La dette: est ce bien important ?

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pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 22 déc. 2021, 20:33:56

Je n'ai pas la prétention de rivaliser avec Bernard Marris. Notre discussion releve plutot de la conversation de comptoir .

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les orteils
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par les orteils » 22 déc. 2021, 21:00:52

Peut être mais l'exemple de l'inflation dont vous débattez illustre assez bien son propos.
C'est toujours hier que commence le futur, mais la France continue de penser que tout commence demain. (Boualem SANSAL)

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Kadavre
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par Kadavre » 22 déc. 2021, 21:14:58

Papibilou a écrit :
21 déc. 2021, 12:19:10
La BCE faisait du QE depuis longtemps et il n'y avait pas d'inflation.
On était peut-être dans une trappe à inflation.

pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 22 déc. 2021, 22:26:48

les orteils a écrit :
22 déc. 2021, 21:00:52
Peut être mais l'exemple de l'inflation dont vous débattez illustre assez bien son propos.
Malheureusement je ne l'ai pas lu.Il existe de nombreuses théories en matière de monnaie.

pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 22 déc. 2021, 22:41:49

Kadavre a écrit :
22 déc. 2021, 21:14:58
Papibilou a écrit :
21 déc. 2021, 12:19:10
La BCE faisait du QE depuis longtemps et il n'y avait pas d'inflation.
On était peut-être dans une trappe à inflation.
Oui cela correspond à la situation avant le Covid en France et dans certains pays de l'UE notamment : inflation proche de 0 + croissance faible liés à un manque de confiance des agents privés alors que les taux d'interet sont tres bas + politique monétaire non conventionnelle (le qe)

pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 24 déc. 2021, 08:51:13

Papibilou a écrit :
22 déc. 2021, 09:13:27
pierre30 a écrit :
21 déc. 2021, 20:53:00
Papibilou a écrit :
21 déc. 2021, 12:19:10
pierre30 a écrit :
20 déc. 2021, 20:44:45
Voilà comment ne comprends le truc.
En l'absence de création monétaire on peut penser que la hausse des prix pour certains biens freine la consommation de ces biens. Mais dans ce cas la pénurie de monnaie détériore les échanges et penalise la production en général.
Il faut donc compenser la hausse des prix en émettant un peu plus de monnaie.
Mais si on crée de la monnaie sans limite au benefice de ceux qui empruntent, la demande est supérieure à l'offre et la quantité de monnaie dédiée à la consommation est supérieure au besoin des échanges. cela entraine une inflation sur tous les produits y compris lorsqu'il n'y a pas de pénurie.
Cela fait chuter la consommation en general et crée un risque de récession.
Pour réduire ce risque on augmente les salaires et on aboutit à une spirale inflationniste.

Le plus sage est donc de controler la création monétaire en agissant sur les taux
La BCE faisait du QE depuis longtemps et il n'y avait pas d'inflation.
Les capacités de production exedaient la demande. Le QE était destiné à maintenir les taux de marchés proches de zéro. Il mettait aussi des liquidités à la disposition des banques commerciales.
Donc vous reconnaissez implicitement que la création de monnaie ne provoque pas systématiquement d'inflation.
L'inflation actuelle est conjoncturelle et liée à :
- la lenteur du redémarrage de la production de pétrole et de gaz.
- des récoltes faibles.
- des augmentations de salaires sur les métiers en tension.
Pas le QE.
Il y a les "regles" de fonctionnement générales et il y a les circonstances dans lesquelles ces règles s' appliquent.
Avant le Covid les circonstances ne sont plus les mêmes que après. Et les années 70 qui font rever certains étaient encore très différentes.
Mais dans tous les cas les bc essaient d'ajuster la quantité de monnaie au besoin du moment.
L'inflation ne se décrète pas. On essaie seulement d'ajuster son niveau à ce qui paraît souhaitable, ce qui en soi est un vaste débat . De plus c'est un paquebot dont on contrôle difficilement les mouvements en raison de l'inertie de l'engin et de l'état de la mer (les circonstances) qui varie sans prévenir.

