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par johanono » 12 mai 2023, 10:59:46
Faire face à la concurrence chinoise est évidemment illusoire. Le différentiel des coûts de production est trop important. Donc il ne s'agit pas de pratiquer un dumping social et fiscal pour concurrencer la Chine.
En matière industrielle, nos principaux concurrents sont :
- les pays d'Europe de l'Ouest, comme la Suisse, l'Allemagne ou l'Autriche, qui affichent un dynamisme industriel insolent malgré des coûts de production très élevés,
- les pays d'Europe de l'Est, qui pratiquent une concurrence déloyale grâce notamment aux aides européennes (en gros, nous leur versons de l'argent pour leur permettre de nous concurrencer),
- les Américains, qui violent éhontément les règles de la concurrence internationale, sans que l'UE ne leur dise quoi que ce soit.
Le gouvernement doit d'abord s'atteler à faire en sorte que notre pays soit concurrentiel par rapport aux autres pays européens. Par rapport à ces autres pays, il apparaît que nos entreprises, globalement, vendent des produits de qualité très moyenne, sans l'image de marque des produits allemands, mais au même prix que les produits allemands. Il y a donc un effort à fournir sur la compétitivité prix et la compétitivité qualité. Les principales mesures annoncées par Macron participent de cette logique, j'aimerais toutefois qu'il aille plus loin sur la fiscalité. Je ne souhaite pas que l'on sacrifie les normes environnementales pour restaurer des activités industrielles très polluantes : il faut imaginer l'industrie de demain, une industrie respectueuse de l'environnement et en pointe sur les économies d'énergie. Cependant, on peut se demander si toutes les normes existantes sont vraiment utiles : certaines d'entre elles sont peut-être inutilement contraignantes.
Pour ce qui est des Américains et des Européens de l'Est, c'est plus complexe, car ça se joue surtout au niveau de l'UE. Mais on pourrait déjà :
- s'abstenir de vendre des fleurons industriels aux Américains,
- se montre plus durs dans les négociations internationales : non à tout nouveau traité de libre-échange, non aux aides inconditionnelles aux pays d'Europe de l'Est,
- et plus généralement, sortir de la logique consistant à sacrifier les intérêts nationaux au nom de l'Europe...
J'ai longtemps plaidé pour le protectionnisme, je crains désormais qu'il ne soit trop complexe à mettre en œuvre. Je n'ai pas peur de fâcher les autres pays européens, je crains simplement que nous ne soyons devenus trop dépendants des importations...
Je n'ai pas, moi non plus de solution miracle. Mais j'insiste sur deux points, très importants pour moi :
- un pays qui se désindustrialise et qui est dépendant des importations est un pays qui s'appauvrit,
- une politique de l'offre destinée à préserver notre industrie ne doit pas être analysée sous le prisme réducteur du "cadeau aux patrons", elle revêt au contraire des enjeux vitaux pour notre pays.