Je m'évertue à dénoncer cette situation depuis longtemps... Il faut bien comprendre, je l'ai déjà dit et je le répète, que ce sont les richesses économiques que nous produisons qui, en étant réparties ensuite entre salariés (salaires), patrons (bénéfices) et puissance publique (prélèvements obligatoires destinés à financer la protection sociale et les services publics), garantissent notre niveau de vie.
Or le fait est que notre économie produit de moins en moins de choses, elle ne produit plus les richesses nécessaires pour nous garantir notre niveau de vie. L'ampleur de nos déficits commerciaux le montre bien. Il en résulte, forcément, un appauvrissement généralisé progressif de la population. Les gens n'en sont pas vraiment conscients, parce qu'ils comptent sur l’État pour distribuer des aides sociales. Mais l’État ne peut pas distribuer des richesses et du pouvoir d'achat qui n'existent pas, sauf à recourir aux déficits. Et effectivement, le gouvernement finance la paix sociale à coups d'aides, de chèques, donc de déficits. Mais ça ne peut pas durer éternellement.
L'importance des déficits publics et des déficits commerciaux montre clairement que nous vivons au-dessus de nos moyens.
Donc il va y avoir des malentendus et des tensions, avec des Français peu soucieux de la situation économique de leur pays, obsédés par leur pouvoir d'achat, et qui attendent de l’État des choses que l’État ne pourra pas apporter éternellement...
Camille a écrit : ↑20 mars 2023, 09:33:30
Comme l'a dit Golgoth justement, la réforme Touraine a plus impacté nos vies que celle de Macron. Je n'ai aucun problème à l'admettre.
Pour le reste, si j'estime que Macron est un danger, c'est moins sur le fond de sa politique que sa méthode de gouvernance. C'est parce qu'il fait de cette réforme une affaire personnelle et qu'il est prêt à user de tous les moyens que lui donne la Constitution pour y arriver. Il ressemble énormément à Valls sur ce point. Ca ne date pas de cette réforme, il a déjà montré qu'il était entêté et à quel point il pouvait se reclure et éviter le dialogue.
Ce n'est pas juste une question d'arrogance ou de mépris, mais de façon de gouverner, qui a parfois des accents autoritaires. D'ailleurs, il est possible que
le Conseil Constitutionnel censure la loi au motif que la sincérité du débat parlementaire a été atteinte par usage excessif d'article 44 (vote bloqué), de 47-1, de 49-3, et du détournement de la vocation originale d'une PLFSS. Avec cette réforme, on a pu réviser tout notre droit constitutionnel. Ce qui montrera bien que ce sont davantage les procédures, l'Etat de droit, que le fond de la politique qui est problématique.
Je pense qu'il a perdu beaucoup de crédit sur cette réforme (y compris chez des gens qui soutenaient la réforme, y compris dans sa propre majorité), qui aurait pu passer s'il avait maintenu le dialogue avec les syndicats, s'il n'avait pas braqué les parlementaires et s'il avait traité le pouvoir législatif au même niveau que l'exécutif. Il s'est montré très capricieux, il a voulu jouer la montre à tout prix. S'il l'a fait pour cette réforme, il risque de le refaire pour d'autres, dans le but d'imposer ses volontés. Cela peut plaire à ceux qui plaident pour un exécutif très puissant, mais dans l'absolu, c'est inquiétant. C'est parce que tu soutiens le coeur de la réforme que tu es amené à le défendre, mais essaie d'imaginer le même passage en force sur un sujet qui t'horripile (la GPA par exemple).
Macron n'est pas le premier à recourir aux outils constitutionnels que tu dénonces. Rocard y a abondamment recouru à son époque, Hollande y a aussi recouru, plus rarement. Ils n'ont pas suscité autant de colère (même si Hollande fut également impopulaire).
Je ne dis pas que je suis d'accord avec tout ce que fait Macron, j'observe juste que la colère qu'il suscite a des ressorts très subjectifs : son style, sa façon d'être, semblent importer davantage que le fond de sa politique.
Je peux aussi admettre que l'on soit contre cette réforme, mais j'estime que rien ne justifie la violence. Si Macron passait en force sur la GPA, cela m'horripilerait, oui, mais je ne cautionnerais pas pour autant la violence.
Et puis j'ai un peu de mal à accepter le reproche du manque de concertation. Les données du problème des retraites sont connues depuis longtemps. Depuis plus de 30 ans... Pour son premier projet de réforme (cela de la retraite par points), Macron a perdu trop de temps à vouloir faire de la concertation. Cela n'a abouti à rien, puisque les syndicats et l'opinion publique étaient pareillement opposés. Et finalement, il a dû retirer son projet de réforme. Là, les syndicats étaient par principe opposés à la mesure d'âge, le gouvernement a fait beaucoup de concessions, onéreuses, et les syndicats sont toujours contre... Pour les opposants, il n'y a jamais assez de concertation, mais au bout d'un moment, il faut bien prendre des décisions.
Et qu'est-ce qu'on décide, sachant que les travailleurs ne veulent pas travailler plus longtemps, que les travailleurs ne veulent cotiser davantage, que les retraités estiment que leur pension est un dû et ne veulent pas la voir baisser, et que ce n'est pas en faisant payer les riches (fort peu nombreux) et en supprimant la retraite des sénateurs (encore moins nombreux) qu'on règlera les problèmes de financement ?