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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par Papibilou » 24 déc. 2021, 19:22:11

pierre30 a écrit :
24 déc. 2021, 08:51:13

Il y a les "regles" de fonctionnement générales et il y a les circonstances dans lesquelles ces règles s' appliquent.
Avant le Covid les circonstances ne sont plus les mêmes que après. Et les années 70 qui font rever certains étaient encore très différentes.
Mais dans tous les cas les bc essaient d'ajuster la quantité de monnaie au besoin du moment.
L'inflation ne se décrète pas. On essaie seulement d'ajuster son niveau à ce qui paraît souhaitable, ce qui en soi est un vaste débat . De plus c'est un paquebot dont on contrôle difficilement les mouvements en raison de l'inertie de l'engin et de l'état de la mer (les circonstances) qui varie sans prévenir.
Le QE a été la tentative de la BCE pour faire monter l'inflation aux 2% souhaités. Ce QE n'a pas eu l'effet escompté mais a eu pour effet de faire baisser les taux.
Le covid, en déréglant l'économie mondiale, a réussi ce que la BCE n'était pas parvenue à faire en faisant monter les prix.
NB je soupçonne quand même Draghi d'avoir su que le QE n'aurait pas d'effet sur l'inflation, mais faire baisser les taux pour l'Italie l'intéressait.

pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 27 déc. 2021, 14:32:07

Voici un article qui explique clairement les quetions qui se posent à la BCE .
https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 99160.html
Les tourments de la BCE dans le monde Covid 2.0
OPINION. La politique monétaire anti-Covid est en train de devenir une politique de lutte contre l'inflation et de moins en moins une politique de lutte contre le chômage. Plusieurs banques centrales à travers le monde ont remonté leurs taux ou ont annoncé le faire prochainement. La BCE, elle, temporise, se trouvant devant plusieurs dilemmes. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l'ESSEC.
Marc Guyot et Radu Vranceanu
27 Déc 2021, 10:40
5 mn






Marc Guyot et Radu Vranceanu.
Marc Guyot et Radu Vranceanu. (Crédits : Reuters)
L'inflation est devenue la première cause de préoccupation des Américains, citoyens, gouvernement et Banque centrale compris. Après un sixième mois au-dessus de 5% (6,8% en novembre 2021), la Fed a enfin explicitement admis que l'inflation était plus forte que prévu, et allait durer longtemps, et elle se met en ordre de bataille pour lutter contre. Cela suit l'engagement de Joe Biden de tout faire contre l'inflation et la chute du moral des ménages citant l'inflation comme cause première de leurs préoccupations. La Fed a donc décidé de fermer le robinet monétaire en mars, et non plus en juin, et se prépare à 3 augmentations de taux d'intérêt en 2022.

L'exception de la Banque nationale du Japon
Une bonne partie des Banques centrales de la planète sont déjà passées en mode Covid 2.0. La Banque d'Angleterre a augmenté son taux de 0,01% à 0,25% jeudi 16 décembre et la Banque centrale de Norvège de 0,25% à 0,5%. La Banque centrale russe a augmenté son taux d'intérêt pour la septième fois vendredi dernier à 4,5%. Les Banques centrales du Mexique, du Chili, du Costa-Rica, du Pakistan, de la Hongrie et de l'Arménie ont également annoncé des hausses de taux la semaine dernière, et beaucoup d'autres annonces sont à venir. La seule exception notable est la Banque nationale du Japon, où même le Covid n'a pas pu déloger l'anticipation de déflation.

