Macron s'acharne. Aucun syndicat de salariés ou patronal ne le suit, l'opposition est vent debout contre. Même à LaREM, personne n'en veut plus. Il n'y a plus en France que Macron et @johanono qui veulent cette réforme. Attendons que les Boonet Rouges, drapeaux rouges et Gilets Jaunes défilent à nouveau ...Comme après chacune des crises qu’il a affrontées depuis son élection, Emmanuel Macron veut repartir pied au plancher.
Par François-Xavier Bourmaud
Publié hier à 20:07, mis à jour hier à 23:29
S’il ne devait en rester qu’une ce serait elle. La réforme des retraites. La mère de toutes les réformes, mais pas seulement. Avant tout la garantie de l’ardeur réformatrice d’Emmanuel Macron.
Dépouillé de toutes les mesures de ses trois premières années de mandat par la crise du coronavirus, le président de la République ne veut pas arriver à l’élection présidentielle de 2022 sans avoir entre les mains la preuve que sa promesse initiale a été tenue. Celle de transformer le pays en profondeur. Jusqu’au coronavirus, les réformes du marché du travail, de la fiscalité, du prélèvement à la source, de la SNCF ou de la formation professionnelle avaient commencé à produire des résultats. Il n’en reste plus rien ou pas grand-chose, du moins à court terme.
Aller au bout de ce texte, c’est reprendre le flambeau réformateur tombé à terre au début du confinement.
Reste donc la réforme des retraites dont Emmanuel Macron assurait en décembre 2019 avant de la lancer qu’elle poursuivait le «travail historique mené depuis plus de deux ans et demi en termes de transformation de notre pays». Aller au bout de ce texte, c’est reprendre le flambeau réformateur tombé à terre au début du confinement. Et peu importe le prix. Sur l’autel de ce texte, Emmanuel Macron a déjà sacrifié Édouard Philippe. Ce n’est pas la seule raison du remaniement mais son ancien premier ministre était devenu un facteur bloquant. Arc-bouté sur l’instauration d’un âge pivot pour équilibrer les comptes, Édouard Philippe avait fait l’unanimité des syndicats contre lui. En brandissant fin février l’article 49-3 pour faire adopter le texte, il s’était aliéné l’ensemble des partis d’opposition. Le passif était devenu trop lourd pour envisager sereinement la suite. Tout comme celui du secrétaire d’État aux retraites, Laurent Pietraszewski dont le sort est en suspens.
«La volonté réformatrice»
À l’Élysée, Emmanuel Macron hésite encore entre le reconduire ou confier directement le dossier à la nouvelle ministre du travail, Élisabeth Borne. Il s’agit désormais de reprendre la réforme mais «dans un état d’esprit nouveau symbolisé par un premier ministre connu pour sa capacité à créer du consensus par le dialogue», explique-t-on dans l’entourage du président de la République.
À lire aussi : Retraites: Castex face au mur du refus des syndicats
Comme après chacune des crises qu’il a affrontées depuis son élection - affaire Benalla, «gilets jaunes» - Emmanuel Macron veut repartir pied au plancher. «La crise du Covid-19 a-t-elle réglé le problème de soutenabilité du régime des retraites? Non, tranche l’un de ses proches. Le problème demeure, la volonté réformatrice du président aussi.» L’opposition des syndicats aussi. En dehors de la CFDT qui attendait de rencontrer le premier ministre Jean Castex pour se prononcer, tous les autres se sont ouvertement déclarés hostiles à la réouverture du dossier. A minima, ils demandent tous un report, le temps de dresser l’état des lieux des dégâts causés par la crise du coronavirus. Mais ils se heurtent pour l’heure à la détermination d’Emmanuel Macron, voire à son acharnement. «Le président est surtout acharné à essayer de moderniser le pays, à la transformer, à pérenniser son modèle social», nuance-t-on dans son entourage.
Le président est surtout acharné à essayer de moderniser le pays, à la transformer, à pérenniser son modèle social.
L’entourage de Macron
Avant de changer de premier ministre la semaine dernière, le président de la République avait d’ailleurs prévenu dans un entretien à la presse quotidienne régionale. «Il n’y aura pas d’abandon d’une réforme des retraites (…) Le système universel de retraites est juste», assurait-il tout en se disant ouvert à ce que la réforme «soit transformée». En clair, à ce que la question conflictuelle de l’âge pivot soit discutée, voire abandonnée. Plus que le contenu de la réforme, c’est désormais de la réforme en tant que telle qui importe. Il en va du mandat d’Emmanuel Macron et de ses chances de réélection. Lui veut avant tout pouvoir se présenter en 2022 devant les électeurs en ayant coché toutes les cases de son programme de 2017. Une façon de retisser du lien avec des Français qui se détournent de plus en plus de la politique.
Là où Macron a raison, c'est qu'il faut réformer. Là où il a tort, c'est que cette réforme mal gérée est morte et que plus personne n'en veut.