Brexit: la France engrange les effets positifs

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Hector

Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par Hector » 21 avr. 2018, 19:57:44

Gérard Mestrallet : «Avec le Brexit, Paris attire deux fois plus d'emplois que Francfort»

INTERVIEW - Le président de Paris Europlace défend les atouts de la place financière française, renforcés par le programme de réformes en cours.

Une semaine avant la visite officielle d'Emmanuel Macron aux États-Unis, la Place de Paris traverse aussi l'Atlantique pour le forum annuel de Paris Europlace, ce mercredi, à New York. Le rendez-vous est traditionnel, mais les circonstances politiques créées par l'élection du nouveau président de la République et la donne économique provoquée par le Brexit relèvent les enjeux. Paris veut faire valoir ses atouts au cœur de Wall Street, là où se prendront en bonne partie les décisions de localisation des activités des plus grandes firmes financières de la planète.

Pour Gérard Mestrallet, président d'Engie pour quelques semaines encore, ce forum sera une dernière en tant que président de Paris Europlace. Son successeur sera nommé le 26 juin prochain.

Après New York, Gérard Mestrallet s'envolera pour Washington. Il va en effet être nommé coprésident du Carbon Pricing Leadership Coalition, un organe créé par la Banque mondiale. Une fonction supplémentaire pour le président d'Engie, qui va également prendre la tête de l'agence dont la France est partenaire pour le développement touristique et culturel de la région d'Al-Ula, le Pétra saoudien, au nord-ouest du pays.

LE FIGARO. - Vous vous rendez à New York pour vanter l'attractivité de la Place de Paris et chercher à attirer les établissements financiers post-Brexit. Quels sont vos arguments?

Les Américains voient bien qu'il se passe quelque chose en France

Gérard MESTRALLET. - Je pense que j'y vais au bon moment. Nous sommes à l'approche de la première année de l'élection du président Macron. Les Américains voient bien qu'il se passe quelque chose en France. Et ce n'est pas seulement l'image du président qui joue. Emmanuel Macron avait un programme, il est en train de le décliner. Tout ce qui avait été annoncé a été fait et voté, que ce soit la réforme du marché du travail, les réformes fiscales, la poursuite programmée de l'abaissement du taux de l'impôt sur les sociétés, la flat tax sur les revenus financiers, l'exonération des actifs financiers de l'impôt sur la fortune ou la disparition de la tranche supplémentaire de la taxe sur les salaires. Le régime des impatriés avait été amélioré de façon très substantielle pas le gouvernement Valls, et il devrait l'être encore davantage avec l'exonération de cotisation retraite pour les impatriés pendant six ans qui figurera dans la loi Pacte de Bruno Le Maire. Ce régime deviendra le plus favorable de toute l'Europe: un cadre international qui viendra de Londres à Paris paiera moins d'impôts à Paris. Ce n'est pas l'image que l'on a de la France, mais c'est vrai. C'est un package compétitif! Complété par la qualité de vie que nous avons ici.

Dans un contexte où la disparition du passeport financier, qui n'est que la conséquence logique du Brexit, pose un problème aux établissements britanniques: cela leur fait perdre leur clientèle continentale, qui est 6 à 7 fois plus importante que la clientèle britannique. Bref, nous avons de bons arguments face aux investisseurs.

À quel moment transforme-t-on ces atouts en décisions effectives de relocalisations en France?

Maintenant! Très vite après le référendum, HSBC a annoncé qu'elle prévoyait de transférer 1000 emplois à Paris. Puis, depuis octobre dernier, Bank of America Merrill Lynch, 400 traders ; JPMorgan va augmenter ses effectifs de 25 % à Paris ; Morgan Stanley installe 300 personnes. Les grandes banques françaises ont annoncé le transfert de 1000 personnes. Dans le domaine de la gestion d'actifs, Schroeder, mais également les gérants français, Clerville Asset Management, Eleva, Smart Lenders redéveloppent leurs équipes à Paris. L'assureur Chubb a décidé de faire de Paris son centre européen. Tout cela représente déjà 3 à 4000 emplois directs, soit environ 15 à 20.000 emplois au total. Paris fait ainsi deux fois mieux que Francfort qui, de son côté, a fait beaucoup d'annonces qui n'ont pas été confirmées. L'Autorité bancaire européenne, elle, va amener 200 personnes. Son arrivée à Paris est très symbolique, car la proximité des Autorités de régulation est importante.

Aujourd'hui, pensez-vous que les réticences sont levées sur la législation sociale française et la réglementation fiscale?

Nous souffrons toujours du non-alignement de notre pays sur les systèmes occidentaux de fonds de pension

Sur le principe et dans les textes, oui. Mais il y a un effet d'hystérésis qui est long, ne nous le cachons pas. Un pays qui a pu décider de taxer à 75 % certains revenus est un pays que l'on regarde quand même bizarrement. Est-ce que ce regard change du tout au tout parce qu'il a élu un bon président, jeune, déterminé, moderne et sympathique? Ce n'est pas sûr. Il va falloir répéter que la France a changé, convaincre ceux qui n'ont pas forcément envie d'être convaincus. Quoi qu'il en soit, notre combat porte non seulement sur les quelques milliers d'emplois qui vont quitter Londres, mais plus fondamentalement sur l'attractivité de la France sur le long terme, pour la croissance et l'emploi. Pour cela, il faut que le président de la République continue ses réformes.