Cette prise de position des Banques centrales signifie que le Covid et son nouveau variant Omicron ne sont plus vus comme des fauteurs de ralentissement économique et de chômage mais comme des fauteurs d'inflation dans une économie Covid 2.0. En effet, la vaccination massive, le télétravail, l'e-commerce ainsi que le retour de la croissance et la forte baisse du chômage ont fait basculer les économies occidentales dans une période où le Covid fait partie du paysage comme la grippe saisonnière. Il est cause de variations conjoncturelles mais n'est plus du tout le démon destructeur qu'il a pu être. Il affecte notamment l'offre de biens via les fermetures d'usines, les problèmes de logistique et les multiples pénuries, c'est-à-dire qu'il pèse sur les coûts à la production. La politique monétaire anti-Covid devient alors essentiellement une politique de lutte contre l'inflation et de moins en moins une politique de lutte contre le chômage via le soutien de la croissance par le soutien à la demande globale.

En Europe, la production n'est pas revenue à son niveau pré-Covid
Le contexte économique dans lequel la Banque centrale européenne (BCE) doit prendre sa décision de politique monétaire est plus problématique. D'un côté, l'inflation frappe la zone euro comme les autres zones (4,9% en novembre dans la zone euro, 5,2% en Allemagne) mais, d'un autre côté, le niveau de production pré-Covid n'a pas encore été atteint. Une fragmentation financière est de plus en plus présente et structurante séparant les « pays du Nord » jouant le rôle des fourmis avec les « pays du Sud » dans le rôle des « cigales ».

La décision prise la semaine dernière par la BCE de mettre fin à son programme spécial de 1.850 milliards d'euros d'achat de titres au nom de la lutte contre la crise du Covid est plutôt une non-décision puisqu'il s'agit du non-renouvellement d'un programme qui devait se terminer en mars 2022. En apparence, cela va dans le sens général de resserrement des politiques monétaires mais, en même temps, la BCE va poursuivre un ancien programme d'achat de titres de l'époque Draghi et a prévenu qu'elle était prête à relancer ses achats si besoin était. En cumulé, les achats de titres actuellement de 80 à 120 milliards par mois vont diminuer à 40 milliards en avril 2022 puis à 20 milliards en octobre 2022. Par ailleurs, la BCE s'engage à réinvestir les fonds obtenus lorsque les obligations qu'elle détient arriveront à maturité ce qui permettra au bilan de la BCE de continuer à augmenter.

Cette politique d'achat d'actifs a maintenu à un niveau très faible les taux d'intérêt sur les obligations d'État à 10 ans et plus, et, par effet de portefeuille, sur d'autres actifs. Pour la BCE, cela a permis de soutenir l'investissement pendant la crise du Covid. Le prix à payer pour ce soutien a été de nourrir une forte inflation des actifs financiers, en passant par les SPAC, les crypto monnaies, l'immobilier et les bonnes vieilles actions. L'assèchement graduel à venir de la liquidité comporte le risque de faire éclater plus d'une de ces bulles spéculatives.

Le risque de la fragmentation financière au niveau de l'endettement public
Le plus grand risque nous semble être la fragmentation financière, notamment au niveau de l'endettement public. La politique monétaire de la BCE a permis à plusieurs pays de financer leurs déficits faramineux pendant la crise en plaçant, indirectement, leur dette auprès de la Banque centrale. C'est à cette fin que la BCE avait largement dégradé ses critères prudentiels d'achat de dettes en mars 2020, ce qui avait suscité l'ire de la Cour Constitutionnelle allemande.

A ce jour, les situations de la Grèce et de l'Italie sont particulièrement précaires. Il n'est donc pas étonnant de voir l'insistance de leurs dirigeants pour la mise en place de programmes d'aides d'urgence avec la fonction de « coupe circuit » en cas de fuite des investisseurs. Un programme de cette nature existe déjà dans l'arsenal de la BCE. Il s'agit de l'OMT : Opérations Monétaires sur Titres, mais il ne fait pas l'unanimité. En effet, il comporte une « conditionnalité » - le pays bénéficiaire doit s'engager à stabiliser les dépenses publiques et la trajectoire de sa dette, conditionnalité que rejettent catégoriquement les pays du Sud.

