre en application sa promesse de campagne et donc de laisser filer les déficits, mais sans remettre en cause la nécessité, pour la France, de financer sa dette sur les marchés financiers : la France s'exposera à une hausse des taux d'intérêts, car les investisseurs seront inquiets, et tôt ou tard, le budget deviendra intenable, et il faudra engager un nouveau "tournant de la rigueur", au risque de décevoir les électeurs... Décevoir les électeurs pour satisfaire les marchés financiers et se ménager des taux d'intérêts supportables : voici en substance la contrainte à laquelle sont confrontés tous nos gouvernements...

Rappelons encore que le Pacte budgétaire européen fut voté en 2012 dans le seul but de rassurer les marchés financiers. Fondamentalement, la question de savoir si le déficit budgétaire est de 2 ou 3 ou 4 % importe peu : ce qui compte, désormais, c'est de rassurer les marchés financiers.

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Mewtow
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Re: La France sera-t-elle bientôt confrontée à une hausse du taux de ses emprunts d’État ?

Message non lu par Mewtow » 02 févr. 2017, 14:57:39

Les tensions récentes mentionnées dans l'article sont essentiellement transitoires, avec très peu de chances de perdurer. De plus, la remontée récente est aussi corrélée à une remontée de l'inflation relativement récente. Les taux de 0.15% correspondaient à une inflation deux fois moindre que l'actuelle (il étaient même inférieur à celle-ci). Dans ces conditions, difficile de dire qu'il faut rassurer les marchés, cette explication me semblant relativement mauvaise (pour ne pas dire complètement foireuse). Après tout, les investisseurs n'ont pas encore commencé à paniquer avec Trump, pourquoi le feraient-ils pour une élection française ?

Sur le plus long-terme, la situation est plus confuse. La banque centrale va laisser ses taux bas durant certainement quelques années, tant que la majorité des pays de la zone euro ne verra pas d'inflation gouvernée par la demande. Et vu la situation en Italie et en Espagne, on a le temps de voir venir avant une remontée des taux. Après, des taux élevés ne sont pas trop un problème en eux-même, le volume de la dette dépendant aussi de la croissance et de l'inflation. Et on a de la "chance", vu que la BCE laissera ses taux bas tant que ces deux valeurs ne seront pas assez importantes. Et quand les taux remonteront, cela sera le signe que la situation économique ira mieux, pouvant compenser les effets d'une austérité quelconque. Comme quoi, c'est sympa d'avoir une banque centrale bien dovish pour se sauver les fesses !

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albert
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Re: La France sera-t-elle bientôt confrontée à une hausse du taux de ses emprunts d’État ?

Message non lu par albert » 02 févr. 2017, 15:00:41

Taux à 10 ans aujourd’hui : (source Bloomberg)

Allemagne : 0.421
France : 1.033
Royaume-Uni : 1.366
Espagne : 1.627
Italie : 2.226
USA : 2.4404
Portugal : 4.104
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

Hector

Re: La France sera-t-elle bientôt confrontée à une hausse du taux de ses emprunts d’État ?

Message non lu par Hector » 02 févr. 2017, 21:37:58

johanono » 02 Fév 2017, 14:39:10 a écrit :
Les tensions politiques françaises font monter le taux des emprunts d’État

Les investisseurs s’inquiètent de l’écart de rémunération existant par rapport au taux de rendement à 10 ans de la dette allemande, le Bund, qui est proche de son plus haut depuis un an à 46,4 points de bases.

Le rendement des obligations françaises à 10 ans a frôlé 1,12 % mercredi en début d’après-midi, à son niveau le plus élevé depuis 17 mois. Ce taux, qui constitue la référence sur le marché obligataire, est redescendu ce matin sous 1,10 %. Mais sa remontée par rapport au niveau plancher de 0,15 % atteint il y a seulement quatre mois est jugée préoccupante par les opérateurs. Leur inquiétude est alimentée par l’écart de rémunération existant par rapport au taux de rendement à 10 ans de la dette allemande, le Bund, qui est proche de son plus haut depuis trois ans à 64 points de base.

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Ces dernières années, les taux français étaient relativement faibles, ce qui a laissé à l'État une marge de manœuvre budgétaire. Si ces taux devaient bientôt augmenter, il en résulterait une charge financière de plusieurs milliards d'euros pour le budget de l'État, cela nécessiterait de nouvelles restrictions budgétaires ou hausses d'impôts pour ne pas laisser filer les déficits. Ce sera, en quelque sorte, un cadeau de bienvenue pour le nouveau gouvernement... :mrgreen:

Surtout, on s'aperçoit que le financement de la dette française sur les marchés financiers soumet notre pays au bon vouloir des marchés financiers. Il me semble important s'insister sur ce point. Certains candidats à la présidentielle jurent que la lutte contre les déficits n'est pas une priorité, et promettent de laisser filer ces déficits. Supposons que tel candidat, une fois élu, décide de mettre en application sa promesse de campagne et donc de laisser filer les déficits, mais sans remettre en cause la nécessité, pour la France, de financer sa dette sur les marchés financiers : la France s'exposera à une hausse des taux d'intérêts, car les investisseurs seront inquiets, et tôt ou tard, le budget deviendra intenable, et il faudra engager un nouveau "tournant de la rigueur", au risque de décevoir les électeurs... Décevoir les électeurs pour satisfaire les marchés financiers et se ménager des taux d'intérêts supportables : voici en substance la contrainte à laquelle sont confrontés tous nos gouvernements...

Rappelons encore que le Pacte budgétaire européen fut voté en 2012 dans le seul but de rassurer les marchés financiers. Fondamentalement, la question de savoir si le déficit budgétaire est de 2 ou 3 ou 4 % importe peu : ce qui compte, désormais, c'est de rassurer les marchés financiers.
Il y a bien risque de remontée des taux, et il est simplement urgent de réduire le déficit à 0% du PIB et la dépense publique à 50% du PIB (propositions de Fillon et plus ou moins de Macron).

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