Yakiv a écrit : ↑12 déc. 2018, 20:24:41
asterix a écrit : ↑12 déc. 2018, 19:30:41
Très bien résumé.
Du coup, la seule vraie source d'emploi ne vient ni d'une augmentation du pouvoir d'achat (puisque ça pèse sur les prix de production), ni d'une baisse de charges (même si elle est souhaitable parce que disproportionnées). La seule source d'emploi, c'est quand la société redevient entreprenante au lieu d'aller à la chasse aux emplois privilégiés, et qu'elle se met à faire du business que demande des mains et des cerveaux. Trop d'entreprises font des chiffres énormes avec un coût marginal brut insignifiant, et sans embauche, surtout celles que Macron adore: les startups. Les boites qui font du fric sans créer d'emploi sont de plus en plus nombreuses. Et celles qui voudraient créer des emplois ne trouvent pas les bon profils: pour cause, le boulot proposé n’excite pas la jeunesse qui a déjà une âme de retraitée, c'est à dire pépère, sans effort sans sueur, sans bruit ni poussière, pénibilité zéro, horreur de la performance, honte d'avoir à utiliser son corps...
En fait, il y a un truc qui me gêne énormément dans ce discours, même si je l'ai rarement souligné je crois.
C'est à propos des conditions de travail.
Je suis d'accord pour dire qu'il ne faut pas rejeter systématiquement tout facteur de pénibilité au travail.
Mais il faut aussi absolument réduire au minimum les risques de maladie professionnelle et en tout premier lieu les maladies graves, type CMR.
Parce que bien souvent, les employeurs qui refusent de faire le nécessaire pour réduire les expositions des salariés à des facteurs de risques graves sur le moyen / long terme ont un peu le même type de discours en guise de réponse.
Je suis d'accord, j'appuie toujours un peu fort sur la pédale, justement pour essayer de tirer une alarme qui dit que notre économie s'affaiblit parce que la population est dans un état d'esprit de retrait de l'engagement, dans des métiers de de l'économie réelle, productive, disons industrielle. Plus on affaiblira cette économie par une promotion de l'argent facile ou par la rente d'une startup bien proprette, moins les entreprises survivantes de la production industrielle et agricole auront des moyens pour lutter contre les dangers du travail.
Si tu veux que nous progressions en terme de sécurité et de prévention de santé au travail, il faut que les entreprises de production retrouvent des marges: elles sont quelques fois, comme leur salariés, gilets jaunes pour les même raison, à se battre pour retrouver des marges, des salaires meilleurs, et donc des budgets de prévention. Demande donc aujourd'hui à ces salariés et ces patrons, si à choisir, aujourd'hui, ils prendrait des budgets de prévention, ou des augmentations de marges et par induction, de salaires.
Mon discours n'est pas aussi radical que tu le crois. Et d'autre part, j'estime qu'en terme de sécurité au travail et de veille sur la santé, j'ai vu des progrès astronomiques depuis le début de ma carrière, ou l’hydraulique était peu répandu pour les manutentions, l'outillage électrique portatif presque inexistant, la direction assistée sur véhicules encore dans le domaine du luxe, la gestion des poussières, des intempéries... c'est juste
énorme l'évolution depuis 1980. Et c'est maintenant que c'est 20 fois plus facile et plus sain, que les jeunes boudent nos métiers. C'est là que j'enrage, et que je les qualifie de retraités avant l'heure, plus royalistes que le roi! Parce que les boulots qu'ils aiment, moi j'en fais mon "quatre heure" à la retraite, et gratos, juste pour passer le temps agréablement.
C'est juste ça. C'est ça que j'ai vécu, et que je vis encore. Et par contre, les nuisances de santé que ce problème me cause, tout le monde s'en fout. Parce que oui, je l'affirme, la plus grande frustration, le plus grand stress que j'ai subit dans ma carrière, c'est celui de la gestion humaine, de la fiabilité de l'engagement et l'assiduité dégringolant du personnel dans mon secteur d'activité, voir de son inexistence lorsque j'offrais un emploi nouveau. Et j'ai un traitement médical en conséquence!... dont je me passerai bien. Et je me fais violence pour rester bienveillant.
Pardon d'avoir dérapé du sujet.