Actuellement, Christine Lagarde refuse toute hausse de taux d'intérêt en 2022. Il nous semble que l'essentiel ne se réduit pas à augmenter ou non le taux d'intérêt. La décision la plus importante sera la nature du soutien à apporter à un pays qui commencera à avoir du mal à emprunter et la façon avec laquelle la BCE pourra continuer à apporter sa garantie de préteur en dernier ressort lorsque l'inflation dépasse sa cible de 2%. La revue stratégique interne menée par la BCE et achevée en 2021 a abordé des questions captivantes comme le rôle de la BCE dans la prévention du changement climatique. Pour peser sur celui-ci encore faudra-t-il que l'euro existe encore dans 5 ans face au risque de fragmentation de la zone euro, et la BCE également.

pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 16 févr. 2022, 09:54:45

https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 04180.html
Le retour de l'inflation ou la disparition de la lampe d'Aladin
OPINION. Les banques centrales ont fini par laisser tomber la fable de l'inflation transitoire, qui serait tirée par la croissance d'un seul prix. Elles ont joué avec le feu à attendre aussi longtemps avant d'agir. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l'ESSEC
Marc Guyot et Radu Vranceanu
16 Févr 2022, 8:09
5 mn






Marc Guyot et Radu Vranceanu.
Marc Guyot et Radu Vranceanu. (Crédits : Reuters)
Au fur et à mesure de la crise du covid et de l'annonce des grands plans de relance, il est progressivement apparu une forme d'impunité budgétaire. Le montant pharamineux des déficits et de l'endettement au regard du PIB se faisait à taux d'intérêt quasi nul voire négatif. Les gouvernements ont vraiment cru qu'ils avaient enfin la lampe d'Aladin. Chaque gouvernement, perdant toute mesure, est tombé dans la surenchère du quoi qu'il en coûte (escomptant que cela ne coûte rien). Dans cette course à l'irresponsabilité, Joe Biden a remporté de très loin la palme budgétaire (et 1, et 2 et 3 trillions de dollars).

En parallèle, les immenses quantités de monnaie déversées par les Banques centrales et leur recyclage pour acquérir les titres de dettes des gouvernements se faisait d'une part à inflation constante et faible et d'autre part à anticipation d'inflation inchangée. La Banque centrale européenne (BCE) s'est également distinguée en rachetant sur le marché secondaire quasiment l'intégralité de la nouvelle dette émise dans la zone euro en 2020-2021. Le montant des dettes publiques figurant à son actif est à ce jour de 4.700 milliards de euros, soit 1,7 fois la dette de la France.

Situation encore plus dramatique dans les pays émergents
La forte demande mondiale archi-dopée par ces politiques de soutien s'est confrontée à une contraction de l'offre handicapée par le covid ayant entrainé des pénuries de matières premières et de biens manufacturés. Cette situation de demande suralimentée face à une offre à la peine a fini par entrainer la planète dans une spirale inflationniste, comme nous l'avons prédit il y a un an exactement dans les pages de ce journal. Le taux d'inflation dépasse les 5% dans la zone euro et les 7,5% aux Etats-Unis en janvier 2022. Dans les pays émergents, la situation est encore plus dramatique avec des taux d'inflation de 8,7% en Russie, 10% au Brésil et 50% en Turquie et en Argentine. Face à l'évidence, les banques centrales ont enfin laissé tomber la fable de l'inflation transitoire, qui serait tirée par la croissance d'un seul prix (il y a encore 6 mois, la Fed nous expliquait que l'inflation américaine venait de la hausse du prix des voitures d'occasion).

Si la Fed vient bien de stopper son programme de quantitative easing (achat d'actifs) la BCE de son côté le poursuit. La Fed n'en est toutefois pas encore à la diminution de son bilan mais a indiqué que la hausse des taux sera engagée cette année. Le décryptage de sa communication laisse la porte ouverte à des hausses assez énergiques. Pour l'instant, la BCE envoie elle aussi des signaux cryptés, que chacun peut interpréter à sa guise. Lors de la réunion du 3 février, elle a évoqué un renforcement du risque d'inflation. C'est une litote dans la mesure où les prévisions d'inflation dans la zone euro, pour 2022 viennent d'être révisées de 1,9% à 3%.

