Au sujet de la réindustrialisation de la France.
Pour qu'elle ait lieu, il faudrait déjà une population qui en aime la pratique. Qui peut affirmer que la jeunesse d'aujourd'hui rêve de travailler dans l'industrie? Qu'elle en ait le goût et le désir? Elle n'aura lieu que si, comme en Allemagne, on laisse massivement entrer une population étrangère encline à cette vocation. Parce qu'en France on déclame des versets sur la "formation", mais jamais on ne se préoccupe de savoir qui souhaite vraiment être formé, et à quoi. Un prof de CFA me racontait aujourd'hui même, d'une part l'échec de 65% dans sa session de CAP, pour des raisons qui tiennent à ceci: 3 jeunes (par exemple) refusaient de rentrer en cours, parce que la partie engagée dans leur jeu de smartphone n'était pas terminée. Petits problème récurrents et de formes multiples. A part ça, la musique gouvernementale, c'est relancer l'alternance... mais avec qui, avec quelle population? Ceci dit, les CFA, en fort déclin, se mettent à faire de la formation pour adulte, du genre BTS, Master2 en échec dans la recherche d'emploi, ou soudain en désamour avec la voie choisie, qui viennent à 30 ans se former aux métiers technique de l'industrie.
Oups, la marche est haute. Il faut donner de sa personne... mais bon, ça marche plutôt. Cela reste un phénomène tout de même assez confidentiel.
Réindustrialiser sera aussi très difficile à cause de très nombreux savoir faire déjà perdus, mais aussi d'une culture perdue. Ce sont des métiers qui demandent un tel engagement, que ça en constitue un porte à faux radical avec les aspirations sociétales actuelles. Demandons aux anciens métallos, si l'usine ne les suivait pas jusque dans leur lit, s'il n'en rêvait pas la nuit, s'il n'en parlait pas à table, s'il le haut fourneau n'était pas au milieu du bistrot. Ce n'est pas le genre de boulot ou l'on fait du camping, façon nomade, mais ou il faut jeter l'ancre profondément. Des métiers ou l'on sait que le corps va souffrir. Impensable de souffrir aujourd'hui, si ce n'est dans un marathon, ou dans je ne sais qu'elle autre délire sportif. En tout cas, il n'est plus concevable de souffrir au travail, bien qu'il soit glorieux de souffrir dans ses loisirs.
Nous sommes un peuple de ventre mous, cérébralement. Pour l'industrie, il faut des durs à cuire, des enthousiastes galvanisés. Et pardon, notre jeunesse se comporte comme des retraités. On dirait qu'elle a un manche à balais dans le dos, au point de ne pas ramasser ce qu'elle laisse tomber. A moins qu'à force de sucer des comprimés de calcium, les vertèbres ne se soient soudées. A moins que leur mètre 90 du aux biberons dopés à la vitamine D, ne déstabilise leur centre de gravité..
Donc, il est à souhaiter que l'économie de service (ou industrie de la dupe) puisse perdurer. Ces gens là, à de rares exceptions près, veulent une rente, par un travail. C'est dit.
Donc la spéculation, le rendement des capitaux, ont de beaux jours, il vaut mieux l'espérer. Car si cela s'éteint, on est mort, car incapables de subvenir à nos besoins.