Les images des manifestations et des grèves actuelles peuvent-elles abîmer l'image restaurée du pays?

Malgré les grèves en Grande-Bretagne en 1984, Margaret Thatcher a gagné à la fin. Si elle avait reculé, ça aurait été une catastrophe. Pour Emmanuel Macron, c'est pareil: plus ça aura été dur, plus - s'il tient - la victoire sera belle. Et peut-être que cela montrera au final l'image d'une France qui a réussi à surmonter ses archaïsmes. Pour l'instant, en tout cas, les investisseurs font confiance.

Y a-t-il un dispositif qui manque à la France et qui servirait de déclic aux investisseurs?

Ce qui est important, c'est que le gouvernement continue de faire des réformes pour les entreprises, comme la loi Pacte. Il y a une volonté d'aligner la France sur les meilleures pratiques. Pour la compétitivité du pays, c'est primordial. Aujourd'hui, les investisseurs - je le redis - ont intérêt à venir en France. Le «guichet unique» de la région Île-de-France est là pour les accueillir, les décharger de tâches pratiques, telles que la gestion des visas, la recherche de bureaux, d'écoles ou encore de formalités administratives. S'il y a un domaine où la France peut encore faire des progrès, c'est l'orientation de l'épargne vers les fonds propres des entreprises et l'épargne retraite. Nous souffrons toujours du non-alignement de notre pays sur les systèmes occidentaux de fonds de pension.


Maintenant! Très vite après le référendum, HSBC a annoncé qu'elle prévoyait de transférer 1000 emplois à Paris. Puis, depuis octobre dernier, Bank of America Merrill Lynch, 400 traders ; JPMorgan va augmenter ses effectifs de 25 % à Paris ; Morgan Stanley installe 300 personnes. Les grandes banques françaises ont annoncé le transfert de 1000 personnes. Dans le domaine de la gestion d'actifs, Schroeder, mais également les gérants français, Clerville Asset Management, Eleva, Smart Lenders redéveloppent leurs équipes à Paris. L'assureur Chubb a décidé de faire de Paris son centre européen. Tout cela représente déjà 3 à 4000 emplois directs, soit environ 15 à 20.000 emplois au total. Paris fait ainsi deux fois mieux que Francfort qui, de son côté, a fait beaucoup d'annonces qui n'ont pas été confirmées. L'Autorité bancaire européenne, elle, va amener 200 personnes. Son arrivée à Paris est très symbolique, car la proximité des Autorités de régulation est importante.

Je suis fort aise de voir ces emplois arriver à Paris d'une part, et d'autre part je suis très content de voir la déconfiture allemande de Francfort. Je vois là bien entendu les effets négatifs anticipés du Brexit sur la place de Londres, mais aussi le résultat des efforts patients du pouvoir actuel sur le moral des affaires en France.
Modifié en dernier par Hector le 21 avr. 2018, 22:56:52, modifié 2 fois.

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Nolimits
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Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par Nolimits » 21 avr. 2018, 20:29:07

:mdr: ton nouvel avatar ! @Hector

Hector

Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par Hector » 21 avr. 2018, 22:14:47

Oui, c'est rouennais, le bistrot est à Rouen. Mais ce n'est pas Politicien qui me l'a donné !

pierre30
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Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par pierre30 » 22 avr. 2018, 09:25:24

Oula! Hector, tu vas finir dans la liste "Macroniste" du fichier google.☺☺

Hector

Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par Hector » 22 avr. 2018, 21:54:33

Mon coeur n'est pas avec Macron, mais la raison par contre y est. Je lui reconnais un grand dynamisme et un courage certain. Il est toujours facile de laisser le boulot aux gouvernements suivants et des Chirac et Sarkozy l'ont fait allègrement. Macron par contre n'hésite pas à attaquer la falaise jusqu'à la faire tomber.

pierre30
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Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par pierre30 » 23 avr. 2018, 08:22:24

Je suis assez d'accord mais comme pour le foot je juge le match avec le résultat.

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Narbonne
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Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par Narbonne » 23 avr. 2018, 20:52:47

Je suis d'accord avec Hector. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas eu de président mais seulement des avatars. Par contre, je ne suis pas du tout d'accord avec sa politique (à de rares exceptions)
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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wesker
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Re: Brexit: la France engrange les effets positifs

Message non lu par wesker » 24 avr. 2018, 21:15:46

A la lecture de l'article cela se distingue assez nettement avec la morosité ambiante qui consiste à déplorer la situation économique et à toujours trouver des vertus aux pays qui pratiquent les mini job et un niveau relativement insatisfaisant de protection sociale.

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