Les banques centrales ont joué avec le feu à attendre aussi longtemps avant d'agir. L'excuse selon laquelle elles n'avaient pas vu venir l'inflation est difficilement acceptable, vu l'ampleur du choc d'offre analysé en détail par de nombreuses études. Laisser l'inflation s'installer pendant plus de six mois comportait le risque d'une modification des anticipations. Une fois les anticipations d'inflation installées à un plus haut niveau, elles deviennent auto-réalisatrices. La lutte contre l'inflation nécessite alors une très forte augmentation des taux d'intérêt de nature à plonger l'économie dans un ralentissement bien plus fort que ne l'aurait été un durcissement progressif de la politique monétaire dès janvier 2021.

Les anticipations sont sur une trajectoire ascendante
Aujourd'hui, les anticipations d'inflation future sont sur une trajectoire ascendante et sont intégrées d'ores et déjà dans les négociations salariales. A la hausse des salaires s'ajoute maintenant la hausse des taux d'intérêt. Aux Etats Unis, le taux d'intérêt sur les obligation du Trésor à 10 ans est remonté fin janvier à presque 2%. Dans la zone euro, le taux allemand à 10 ans est redevenu positif (0,23%), le taux français est à 0,42% (respectivement 1,9% et 2,55% pour les taux italien et grec, en forte hausse depuis peu).

Les observateurs expliquent la hausse des taux longs par les perspectives d'accroissement des taux courts par les banques centrales. Sans contredire cette analyse, l'effet est plus profond : en présence d'inflation « surprise » les investisseurs cherchent à réduire l'exposition de leur portefeuille à des obligations dont la valeur réelle sera érodée par l'inflation. La « loi de Fisher » se manifeste et le taux d'intérêt nominal est le taux réel auquel s'ajoutent les anticipations d'inflation.

Avec le retour des taux d'intérêt positifs, il est à craindre que le poids du service de la dette publique (98% du PIB dans la zone euro, 116% en France, au T3 2021) ne complique l'équation budgétaire des gouvernements très endettés. Par ailleurs, le retour de l'inflation va considérablement enrayer la capacité de la BCE à soutenir les pays du Sud en rachetant leur dette, ce qui laisse la porte ouverte vers des hausses incontrôlables de taux dans ces pays avec l'adjonction d'une prime de risque au taux « normal ».

Dans ce contexte difficile, l'urgence pour les gouvernements est de réussir à mettre de l'ordre dans leurs finances publiques sans sacrifier les secteurs prioritaires (santé, éducation). Il n'y a pas d'autre possibilité que d'enfin s'attaquer aux dépenses non soutenables (essentiellement retraites et administration). La situation devient également délicate pour le secteur privé. Dans de nombreux pays, les dettes privées (ménages et entreprises) ont atteint des sommets historiques. La hausse des taux devrait dégrader un peu plus leur bilan, et réduire leur capacité d'investissement.

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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 22 mars 2022, 07:40:54

Pour l'instant la dette ne fait pas la une des journaux mais on risque fort d'en reparler bientôt. Elle est absente de la présidentielle.
https://www.latribune.fr/depeches/reute ... owell.html
La FED envisage des hausses de taux trapues et s' est mise d'accord avec la BCE pour se coordoner.

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Golgoth
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par Golgoth » 22 mars 2022, 09:26:58

pierre30 a écrit :
16 févr. 2022, 09:54:45
https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 04180.html
Le retour de l'inflation ou la disparition de la lampe d'Aladin
OPINION. Les banques centrales ont fini par laisser tomber la fable de l'inflation transitoire, qui serait tirée par la croissance d'un seul prix. Elles ont joué avec le feu à attendre aussi longtemps avant d'agir. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l'ESSEC
Marc Guyot et Radu Vranceanu
16 Févr 2022, 8:09
5 mn






Marc Guyot et Radu Vranceanu.
Marc Guyot et Radu Vranceanu. (Crédits : Reuters)
Au fur et à mesure de la crise du covid et de l'annonce des grands plans de relance, il est progressivement apparu une forme d'impunité budgétaire. Le montant pharamineux des déficits et de l'endettement au regard du PIB se faisait à taux d'intérêt quasi nul voire négatif. Les gouvernements ont vraiment cru qu'ils avaient enfin la lampe d'Aladin. Chaque gouvernement, perdant toute mesure, est tombé dans la surenchère du quoi qu'il en coûte (escomptant que cela ne coûte rien). Dans cette course à l'irresponsabilité, Joe Biden a remporté de très loin la palme budgétaire (et 1, et 2 et 3 trillions de dollars).

En parallèle, les immenses quantités de monnaie déversées par les Banques centrales et leur recyclage pour acquérir les titres de dettes des gouvernements se faisait d'une part à inflation constante et faible et d'autre part à anticipation d'inflation inchangée. La Banque centrale européenne (BCE) s'est également distinguée en rachetant sur le marché secondaire quasiment l'intégralité de la nouvelle dette émise dans la zone euro en 2020-2021. Le montant des dettes publiques figurant à son actif est à ce jour de 4.700 milliards de euros, soit 1,7 fois la dette de la France.

Situation encore plus dramatique dans les pays émergents
La forte demande mondiale archi-dopée par ces politiques de soutien s'est confrontée à une contraction de l'offre handicapée par le covid ayant entrainé des pénuries de matières premières et de biens manufacturés. Cette situation de demande suralimentée face à une offre à la peine a fini par entrainer la planète dans une spirale inflationniste, comme nous l'avons prédit il y a un an exactement dans les pages de ce journal. Le taux d'inflation dépasse les 5% dans la zone euro et les 7,5% aux Etats-Unis en janvier 2022. Dans les pays émergents, la situation est encore plus dramatique avec des taux d'inflation de 8,7% en Russie, 10% au Brésil et 50% en Turquie et en Argentine. Face à l'évidence, les banques centrales ont enfin laissé tomber la fable de l'inflation transitoire, qui serait tirée par la croissance d'un seul prix (il y a encore 6 mois, la Fed nous expliquait que l'inflation américaine venait de la hausse du prix des voitures d'occasion).

Si la Fed vient bien de stopper son programme de quantitative easing (achat d'actifs) la BCE de son côté le poursuit. La Fed n'en est toutefois pas encore à la diminution de son bilan mais a indiqué que la hausse des taux sera engagée cette année. Le décryptage de sa communication laisse la porte ouverte à des hausses assez énergiques. Pour l'instant, la BCE envoie elle aussi des signaux cryptés, que chacun peut interpréter à sa guise. Lors de la réunion du 3 février, elle a évoqué un renforcement du risque d'inflation. C'est une litote dans la mesure où les prévisions d'inflation dans la zone euro, pour 2022 viennent d'être révisées de 1,9% à 3%.

Les banques centrales ont joué avec le feu à attendre aussi longtemps avant d'agir. L'excuse selon laquelle elles n'avaient pas vu venir l'inflation est difficilement acceptable, vu l'ampleur du choc d'offre analysé en détail par de nombreuses études. Laisser l'inflation s'installer pendant plus de six mois comportait le risque d'une modification des anticipations. Une fois les anticipations d'inflation installées à un plus haut niveau, elles deviennent auto-réalisatrices. La lutte contre l'inflation nécessite alors une très forte augmentation des taux d'intérêt de nature à plonger l'économie dans un ralentissement bien plus fort que ne l'aurait été un durcissement progressif de la politique monétaire dès janvier 2021.

Les anticipations sont sur une trajectoire ascendante
Aujourd'hui, les anticipations d'inflation future sont sur une trajectoire ascendante et sont intégrées d'ores et déjà dans les négociations salariales. A la hausse des salaires s'ajoute maintenant la hausse des taux d'intérêt. Aux Etats Unis, le taux d'intérêt sur les obligation du Trésor à 10 ans est remonté fin janvier à presque 2%. Dans la zone euro, le taux allemand à 10 ans est redevenu positif (0,23%), le taux français est à 0,42% (respectivement 1,9% et 2,55% pour les taux italien et grec, en forte hausse depuis peu).

Les observateurs expliquent la hausse des taux longs par les perspectives d'accroissement des taux courts par les banques centrales. Sans contredire cette analyse, l'effet est plus profond : en présence d'inflation « surprise » les investisseurs cherchent à réduire l'exposition de leur portefeuille à des obligations dont la valeur réelle sera érodée par l'inflation. La « loi de Fisher » se manifeste et le taux d'intérêt nominal est le taux réel auquel s'ajoutent les anticipations d'inflation.

Avec le retour des taux d'intérêt positifs, il est à craindre que le poids du service de la dette publique (98% du PIB dans la zone euro, 116% en France, au T3 2021) ne complique l'équation budgétaire des gouvernements très endettés. Par ailleurs, le retour de l'inflation va considérablement enrayer la capacité de la BCE à soutenir les pays du Sud en rachetant leur dette, ce qui laisse la porte ouverte vers des hausses incontrôlables de taux dans ces pays avec l'adjonction d'une prime de risque au taux « normal ».

Dans ce contexte difficile, l'urgence pour les gouvernements est de réussir à mettre de l'ordre dans leurs finances publiques sans sacrifier les secteurs prioritaires (santé, éducation). Il n'y a pas d'autre possibilité que d'enfin s'attaquer aux dépenses non soutenables (essentiellement retraites et administration). La situation devient également délicate pour le secteur privé. Dans de nombreux pays, les dettes privées (ménages et entreprises) ont atteint des sommets historiques. La hausse des taux devrait dégrader un peu plus leur bilan, et réduire leur capacité d'investissement.
Intéressant mais à charge.
Inflation veut dire aussi plus de rentrées fiscales. Si le gouvernement arrête de sponsoriser le pouvoir d’achat avec de l’argent qui part à l’étranger (carburants), il peut réduire le déficit en maintenant les dépenses utiles. Il peut même faire croire qu’il augmente les fonctionnaires alors qu’en euros constants il baisse les salaires.
Par contre je sens que cela va douiller dans l’immobilier.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par Nombrilist » 22 mars 2022, 09:28:47

Golgoth a écrit :
22 mars 2022, 09:26:58
Par contre je sens que cela va douiller dans l’immobilier.
Dans quel sens ?

pierre30
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par pierre30 » 22 mars 2022, 20:08:30

Inflation signifie plus de rentrées fiscales dans le cas où les échanges restent constants, ce qui dépend de la confiance. Les taux d'intérêt dependent aussi largement de la confiance. Le problème n'est pas l'inflation mais l'inflation associée à la perte de confiance. Le danger, c'est lorsque l'un alimente l'autre.

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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par Golgoth » 22 mars 2022, 23:20:19

Nombrilist a écrit :
22 mars 2022, 09:28:47
Golgoth a écrit :
22 mars 2022, 09:26:58
Par contre je sens que cela va douiller dans l’immobilier.
Dans quel sens ?
Les taux directeurs vont monter, ce qui va faire monter les taux des emprunts immobiliers. Les gens ne pourront pas emprunter autant ce qui va gripper le marché et possiblement entraîner une chute des prix ou plutôt de la bulle immobilière.
De toute façon le modèle tout le monde a son pavillon avec jardin mais à 50km du boulot n’est pas tenable.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Papibilou
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Re: La dette: est ce bien important ?

Message non lu par Papibilou » 23 mars 2022, 16:50:14

Puisque le fil concerne la dette, je rappelle que l'on mesure l'importance de la dette au PIB. Or le PIB va mathématiquement augmenter probablement au moins du montant de l'inflation qui sera peut-être de 5%. Donc le pourcentage de la dette par rapport au PIB va baisser , hors nouveaux emprunts.

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